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13 septembre 2025
FRANCE-AFRIQUE, LA FIN D'UNE ILLUSION MILITAIRE
Dans une analyse qui bouscule les certitudes, Raphaël Chauvancy démontre comment la fin des bases permanentes pourrait paradoxalement renforcer l'influence française. "La France n'a pas vocation à sauver l'Afrique", estime-t-il
(SenePlus) - Dans une analyse qui bouscule les idées reçues, Raphaël Chauvancy, officier supérieur des Troupes de marine et expert à l'École de Guerre Économique, dévoile comment le retrait militaire français d'Afrique, loin d'être une défaite, pourrait marquer le début d'une nouvelle ère stratégique pour Paris.
L'histoire commence par un malentendu historique. Contrairement aux Britanniques qui avaient un projet colonial clairement défini - s'enrichir - la France s'est lancée dans l'aventure africaine "un peu par hasard", selon Chauvancy, par simple mimétisme avec Londres. Pour justifier cet "empire inutile", Paris a alors inventé une mission civilisatrice, fondée sur le "prosélytisme des valeurs" et le rayonnement culturel.
Cette différence fondamentale explique pourquoi, une fois la décolonisation achevée, la France est restée prisonnière de ses bases militaires africaines, transformées en "village Potemkine de la puissance française". Ces implantations, coûteuses mais prestigieuses, entretenaient l'illusion d'une influence globale tout en nourrissant ce que l'analyste nomme "le complexe de la tache rose", en référence à la couleur de l'empire sur les cartes coloniales.
Le mouvement actuel de retrait militaire s'inscrit dans une dynamique plus profonde que la simple montée du sentiment anti-français. Chauvancy établit un parallèle saisissant entre les aspirations africaines et européennes contemporaines : "Les implantations militaires étrangères permanentes sont désormais perçues en Afrique de la même manière que l'immigration non souhaitée en Europe. Comme une atteinte à la souveraineté, à la dignité nationale."
Cette évolution des mentalités rend obsolète l'ancien modèle de relation. Le cas du Sénégal est emblématique : "Que la démocratie sénégalaise se sente suffisamment forte et sûre d'elle pour se passer désormais d'une présence militaire étrangère est sain. N'était-ce pas le but poursuivi par la coopération bilatérale ?"
Un repositionnement stratégique majeur
Le retrait militaire français libère des ressources précieuses à un moment crucial. Chauvancy identifie plusieurs priorités stratégiques qui nécessitent l'attention de Paris : la menace russe aux frontières orientales de l'Europe, les turbulences dans le Golfe, la protection des territoires d'outre-mer et le maintien de capacités d'intervention rapide.
La présence russe en Afrique, perçue comme une menace, n'est selon l'analyste qu'une "pyramide de Ponzi stratégique" qui s'effondrera d'elle-même une fois "privée du croquemitaine français". Les partenaires africains de Moscou découvriront bientôt "à quel point ils ont été instrumentalisés" face à "une aide au développement anecdotique" et "des promesses intenables".
La France dispose d'autres atouts pour maintenir son influence : "premier investisseur en Afrique subsaharienne après la Chine", elle peut s'appuyer sur sa politique culturelle dynamique, ses réseaux économiques et ses diasporas. L'avenir s'écrirait désormais en termes de partenariats plutôt que de présence militaire.
"Les Français n'ont pas vocation à sauver le monde ou l'Afrique mais à participer à la création de richesses et à la sécurité collective", conclut Chauvancy. Cette nouvelle approche, plus pragmatique, permettrait à la France de se libérer d'une position "relativement confortable mais coûteuse" pour développer des relations plus équilibrées, fondées sur des intérêts communs plutôt que sur les fantômes du passé colonial.
Cette analyse révèle comment un apparent revers peut se transformer en opportunité stratégique majeure, à condition d'accepter de tourner la page d'une histoire devenue anachronique. Une leçon de réalisme politique qui pourrait bien redéfinir l'avenir des relations franco-africaines.
L’ÉTAT LÈVE 38,2 MILLIARDS FCFA SUR LE MARCHÉ RÉGIONAL
Cette intervention, qui rentre dans le cadre de la couverture des besoins de financement de l’année 2024, a été réalisée avec la collaboration de l’Agence UMOA-Titres et le concours de la BCEAO.
