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9 septembre 2025
PAR OUSMANE DIADHIOU
INSTITUTIONS ET ÉCHÉANCES ÉLECTORALES D’UNE DÉMOCRATIE BICENTENAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 – Les institutions chargées du processus électoral souffrent comme toutes les institutions de la République, de la macrocéphalie de l’Exécutif (un président fort) très imprégné du jeu politique et du pouvoir judiciaire
#Enjeux2019 - Dans son histoire, le Sénégal faisait partie de grands empires connus comme le Ghana, le Mali et/ou le Jolof. Ces grands territoires ont été inspirés par les fortes institutions comme la charte du Mande. Cette charte du XIIIe siècle peut être considérée parmi les prémisses de la Déclaration des Droits de l’Homme. Le Sénégal a été aussi le théâtre d’une des révolutions majeures de l’humanité qui s’est déroulée au Fuuta avec Ceerno Suleymaan Baal, contemporain de Georges Washington au XVIIIe siècle. Cette révolution pose les premiers jalons : (i) de la bonne gouvernance, (ii) de la reddition des comptes et (iii) du contrôle citoyen sur les institutions et affaires de la cité. Ces trois éléments sont dans les principes de la démocratie, chère à Athènes qui est une référence antique.
La démocratie souvent définie comme étant le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple est pour l’instant le moins pire des systèmes politiques connus. Le professeur et historien Babacar Buuba Diop de l’Ucad rappelle souvent que c’est le pouvoir du peuple recensé, différent de la population (laos), la démocratie n’a été possible qu’avec l’invention de l’alphabet et de la monnaie. Ouvert géographiquement au monde, le Sénégal s’est très trop inscrit dans la géopolitique : avec des facteurs religieux (islam, christianisme), commerciaux (traite négrière), stratégiques (compétitions, rivalités coloniales).
Aussitôt la colonisation française enclenchée, le Sénégal avec ses quatre communes que furent Gorée, Saint-Louis, Rufisque et Dakar, s’est intégré dans le jeu démocratique français. Dès 1789, les Saint-Louisiens ont présenté des cahiers de doléances lors des Etats Généraux de la révolution française. En 1848, Saint-Louis a envoyé son premier député au palais Bourbon. Il s’agissait d’une démocratie discriminatoire comme à Athènes, mais cette fois-ci racialisée, ouverte aux métisses. Beaucoup d’eau a coulé après, Blaise Diagne fut élu premier député noir au XXe siècle.
Aujourd’hui, à l’heure de l’observation internationale des élections et « la Charte africaine de la gouvernance, des élections et gouvernance », le Sénégal est à la croisée des chemins à travers ses institutions et processus électoraux.
- Les institutions -
Le Sénégal post-indépendant a opté pour le régime parlementaire bicaméral, hérité de la quatrième (IVème) République française. Le Sénégal s’est trop tôt confronté à deux crises politiques majeures ;
L’éclatement de la Fédération du Mali en 1961
La crise au sommet de l’Etat entre le Président de la République, Léopold Sédar Senghor et le Président du Conseil Mamadou Dia en 1962
Cette crise qualifiée officiellement de coup d’Etat initié par le Président de Dia constitue la crise majeure au sommet de l’Etat. Le système politique sénégalais actuel est le produit d’une longue évolution historique qui prend sa source dans la Constitution de 1963. Suite à cette crise, une réforme constitutionnelle est commanditée par Senghor pour se doter d’un régime présidentiel fort, malgré l’institutionnalisation et la séparation trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire.
Depuis la stabilité du pays est attestée par l’absence de coups d’Etat militaires, l’organisation régulière d’élections (10 élections présidentielles) qui répondent aux standards internationaux et couronnées par deux alternances 2000 et 2012. Comme démocratie majeure l’Etat souverain, le Sénégal s’est doté d’institutions pour organiser ses élections en tenant compte des chartes, traités, conventions internationaux qu’il signe et ratifie parfois tardivement. Ces institutions sont couramment appelées les acteurs institutionnels.
- L’Exécutif avec ses démembrements -
Le Président de la République et du Parlement. Ensuite, (les décrets portant révision des listes électorales et convoquant les électeurs notamment).
Le Ministère de l’Intérieur qui s’occupe principalement de la préparation et de l’organisation des élections : aussi bien les opérations matérielles que les actes juridiques.
Le Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur prépare et organise les élections à l’étranger en relation avec le Ministère Chargé des Elections.
Les Autorités administratives qui sont la cheville ouvrière du processus électoral à travers la gestion des commissions de révision des listes électorales, de distribution des cartes d’électeurs ainsi que des bureaux de vote.
Les Ambassades et consulats qui dépendent du Ministère des Affaires Etrangères.
