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25 août 2025
PAR ALASSANE KITANE
CE DIALOGUE EST UN ARRAISONNEMENT DE LA DEMOCRATIE
Si Macky veut obtenir plus de légitimité que ses 58% lui ont conféré, c’est qu’il ne comprend pas comment fonctionne la démocratie - Ce que le peuple sénégalais exige, ce n’est point un dialogue, mais d’être gouverné sous le régime de la justice
Un président de la République qui est resté sourd, pendant cinq ans, aux appels au consensus sur le processus électoral émis aussi bien par l’opposition que par une partie de la société civile peut-il subitement devenir un apôtre du dialogue ? Dialoguer avec qui et à quelle fin ? Qu’est-ce que l’opposition et la démocratie peuvent-elles tirer d’un dialogue avec Macky Sall ?
Une République, c’est des institutions communes à tous ; une démocratie, c’est des mœurs politiques dont les piliers sont la délibération permanente, des joutes électorales, une séparation des pouvoirs et des contre-pouvoirs. Pourquoi vouloir créer d’autres espaces de dialogue si les couloirs que la démocratie et la République ont aménagé à cette fin ne sont pas bouchés ? Macky Sall, durant sept ans, nous a promis une réforme des institutions sans jamais tenir parole, il a rompu la tradition de consensus sur le processus électoral et le fichier arguant que notre démocratie est rodée, majeure ! Qu’est-ce qui a changé entre temps pour le convaincre de la nécessité de dialoguer avec les anciens présidents et l’opposition ?
Si le dialogue est pour constater l’altération profonde de notre système démocratique par l’obsession qu’un homme d’être réélu, qu’il trouve seul les moyens de réparer ces blessures immondes causées à la démocratie. Il a trouvé un système électoral, il l’a assujetti à ses intérêts, il n’a qu’à assumer ses responsabilités seul face à l’histoire. On peut abuser de la confiance des peuples, mais on ne peut pas les forcer à effacer leur mémoire, or de grands hommes sont tombés dans l’oubli après l’exercice du pouvoir. Il y a des blessures qui laissent des séquelles douloureuses et difficilement réparables. Macky Sall a changé, de façon unilatérale les règles du jeu et après avoir tiré son épingle du jeu, il veut revenir à la normalité : ça ne peut pas être notre problème, encore moins celui de la démocratie. Ce que Macky n’a pas obtenu par la démocratie il ne doit pas rêver l’avoir par un simulacre de dialogue. En Afrique, dès que le mot dialogue est conceptualisé, c’est qu’il y a rupture démocratique : dans une démocratie qui fonctionne, le dialogue est consubstantiel aux institutions. Conférence nationale, dialogue national, etc. : toute cette phraséologie n’est destinée qu’à occulter des forfaitures que l’esprit républicain et l’éthique démocratique auraient dû endiguer.
Dialoguer avec Macky après tout ce qu’il fait en termes de tripatouillage des institutions politiques et du système électoral, c’est accorder une prime à la perfidie et à la gestion solitaire du processus électoral. Il ne faut pas que le dialogue pour effacer la déloyauté, soit une jurisprudence dangereuse pour notre démocratie. La politique n’est pas une œuvre morale, mais on ne peut pas tout se permettre en politique. Macky Sall ne mérite pas qu’on réponde à son appel : il a humilié, oppressé, écrasé, broyé des opposants pour simplement se maintenir au pouvoir. Il a nié les libertés politiques les plus élémentaires pendant sept ans, il ne mérite pas qu’on dialogue avec lui. La meilleure façon de dialoguer avec lui, c’est de s’opposer dans les limites de la légalité républicaine et de travailler à ce qu’il n’abîme pas davantage notre démocratie et notre République. Si Maintenant Macky veut dialoguer pour passer par pertes et profits toutes les dérives qui ont rythmé son premier mandat, c’est qu’il est un comploteur qui cherche des alliés pour comploter contre la démocratie.
Si Macky Sall veut libérer des prisonniers politiques, qu’il le fasse pour s’amender devant sa conscience et devant ses compatriotes. Si Macky Sall veut entrer dans la postérité, il n’a qu’à se débrouiller seul, il n’a qu’à trouver des fantaisies comme celles qu’il a utilisées pour organiser et remporter des élections aussi malhonnêtes. Si Macky Sall veut obtenir plus de légitimité que ses 58% lui ont conféré, c’est qu’il ne comprend pas comment fonctionne la démocratie. Si Macky Sall veut rassembler davantage autour de lui pour légitimer ses forfaits de gouvernance, c’est qu’il ignore l’éveil de la conscience de la jeunesse et la rage d’en finir avec le népotisme, la gabegie et le clanisme. Ce que le peuple sénégalais exige, ce n’est point un dialogue, c’est simplement d’être gouverné sous le régime de la pudeur et de la justice. Ce que les citoyens sénégalais veulent, c’est d’en finir avec une République où l’obtention de la carte d’identité n’est guère soumise aux caprices d’un ministre de l’Intérieur qui les délivre selon ses calculs électoraux. Ce que l’on attend de Macky Sall, c’est qu’il remette la démocratie dans l’état où il l’a trouvée. L’après Macky ne peut pas être envisagé par l’opposition et le pouvoir de la même façon : nous exigeons simplement que le système électoral violé et perverti par sa soif de pouvoir soit réhabilité, c’est tout.
