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13 août 2025
L’ UNACOIS/JAPPO ACCUSE L'ÉTAT ET LES MAIRIES
L’organisation dirigée par Idy Thiam déplore l’absence d’enquête précise pour déterminer les causes de tous les incendies qui se sont déclarés jusque-là à Dakar et dans les régions
Avec comme prétexte la recrudescence des incendies dans les lieux de commerce, les responsables de l’Unacois/Jappo, venus des 14 régions, ont engagé samedi dernier des réflexions sur cette question. En plus d’appeler à une cogestion des marchés, le président Idy Thiam et Cie ont dénoncé le laxisme du gouvernement du Sénégal qui traine les pieds dans la mise en œuvre des accords arrêtés pour la règlementation et la modernisation du secteur de la distribution dans le pays.
Le Conseil interministériel organisé mercredi dernier, avec à la clef six mesures prises dont l’érection de bouches d’incendies dans tous les marchés du Sénégal, n’a pas convaincu l’Union nationale des commerçants industriels du Sénégal (Unacois/ Jappo). L’organisation dirigée par Idy Thiam l’a fait savoir samedi dernier en présence de tous ses responsables venus des 14 régions. Face aux journalistes, les commerçants ont indiqué que la recrudescence des incendies interpelle la double responsabilité des collectivités locales et de l’Etat.
Ils déplorent ainsi l’absence d’enquête ou de diagnostic précis pour déterminer les causes de tous les incendies qui se sont déclarés jusque-là à Dakar et dans les régions. Prenant la parole, le directeur exécutif de l’Unacois/JapppoN na dit ne pas comprendre un tel laxisme dans un pays aussi moderne que le Sénégal qui se veut émergent en 2035.
«Tout le monde fait dans des spéculations. Certains parlent de branchements anarchiques, d’autres indexent les cuisines dans les marchés. Aucune enquête sérieuse, aucune analyse scientifique n’a été établie sur la question pour en déterminer les causes. Nous pensons que c’est un problème. Et il y a une scène de responsabilités qui doit être située. C’est ce qui permettra d’envisager des lendemains meilleurs pour nos marchés», soutient Ousmane Sy Ndiaye.
Poursuivant, le directeur exécutif de l’Unacois/Japppo a soutenu que les collectivités locales ne jouent pas pleinement leur rôle ; alors que la gestion des marchés est une compétence transférée. Sur ce, Ousmane Sy Ndiaye pense que cette compétence exclusive dévolue aux mairies ne peut plus continuer dans les mêmes formes. «Il faut systématiquement qu’on envisage une cogestion des marchés. Parce que ce sont les biens des commerçants qui sont directement exposés aux risques», dit-il.
Toujours pour Ousmane Sy Ndiaye, un mécanisme de prévention de régulation et d’appui doit être mis en place pour gérer les situations découlant des incendies. A l’en croire, il faut envisager de manière conjoncturelle, dans les meilleurs délais, un mécanisme qui peut être un fonds de calamité, un fonds d’appui comme cela se passe dans d’autres secteurs. Cela est d’autant plus nécessaire que lorsqu’un incendie se produit, c’est toute la chaîne de distribution qui est menacée.
L’Unacois demande en outre aux autorités d’ouvrir une concertation sérieuse qui va mobiliser les vrais acteurs, ceux qui font vivre le secteur du commerce et non ceux qui vivent du secteur du commerce. «Il faut que notre pays renoue avec la bonne gouvernance. Et de ce point de vue-là, nous rappelons que le gouvernement s’était engagé à organiser dans les meilleurs délais les assises de la distribution quand nous avions soulevé la problématique de la concurrence déloyale entre Auchan et les commerçants. Nous pensons que ces assises sont plus que jamais urgentes et nécessaires», soutient le Directeur Exécutif de l’Unacois/Jappon.
UNE COGESTION DES MARCHES
toujours les contours de leur audience avec le chef de l’Etat, le 16 octobre dernier, Ousmane Ndiaye informe qu’un mémorandum de 11 points avait été présenté au Président Macky Sall. Ce avait requis en urgence de réhabiliter et de moderniser les marchés et le circuit de distribution dans notre pays. C’est pourquoi, l’Unacois estime qu’il y a un manque de suivi des décisions et des instructions prises par les plus hautes autorités du pays.
Et Ousmane Sy Ndiaye de déclarer : «Quand l’Unacois dénonce la forte arrivée des grandes surfaces dans notre pays, cela veut dire simplement que l’Unacois pose également en filigrane la question de la modernisation du secteur du commerce, pour que les commerçants et entrepreneurs sénégalais puissent faire face convenablement au jeu de la compétition qui s’annonce avec les multinationales.»
En définitive, il estime qu’il est plus que jamais urgent d’envisager dans les meilleurs délais la mise en œuvre les instructions que le chef de l’Etat avait données séance tenante lors de l’audience qu’il avait accordée à l’Unacois, le 16 octobre dernier, sur la question de modernisation et de réhabilitation des marchés.
LE SÉNÉGAL DANS L’AIR DU TEMPS
Lancée en février dernier pour desservir Dakar-Paris-Dakar, en remplacement de Corsair, «La Casamance» avec sa capacité de près de 300 passagers, force l'admiration par son exploit
Airbus A330, le nouvel appareil de la compagnie aérienne Air Sénégal, dénommé «La Casamance», a bien pris sa place dans la flotte nationale et dans le dispositif de l’aviation mondiale. Lancée en février dernier pour desservir Dakar-Paris-Dakar, en remplacement de Corsair, «La Casamance», avec sa capacité de près de 300 passagers, force admiration par son exploit. A bord de A330, on se croirait dans une multinationale bien cotée de l’aviation civile. On est frappé par le confort à l’intérieur et animé par un sentiment de fierté de voir les couleurs nationales hissées à ce standing, à travers cet appareil affrété par une compagnie sénégalaise avec un personnel sénégalais en osmose avec l’équipage de Hi fly, la compagnie détentrice de la certification permettant à Air Sénégal de desservir l’Europe.
Dès l’entrée, on est accueilli en majorité par des hôtesses à la noirceur d’ébène dont l’exquise courtoisie rappelle la Téranga sénégalaise. A bord de «La Casamance», seul l’écran veille sur les moniteurs installés devant le passager, montrant un alignement de palmiers, renseigne sur la «sénégalité» de la compagnie. On est pourtant bien au Sénégal. En image, le soleil darde ses rayons sur une forêt verdoyante, rappelant allègrement la verte Casamance. Au delà du visible, c’est le confort qui frappe le voyageur. Aussi bien en premium qu’en business, «La Casamance» offre un environnement enchanteur.
La présence du wifi en fait un joyau où on peut soit dévorer avec délectation quelques quotidiens et magasines ou se laisser égayer par les décibels qu’offre gracieusement le net. On se croirait à bord des plus grandes compagnies occidentales : sièges confortables et spacieux, personnel de cabine accueillant. Ce n’est donc pas surprenant, si deux mois après avoir entamé la desserte Dakar-Paris, Air Sénégal affole les statistiques en termes de passagers.