Le pouvoir Législatif pour le vote des lois ; le pouvoir judiciaire à travers le Conseil Constitutionnel, la Cour Suprême, les Cours d’Appel et les Tribunaux départementaux.
Le Conseil constitutionnel est une institution publique du Sénégal, la plus haute instance du système judiciaire. Il comprend 7 membres nommés par le Président de la République, dont deux sur une liste de quatre personnalités proposées par le Président de l'Assemblée Nationale.
Le Conseil Constitutionnel tranche les réclamations et se prononce sur les recours à l’occasion des élections présidentielles et législatives. Il proclame les résultats définitifs de ces élections.
Le Conseil Constitutionnel connaît de la constitutionnalité des règlements intérieurs des assemblées législatives, des lois et des engagements internationaux, des conflits de compétence entre l’exécutif et le législatif ainsi que des exceptions d’inconstitutionnalité soulevés devant la Cour Suprême.
Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. Deux membres du Conseil sur cinq peuvent être choisis parmi les Professeurs et anciens Professeurs titulaires des Facultés de Droit, les Inspecteurs généraux d’Etat et anciens Inspecteurs généraux d’Etat, et les Avocats, à condition qu’ils aient au moins 25 ans d’ancienneté dans la fonction publique ou 25 ans d’exercice de leur profession.
A côté il y a les acteurs non institutionnels
- Des partis politiques ou coalitions et candidats indépendants qui ont la vocation constitutionnelle de participer à l’expression du suffrage ; ce sont eux qui proposent généralement les candidats aux élections.
- Des électeurs : il s’agit des Sénégalais des deux sexes âgés de 18 ans et plus et n’étant dans aucun cas d’incapacité prévue par la loi ; c’est leur suffrage dont ont besoin les candidats.
- De la société civile : elle participe à la sensibilisation et à la mobilisation des électeurs. Elle peut être amenée à jouer un rôle de médiation entre les acteurs politiques. En outre, elle intervient dans l’observation électorale.
- Des observateurs : ils sont nationaux ou internationaux. Leur rôle c’est de surveiller les opérations du processus électoral pour témoigner de leur transparence et de leur sincérité en faisant des recommandations au besoin.
- Des journalistes : ils ont un rôle extrêmement important dans la diffusion des informations relatives aux opérations électorales et aux activités des candidats ainsi que des autres acteurs.
La mainmise de l’Exécutif sur le Judicaire et le Législatif fait que les élections en général sont des moments de tensions parce que l’Exécutif est juge et partie. Au Sénégal, les institutions chargées du processus électoral souffrent comme toutes les institutions de la République de la macrocéphalie de l’Exécutif (Un Président fort) très imprégné du jeu politique et du pouvoir judiciaire. Cette macrocéphalie est surtout appuyée par le pouvoir législatif. Depuis 1960, la majorité de l’Assemblée Nationale est toujours favorable au régime. Ce constat est lié au système de désignation des députés. Lors des dernières législatives, la coalition Benno Bokk Yaakaar avec 40% des suffrages, s’est retrouvée avec plus de 70 % des députés.
Cette mainmise sur l’Assemblée des régimes qui se sont succédé de 1960 à 2019, aide l’Exécutif à faire passer tous ces désirs et désidérata sans passer par des référendums : comme la tentative du ticket, présidentiel (2013), la loi Ezzan, etc.
En effet, une lecture de son histoire politique révèle que le Sénégal a connu trente-huit (38) lois de révisions constitutionnelles. De toutes ces révisions constitutionnelles, on a eu seulement quatre (4) recours au référendum. Le pouvoir judiciaire est malmené dans ses différentes composantes au plus niveau.
Longtemps, la Cour Suprême a été la plus haute juridiction chargée de gérer le contrôle du jeu politique. Elle a été souvent confrontée à des contestations au lendemain des élections. Depuis 2000, le Haut Conseil n’a pas bonne presse, tous ses avis et délibérations sont favorables au Président (principe d’un 3e mandat accepté pour le Président Wade, le mandat du Président Macky Sall prolongé jusqu’en 2019 alors qu’il avait juré de faire 5 ans, le parrainage taillé sur mesure, etc.)
- Les élections -
Le calendrier républicain est toujours respecté. Depuis 1960, deux changements sur la durée du mandat ont été notés : en 2000 et en 2012. Depuis 1960 dix (10) élections présidentielles organisées : 1963, 1968, 1973, 1978, 1983, 1988, 1993, 2000, 20007 et 20012.