Si Macky veut dialoguer parce qu’il a senti que les fissures de la société sont devenues béantes, qu’il commence d’abord par nous expliquer pourquoi et comment « sa » justice si prompte à cueillir des opposants pour « appel à l’insurrection » est-elle restée aphone et invisible face à tous ces appels à la haine confrérique avant et durant la compagne ? Si rien n’a été fait pour stopper des dérives aussi graves pour la paix et la stabilité de notre pays, c’est parce que le régime de Macky Sall y a trouvé son compte, s’il n’en est pas tout bonnement l’instigateur. Et pour dire un mot sur cette société civile qui presse les vaincus à féliciter Macky Sall, il n’ont qu’à nous expliquer cette posture louche, indolente et parfois même compromettante qu’elle a eue face à la gestion solitaire et tyrannique du processus électoral. La carte électorale a changé de façon inexplicable, des populations électorales ont mystérieusement gonflé dans certaines localités, des citoyens ont été privés arbitrairement de leur droit de vote, des responsables politiques de l’APR ont disposé par devers eux des lots de cartes d’identité, … Macky Sall a oublié que dans la politique comme dans la guerre, il y a des armes non conventionnelles qu’on ne peut pas utiliser sans être en marge de la communauté des hommes civilisés.
Y-A-T-IL UN TABOU AUTOUR DU HARCELEMENT SEXUEL EN AFRIQUE ?
La sociologue et professeure au FMI, Hermine Zossoungbo, lève les contours du phénomène de harcèlement sexuel sur le continent, dans un contexte de liberation progressive de la parole des victimes
A l’occasion du récent Fespaco à Ouagadougou, deux actrices ont révélé avoir été la cible de harcèlement et d'agressions sexuels. Elles ont lancé le mouvement Mêmepaspeur, un Metoo africain tardif mais salutaire. Comment libérer la parole des femmes sur cette question ? Du monde de l’enseignement, à l’entreprise ou même l’Église, quelles solutions pour lutter contre ce fléau ? Hermine Zossoungbo donne quelques éléments de réponse sur le plateau de VOA Afrique.
PAR NDEYE FATIMA NDIAYE
LE PRINCE ET LA SERVANTE
Il reste encore du chemin à faire pour atteindre le plein épanouissement des femmes dans la société sénégalaise - Pourquoi devrions-nous être inférieures au jugement de l’homme ?
Le 8 mars est une journée importante célébrée partout à travers le monde. C’est l’occasion pour toutes les sociétés de mesurer les progrès faits et ceux à entreprendre pour améliorer le sort de la gente féminine. Mais où en est le Sénégal quant aux droits de la moitié de sa population ?
Certes nous avons aujourd'hui de plus en plus de femmes instruites et professionnellement bien établies. Néanmoins, il reste encore du chemin à faire pour atteindre le plein épanouissement des femmes dans la société sénégalaise. Au sein même du noyau familial, des pratiques sociétales ancrées dans notre culture relèguent toujours la femme au second plan ou jettent les bases d'un confinement de la femme à un rôle secondaire. En effet, très tôt dans l’éducation des enfants sénégalais, on note déjà une disparité flagrante entre les petites filles et leurs frères. Les garçons peuvent aller jouer au ballon pendant que les filles doivent rester pour faire la vaisselle et autres travaux ménagers. La sœur doit faire le linge de son frère. Les garçons ont le droit d’aller dehors tard le soir. La fille se doit de rester au côté de sa mère pour apprendre à être une femme, une bonne épouse plus tard. Ne dit-on pas d’ailleurs que taarou jigguen mooy seuy ? (La beauté d’une femme réside dans le mariage). À quelle époque de l'évolution sociale la femme a-t-elle cessé d'être un être à honorer pour ne devenir que la servante du prince sénégalais ?
La femme sénégalaise se doit d'être parfaite : belle, raffinée et toujours aux aguets pour satisfaire les moindres caprices culinaires où encore charnelles de papa chéri. Il suffit d'aller aux marchés Sandaga ou HLM pour constater tout l'arsenal de séduction existant de la femme pour satisfaire son homme. Que fait l'homme pour séduire la femme sénégalaise ? Nada. Car la jonguéité est affaire de femme, tout comme l'exemplarité et le dévouement au foyer. Dans le monde occidental, la femme se bat pour acquérir l'égalité avec l'homme dans les salaires, les responsabilités... Il y a encore beaucoup de choses à améliorer cependant. Mais dans nos pays, notamment au Sénégal, la femme se bat pour être considérée comme un être à part entière et cesser d'être l'enfant de son père ou la femme de son mari. Il suffit de parcourir les téléfilms sur le web pour en faire le malheureux constat.
Une nouvelle télésérie Maîtresse d’un homme marié a fait son apparition après Pod et Marichou ou encore Mbetel de Rouba Seye... Des femmes exemplaires de par leur docilité et soumission à leurs chers maris... Dans l’épisode 11 de la semaine passée, on y voit Birame, jeune homme sans ambition, qui sort tous les soirs se soûler, y battre violemment sa femme, Djalika, jeune belle femme, brillante au travail, qui prend en charge toutes les dépenses du foyer. Sa belle-mère, complice, dormant dans la chambre d’à côté, n’a même pas daigné intervenir et arrêter son fils qu’il adore par-dessus tout le monde. Ceci est devenu habituel au petit écran sénégalais. Comme dans les téléfilms que j’ai cités plus haut. Normal, me diriez-vous. Ce sont des hommes qui écrivent les scénarios. Ils ne font que relater leur fantasme du monde idéal patriarcal. Et dire que la société sénégalaise a déjà été en majorité matrilinéaire ! Et dans le monde du vedettariat, il n’est pas rare d’entendre qu’untel a battu sa femme. N’a-t-on pas entendu un célèbre lutteur excuser son forfait au fait qu’en battant sa femme, il a enfoncé son bras dans le mur ? Et un autre rockeur-mbalax-man défoncer le visage de sa femme célèbre mannequin… Et le tout sans qu’ils ne soient traduits en justice pour voie de faits. Alors, on ne peut qu’imaginer le désarroi des femmes anonymes qui vivent cette violence physique et psychologique en silence. Car jigguen dafay mougn (la patience dans l’épreuve est une qualité chez une femme).