Il ne reste plus qu’une petite dose de marketing avec une décoration bien sénégalaise donnant un aperçu de la culture de notre pays pour qu’elle atteigne sa vitesse de croisière avant même de disposer de partenaires stratégiques techniques et financiers qui frappent avec insistance aux portes. En mettant d’un coup 40 milliards Fcfa sur fonds propre, l’État exprime une réelle volonté politique.
Pourvu que cette volonté soit maintenue et que la rentabilité suive. Les pessimistes prédisent pourtant une mort certaine pour Air Sénégal. Mais l’expérience, c’est une accumulation d’erreurs, et elle doit servir à quelque chose. Elle permet de se réajuster. L’échec de Air Sénégal international (Asi) puis de Sénégal Airlines réside dans la capitalisation. Elles furent condamnées à une mort certaine dès leurs premiers balbutiements. Donc, il ne faudrait pas que le Sénégal devienne un cimetière de compagnies.
Air Sénégal aura ainsi l’avantage de s’inspirer de l’étude faite peu avant la mort de Sénégal Airlines par un cabinet de renommée internationale, d’un personnel navigant jeune, ambitieux, dynamique et bien formé. Le tout adossé à une volonté politique bien exprimée par l’État. C’est dire donc qu’avant même l’arrivée d’un deuxième Airbus prévue en septembre, Air Sénégal se meut audacieusement dans le marché du transport aérien international.
Sur le chemin du retour, à Paris, le standing est le même que celui de Air France qui est d’ailleurs son partenaire à Charles De Gaulle. La nouvelle compagnie du Sénégal veut sa place au ciel. Elle y est déjà et devrait fouetter l’orgueil national pour y rester ad vitam aeternam.
Avec un décor plus «sénégalisé» et l’art culinaire national en exergue, le Sénégal aura marqué de son empreinte le temps dans l’air. Et le ministre Maïmouna Ndoye Seck marque son passage dans ce département où, en peu de temps, elle a fait du Sénégal un hub aérien avec un aéroport de dernière génération (Aibd) et une compagnie portant fièrement les couleurs et valeurs de téranga sénégalaise.
«LE THEATRE N’A PAS UN PROBLEME DE RESSOURCES HUMAINES MAIS DE PUBLIC»
Même si le théâtre national Daniel Sorano, devenu établissement public à caractère industriel et commercial, continue de dérouler son programme artistique avec ses troupes nationales, le public se fait désirer.
Selon son directeur général, Sahite Sarr Samb, entre 2018 et début 2019, sept créations en matière de théâtre ont été faites, mais le problème majeur demeure le public. L’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication est passée par là. Dans cet entretien, l’ancien directeur de l’Ecole nationale des arts s’est fixé comme défi de miser sur la jeunesse pour que le théâtre puisse retrouver son lustre d’antan. Et pour marquer la journée mondiale du théâtre prévue le 27 mars prochain, Sahite Sarr Samb annonce que le théâtre national Daniel Sorano prévoit la présentation de la Tragédie du Roi Christophe, entre autres activités.
Est-ce que le Théâtre national Daniel Sorano est toujours actif comme avant?
Nous avons trois troupes nationales qui sont au sein de Sorano. Il s’agit de la troupe nationale dramatique qui fait du théâtre, le ballet national la Linguère qui est connu aussi bien au niveau national qu’international et qui fait de la danse traditionnelle et nous avons aussi l’ensemble lyrique traditionnel qui fait de la musique traditionnelle. C’est aussi quelque part des troupes qui font de l’expression artistique mais aussi qui participent à la préservation du patrimoine immatériel du Sénégal. Nous avons notre programme de la saison artistique que l’on déroule toujours. D’ailleurs, on se prépare à aller vers la célébration de la journée mondiale du théâtre. Pour le ballet national la Linguère, nous venons d’un festival international du folklore (1er festival de l’Oci au Caire). Aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale, nous avons nos activités. Nous sommes dans nos missions, dans nos obligations, dans nos tâches qui ont été définies par l’Etat du Sénégal.
Quelles sont les activités de Sorano dans le domaine du théâtre ?
Entre 2018 et même début 2019, nous avons fait en matière de théâtre, sept (7) créations artistiques. Déjà, pour le 27 mars prochain, nous allons reprendre une de ces créations, «Tay mu saf sapp» qui est surtout une comédie sociale sur la polygamie pour une deuxième diffusion. A chaque création, nous élargissons et nous contractualisons avec d’autres comédiens qui sont, soit dans l’Arcots ou bien dans d’autres troupes à l’individuel. On avait une création qui s’appelle «Bruits de Couloir» lors de la journée panafricaine de l’écrivain au mois de novembre et là, nous comptons reprendre cela le 3 avril. Toujours dans cette création, nous avons une autre pièce sur la parité qui s’appelle «La Danse de la Parité», une pièce d’un célèbre ouvrage d’un Prix Nobel de la Paix Italia (Dario Fo, Ndlr) que nous avons adapté et que nous avons présenté au mois de janvier à l’Institut français et que nous programmons aussi au mois d’avril. Nous reprenons les créations parce que dans le répertoire de Sorano, il existe plus de 300 œuvres artistiques. Par exemple la Tragédie du Roi Christophe. Il y aura des extraits que nous allons présenter le 27 mars, lors de la journée mondiale du théâtre. Nous allons profiter de cette journée qui correspond au centenaire de la naissance du grand comédien Abdoulaye Douta Seck pour lui rendre un hommage puisqu’il a été un sociétaire de notre théâtre.
Aujourd’hui, est-ce que cet engouement du public par rapport au théâtre existe toujours ?
Tout notre problème est là. C’est-à-dire la question du public. Le théâtre n’a pas un problème de ressources humaines. Nous avons des comédiens bien formés. La question de la formation ne se pose pas. La question de la légitimité historique aussi ne se pose pas. Ce sont des héritiers de Douta Seck, Omar Seck et tout. Mais le problème que nous avons depuis un certain temps, c’est un public. Parce qu’entre temps la société sénégalaise a évolué. Il y’a eu beaucoup de mutations. Les paradigmes ne sont plus les mêmes. Les lignes ont beaucoup bougé. Le public sénégalais a changé. Et cela, c’est aussi l’effet positif, négatif et des médias aussi. La télévision a participé à donner une autre forme de perception du théâtre à travers les téléfilms qui en réalité ne sont pas du théâtre. C’est plus une production audiovisuelle. Les codes de lecture ont changé et je pense que les jeunes n’ont pas été formés dans le sens d’avoir une culture théâtrale. Et si cette génération n’a pas été formée pour avoir cette culture esthétique du théâtre qui permet d’avoir le goût du théâtre, fondamentalement, on se retrouve à chaque fois que nous jouons avec un public de connaisseurs uniquement.
Le 4ème art n’a-t-il pas alors perdu son lustre d’antan ?