- Sous l’ère du Parti socialiste de 1960 à 2000 -
Avec Senghor, on est à l’ère du Parti Unique en Afrique : 1963, 1968, 1973 et 1978, avec l’ouverture démocratique limitée aux quatre courants : Marxisme/Léninisme, Communisme, Socialisme et Libéralisme
Avec le départ de Senghor, Abdou Diouf assure la transition, élargit l’offre et organise ses trois premières élections victorieuses en 1983, 1988, et 1993. Cette période est marquée par des contestations postélectorales qui aboutissent souvent à l’emprisonnement des leaders de l’opposition. On note la première entrée de l’opposition (PDS avec 4 ministres) dans le gouvernement en 1994 (entrisme). Le PDS quitte l’attelage gouvernemental avant les élections législatives de 1996. C’est sous Diouf que l’isoloir, une vieille doléance de la classe politique, est accepté pour la première fois en 1983.
Les législatives de 1986 constituent un tournant de la vie politique sénégalaise. Les partis de l’opposition, surtout la Gauche, souvent avant-gardiste et consciente de la faiblesse liée à la dispersion face au parti au pouvoir, ont mené la réflexion afin d’avoir le meilleur candidat pour l’alternance. C’est ainsi que la gauche jouera un rôle central pour le retour de Wade et la constitution du grand front électoral de 2000 : le Front Régularité et la transparence des élections (FRTE) au premier tour et qui deviendra le Front pour l’Alternance (FAL) victorieux au deuxième tour avec la dissidence de Djibo Leyti et Moustapha Niasse. Le premier soutiendra Abdou Diouf au deuxième tour tandis que le second reste arrimé au FAL. Il sera le premier ministre du pays post alternance. La quatrième élection présidentielle sera soldée par la première alternance poste indépendance le 24 mars 2000.
- Le Sénégal post alternance 2000-2019 -
Après l’alternance de 2000, le Président Wade a eu huit ans de grâces jusqu’à l’élection remportée haut la main en 2007. La disgrâce va commencer avec le ticket président présidentiel et le wax waxeet (reniement). Le tout est avalisé par un Conseil Constitutionnel dont les avis et décisions sont toujours en faveur de l’Exécutif. C’est le début des imbroglios politico-juridico-juridiques et des interprétations fallacieuses des textes de loi. Les élections 2012 font partie des plus violentes et meurtrières (13 morts). La société civile avec le comité de veille jouera un rôle central dans la tenue de la Présidentielle de 2012.
La seconde alternance a démarré par un second wax waxeet (rétraction sur la durée du premier mandat du premier mandat (5 ans au lieu des 7 ans) et surtout par des passages en force illustrés par :
l’acte III de la décentralisation
le référendum de 2016 (loi n° 2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la Constitution de la République du Sénégal).
la loi sur le parrainage : pour la première fois le parrainage est élargi aux partis politiques et/coalitions. Ce qui a pris de court les acteurs politiques surtout l’opposition avec le vote express fait par la majorité mécanique.
Ce premier filtre institutionnel sera couplé aux affaires judiciaires pour écarter 22 candidats sur 27 de la course à l’élection présidentielle du 24 Février 2019.
C’est le moment de la grande transhumance institutionnalisée pour la protection des anciens dignitaires menacés pas dame justice : « Le coude du Président est sur certains dossiers ».
Le jugement des « K » atypiques dépasse les cours et tribunaux nationaux. Souvent l’Etat est débouté et se met en marge des juridictions internationales dont il est signataire. C’est ainsi que le Conseil Constitutionnel décrié comme une boussole dont l’aiguille indique l’Exécutif (depuis 2000 ses avis et décisions lui sont toujours favorables sera perfusé par 7 membres de la société civile pour le contrôle des parrainages. Malgré légalité constitutionnelle, le Conseil Constitutionnel souffre d’une crédibilité au sein de la classe politique.
- L’observation des élections -
Avec Diouf, la société civile a commencé à faire l’observation des élections. En 2000, le Collectif des Organisations de la Société Civile pour les Elections (COSCE) a vu le jour en avec plusieurs organisations membres (11 en 2014). C’est avec le comité de veille que la Société Civile admise comme acteur institutionnel du jeu politique
« Il s’agit du Comité de veille et de suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’audit du fichier électoral effectué par des experts étrangers et indépendants. Sa composition fait qu’il est une catégorie hybride. En effet, il comprend des représentants de départements ministériels impliqués dans le processus électoral, des acteurs politiques, de la société civile, de la CENA ainsi que de partenaires au développement ayant un statut d’observateur. La Situation Room de 2014 a été un fort moment de communion de tous les acteurs pour le monitoring du scrutin qui aboutira à la deuxième alternance ».