Devant tant de misogynie, oui, c’est bien de mépris qu’il s’agit – de discrimination des genres et de maltraitance - la femme que je suis ne peut que s’indigner et sensibiliser mes jeunes sœurs, nièces et filles que non, nous ne méritons pas un tel traitement.
Nous sommes toutes et tous nés d’hommes et de femmes et sommes égales et égaux devant le jugement divin. Pourquoi devrions-nous être inférieures au jugement de l’homme ? Nos grand-mères ont été des Reines et des Princesses. Si vous en doutez, allez lire l’histoire d’Aline Sitoé, Yacine Boubou et ses consœurs. Ces femmes de Ndër qui, un mardi du mois de novembre 1819, se sacrifièrent collectivement pour ne pas tomber entre les mains d’esclavagistes maures. Des femmes dignes dont je salue le courage pour avoir choisi la mort plutôt que de perdre la dignité. Car la dignité est humaine et dans ce cas-ci bien féminine.
Femmes Sénégalaises, ne sommes-nous pas dignes filles de ces reines héroïques ?
CES PAYS AFRICAINS QUI DONNENT L'EXEMPLE DE LA PARITÉ AU PARLEMENT
Le Sénégal se classe 10e avec environ 42 % de femmes à l'Assemblée nationale - Ces progrès n’ont pas été sans volonté politique forte, pour battre en brèche un patriarcat encore vivace
Six Etats africains figurent parmi les 20 du monde ayant le plus de femmes au Parlement. Le Rwanda arrive en première position, avec 61 % de femmes députées contre une moyenne mondiale de 24 %. Avec la Namibie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mozambique et l’Ethiopie, ce pays marque une longueur d’avance africaine en matière de parité.
Les pays scandinaves et latino-américains ne sont plus les seuls à pouvoir se targuer d’avoir fait le plus d’avancées en termes de parité hommes-femmes dans la représentation politique. Premier de la classe depuis plusieurs années, le Rwanda devance en effet dans cet ordre Cuba, la Bolivie, le Mexique et la Suède, selon les chiffres 2019 de l’Union interparlementaire, un organisme suisse qui fait référence, en collectant les données à travers le monde.
Avec 46,2 % de femmes au Parlement, la Namibie se classe 7e, entre Grenade et le Costa Rica. Viennent ensuite l’Afrique du Sud et le Sénégal, 10e et 11e avant la Finlande, avec environ 42 % de femmes au Parlement respectivement. Quant au Mozambique (39,4 %), il se classe 17e après la France, et l’Ethiopie (38,8 %) 19e après l’Argentine. Se distinguent également la Tanzanie, le Burundi, l’Ouganda, le Zimbabwe, le Cameroun et l’Angola, avec plus de 30 % de femmes parlementaires.
Des gouvernements paritaires en termes de genre dirigent par ailleurs le Rwanda, les Seychelles et l’Ethiopie où une femme est présidente depuis octobre 2018. La diplomate Sahle-Work Zewde a ainsi quitté le système des Nations unies pour rejoindre une liste d’une dizaine de femmes ayant été chefs d’Etat en Afrique.
Des quotas dans les Constitutions
Ces progrès n’ont pas été sans volonté politique forte, pour battre en brèche un patriarcat encore vivace. Plusieurs pays affichent aussi en Afrique parmi les plus faibles niveaux de femmes députées au monde. Le Nigeria se classe dernier (5,6 %), après le Bénin, la Centrafrique, le Mali et le Botswana (entre 7 % et 9,5 %).
Dans certains pays en situation post-crise ou post-conflit, des mesures fortes ont été adoptées en faveur de quotas. La Constitution de 2003, au Rwanda, a notamment établi « l’attribution d’au moins 30 % des postes aux femmes dans les instances de prise de décision de l’Etat ». Un quota préconisé en 1995 par la Déclaration de Beijing lors de la conférence mondiale sur les femmes, et largement dépassé depuis au Parlement rwandais. Cette volonté politique « correspondait à la réalité du Rwanda après le génocide, les femmes représentant 70 % de la population », explique Tito Rutaremara, qui a participé à la rédaction de la Constitution. Elle s’aligne aussi sur une politique de promotion des femmes menée par le Front patriotique rwandais (FPR) à tous les niveaux.
Parmi les pays d’Afrique ayant inscrit un quota de 30 % de femmes au Parlement dans leur Constitution figurent l’Ouganda (34,9 % de femmes députées), le Burundi (36,4%), la Tanzanie (37,2 %) et le Soudan du Sud (28,5 %). Au Kenya, un projet de loi est en cours de discussion, pour faire passer les femmes au Parlement de 22 % actuellement au tiers des sièges, comme le prévoit la Constitution de 2010, qui tarde à être appliquée.