Le ministère des Finances et du Budget a annoncé ce vendredi 13 décembre 2024 une adjudication réussie de bons et d’obligations assimilables du Trésor (OAT) sur le marché régional des titres publics, organisée par la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor.
Selon communiqué, cette intervention, qui rentre dans le cadre de la couverture des besoins de financement de l’année 2024, a été réalisée avec la collaboration de l’Agence UMOA-Titres et le concours de la BCEAO », renseigne la source.
« A l’issue de l’opération, sur des soumissions reçues pour près de cinquante-huit virgule sept (58,7) milliards FCFA, correspondant à un taux de couverture de près de 167,7%, un montant d’un peu plus de trente-huit virgule deux (38,2) milliards FCFA comme suit: 9,9 milliards avec un rendement moyen pondéré (RMP) de 7,8159% (contre 7,89% précédemment) pour les obligations assimilables du Trésor de maturité 3 ans et 28,3 milliards avec un RMP de 7,8286% (contre 7,83% précédemment)pour les obligations assimilables du Trésor de maturité 5 ans », renseigne la source.
Ces résultats traduisent ainsi la confiance renouvelée des investisseurs dans la qualité de la signature de l’Etat du Sénégal et leur soutien au financement de ses politiques publiques.
L'HEURE DU BILAN ET DES PROJECTIONS
L’hivernage 2024 a été particulièrement éprouvant pour le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ainsi que ses services. De nombreuses localités du pays ont été frappées par des inondations, causant des dégâts considérables aux habitations...
L’hivernage 2024 a été particulièrement éprouvant pour le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ainsi que ses services. De nombreuses localités du pays ont été frappées par des inondations, causant des dégâts considérables aux habitations et aux récoltes, et affectant des centaines de sinistrés.
Au moment du bilan, le ministre Cheikh Tidiane Dieye a partagé son analyse de la gestion de la crise. Selon lui, « l’approche adoptée a permis de soulager les populations comme annoncé, bien que tout ne puisse être résolu immédiatement ». Il a ajouté que chaque fois qu’un problème se pose, « l’État est présent pour intervenir ». C’est ainsi qu’il a été sur le terrain plus de 20 fois au cours des trois mois d’hivernage, témoignant de sa volonté de rester proche des citoyens.
Le ministre insiste sur sa volonté de poursuivre cette approche proactive. Il se projette au-delà de 2025 en intégrant les enjeux liés aux phénomènes météorologiques et aux changements climatiques, dans le cadre de la Vision 2050. Cette vision vise une transformation systémique et une gestion plus durable des hivernages, avec l’objectif de considérer les défis climatiques sur le long terme. « Pour l’avenir, nous devons repenser la gestion des inondations, en tenant compte des évolutions climatiques », affirme-t-il.
Pour les cinq prochaines années et au-delà, Cheikh Tidiane Dieye envisage une gestion intégrée, impliquant toutes les structures de l’État. Il met l’accent sur l’importance de la mobilisation nationale, et notamment l’engagement citoyen, en réponse aux appels du chef de l’État.
En attendant, des études sont en cours pour explorer le traitement et la réutilisation des eaux issues des inondations dans le secteur agricole, une initiative qui pourrait s’avérer cruciale pour l’avenir.
L’AFRIQUE PERD 90 MILLIARDS DE DOLLARS PAR AN
La Commission des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a déploré jeudi, le poids des flux financiers illicites en Afrique soulignant que les vastes ressources de l’Afrique allant de l’or aux diamants en passant par les terres fertiles
La Commission des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a déploré jeudi, le poids des flux financiers illicites en Afrique soulignant que les vastes ressources de l’Afrique allant de l’or aux diamants en passant par les terres fertiles, « ont trop souvent enrichi une minorité privilégiée – locale et étrangère – tout en laissant de côté la majorité des Africains ».
La déclaration de la CEA sur les flux financiers illicites fait suite à une série de discussions centrées sur des solutions pratiques pour transformer la richesse de l’Afrique en prospérité pour ses populations lors de la Conférence économique africaine qui s’est tenue à Gaborone, au Botswana, précise l’Agence de presse africaine (APA).