Si c’est sous le rapport du public, oui. On a un problème de public qui est là. La majorité n’a pas un goût au théâtre. On ne peut pas aller voir quelque chose qu’on ne connait pas. Ce n’est pas seulement dans le cas du théâtre, c’est aussi le cas du cinéma. Il y’a beaucoup de formes d’expressions culturelles qui sont confrontées à ce problème-là. C’est pour pourquoi, il n’y a plus de salle de cinéma. Parce qu’entre le théâtre et le cinéma, il n’y a pas une frontière étanche à 100%. C’est pourquoi les comédiens deviennent des acteurs mais les mêmes problèmes que nous avons au théâtre, on les a aussi au cinéma.
Qu’est-ce que vous faites pour vous adapter à ces réalités ?
Nous avons essayé depuis 3 ans d’expérimenter, d’avoir une stratégie. Et ma conviction est que, pour ramener les choses à l’endroit, il faut fondamentalement travailler avec le public jeune, scolaire particulièrement, avoir une démarche vis-à-vis des scolaires. D’ailleurs, on va mettre le focus encore sur la journée mondiale du théâtre pour amener le plus de scolaires. C’est comme ça qu’on pourra un peu rétablir les choses et faire découvrir aux enfants le théâtre pour qu’ils soient des consommateurs du théâtre de demain. Pour cela aussi, il faut que l’école nous aide. Ce qui n’est pas tellement le cas. Le théâtre n’est plus à l’école. Il y a eu une césure à ce niveau. Il faudrait que l’école aussi joue sa partition à ce niveau. Nous optons pour toutes nos pièces de mettre le focus sur le public jeune et surtout le public scolaire et universitaire qui répond quand même. C’est un public qui, pour des raisons d’ordre pédagogique, de culture générale, a cette propension à pouvoir vraiment venir et découvrir le théâtre. Ils viennent, accompagnés de leurs professeurs. Et quand on joue, il y a entre le professeur qui accompagne les élèves, et les metteurs en scène et les élèves un débat. Tout cela, c’est pour vraiment participer un peu à donner goût au théâtre. Je pense aussi le développement des médias des technologies de l’information et de la communication n’a pas vraiment aidé le quatrième art qui est le théâtre. Donc, l’adaptation, c’est miser sur la jeunesse mais aussi en me disant que les premières classes de cette jeunesse qui sont la famille d’abord et l’école, s’ils ne jouent pas ou bien s’ils ne travaillent pas dans la même direction, le problème resterait entier. C’est plus un problème de société. Il faudrait qu’au sein de la famille qu’on puisse parler du théâtre aux enfants, leur dire que ce théâtre que vous regardez à la télévision, n’est pas du théâtre. Le théâtre, c’est sur scène, en un seul lieu, en un seul moment. C’est une éducation artistique qui nous dépasse. Parce que nous, nous ne sommes pas au niveau de l’éducation, nous sommes au niveau de la diffusion et maintenant la diffusion pour qu’elle puisse intéresser les gens, il faudrait que le public soit éduqué pour qu’il puisse aimer ce qui est diffusé. Pour le mois de mars, on ouvre le théâtre au privé. Il faut aussi que la formation au niveau de l’Ecole des arts soit redimensionnée. Nous sommes en 2019 avec toutes ces nouvelles technologies. Au Sénégal, on a formé que des comédiens, on n’a pas formé des techniciens, des scénographes, des régisseurs. On a formé que des comédiens alors qu’il y’a une multitude de métiers dans le théâtre, des décorateurs surtout qu’on va vers des décorations numériques.
FOCUS SUR UN ART EN DECADENCE
De Jacqueline Scott-Lemoine, en passant par Abdoulaye Douta Seck, jusqu’à Baye Peul, pour ne citer que ceux-là, sans bien sûr oublier les troupes de la trempe de «Daaray Kocc», «Bara Yeggo», «Diamoney Tey», le théâtre sénégalais a rayonné dans le monde.
Même si ce 4ème art continue son bonhomme de chemin, il fait aujourd’hui face à plusieurs contraintes notamment le manque de soutien, d’organisation, de formation, le foisonnement des séries télévisées et un public qui est de moins en moins intéressé au théâtre. Pour autant, même si l’emploi du participe passé peut s’expliquer, les professionnels du secteur ne sont pas d’avis que le théâtre serait en déclin. Aussi, pour la Journée Mondiale du théâtre qui va être célébrée le 27 mars prochain, est-il prévu plusieurs activités pour marquer l’évènement. Au Théâtre national Daniel Sorano, son directeur, Sahite Sarr Samb, annonce des activités comme la représentation de la Tragédie du Roi Christophe mais aussi un hommage à celui qui a porté cette pièce de Aimé Césaire, Douta Seck, dont le centenaire de la naissance coïncide avec cette journée. Entre miser sur la jeunesse dans les créations en ce qui concerne le Théâtre national Daniel Sorano et travailler sur un document d’orientation qui mènera à la mise en place d’un fonds dédié au théâtre, les professionnels du secteur se sont inscrits dans la dynamique de redonner au 4ème art, son lustre d’antan.
Le théâtre populaire à l’épreuve des séries télévisées
La prolifération des séries télévisées a impacté sur le théâtre populaire qui, auparavant, avait marqué les spectateurs. Aujourd’hui, le théâtre n’est plus ce qu’il était il y a de cela une vingtaine d’années. Entre manque d’organisation, de soutien et de formation, le 4ème art fait face à plusieurs contraintes. Toutefois, le président de l’Arcots ( Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais), Pape Faye tout comme l’artiste-comédien Lamine Ndiaye ne sont pas d’avis que le théâtre serait en décadence face au foisonnement des séries télévisées qui, selon eux, ne sont pas du théâtre. Mais l’initiateur du Théâtre de la Rue jette quant à lui, un œil critique sur le théâtre actuel.
D’une mise en scène de grandes pièces au petit écran et maintenant avec des séries télévisées qui ne cessent de foisonner, le théâtre a perdu son lustre d’antan. Dans les quelques salles qui restent encore, les spectateurs se font désirer. Déclin ou évolution ? Cette question se pose avec acuité. Pour autant, l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication a modifié le mode de conception et de consommation du théâtre. De nouveaux modes de diffusion voient le jour évitant tout déplacement. Mais pour le président de l’Arcots, cela ne veut pas dire que le théâtre est en décadence. Selon Pape Faye, «ceux qui disent le contraire ne font pas du théâtre, ne connaissent pas les fondements encore moins les contours pour être en phase avec la réalité sur le terrain. Ce sont donc ceux-là qui ne viennent pas au théâtre qui veulent l’agoniser».
Des troupes théâtrales, il y en a toujours, selon Pape Faye. « A Douta Seck, les gens sont en train de travailler tous les après-midis. C’est pareil à Guédiawaye, à Pikine, aux Parcelles assainies. Il y a des compagnies qui sont là un peu partout et qui font un excellent travail », souligne le comédien.