Lois électorales et quotas dans les partis
Au Sénégal, c’est une loi électorale sur la parité « absolue » qui a tout changé en 2010. Adopté sous la pression d’une coalition de femmes de tous les partis, le texte stipule que 50 % de femmes doivent figurer sur les listes de tous les scrutins, avec un système précis alternant hommes et femmes pour éviter que ne soient inscrits 10 hommes en premier, et les femmes ensuite. Résultat : lors des législatives de 2012, la part des femmes au Parlement a bondi de 22 % à 42 %. La Côte d’Ivoire a emboîté le pas le 7 mars 2019, en adoptant une loi établissant un quota de 30 % de femmes sur les listes de candidats aux législatives, sénatoriales et les élections locales.
D’autres pays voient les partis politiques remplir des quotas, parfois de façon spontanée, sans contrainte légale. L’engagement historique des femmes dans la lutte contre l’apartheid et la puissance de la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC) expliquent ainsi leur essor en politique en Afrique du Sud. L’ANC a adopté de son propre chef un quota du tiers des candidates sur ses listes dès 1994. Les femmes ne sont pas seulement présentes au Parlement, où elles n’étaient que 2,7 % avant 1994. Elles sont aussi passées de 33 % à 41 % des membres du gouvernement entre 2004 et 2016.
Des avancées purement cosmétiques ?
Certaines n’en contestent pas moins ces avancées comme peu représentatives de l’état des sociétés concernées. Au Sénégal, la loi sur la parité n’a rien changé à des inégalités de genre enracinées, selon la sociologue et féministe Fatou Sow. « Il n’y a pas d’égalité dans une société patriarcale, estime-t-elle. Les hommes dominent, même dans les organisations sociales matrilinéaires où les oncles maternels et les frères occupent une place centrale. Les hommes affirment par ailleurs que le discours sur l’égalité est "occidental". Ils estiment que la culture "porte le respect des mères", etc. L’opinion publique - quelquefois féminine hélas - en est généralement bien d’accord. »
En Afrique du Sud, l’essor des femmes en politique concerne aussi le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), qui compte parmi les plus jeunes femmes noires députées avec Hlomela Bucwa, 25 ans, et Gwen Ngweya, 28 ans. Au Rwanda, l’avancée des femmes en politique est encadrée par l’hégémonie du Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir. Deux opposantes qui voulaient se porter candidates à la présidentielle, Victoire Ingabire et Diane Rwigara, ont ainsi été emprisonnées avant d’être libérées, en septembre et octobre dernier, peu avant que l’une des femmes les plus puissantes du Rwanda, Louise Mushikawabo, ancienne ministre des Affaires étrangères, n’accède au poste de secrétaire générale de la Francophonie.
PAR JEAN PIERRE CORRÉA
ROSE ANGELE FAYE, FEMME D’ACTIONS ET DE GRÂCES
Le Sénégal et l’Afrique tiennent en Rose-Angèle Faye, une dame qui c’est sûr, veut concrétiser ses rêves pour ceux qu’elle aime, et auxquels elle dit tous les jours que l’on « peut viser la lune et atteindre les étoiles »
Cette « Journée des Droits de la Femme » célébré ce 8 mai interroge tous les sénégalais sur la place qu’ils donnent aux femmes de ce pays, qu’elles soient leurs épouses, leurs mères, sœurs ou collègues dans la vie de notre pays. Cependant, certaines d’entre elles portent le flambeau de cette cause partout où elles agissent, et travaillent à cette émergence de notre Sénégal tant appelée des vœux de nos dirigeants, et travaillent à aider leurs concitoyens avec discrétion mais efficacité, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation. C’est le cas de Madame Rose-Angèle Faye, dont nous dressons ici le portrait.
Raconter l’histoire de cette femme singulière et attachante, est un pur bonheur, agrémenté du sentiment ludique de jouer comme à « saute-moutons » en voulant évoquer un parcours jalonné de curiosités revendiquées, de culot assumé, de volonté assurée, et d’un réjouissant savoir-faire. Rose-Angèle Faye, c’est avant tout une histoire de racines et d’ailes qui l’ont portée vers des ailleurs fécondants.
Son port d’ancrage est choisi et ce sera Yenguélé, village niché au cœur du Sine. Les parents, dont le papa enseigne alors, sont appelés à traverser le Sénégal du Sud au Nord où la jeune Rose exhibe ses pétales au Poulhar et à d’autres langues des terroirs habités. Alors, elle va dérouler le cursus d’une belle élève, dont le curriculum serait une litanie d’excellence, et qu’il est plus juste de voir comme la sculpture de l’écrin qui va abriter ses rêves. Du Lycée d’Excellence Mariama Bâ à Gorée jusqu’à l’école de Commerce de Nancy, elle sait que pour « faire », il lui faudra « pouvoir », et s’arme, en polyglotte, du russe et de l’anglais. Les yeux ronds ouverts sur le Monde, elle s’abreuve d’universalité, forge les outils qui vont dessiner son parcours, et capitalise ses émerveillements. Elle sait aussi que quand le Monde est méchant et qu’on veut le changer, il convient d’en faire une affaire personnelle. Elle s’en donne alors les moyens et vouera son énergie créatrice à endurcir sa colonne vertébrale et à respecter son serment au bénéfice de Yenguélé, aux confins de Fatick, havre de paix pour 1 300 habitants. « Le port de mes éternels retours », dit-elle, conciliant sans soucis les deux parties de sa vie, arguant que « l’avenue Montaigne où elle a ses bureaux est pareille que Yenguélé ». Sur son seul nom, et sur la confiance qu’elle suscite, elle aimante les actes de générosité et fédère l’engagement de ses amis et de ses réseaux, pour équiper des structures sanitaires en matériels médicaux, dans de nombreuses contrées du Sénégal. « C’est mon devoir de remboursement », souligne, sereine, celle qui est partie faire ses études supérieures avec une bourse de 297 euros.