La CEA a, en outre, souligné que les flux financiers illicites coûtent environ 90 millions de dollars par an alors qu’environ 282 millions de personnes en Afrique restent sous-alimentées et que plus de la moitié des nations sont confrontées à un surendettement alors que la dette extérieure dépasse 1 000 milliards de dollars, rapporte le même média.
La déclaration cite Said Adejumobi, directeur de la planification stratégique à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui a déclaré que la pauvreté, les inégalités et le sous-développement persistent alors que des milliards de personnes quittent la région, indique la même source.
Adejumobi a déclaré que le paradoxe de l’abondance en Afrique est aussi visible que frustrant – un continent doté d’immenses richesses naturelles mais accablé par la pauvreté, la faim et une dette insoutenable.
« La dette reste un autre obstacle majeur. Les taux d’intérêt élevés et les cycles d’emprunts improductifs enferment de nombreux pays africains dans la dépendance », a déclaré, pour sa part, Sonia Essobmadje, chef de la Section des finances innovantes et des marchés de capitaux à la CEA, appelant à la nécessité d’une meilleure gestion de la dette et de marchés de capitaux locaux.
« Parfois, nous empruntons simplement pour rembourser des prêts antérieurs, ce qui n’est pas tenable », a déclaré Essobmadje citée par le même média.
Elle a souligné la nécessité de « diversification économique, de discipline budgétaire, de stratégies de gestion de la dette publique plus solides et, surtout, de création de marchés de capitaux nationaux »
LE SENEGAL PREPARE UN PLAN PLURIANNUEL DE GESTION DES INONDATIONS
Le nouveau référentiel de gestion des inondations en gestation devra être élaboré et exécuté en conformité avec la vision et les principes du référentiel Sénégal 2050.
Le nouveau référentiel de gestion des inondations en gestation devra être élaboré et exécuté en conformité avec la vision et les principes du référentiel Sénégal 2050. C’est-à-dire, partir d’une planification fondée sur l’efficience, l’innovation, la durabilité, la redevabilité et la culture du réultat,s selon le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
Réuni ce jeudi à Dakar, le Comité national de Gestion des Inondations (CNGI), présidé par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dieye, a dressé le bilan de l’hivernage 2024 et esquissé les grandes lignes des projets et travaux d’assainissement prévus pour les années à venir.
Dans son discours introductif, le ministre a notamment rappelé l’ampleur des défis rencontrés durant l’hivernage de cette année. « Avec des pluies exceptionnelles atteignant 100 mm et des crues dévastatrices, nous avons fait face à des dégâts importants dans plusieurs localités, notamment Bakel, Kédougou, et Saint-Louis », a-t-il déclaré.
Outre les pertes matérielles, les inondations ont engendré des perturbations dans les services de base tels que l’eau et l’électricité, ainsi que des entraves à la mobilité. Dans ce contexte, des mesures d’urgence, comme la distribution de vivres et la lutte contre les maladies hydriques, ont été mises en œuvre.
Selon M. Dièye, ces intempéries ont conduit le gouvernement à mobiliser 8 milliards de FCFA pour soutenir les populations sinistrées.
Le ministre a salué le succès de l’initiative « Sétal sunu réew (assainir notre pays, en langue wolof) », qui a mobilisé, d’après lui, près de 41 000 citoyens dans tout le pays. Cette opération a permis de curer plus de 50 000 mètres de réseaux d’assainissement et d’embellir 550 lieux publics. « Grâce à cet élan citoyen, nous avons constaté une atténuation des inondations dans plusieurs zones », a-t-il soutenu.
Vers une nouvelle stratégie pour 2025-2029
En se projetant sur les prochaines années, le CNGI a mis en avant l’importance d’une gestion des inondations plus résiliente et durable. Parmi les recommandations phares, le ministre a souligné la nécessité d’« élaborer une stratégie nationale intégrant les défis climatiques, les financements innovants et l’implication des communautés de base. »
Le plan d’action élaboré par le Comité national de Gestion des Inondations (CNGI) s’articule autour de plusieurs axes stratégiques destinés à renforcer la résilience face aux inondations. Il prévoit notamment la construction de digues pour protéger les zones habitables et le recasement des populations vivant dans des zones à risque.