«Le théâtre est devenu un jeu d’enfant»
Si pour le président de l’Arcots, le 4ème art ne souffre d’aucun essoufflement, Lamine Ndiaye, initiateur du Théâtre de la Rue, est quant à lui sans équivoque. A ses yeux, «le théâtre n’avance plus », il est même « devenu un jeu d’enfants». Ce qui lui fait dire «qu’on assiste aujourd’hui à un fourre-tout », sans compter qu’il n’y a plus de «distinction» entre les genres. «Il y a un problème fondamental qui se pose. Il y a des journalistes même qui n’arrivent pas à distinguer le théâtre à ce qu’on voit à la télévision. D’abord, il y a le théâtre qui est un art vivant qu’on joue en live, sur les planches ensuite, il y’a ce qu’on appelle les téléfilms», souligne l’acteur culturel Pape Meïssa Guèye, par ailleurs coordonnateur du Syndicat national des travailleurs de la culture (Sntc). Une idée que partage Lamine Ndiaye. Pour lui :« Ce qu’on voit à la télévision, ce sont des téléfilms puisque c’est joué avec un décor naturel. Pour le théâtre, on installe un décor. C’est-à-dire avoir des panneaux, construire une chambre, même les cours de maison, on peut les fabriquer. Ce n’est pas pareil quand on joue dans un décor naturel comme dans les téléfilms. On se trompe beaucoup. Quand on voit des films au niveau de la télévision, on pense que c’est du théâtre alors que c’est bien défini. Ce n’est pas du théâtre mais des téléfilms». Argumentant sur la décadence du 4ème art, Pape Meïssa Guèye soutient que «les créations sont rares au niveau du Sénégal puisque durant toute une année, le nombre de représentations de troupes sénégalaises ne dépasse pas cinq».
Pour cause confie-t-il , il y avait autrefois la Fédération nationale de la musique et du théâtre avec une « structure qui travaillait pour la promotion et le développement du théâtre et qui était très pris au sérieux mais aujourd’hui tout cela n’existe plus ». Pape Faye lui voit la prolifération des séries dans l’air du temps. « Le monde change et cette prolifération des séries permet aux télévisions d’avoir du contenu. Ce sont nos comédiens qui jouent dans ces séries. Ce sont en réalité des activités para-théâtrales (entre le théâtre et le cinéma) qui frisent un peu les techniques théâtrales», confie le comédien. Et d’ajouter : « il est vrai que les gens, au lieu de se déplacer pour aller voir le théâtre vivant, préfèrent rester chez eux, pour suivre ces séries télévisées, ou même regarder sur You tube mais cela ne freine pas le théâtre, c’est une sorte de rendue théâtrale, adaptée au niveau des télévisions».
ACTEUR OU COMEDIEN ?
Entre un comédien et un acteur donc, il y a une différence. «Pour le théâtre, on dit comédien et pour les films, on dit acteur. La nuance est que l’acteur est déjà le personnage. Il a été choisi, on a fait un parcours pour le personnage. Pour le comédien, c’est différent. C’était à partir de certaines connaissances techniques qu’il fallait se baser. Il peut même ne pas faire le personnage mais on se base sur ses qualités techniques, pour le professionnalisme qu’il a et ses connaissances», précise Lamine Ndiaye.
«Au lieu d’aller étudier le théâtre, ils prennent un raccourci en allant jouer dans ces séries télévisées-là»
Même s’il trouve que le théâtre continue toujours d’exister au Sénégal, le président de l’Arcots soutient qu’il y a beaucoup de problèmes qui plombent son envol. A l’en croire, les gens veulent aller trop vite. «Au lieu d’aller étudier le théâtre, ils prennent un raccourci en allant jouer dans ces séries télévisées-là », regrette-t-il. Pour autant, le comédien dira que tout n’est pas mal dans les séries télévisées qui répondent parfois aux attentes des populations. « Il ya de bonnes séries à encourager, une bonne direction d’acteurs, les techniques de scénarisation sont adaptées à nos coutumes, il y a un jeu d’acteurs qui est très bon pour certains, mauvais pour d’autres, mais tout est une question de formation», a fait savoir Pape Faye. En effet, dans chaque nouvelle série, on retrouve de nouveaux acteurs qui, pour la plupart, s’engouffrent dans le métier, juste par passion. «Le problème pour ces séries, c’est que certains le font non pas par ambition, mais pour le paraitre. Ils le font tout simplement par un besoin d’exister, d’être », avance Pape Faye qui est également parrain de la cérémonie de la Journée mondiale du théâtre par l’Association des écrivains du Sénégal. Non sans relever : « ce n’est pas l’argent qui compte pour certains mais l’essentiel, c’est qu’ils paraissent sur le petit écran et ça c’est dramatique». «Il y en a qui, au bout d’une saison, ont envie de venir sur le plateau pour justement mieux avoir de connaissance dans le monde».
LES ACTEURS CULTURELS MONTENT AU CRENEAU : «On ne sent pas l’accompagnement de l’Etat parce que l’action culturelle est politisée»
Pour les acteurs de théâtre, l’Etat a sa part de responsabilités dans la «déliquescence» du secteur. «A moins de deux semaines (l’entretien a été réalisé la semaine dernière, Ndlr) de la Journée Mondiale du théâtre, nous peinons toujours à recevoir la subvention que l’on a demandée à l’Etat. Cette subvention nous aurait permis de relancer le festival du rire de Kaolack», a fait savoir Pape Faye. Il renchérit : «il y a des compagnies qui sont là un peu partout et qui font un excellent travail. Une production, ça coûte cher. Aujourd’hui, tout le monde sait que le théâtre ne nourrit pas son homme. Dans tous les pays du monde, les troupes sont subventionnées. Là, il y’a une politique à faire mais ça reste malheureusement. Jusqu’ici, on n’a pas reçu de subventions. Les compagnies sont là mais il faudrait qu’on les aide ». Sur cette absence de l’Etat, Pape Meïssa Guèye lui emboite le pas : «Le Sénégal est absent dans les grands rendez-vous de théâtre dans le monde, il y a une grande politique qui doit se faire». Et d’ajouter : «on ne sent pas l’accompagnement de l’Etat parce que l’action culturelle est politisée. Il n’y a pas une vraie politique destinée à aider ou à développer le théâtre parce qu’il y a beaucoup de secteurs artistiques qui bénéficient de l’appui de l’Etat mais on ne voit pas ça dans le théâtre».