Encouragée dans ses actions humanitaires par l’organisation non gouvernementale française «Hôpital assistance international», elle obtient pour l’Hôpital Militaire de Ouakam à Dakar pour un milliard de matériel médical et paramédical. Rose-Angèle Faye travaille aussi avec l’Hôpital Principal de Dakar, administré avec sérieux, compétences et détermination par les Forces Armées du Sénégal. A travers ces expériences humanitaires bien menées, elle a tissé un lien très fort avec les militaires sénégalais, dont elle ne cesse de dire l’importance dans la cohésion de notre nation. La ville Sainte de Tivavouane reçoit de Rose-Angèle Faye un important lot de matériel médical. Son activité humanitaire rencontre l’œcuménique. Serigne Habib Sy Mansour, porte-parole de la Tidjanya, a ainsi souligné que «ce geste très noble provient d’une fille de l’église à l’endroit des musulmans», avant d’affirmer que «cela symbolise la belle entente qui lie chrétiens et musulmans au Sunugaal et qui facilite le dialogue inter-religieux.
Bien évidemment, les plus hautes autorités du Sénégal adhèrent aux actions humanitaires de Rose-Angèle et la soutiennent dans toutes ses initiatives, surtout lorsque celles-ci honorent le Sénégal et son histoire. Cette dame ne faisant rien de banal, a encore innové en faisant à son papa Joe Latyr Faye, le sublime cadeau de lancer au mois de janvier dernier, son livre sur « L’Histoire du Sine d’Hier », dans une communauté rurale, au cœur du Royaume Sérère, en présence, excusez du peu, du chef de l’état sénégalais, le Président Macky Sall, il est vrai natif de la région. Cela démontre juste que c’est parce qu’elle sait donner, qu’elle reçoit aussi tant de grâces.
Le Sénégal et l’Afrique tiennent en Rose-Angèle Faye, une dame qui c’est sûr, veut concrétiser ses rêves pour ceux qu’elle aime, et auxquels elle dit tous les jours que l’on « peut viser la lune et atteindre les étoiles ». Une véritable « Dame de Faire ». Puisqu’on vous le dit…
CÉSAR ATOUTE BADIATE N'EST PAS MORT
EXCLUSIF SENEPLUS - Le chef du maquis sud se trouve présentement dans un village frontalier pour des soins sanitaires, contrairement aux rumeurs l'annonçant pour mort depuis quelques heures
L'information circule sur les reseaux sociaux et a même été reprise par certaines radios.
Mais selon des sources sûres contactées par notre éditorialiste, Demba Ndiaye, le chef d'état major du front sud est bien vivant. Le patron du marquis qui souffre d'une cataracte se trouve actuellement dans un village (dont nous tairons le nom) frontalier, pour des soins traditionnels. C'est loin de la "grave maladie", encore moins du coma dont bruissent les reseaux sociaux à son sujet depuis quelques heures.
Seneplus reviendra sur cette actualité avec plus de détails.
DES MALFAITEURS ONT SOUSTRAIT 150.000.000 A L’ENTREPRISE BOLLORE LOGISTIQUE
Youssouf Fall, Pape Dibocor Ndour, Mamadou Diop, Ibrahima Bob, El Hadj Mouhamadou Moustapha Fall et Adama Badji ont comparu hier devant la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar.
Youssouf Fall, Pape Dibocor Ndour, Mamadou Diop, Ibrahima Bob, El Hadj Mouhamadou Moustapha Fall et Adama Badji ont comparu hier devant la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ils étaient poursuivis des faits d’escroquerie, faux et usage de faux en écriture de commerce. Youssouf Fall, le cerveau de l’opération, risque 2 ans de prison ferme et une amende d’un million de francs. Les autres pourraient être relaxés quand le verdict de ce procès sera rendu le 03 avril prochain.
Les faits se sont déroulés le 09 avril 2018 après une alerte du service comptable de l’entreprise Bolloré qui avait signalé l’existence de dépenses abusives, exagérées. Un audit a alors été fait montrant que Pape Dibocor Ndour, Mamadou Diop, Ibrahima Bob, El Hadj Mouhamadou Moustapha Fall et Adama Badji venaient souvent à la caisse munis de faux dossiers de paiement avec la signature et le cachet de l’entreprise pour être payés. Une vidéo montre que Youssouf Fall est peut-être la tête du cerveau. Les autres prévenus, à l’exception de Youssouf Badji, nient avoir été à l’origine de cette escroquerie. A les en croire, ils ont tout simplement reçu des documents qui leur permettaient d’aller se faire payer.
Selon l’avocat de la partie civile, le dossier est limpide. Youssouf Fall et autres doivent être déclarés coupables parce qu’ils ont profité d’un système peu performant pour escroquer l’entreprise Bolloré. Adama Badji avait un passé pénal pour les mêmes faits et avait été emprisonné pour six mois ferme. Donc si aujourd’hui il est cité, on peut dire qu’il est habitué des faits, a soutenu Me Abdourahmane Fall.