Une révision des textes régissant le CNGI est également envisagée afin de renforcer ses prérogatives en matière de coordination et de mutualisation des efforts. Par ailleurs, une attention particulière sera portée à l’amélioration des systèmes de prévision climatique et à la cartographie des zones inondables, outils essentiels pour anticiper les crises et mieux protéger les populations.
Enfin, le plan mise sur la promotion de l’économie circulaire à travers la valorisation des eaux pluviales, qui pourraient être utilisées notamment pour l’irrigation agricole, contribuant ainsi à une gestion plus durable et innovante des ressources hydriques.
Le ministre a insisté sur la nécessité de coordonner ces efforts avec le référentiel Sénégal 2050. Ce cadre stratégique met l’accent sur une planification basée sur l’efficience, l’innovation et la durabilité. « Nous devons changer nos comportements et investir dans des stratégies qui anticipent les défis du changement climatique », a-t-il plaidé.
Cheikh Tidiane Dièye a tenu à féliciter l’ensemble des acteurs impliqués, qu’il s’agisse des structures opérationnelles, des collectivités locales ou des citoyens. « Grâce à cette collaboration, nous avons pu réduire la vulnérabilité des populations et poser les bases d’une gestion plus efficace des inondations », a-t-il conclu.
PALUDISME, DIOURBEL, UNE DES RÉGIONS LES PLUS TOUCHÉES PAR LA MORBIDITÉ
Le coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme, Dr Doudou Sène, a souligné l'importance des moustiquaires et des vélos pour renforcer les efforts sur le terrain.
Diourbel, 13 déc (APS) – La région de Diourbel (centre) fait partie des zones les plus touchées par la morbidité due au paludisme au Sénégal, a révélé vendredi, le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), docteur Doudou Sène.
« Diourbel fait partie des régions qui pèsent lourd dans la balance de morbidité due au paludisme au Sénégal notamment dans les districts sanitaires de Diourbel et Touba », a-t-il notamment déclaré à des journalistes.
Il intervenait lors d’une cérémonie de remise de don offert par le groupe Canal+ Sénégal, composé de 500 moustiquaires MILDA et 34 vélos, au district sanitaire de Diourbel.
« Depuis 2021, nous avons lancé le concept +Zéro paludisme: les entreprises s’engagent+. Et depuis lors Canal+ est à nos côtés en apportant sa contribution dans la lutte contre le paludisme qui est une urgence de santé publique, » a-t-il expliqué.
Selon Dr Sène, le choix porté sur Diourbel pour abriter la cérémonie de distribution n’est pas fortuit au regard de la recrudescence des cas de paludisme dans la zone.
« Ces vélos et moustiquaires constituent un apport considérable dans le cadre de la lutte contre le paludisme », a-t-il indiqué, espérant que ce matériel va permettre de réduire considérablement le paludisme dans la région de Diourbel.
Pour le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme, les vélos remis au district sanitaire vont faciliter la mobilité des Dispensateurs de soins à domicile (DSDOM). Il estime que c’est « un dispositif stratégique dans la lutte contre le paludisme pour atteindre les communautés les plus éloignées ».
Pour sa part, la chargée de la communication du Canal+ Sénégal, Maimouna Tounkara Ndiaye a indiqué que depuis 2021 son groupe travaille avec l’appui du PNLP pour l’élimination du paludisme dans les zones les plus impactées.
Elle a fait part à cet effet de la distribution depuis 2021 de 4500 moustiquaires entre Dakar, Kaolack, Fatick et Diourbel.
LES DÉPUTÉS EN SÉANCES PLÉNIÈRES, SAMEDI, POUR LE VOTE DE TROIS PROJETS DE LOI
Ils plancheront sur le projet de loi n°13/2024 portant révision de la Constitution, le projet de loi n°14/2024 portant abrogation de la loi organique n°2012-28 du 28 décembre 2012 portant organisation et fonctionnement du CESE.
Dakar, 13 déc (APS) – Les députés sénégalais sont convoqués en séances plénières, ce samedi 14 décembre 2024, à 10 heures, pour le vote de trois projets de loi, annonce un communiqué transmis à l’APS.