GRANDEUR ET DECADENCE DU THEATRE : Le 4ème art, d’hier à aujourd’hui
Née en 1923 à Port-au-Prince et décédée en 2001 à Dakar, la comédienne Jacqueline Scott-Lemoine avait interprété le rôle de Madame Christophe dans la Tragédie du Roi Christophe en 1966 lors du premier Festival mondial des arts nègres. Abdoulaye Douta Seck dont une maison de la Culture à Médina porte le nom avait lui aussi joué le rôle principal dans la pièce d’Aimé Césaire, La Tragédie du Roi Christophe. Doura Mané (1939-1978) est connu pour le rôle de Patrice Doumbé dans le film « L’Etat Sauvage » adapté du roman Georges Conchon. Pour ne citer que ceux-là, le théâtre sénégalais a connu ses heures de gloire. A l’époque également, le théâtre national Daniel Sorano a accueilli des représentations théâtrales comme « Lat Dior ou le chemin de l’honneur », une tragédie en wolof consacrée au dernier Damel du Cayor qui avait marqué la saison théâtrale à l’ouverture, en 1965, du bâtiment qui porte le nom d’un illustre comédien franco-sénégalais. Sur ce qui a fait la grandeur du théâtre interprété à Sorano jadis, il y a « l’Exil d’Alboury » de Cheikh Aliou Ndao, « Monsieur Pot de Vin », une pièce écrite par le premier Directeur Maurice Sonar lui-même, « L’os de Mor Lam » de Birago Diop, « Le Fusil » de Patrice Ndendi Penda, « Le lion et la perle » de Wolé Soyinka, « Mac Beth » de Shakespeare, « Tête d’Or » de Paul Claudel, etc. Sans aussi oublier « Ngor Niébé » de Birago Diop, « Le faux marabout » d’André Terisse, « Antigone de Jean Anouilh », « L’Amante anglaise » de Marguerite Duras ». La grandeur du théâtre d’hier a aussi été marquée par les troupes comme « Jamoney Tey », « Barago Yego », « Daaray Kocc » qui ont interprété des pièces en fonction des valeurs de notre société. Pour revenir aussi sur le théâtre d’hier, il ne faudrait surtout pas oublier Baye Peul, Thierno Ndiaye Doss, Mame Sèye Fall, Makhourédia Guèye, Malick Ndiaye, Seyba Traoré, Ismaila Cissé, Omar Seck, Jean Pierre Leurs etc. Des comédiens qui ont marqué les esprits à l’époque sur les planches. C’était en cette période où Sorano faisait le plein de spectateurs avec des pièces qui avaient pour fonction de conscientiser les populations. Même s’il y a toujours des troupes théâtrales qui existent, il n’en demeure pas que les créations se font rare. Aujourd’hui, le théâtre sur scène semble avoir un autre visage. Parmi les causes de cette « décadence », il y a l’effet des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les séries télévisées semblent remplacer le théâtre sur scène même si ce n’est pas la même chose. Pour certains, le théâtre est devenu une affaire d’amateurisme. Les conséquences du manque de formation, de soutien et d’encadrement se manifestent dans les quelques productions qui se font.
ABDOULAYE KOUNDOUL, DIRECTEUR DES ARTS : «Travailler pour la mise en place d’un fonds dédié au théâtre»
Le ministère de la Culture est conscient des problèmes qui touchent le secteur du théâtre sur scène au Sénégal. «Le problème du théâtre, c’est la formation, le financement et la diffusion. Il y a toutes ces problématiques-là qu’il faudrait que l’on examine mais dans un cadre organisé où les professionnels du secteur devront être les premiers», a déclaré le directeur des Arts. Toutefois, selon Abdoulaye Koundoul, «il ne faut pas que le ministère de la Culture s’érige en donneur de leçons alors que ceux qui sont dans ce secteur sont là et nous essayons à travers de comités mis en place d’accompagner les acteurs». Mieux, dit le directeur des Arts, «de la meilleure façon qu’on a réussi à mettre en place pour avoir un fonds dédié à l’édition, un fonds pour le cinéma, un fonds pour les cultures urbaines et bientôt un fonds pour la danse, il faudrait qu’ensemble avec les professionnels du secteur du théâtre, qu’on arrive à travailler sur un document d’orientation qui mènera à la mise en place d’un fonds dédié au théâtre ». Pour Abdoulaye Koundoul, avec le fonds dédié au théâtre, « on arrivera à jeter les bases de l’élaboration d’une politique théâtrale structurée et ambitieuse ». Revenant sur la décentralisation de la célébration de la journée mondiale du théâtre, le directeur des arts dira : «cela nous pousse aussi au niveau du ministère de la Culture à rassembler les professions des différents métiers de la culture pour qu’ils travaillent même dans le cadre de l’élaboration même d’un document d’orientation stratégique qui va mener à la modernisation et au développement culturel».
MACKY, A L’EPREUVE DE LA MAJORITE !
Macky Sall peut-il gouverner, au cours de son quinquennat 2019-2024, sans faire droit à sa coalition présidentielle, en gros aux grands partis politiques comme l’Afp et le Ps autant comptables que l’Apr de sa victoire de la présidentielle ?
Attendu avec fébrilité par la classe politique, la société civile, le monde de l’administration et des affaires comme par «gorgorlu», le prochain gouvernement qui sera formé, dans la foulée de la prestation de serment du Président Macky Sall, le 02 avril prochain, risque de ne pas contraster d’avec la stratégie globale du «gagner ensemble, gouverner ensemble». Et pour cause, quoiqu’il entame son deuxième et dernier mandat, le président sortant semble encore obligé de composer avec sa majorité non «silencieuse», compte tenu de l’approche des Locales, et en prévision des Législatives.
Macky Sall peut-il gouverner, au cours de son quinquennat 2019-2024, sans faire droit à sa coalition présidentielle, en gros aux grands partis politiques comme l’Afp et le Ps qui sont autant comptables que l’Apr de sa victoire au 1er tour de la présidentielle, en raison de leur poids électoral ? Voilà une question qui mérite une grande attention pour diverses raisons. En effet, quoiqu’il soit appelé à entamer une dernière mandature à la tête de l’Etat sénégalais, le président sortant semble obligé, pour diriger le pays en toute quiétude, de composer, pour ne pas dire transiger, avec ses principaux alliés au sein de la coalition majoritaire. L’échéance des élections locales prévues pour décembre prochain, à moins d’un couplage avec les Législatives, impose au chef de file de l’Apr, bien que vainqueur de la présidentielle avec plus de 58% des voix, de continuer à se reposer sur la large coalition qui a porté sa candidature, en février. Son parti, passé d’armée républicaine à auberge espagnole (Voir par ailleurs) ne pouvant certainement pas lui garantir de gagner les Locales prévues dans un peu plus de huit mois et d’administrer le pays, sans coup férir. Etant entendu que l’exécution du volet 2 du Pse comme la territorialisation des politiques publiques par l’entremise de l’Acte III de la décentralisation, ne sauraient être facilités avec des communes et collectivités, hors du giron politique du président sortant. Toute chose à laquelle Macky Sall ne peut aspirer, sans le compagnonnage gagnant-gagnant qu’il a tissé depuis 2012 avec sa coalition majoritaire, au sein de laquelle on retrouve deux grands partis (Afp, Ps), fortement ancrés dans le territoire national et avec des leaders dont le président pourrait difficilement se passer.