Pour conclure, il ajoute les malfaiteurs doivent payer à hauteur de leurs actes. D’après le substitut du procureur, les malfaiteurs sont parvenus à leurs fins en profitant de quelques failles du système de l’entreprise Bolloré logistics. Ce qui leur a permis de soutirer quelque 150 millions de francs. Le maître des poursuites a donc requis 2 ans de prison et une amende d’un million contre Youssouf Fall et la relaxe des autres prévenus. Pour leur défense, ces prévenus ont soutenu qu’ils étaient tout simplement allés récupérer de l’argent après avoir reçu des fiches de paiements. Quant à Youssouf Fall, présenté comme le cerveau de cette entreprise de détournement, il a nié les faits qui lui sont reprochés. Tout ce beau monde sera fixé sur son sort le 03 avril prochain.
MACKY SALL VEUT UN DEFILE GRAND FORMAT
Pour célébrer la fête du 04 avril marquant notre accession à la souveraineté internationale, le président de la République Macky Sall, Chef Suprême des Armées, a finalement opté pour un défilé « Grand format »
Récemment réélu pour un second mandat, le président de la République Macky Sall, Chef suprême des Armées, a finalement décidé de célébrer la fête du 4 avril 2019 en grande pompe à travers un gigantesque défilé militaro-civil dit « Grand format »
Pour célébrer la fête du 04 avril marquant notre accession à la souveraineté internationale, le président de la République Macky Sall, Chef Suprême des Armées, a finalement opté pour un défilé « Grand format ». Autrement dit, un gigantesque défilé civil et militaire au cours duquel les écoliers des communes de Dakar, les acteurs des différents corps de métier, les majorettes de certains établissements de la capitale et le mouvement sportif vont parader le long du boulevard du Général de Gaulle que « Le Témoin » a baptisé « Boulevard Mao TseToung».
Comme à l’accoutumée, les troupes militaires et paramilitaires marqueront le pas sous le rythme de la Musique principale des Forces Armées qui prendra le relais de la fanfare de la Police na tionale. Suivis des unités motorisées, des troupes équestres ainsi que les ballets aériens. En effet, tout un spectacle grandiose de souveraineté sera au rendez-vous du 04 avril prochain. Il est vrai qu’à un moment donné, les autorités politiques et militaires avaient « freiné » le processus de préparation du 59e anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale compte tenu de l’élection présidentielle 2019. Et dès lors que le président de la République sortant a été réélu et le pays n’a pas connu de troubles postélectoraux, il est donc jugé nécessaire de poursuivre les préparatifs de cette fête nationale devant aboutir à un grand défilé populaire que le président de la République entend organiser. A preuve, dans les garnisons comme dans les écoles de différentes communes de Dakar, les préparatifs ont repris !
Moniteurs, artistes et écoliers accélèrent les répétitions chorégraphies et mouvements d’ensemble pour que tout soit fin prêt ! Et que le spectacle soit à la dimension de notre souveraineté nationale. Cette célébration de la souveraineté constitue également une grande occasion pour le président Macky Sall nouvellement réélu de communier avec la Nation, une sorte de « Sargal Grand format ».
PAR MAMADOU OUMAR NDIAYE
ACCORDER LE BÉNÉFICE DU DOUTE À MACKY
L’opposition aurait tort de ne pas s’engager dans le dialogue prôné par le président - D’autant que, quoi qu’on puisse dire, le rapport de force est en leur défaveur
« Chaque voix qui s’est exprimée le 24 Février, qu’elle soit de la majorité présidentielle ou de l’opposition, mérite d’être entendue et respectée (…) Il n’y a eu ni vainqueur, ni vaincu. Et à présent que la campagne électorale est définitivement terminée, je considère qu’il n’y a plus d’électeurs ou de camps marqués par des couleurs et démarqués par des lignes partisanes. Je vois un seul camp, celui du Sénégal. (…) Je serai par conséquent le Président de tous les Sénégalais. (…) C’est pourquoi, je tends la main à toutes et à tous, pour engager un dialogue ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la Nation. Je ferai des propositions dans ce sens après ma prestation de serment le 2 avril 2019. Je convie à ce dialogue les forces vives de la Nation, sans exclusive ; dialogue auquel mes prédécesseurs, les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, pourraient apporter leur contribution ».
En quelques mots, le président de la République, réélu le 24 février dernier pour un second mandat, entrouvre d’heureuses perspectives pour notre pays. Une fois n’est pas coutume : J’apprécie positivement ce discours et félicite le président Macky Sall pour sa teneur. Il y a bien longtemps qu’il n’avait pas adopté cette posture de président de la République et d’arbitre au-dessus de la mêlée. Du moins, c’est ce que nous espérons et souhaitons, afin que les fruits tiennent la promesse des fleurs de ce discours annonciateur d’une nouvelle ère dans les relations entre les acteurs de notre système politique. Civiliser enfin les relations entre Pouvoir et Opposition, tenir compte du vote et des opinions des quatre Sénégalais sur 10 qui n’ont pas accordé leurs suffrages au président Macky Sall : peuton rêver à mieux ? Assurément non !