Ils plancheront sur le projet de loi n°13/2024 portant révision de la Constitution, le projet de loi n°14/2024 portant abrogation de la loi organique n°2012-28 du 28 décembre 2012 portant organisation et fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental.
Ils examineront aussi la loi organique n°2016-24 du 14 juillet 2016 relative à l’organisation et au fonctionnement du Haut Conseil des collectivités territoriales.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, sera devant les députés pour défendre ces projets de loi.
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LA CONFÉRENCE DE PRESSE DE BARTHÉLÉMY DIAS INTERROMPUE PAR LA POLICE
Cette intervention fait suite à la notification officielle envoyée par le préfet de Dakar, informant le maire de sa révocation de ses fonctions de conseiller municipal.
Les événements ont pris une tournure inattendue ce vendredi à Dakar.
Alors que le maire de la ville de Dakar tenait une conférence de presse, les forces de l'ordre ont fait irruption dans la mairie, perturbant ainsi sa déclaration.
Cette intervention fait suite à la notification officielle envoyée par le préfet de Dakar, informant le maire de sa révocation de ses fonctions de conseiller municipal.
LA BOMBE DE LA DETTE DIVISE L'EXÉCUTIF
Le Premier ministre Sonko a fait trembler les marchés financiers en révélant l'ampleur réelle de la dette de son pays. Cette sortie médiatique, qui dénonce les "mensonges" de l'ancien régime, n'était pourtant pas souhaitée par le président Diomaye
(SenePlus) - Dans sa rubrique "Confidentiels", Jeune Afrique (JA) révèle les divergences stratégiques entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sur la gestion de la dette nationale, un dossier qui fragilise désormais les relations du pays avec ses partenaires financiers.
La bombe a été lâchée le 26 septembre dernier à Dakar. Lors d'une conférence de presse marathon, Ousmane Sonko, accompagné de son ministre de l'Économie Abdourahmane Sarr, a dressé un réquisitoire sans concession contre l'ancien pouvoir. "Le régime de Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres", a-t-il assené, dénonçant selon une situation financière "catastrophique" marquée par des "détournements en masse des deniers publics".
Les chiffres avancés concernent un déficit budgétaire moyen de 10,4% sur la période 2019-2023, presque deux fois supérieur aux 5,5% officiellement annoncés. Quant à la dette publique, elle atteindrait 83,7% du PIB, bien au-delà des 76,3% déclarés.
Une initiative contestée en interne
Mais cette sortie médiatique fracassante n'aurait pas fait l'unanimité au sein de l'exécutif. D'après Jeune Afrique, le président Diomaye Faye et son ministre des Finances Cheikh Diba, alors en déplacement à New York, étaient opposés à la médiatisation de ces informations. Le chef de l'État, rapporte le magazine panafricain, "était bien conscient que ces informations étaient de nature à inquiéter les investisseurs et à compliquer les relations de son pays avec le Fonds monétaire international".
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Le 4 octobre, l'agence Moody's a dégradé la note souveraine du Sénégal de Ba3 à B1, qualifiant désormais le profil de crédit du pays de "spéculatif" présentant un "risque très élevé" pour les investisseurs.
Un calcul politique ?
L'offensive de Sonko pourrait s'expliquer par le calendrier électoral. En effet, ses révélations sont intervenues à deux semaines des législatives anticipées du 17 novembre, un scrutin qui a vu le parti présidentiel Pastef rafler 130 sièges sur 165. "Le gain politique semble certain", note Jeune Afrique, même si ces accusations "dont on attend encore la certification des chiffres par la Cour des comptes" ont fragilisé l'économie nationale.
Un proche du président, cité par JA, défend néanmoins cette stratégie : "Il n'était pas question d'engager un nouveau cycle d'endettement avec des chiffres falsifiés [...] il était important de mentionner le bon chiffre de la dette en amont".