Le «gagner ensemble, gouverner ensemble», toujours d’actualité
Suffisant pour dire alors que la composition du prochain gouvernement, même si pas mal de Sénégalais la souhaitent de «technocrates» pour impulser les grandes ruptures attendues du chef de l’Etat au cours de son dernier mandat, est appelée à être profondément politique. Comme l’a d’ailleurs établi Maurice Soudieck Dione, Dr en Sciences politiques à l’UGB de Saint-Louis. Un spécialiste pour qui les Sénégalais doivent s’attendre à un renforcement de la coalition présidentielle, ce que Macky Sall va matérialiser dans le futur gouvernement dont la liste a été peaufinée au Maroc, selon des sources concordantes. «Le président Sall, de toute évidence, va garder son alliance parce que dans sa façon de fonctionner, il y a des logiques. La première logique, c’est d’abord de fidéliser la coalition au pouvoir et de préserver la majorité, c’est aussi de réduire l’opposition à sa plus simple expression comme il l’a dit», déclarait Dr Dione au micr de Sud Fm. «Le gagner ensemble, gouverner ensemble» semble à ce niveau le socle le plus ferme sur lequel Macky Sall entend conforter son leadership, en rapport à sa volonté de circonscrire une opposition qui s’est sortie, d’une certaine façon, ragaillardie à la présidentielle. Face à Idrissa Seck de Rewmi et Ousmane Sonko de Pastef qui totalisent plus de 36% de l’électorat sénégalais, Macky Sall serait bienheureux de conserver et de renforcer davantage sa coalition et surtout ses principaux alliés. Des alliés qui se sont convaincus d’être actionnaires non négligeables du passage en force du président au premier tour et qui n’ont pas manqué, par ailleurs, même si c’est une stratégie détournée, de mettre la pression sur la formation du futur gouvernement, pour plus de postes et de reconnaissance de leur poids électoral. A l’instar de l’Afp et du Ps qui, de manière subtile, ont soit proclamé leur indépendance pour 2024, soit appelé à l’union des forces pour les futures échéances électorales sans le «Macky» !
Par Vieux SAVANE
M. LE PRÉSIDENT, LA BALLE EST DANS VOTRE CAMP !
Fini le repos et la cogitation - Macky Sall sera de retour au bercail ce jour, avec la conscience que sa réélection lui offre l’opportunité d’installer enfin le pays sur les rails de la modernité démocratique et de la bonne gouvernance
Fini le repos et la cogitation. Le président Macky Sall sera de retour au bercail ce lundi 25 mars, avec certainement dans ses valises, la conscience aigüe que sa réélection au 1er tour de la présidentielle avec une majorité confortable de 58, 26% lui offre l’opportunité historique d’installer enfin le pays sur les rails de la modernité démocratique et de la bonne gouvernance.
En effet, pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal indépendant, un président de la République va le 2 avril prochain, jour de sa prestation de serment, pouvoir dérouler sa mandature dans une temporalité maîtrisée. Emancipé de l’obsession de rempiler qui plombe toute velléité transformatrice, inhibe toute prise de risque, parce que pataugeant dans les eaux fangeuses du calcul politicien, il lui sera par conséquent loisible, conformément à ses engagements, non point de penser à son confort personnel mais de servir avec fermeté et détermination le peuple sénégalais au nom duquel il exerce ses prérogatives. Aussi, fort de son élection, devra-t-il surtout décrypter le message envoyé par les quelque 42% qui n’ont pas porté leurs suffrages sur sa personne et dégager des perspectives susceptibles d’insuffler dans le pays un grand vent d’optimisme, producteur de cet élan vital qui bouscule les obstacles, libère les énergies et repousse les barrières de la médiocrité.
Ce qui est donc attendu du président de la République à l’entame de son deuxième et dernier mandat, ce sont des mesures fortes et audacieuses capables d’endiguer l’indiscipline, de dessiner de nouvelles trajectoires susceptibles de restaurer l’espoir. Pour ce faire, un changement de paradigmes s’impose. En l’occurrence, l’instauration d’un autre rapport au pouvoir désormais perçu comme un sacerdoce, un moyen pour transformer les conditions de vie des populations et plus particulièrement celles des plus démunies. Sans nul doute, est-il venu le temps, pour le président Macky Sall, d’assumer et de matérialiser les convictions exprimées dans son ouvrage « Le Sénégal au cœur ». Il y rappelait avec une émotion contenue sa conquête du pouvoir entamée par une « longue marche », (un clin d’oeil à son éphémère et bénéfique militance maoïste ), consistant à « encercler les villes par les campagnes », et qui l’ont vu parcourir quelque 80.000 kms près de trois années durant avec le résultat probant que l’on sait. Il s’agit là d’une expérience qui marque assurément car on n’en sort pas indemne. Il révèlera d’ailleurs que cette dernière avait fini de cimenter en lui une volonté de faire tout ce qui était en son pouvoir pour trouver des réponses aux doléances répertoriées tout au long de cet éprouvant et instructif parcours : « le manque d’eau, les coupures ou l’absence totale d’électricité, l’absence de pistes et de routes praticables, la pénibilité du travail des femmes du monde rural ». Certes si nombre d’actions ont été menées durant le septennat, (constructions de pistes de production, de puits et de forages ; instauration du CMU, des bourses familiales, etc.), il demeure que le travail doit être poursuivi pour pouvoir transformer qualitativement et durablement ce pays qui est le nôtre. A l’instar de la nécessaire réhabilitation du chemin de fer dans le sillage des grands projets autoroutiers.
Aussi, au regard de la nomination imminente du prochain gouvernement, est-il permis d’espérer la levée d’une aube nouvelle s’exprimant à travers des messages forts : un cabinet resserré dont la colonne vertébrale sera la performance et la compétence, avec des ministres, des ministres-conseillers, concentrés sur leurs tâches avec une obligation de résultats. Sans oublier la rationalisation de la pléthore d’agences. Il s’agit en somme de rompre avec la gestion des frustrations en ayant totalement à cœur de sortir le Sénégal de la pauvreté dans laquelle il baigne depuis des lustres du fait d’une gouvernance clientéliste en plus d’être rétive à toute reddition des comptes.
Aujourd’hui, loin de toutes ces pesanteurs, le président a l’impérieuse exigence de se débarrasser du lourd fardeau des calculs égoïstes pour épouser la vitalité du constructeur d’avenir. Il urge par conséquent de prendre des mesures vigoureuses contre les agressions multiformes des politiques de désinvolture et d’impunité qui plombent depuis plusieurs décennies les efforts de développement, surtout en cette période où il se pose la nécessité de veiller à une gestion transparente et une redistribution équitable des dividendes attendues du pétrole et du gaz pour faire de sorte qu’ils ne soient pas la malédiction annoncée mais plutôt une formidable opportunité.
Il s’y ajoute, faut-il le rappeler, qu’en 2024, les électeurs sénégalais auront à voter pour un projet et non contre un président sortant. Aussi serait-il indiqué de faire revenir la confiance dans l’organisation des élections en s’accordant sur des mesures consensuelles et pérennes avec toutes les parties concernées.
Né après les indépendances, pur produit de l’école publique, assumant pleinement ses origines modestes, le président Macky Sall est certainement habité par le désir de sortir par la grande porte. La balle est désormais dans son camp. A lui d’oser imprimer sa marque générationnelle dans ce Sénégal en construction.
Par Henriette Niang Kandé
MACKY 2 FACE A LUI-MEME ; L’HISTOIRE, DES HISTOIRES
Une campagne électorale est un épisode essentiel, qui rythme, consacre et condense la vie politique d’un pays. On la compare à un combat où tous les coups sont permis, à une épreuve sportive qui requiert force et endurance ou à une lessiveuse.