Il reste qu’il serait imprudent — et naïf — de croire sur parole et d’accorder un blanc-seing à un président qui a tant de fois renié ses engagements et trahi ses promesses. Il avait promis de réduire son mandat à cinq ans ? Il s’est bien gardé de le faire une fois arrivé au pouvoir ! Il avait juré de bannir le fléau de la transhumance ? Il l’a encouragé ! Il avait dit qu’il ne prendrait jamais un décret pour nommer son frère à des postes à responsabilités ? Il l’a propulsé à la tête de la société la plus liquide de notre pays ! Mais enfin, il pourra toujours dire que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient… Il s’y ajoute qu’il est paradoxal et contre-productif de convier l’Opposition à un dialogue au moment où une figure de proue de celle-là — l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall — est emprisonné pour des accusations que, pour ma part (et de larges pans de Sénégalais avec moi), j’ai toujours trouvées grotesques. Un homme injustement jeté en prison, humilié, révoqué de ses fonctions de maire et déchu de son mandat de député. Sans compter que celui qui devait être le candidat à la présidentielle du plus grand parti de cette même opposition, en l’occurrence Karim Wade du Pds, a lui aussi été gardé en prison pendant trois ans avant d’être exilé au Qatar avec interdiction absolue de revenir dans son pays. Ne mentionnons pas les multiples autres avanies faites à l’opposition ces sept dernières années. Une opposition qui n’avait qu’un seul droit : recevoir sans broncher des coups judiciaires, policiers et même médiatiques. Pendant ce temps, les membres de la majorité présidentielle avaient tous les droits, y compris celui de détourner à leur profit et les deniers et les ressources de la Nation. Un septennat marqué par une absence totale de dialogue avec l’opposition, le président de la République étant obsédé par l’obtention d’un second mandat.
Tourner la page des conflits et se remettre enfin au travail !
Celui-ci obtenu, on espère que Macky Sall sera ce qu’il n’a jamais été depuis 2012 : le président de tous les Sénégalais. D’ailleurs, en creux, dans son discours de mardi dernier, on sent une reconnaissance de ce qu’il a été durant son premier mandat : un chef de parti en lieu et place d’un chef d’Etat ; un chef de clan au lieu d’être un Président pour tous. Mais puisqu’il prétend revenir à la plénitude de sa fonction, serait-il raisonnable de l’envoyer paître ? Assurément, non ! Bien que la confiance entre les deux camps ait été rompue depuis belle lurette, il convient quand même pour l’opposition de saisir cette main tendue du président Macky Sall. Ne serait-ce que lui offrir le bénéfice du doute et le juger à ses actes. N’ayant plus qu’un mandat à faire, il aura sans doute le souci de sortir par la grande porte en 2024. Si des thuriféraires ne le poussent pas au suicide bien sûr en lui mettant dans la tête qu’il pourrait briguer un troisième mandat qui serait celui de trop. Auquel cas, il ferait bien de s’inspirer de la sagesse de son ami mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui a su résister aux pressions de ses courtisans pour passer la main. Surtout, surtout, la classe politique dans son ensemble doit prendre conscience de l’extrême lassitude des Sénégalais qui n’aspirent qu’à deux choses : la paix et la résolution de leurs innombrables problèmes. Pendant sept ans, et du fait de l’emprisonnement d’opposants, le Sénégal a vécu dans un climat de guerre civile avec deux camps antagoniques se faisant face. Il est sans doute temps de baisser les armes, tourner la page et se remettre enfin au travail ! Surtout que toutes les guerres se terminent autour d’une table de négociations. Au-delà, évidemment, l’appréciation s’adresse à tous les pays africains où les contentieux pré et post électoraux empoisonnent l’existence des peuples comme au Gabon, en RDC, au Tchad, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Zimbabwe et dans d’autres parties de ce pauvre continent.
En Afrique où l’on pense que l’horizon, c’est la prochaine élection présidentielle alors que la compétition ailleurs est économique et scientifique. La Chine vient de poser une navette sur la lune et bat désormais tous les autres fabricants mondiaux de téléphones portables. La Corée, plus pauvre que le Sénégal en 1960, rivalise avec les puissances européennes dans le domaine des technologies. L’Inde et le Pakistan sont des puissances nucléaires et lancent des satellites dans l’espace. Les lycéens ou étudiants asiatiques rivalisent à coups d’algorithmes avec leurs camarades européens. Pendant ce temps, en Afrique, on en est à discuter de transparence des processus électoraux et à s’étriper pour des prébendes ! Mettre le système éducatif sénégalais — au-delà, celui du continent ou en tout cas de la sous-région car individuellement nos pays ne pèsent pas — au niveau des meilleurs sur le plan mondial, quel plus exaltant challenge que celui-là ! S’approprier la digitalisation de l’économie mondiale. Soigner nos populations et construire des hôpitaux dignes de ce nom car aux normes et disposant de ressources humaines de qualité et non de rebut du système éducatif qu’on y case pour des raisons de clientélisme politique : tel doit être le chemin. Nourrir nos populations en produisant nous-mêmes ce que nous consommons, la réalisation de cet objectif passant par le développement d’une agriculture intensive faisant appel aux dernières innovations scientifiques. Voilà les chantiers dans lesquels le Sénégal doit s’engager, loin des combinazione politiciennes dont nos compatriotes n’ont que trop souffert.
Ne pas rater le train du dialogue !