Face à cette situation délicate, le président Diomaye Faye tente de rassurer les partenaires internationaux. Début décembre, il a effectué une tournée dans les pays du Golfe, notamment aux Émirats arabes unis et au Qatar. Le 8 décembre, il a même rencontré Karim Wade, figure controversée de la politique sénégalaise exilé au Qatar depuis 2016, dont le "solide carnet d'adresses dans les Émirats" pourrait s'avérer précieux pour le pays.
Cette affaire met en lumière les défis auxquels fait face la nouvelle administration sénégalaise, tiraillée entre ses promesses de transparence et la nécessité de préserver la confiance des marchés financiers.
PAR EL HADJI IBRAHIMA THIAM
LAT DIOR, UNE ÉPOPÉE QUI MÉRITE BIEN UNE STATUE
"138 ans après sa mort, cette statue en son honneur aura le mérite de revivifier sa mémoire, afin que ses faits d’armes et les valeurs qu’il défendait continuent d’inspirer la jeunesse et d’irradier la marche du pays."
Déjà érigé en Héros national par le président Léopold Sédar Senghor, ensuite célébré à l’occasion de l’anniversaire du centenaire de sa mort en 1986 par le chef de l’État Abdou Diouf, puis un musée créé à Dékheulé en son honneur en 2018 par le président Macky Sall, le plus illustre des Damel du Cayor voit sa mémoire honorée et ses faits d’armes portés au pinacle pour l’éternité à travers cette statue inaugurée par le président Bassirou Diomaye Faye à Thiès.
En moins d’un mois donc, le chef de l’État a posé deux actes à caractère mémoriel. Dans tous les pays, le devoir de mémoire revêt un caractère sacré, parce que le récit national a besoin de célébrer les gestes des héros ou des faits historiques qui ont contribué à bâtir une nation, à libérer un peuple. Nourrir cet imaginaire historique participe à renforcer l’appartenance à la même communauté de destin. Voir cette représentation de Lat Dior trônant au cœur de la ville de Thiès, quoi de plus normal. Le lieu est doublement symbolique. D’abord, parce que Thiès est aujourd’hui la circonscription administrative régionale qui abrite l’ancien royaume du Cayor. Ensuite, on l’appelle la capitale du rail or, comme on le sait, la question du ferroviaire a été un casus belli entre Lat Dior et le colonisateur. En effet, en 1879, le résistant à la pénétration française avait refusé de signer la convention du chemin de fer Dakar–Saint-Louis, qui impliquait une cession gratuite des terrains et la fourniture de la main-d’œuvre. Le Damel s’était opposé aux travaux et avait interdit à ses sujets de cultiver de l’arachide pour contraindre les Français à partir. De cet épisode est parti le mythe de son cheval « Malaw » qui refuse de traverser le rail.Sur le plan historique, ériger cette statue n’est pas saugrenu. Lat Dior fut un roi dont l’histoire est transversale.
De son Cayor natal en passant par le Sine, jusque dans le Rip, il a toujours défendu le sens du patriotisme, élevant au rang le plus haut possible l’esprit du sacrifice, du courage, mais aussi le commun vouloir de vivre ensemble qui est le fondement d’un royaume, d’un État. Chef de guerre « Thieddo » intrépide qui accéda au trône à l’âge de 16 ans seulement, Lat Dior a prouvé aux troupes coloniales qu’il ne céderait pas si facilement sa patrie, son territoire. Question d’honneur. Ainsi, pendant une vingtaine d’années, il leur livra des batailles mémorables comme celle de NgolNgol – où il a défait les troupes coloniales françaises – de Loro ou encore de Mékhé. Ensuite, durant son exil, il a continué à combattre les Français aux côtés notamment de l’Almamy du Rip, Maba Diakhou Bâ. Lat Dior a notamment pris part à la mythique bataille de PaosKoto au cours de laquelle l’armée coloniale française a été battue à plate couture.
Bien qu’il soit « Thieddo », le Damel du Cayor a toujours su nouer des alliances stratégiques avec les marabouts. Outre Maba Diakhou Bâ, il a tissé des liens étroits avec le père de Serigne Touba, Mame Mor Anta Salli. 138 ans après sa mort, cette statue en son honneur aura le mérite de revivifier sa mémoire, afin que ses faits d’armes et les valeurs qu’il défendait continuent d’inspirer la jeunesse et d’irradier la marche du pays.