Une campagne électorale est un épisode essentiel, qui rythme, consacre et condense la vie politique d’un pays. On la compare à un combat où tous les coups sont permis, à une épreuve sportive qui requiert force et endurance ou à une lessiveuse qui peut broyer. La présidentielle, c'est tout ça à la fois. Et bien plus encore. Il faut bien sûr avoir l'envie. Une envie qui frôle l'obsession, dit-on.
L’espace public de notre pays qui n’a jamais été silencieux, bruit alors, pendant tout temps électoral, de mots hostiles au pouvoir, à mettre dans le registre de la contestation. Le 24 février 2019, les électeurs ont voté, les urnes ont parlé. Le peuple, dès le lendemain, est retourné à ses occupations. En matière d’élection et en politique plus généralement, il y a cela de binaire qu’il n’y a pas d’ambiguïté, pas de demi-mesure. On est élu ou on ne l’est pas. On est nommé ou on ne l’est pas. Ça passe ou ça casse.
Cinq candidats donc, après que le pic d’une centaine de candidat(e)s à la candidature, a passé le filtre du parrainage, voté au forceps, et assimilé par certains, au mieux comme l’accès à un cercle d’initiés ou à un club, au pire comme une pratique en usage dans certaines organisations criminelles.
Il serait si simple de commenter, quelques semaines après, leur campagne électorale selon le bord où l’on se trouve: déplorer un non-deuxième tour, se mettre en gaité pour le candidat sortant parce que vainqueur, se réjouir du score de Ousmane Sonko, très vite installé, depuis qu’il a été élu député, dans le rôle de l’opposant protestataire, indigné et accusateur véhément, regretter la décision du candidat Idrissa Seck de ne pas faire de recours, lui qui a entamé un lent travail de rédemption, avec une étonnante constance et une humilité qu’on ne lui connaissait pas, apprécier l’attitude de El Hadj Issa Sall et celle de Madické Niang.
On peut également, disserter avec mélancolie, du niveau de toute la campagne et même des précédentes, qu’elles soient locales ou législatives, qui n’est plus ce qu’il était il y a quelques décennies.
L’encre indélébile n’a pas encore séché sur nos doigts, que le pays entre dans une nouvelle campagne politique. Celle du troisième mandat du vainqueur de 2019, alors que nous ne sommes qu’en phase terminale du premier. A cela, s’ajoutent l’attente de la prestation de serment, la formation d’un nouveau gouvernement, les prochaines élections locales et législatives pour lesquelles le couplage ou non est mis sur la table, l’évocation de la prolongation du mandat des députés. Dans la foulée, l’existence de quelques institutions est remise en cause. Ce pays qui a le goût de l’homme providentiel, est dans l’expectative. En effet, le président de la République, demeure le seul maître du destin du pays et du sien propre, y compris de son propre mandat. Ne suffit-il pas de demander son avis au Conseil constitutionnel pour qu’il donne une décision qu’on ne lui avait pas demandée, qui pourrait conduire à un autre referendum? L’histoire ne se répète-t-elle pas des fois ?
Depuis plus de six mois, on évacue la plupart des sujets de fond qui peuent faire débat et on se focalise sur des élections passées et à venir, des coalitions et des ruptures, un sempiternel clivage pouvoir-opposition, et plus récemment, encore un appel au dialogue, comme pour rapprocher des familles supposées opposées par des allégeances « irréconciliables », alors que ce ne sont la plupart du temps que des conflits d’intérêts qui traversent tout notre espace public.
Le dernier appel au dialogue est lancé dans une très grande complexité. L’APR qui était jusque-là une armée mexicaine du fait de sa non structuration depuis sa création en 2008, s’est muée en auberge espagnole. Au PDS, les acteurs, y compris Maître Wade, se sont résignés à ne jouer que leur carte personnelle, chacun cherchant à être le personnage central de la pièce, fut-elle une tragédie. Paradoxalement, aujourd’hui, c’est Macky Sall dont l’exercice du pouvoir du premier mandat était marqué par le seul souci de sa réélection, qui hérite, au PDS, d’une position d’héritier que sa dissidence, en 2008, avait masquée.
Il est sans doute superflu de revenir sur la réalité de l’ampleur de la crise des partis politiques de la coalition Benno Bokk Yakaar, même si elle revêt des aspects différents d’un parti à l’autre. La crise de leadership qui s’est installée au sein du PIT, de la LD est encore vive. En 2012, en s’alliant au parti au pouvoir ces partis ont laissé apparaître leurs difficultés internes au grand jour, voire perdu ce qui leur restait de légitimité. Pour ceux qui en animent la dissidence, la raison principale évoquée est la suivante : à quoi sert un parti qui ne décide de rien, qui va jusqu’à sous-traiter la désignation de ses candidats et son programme ?
Quant au PS et l’AFP, contrairement à ce que leur création les destinaient, c’est-à dire des instruments taillés pour la conquête du pouvoir (comme tout autre parti politique d’ailleurs), leurs principaux dirigeants, après s’être faits porte-voix et porte-paroles de Macky Sall, s’exprimant depuis toujours dans un poudingue de prose lourde, prétexte pour paraître et simuler une prétendue présence malgré la pire des absences (la dernière élection présidentielle en est un exemple parfait), ils sont aujourd’hui les porte-drapeaux de l’état moribond de leurs partis respectifs.
En 2012, alors que Macky Sall avait fini de creuser son sillon et cultiver sa différence avec Maître Wade et le PDS, la coalition de l’opposition, Benno Siggil Sénégal, dans le même temps, ne parvenait pas à s’accorder sur un candidat unique pour faire face à Abdoulaye Wade. Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng s’agrippant à leurs candidatures, ignoraient royalement le pays, ses attentes, ses tourments, et imaginaient très sérieusement luire comme des étoiles dans la nuit d’un peuple d’incultes.
Rien d’étonnant pour cet interlocuteur qui a adapté l’analyse notée au cours d’une de ses lectures, au contexte local : « Depuis Abdou Diouf, ces deux-là, quand ils se croisent, leurs regards sont fixes, contraints et forcés, à l’instar de deux boxeurs qui savent tout l’un de l’autre. Ils se sont tellement cognés qu’ils ne savent plus très bien qui a asséné les premiers uppercuts, qui a décoché les premiers coups au-dessous de la ceinture. Ils savent en revanche qu’ils devront cohabiter jusqu’au bout à moins d’un cataclysme politique, que, tout compte fait, ni l’un, ni l’autre ne souhaite. Paradoxe, ils forment un vieux couple politique. Dramaturgie ordinaire : les rôles sont bien distribués, d’une pièce qui ne finit pas. On dirait qu’ils ne peuvent se passer l’un de l’autre. [Abdou Diouf] a adoubé [Ousmane Tanor Dieng] et n’a pas eu le courage d’exclure [Moustapha Niasse]. Ces deux-là, malgré les apparences, ne se quitteront jamais. Ils semblent unis par un pacte secret, un conflit d’héritage avec indivision, des secrets de famille et des cadavres dans le placard. Comme deux condottieri fatigués qui connaissent toute la panoplie de leurs bottes secrètes, ils se supportent en attendant l’agonie l’un de l’autre. Ils ont inscrit dans leur peau, d’ineffables balafres témoignant des blessures qu’ils se sont infligés au fil des ans ».