L’opposition aurait tort de ne pas s’engager dans le dialogue prôné par le président de la République. Elle commettrait d’autant plus une faute en refusant de s’y engager que le leader de sa principale composante — Me Abdoulaye Wade du Pds — est déjà en pourparlers avancés avec le président Macky Sall. Ce pour obtenir l’amnistie de son fils, la seule chose qui compte vraiment pour lui. Wade qui ne le dit pas mais en veut à Takhawou Sénégal d’avoir, pour des raisons purement égoïstes, torpillé la liste unique qui aurait pu imposer la cohabitation à l’actuel pouvoir en juillet 2017, lors des législatives. La vengeance étant un plat qui se mange froid, et n’ayant plus confiance à cette opposition-là, il a préféré faire preuve d’un réalisme froid. Pour ne pas dire de cynisme. Pour ne donc pas être victime de ce jeu de dupes, l’Opposition doit dialoguer. Oh certes, il ne s’agit pas de vendre son âme au diable, d’aller à la soupe ou de renoncer à ses principes. Encore moins d’entrer dans un éventuel gouvernement d’union nationale surtout dans ce contexte où il apparaît que la prochaine équipe prendra nécessairement des mesures extrêmement impopulaires qu’impose l’état catastrophique des finances publiques. Il paraît qu’un dicton anglais dit que « If you can’t beat them, join them » (Si vous ne pouvez pas les battre, faites-en des alliés !). Il serait bon pour l’opposition sénégalaise de s’en inspirer ne serait-ce que pour reprendre des forces dans la perspective de 2024.
Et puis, l’un des acquis démocratiques majeurs de notre pays, le défunt code électoral consensuel de 1992 n’avait-il pas été obtenu au terme de larges concertations de la classe politique nationale ? Pour dire, encore une fois, qu’Idrissa Seck — qui apparaît aujourd’hui comme le patron incontestable de cette Opposition — et ses amis auraient tort de rater ce train du dialogue. D’autant que, quoi qu’on puisse dire, le rapport des forces est en leur défaveur. Incapable de mobiliser la rue ou de mener des actions d’éclat depuis deux ans exactement que Khalifa Sall est en prison, lâchée dans cette lutte par des maires qui devaient tout à l’illustre prisonnier comme Moussa Sy, Bamba Fall, Banda Diop et aussi, avant ceux-là, Alioune Ndoye, Jean-Baptiste Diouf, Pape Seck etc., cette opposition doit essayer autre chose pour obtenir la libération du leader de Takhawou Sénégal.
Par-delà, le dialogue devra permettre d’institutionnaliser l’Opposition dans notre pays en la dotant d’un statut et d’un chef avec des privilèges reconnus mais aussi de trouver un mécanisme de financement pour tous les partis sur la base du nombre d’élus. Des pays comme la Côte d’Ivoire et le Mali, entre autres, finançant déjà leurs partis, le Sénégal est impardonnable de ne pas l’avoir encore fait.
Enfin, il faudra veiller à ce que, dorénavant, les représentants de l’Opposition — laquelle, encore une fois, est supportée par 4 Sénégalais sur 10 — puissent être consultés par le Président sur les questions majeures intéressant le pays. Pourra-t-on faire confiance à Macky Sall sur tout cela ? L’avenir nous le dira mais, en attendant, cela vaut la peine d’être essayé !
«UN DEBAT INUTILE ET INOPPORTUN»
L’idée de Aïssata Tall Sall de coupler les élections législatives et locales n’enchante pas le Parti socialiste. Ousmane Tanor Dieng et ses amis pensent que c’est un débat «prématuré, inutile et inopportun en ce moment-là».
Le Parti socialiste (Ps) semble ne pas accorder trop d’importance à la proposition de Aïssata Tall Sall de coupler les élections locales et législatives. Après la réunion du Secrétariat exécutif national (Sen) hier, Me Moussa Bocar Thiam a déclaré face à la presse qu’il est plus important de «consolider» d’abord Benno bokk yaakaar avant de parler d’autres élections. «Il est vrai que certains ont agité la possibilité de coupler les élections locales et celles législatives. Nous, au sein du Ps, pensons que c’est prématuré d’enclencher ce débat qui est inutile et inopportun en ce moment-là puisque nous venons juste de sortir de l’élection présidentielle il n’y a même pas une semaine», a-t-il dit.
Le porte-parole adjoint du Ps d’ajouter : «Le président de la République n’a même pas encore prêté serment. Donc, il est inopportun de porter sur la place publique des débats par rapport au futur. Nous sommes un parti organisé. Pour l’instant, ce débat ne se pose pas au sein du Ps. Nous avons l’habitude de discuter des choses concrètes, de débats sérieusement posés avec toutes les instances du parti.»
Par rapport aux questions relatives à leur camarade Khalifa Sall qui fêtait ses 2 ans de détention hier, Ousmane Tanor Dieng et Cie n’ont pas voulu trop s’avancer : «Nous n’avons pas traité de son cas dans le Secrétariat exécutif. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Maintenant que les gens, à l’occasion de l’anniversaire de sa détention, aient une pensée pour lui, c’est tout naturel comme tout Sénégalais.»
«L’avenir du Ps, c’est l’avenir de Bby»
Le Ps s’est en outre réjoui de l’appel au dialogue du Président Sall et pense que le discours qu’il a tenu mardi est «de haute facture». «C’est un discours qui est à la hauteur des attentes de la classe politique et des Séné¬galais, car on ne peut parler de démocratie sans dialogue», a souligné Me Thiam. Selon lui, Macky Sall «aurait pu bomber le torse et crier victoire, mais il ne l’a pas fait. Il a pensé à ceux qui ont voté pour lui et ceux qui ne l’ont pas fait». Le Ps a par ailleurs réaffirmé son ancrage dans la coalition présidentielle. «Nous sommes dans Bby et nous y restons. L’avenir du Ps, c’est l’avenir de Bby. Pour le moment, nous sommes dans Benno et chaque chose en son temps», conclut Moussa Bocar Thiam.