La semaine dernière, beaucoup ont été surpris d’entendre de la bouche d’un acteur de premier rang de l’AFP déclarer une éventuelle candidature du parti à l’élection présidentielle de 2024 et le Premier Secrétaire du Parti socialiste tendre la main à tous ceux qui en avaient été exclus. Si cela n’est pas penser le futur avec les lambeaux du passé, cela y ressemble fort.
C’est dans cette conjoncture qu’il faut lire le futur de la génération politique d’après indépendance, celle qui s’oppose aujourd’hui à Macky Sall. Est-elle capable de bâtir de nouvelles formes d’interventions politiques et d’alliances, pour promouvoir la rupture politique et mettre définitivement à la retraite la génération de l’indépendance ? Cette nouvelle génération est-elle capable de trouver un langage qui lui est propre, pour enfin cesser d’être celle des héritiers ? Heureusement, il y a des cracks ici et là. Il faut l’admettre. C’est un bonheur que sortent du troupeau, d’éclatantes figures.
Une campagne électorale est un moment décisif des systèmes démocratiques, les élections étant la voie unique d’accès au pouvoir. Si le peuple a le pouvoir d’élire, celui de Dakar et la Ville de Dakar elle-même est une dilection pour nombre d’hommes et de femmes. Nous ne nous étendrons pas sur l’importance qu’elle revêt aux plans économique, social, culturel, des affaires, de la notoriété lorsqu’on en est le maire et même le secret espoir qu’elle nourrit, car pouvant être la voie la plus rapide pour être président de la République. Façon Jacques Chirac. Rapide peut-être, mais l’Hotel de Ville de Dakar aussi peut se révéler l’autel des ambitions. Façon Khalifa Sall. « Ville cruelle » pour reprendre le titre du livre de Eza Boto avant qu’il ne devienne Mongo Béti
Profitant du silence d’autres potentiels candidats de son propre camp, Moustapha Cissé Lô, annonce très bruyamment sa candidature à la Mairie de Dakar, espérant sans doute mettre son parti, l’APR où les ambitions personnelles sont tellement plus fortes que le projet politique, devant le fait accompli. Celui qui ne s’interdit aucune introspection, se décrit comme un acteur politique qui passe de succès en victoires et de victoires en triomphes. Les électeurs de Mbacké n’en demandent sûrement pas autant.
C’est donc dans cette ambiance que l’on attend le 2 avril 2019, début du deuxième mandat de Macky Sall. On dit que le premier mandat d’un président d’une République lui permet d’imprimer sa marque et que le deuxième lui accorde de préparer sa place dans l’histoire. Pour le Sénégal aussi, le 2 avril sera un autre jour. Mais quel jour ? Pour quelle Histoire ?
Les étudiants du pavillon H de l’université de Dakar souffrent le martyr à cause d’un manque d’eau qui dure depuis plus de cinq mois. Une situation qu’ils dénoncent. Omar ndoye loge dans ce pavillon. Il s’indigne : « Tu te lèves le matin tu ne vois pas d’eau même pour te laver le visage, c’est une situation très difficile. On ne peut pas vivre sans eau, l’eau c’est une ressource vitale. Je me demande si les autorités veulent qu’on réussisse. C’est impossible de vivre sans eau »
Selon nos interlocuteurs, ils sont obligés de faire la queue devant la mosquée de l’université juste pour avoir de l’eau pour faire leurs ablulitions.
Et pire, cette pénurie d’eau ne se limite pas seulement au pavillon H, tous les nouveaux bâtiments sont aussi touchés par le phénomène. Adama Sarr confie : « les pavillons H, I, G… sont concernés, on se déplace dans les autres bâtiments pour avoir le liquide précieux, et la vie estudiantine mérite d’être améliorée. »
Ces étudiants menacent de se faire entendre si le manque d’eau perdure « oninterpelle les autorités concernées. On est fatigué de vivre ce calvaire et s’ils ne font rien on est prêt à descendre sur le terrain pour manifester. »
La pénurie d’eau persiste à l’université de Dakar. Les étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer, exhortent les autorités à trouver une solution rapide à leur probléme.
ALISA, LE PROJET QUI INTERCONNECTE LES DOUANES DES 15 PAYS DE LA CEDEAO
C’est une interface permettant aux systèmes douaniers existants dans les pays de la zone d’échanger des données, à travers une connexion internet sécurisée.
Pour sécuriser et faciliter les transactions et échanges commerciaux dans la sous-région, les Etats membres de la CEDEAO comptent sur le projet ALISA. C’est une interface permettant aux systèmes douaniers existants dans les pays de la zone d’échanger des données, à travers une connexion internet sécurisée.
Les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont lancé le projet ALISA à Abidjan, a annoncé un communiqué de l'institution, ce samedi 23 mars. Un dispositif dont l'objectif est d'utiliser les technologies de l'information pour faciliter les échanges, les transports et la libre circulation des marchandises dans l'espace Cedeao, précise le document. Parmi les objectif du système, la facilitation et la sécurisation du commerce dans la sous-région, l'amélioration de l'efficience et de l'efficacité des procédures de transit. Le projet ALISA vise également à prévenir et à détecter les fraudes, à simplifier les opérations de transit, mais également à échanger des données.
Un ensemble de mesures devant aboutir à l'augmentation des recettes douanières, grâce à une prestation de services plus efficace pour les 15 pays de la CEDEAO.
Un système de collecte et de partage de données
Le projet ALISA est constitué d'une interface avec les systèmes douaniers existants de la zone. Les données collectées pourront être échangées à partir d'une base de données douanière régionale centralisée. A terme, les instigateurs du projet s'attendent à une amélioration de l'environnement des affaires, à la hausse et à la sécurisation des recettes douanières, pour améliorer le taux de croissance et la compétitivité des économies de la CEDEAO.
Le projet d'interconnexion des systèmes informatiques douaniers est l'un des composants des actions entreprises par la CEDEAO pour fluidifier la circulation des marchandises sur les différents corridors routiers de l'Afrique de l'Ouest. Il s'agit de la mise à disposition, par voie digitale, d'informations aux bureaux de douanes sur les cargaisons en transit d'un Etat à un autre. La rencontre d'Abidjan permettra aux participants d'apprécier davantage les atouts et les enjeux du projet ALISA, ainsi que la place importante qu'occupe ce dernier dans l'objectif de constitution du marché régional ouest africain. Selon le commissaire chargé des Douanes, du Commerce et de la Libre circulation de la commission de la Cedeao, Tèi Konzi, représentant du président de l'institution, Jean-Claude Kassi Brou :
« L'interconnexion des systèmes informatiques douaniers a été conçue par la Cedeao avec l'appui technique de la CNUCED. Ce projet vise à transmettre aux différents services des douanes, sous forme digitale, les données relatives à la cargaison avant son expédition. L'interconnexion permet d'avance aux agents des postes de douanes de passage et de destination, de recevoir toutes les informations sur le transit avant même l'arrivée des marchandises ».