Il faut attendre les années 2000 pour voir l’internationalisation de l’observation. Suite aux lendemains électoraux désastreux dans plusieurs pays, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ancêtre de l’Union Africaine (UA), a décidé de s’impliquer dans les processus électoraux des pays membres et de manière formelle. Cette approche verra la conception d’un document juridique de référence à savoir la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance. Au plan sous régional, le continent est divisé en cinq zones :
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) regroupant dix-sept pays
La The Southern African Development Community (SADC)
La Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC) La Commission de l'océan Indien (COI)
L'Union du Maghreb Arabe (UMA)
Le processus de l’observation électorale prendra plus d’ampleur avec l’implication d’organisations non africaines, telles l’Union Européenne qui travaillera de manière très approfondie sur la méthodologie avec le recrutement d’experts électoraux pour faire le monitoring des élections. Elle a intégré les élections dans la coopération multilatérale, pour l’Union Africaine et la CEDEAO. Cela s’est traduit par l’érection en leur sein de divisions électorales spécialisées en matière électorale. Ainsi ils déploient des observateurs pour le monitoring du processus électoral afin d’alerter sur les éventuelles fraudes et/ou irrégularités ou manquements, surtout d’accompagner les Etats pour des élections apaisées.
Il existe plusieurs organismes presque dédiés aux élections comme :
The International Foundation for Electoral Systems (IFES)
European Centre for Electoral Support (ECES)
The National Democratic Institute (NDI)
Carter Center
Les divisions électorales des organisations sous régionales (CEDEAO, SADEC, CEMAC) et continentale (Union Africaine) sont centrales et bien fournies en ressources humaines, financières et logistiques. Ce qui fait que toutes les élections africaines sont couvertes par des observateurs sous régionaux, africains et internationaux (européens, système des Nations Unies).
Les observateurs sont sélectionnés selon des critères préétablis surtout pour la maitrise des langues de travail (français, anglais, portugais, arabe). Ils sont déployés en deux phases. Les différents types d’observation sont les suivantes :
L’observation internationale (court et long-terme)
Missions d’observation organisées par les organismes régionaux, sous régionaux et internationaux. Elles proviennent de l’étranger.
Avantages : Les observateurs sont des témoins impartiaux. L’observation réduit la fraude et dans certains cas, agit comme un outil de prévention des conflits. Les observateurs rédigent avec une méthodologie assez pertinente, le rapport qui retrace la conduite du processus dans toutes les régions et dont le contenu sera rendu public par les médias internationaux.
Inconvénients : Faible maitrise de la culture du pays hôte et ignorance des langues locales. Donc certaines pratiques frauduleuses ou d’intimidation échappent à leur vigilance. Pour des raisons de communication ou de sécurité, les observateurs ne voyagent pas toujours dans les zones reculées ou dangereuses du pays. Nombre réduit (100 ou un peu plus, divisés en équipes de 2.) Ils couvrent en outre un faible pourcentage de la totalité des bureaux de vote. Leur séjour est court et ils ne sont pas présents au moment des inscriptions sur les listes électorales. D’ailleurs, certains reprochent aux missions internationales d’être trop diplomatiques et incapables de dénoncer la fraude réelle).
- L’observation locale ou citoyenne (court et long terme) -
Elle est mise en œuvre par des groupes citoyens communément appelés organisations de la société civile. Des citoyens d’un pays donné légalement constitués en associations s’organisent pour s’impliquer dans le processus électoral.
Avantages : Excellente maitrise du pays, notamment la culture, les langues, les subtilités de l’environnement politique. Ils voient ce que les observateurs internationaux ne peuvent pas voir et comprennent tout ce qui se dit autour d’eux, notamment dans les médias. En plus, ils connaissent les perceptions qu’on se fait des amis, de la famille, des voisins. Connaissance parfaite des enjeux des éventuelles réformes, l’amélioration de l’environnement démocratique et la place faite aux droits humains en général dans leur pays. Le plan de déploiement opère un parfait maillage du territoire national et surtout, dans des zones où les missions internationales ne s’aventurent pas.
Inconvénients : Les observateurs locaux manquent souvent de ressources, de formation, de méthode et de communication. Leur impartialité est souvent remise en question par les gouvernements locaux qui les taxent d’activistes. Ils ne bénéficient pas souvent de traitements respectables par les partis politiques et les OGE. Ils n’intéressent pas forcément les médias. D’ailleurs dans certains cas, ils sont recrutés à la dernière minute et ne connaissent donc pas les lois et règlements qui président à l’organisation du processus électoral. C’est souvent un moyen facile de se faire de l’argent. Beaucoup de missions locales apparaissent quelques jours avant les élections du fait des opportunités de financement dont elles disposent auprès des bailleurs. Ceci crée un problème de crédibilité, du manque d’expertise et de la coordination défaillante minée par des querelles de leadership. Dès fois, certaines missions locales ne répondent pas de l’usage qu’elles font des fonds. Dans beaucoup de cas donc, il est difficile d’apprécier la qualité de leur travail.
Avec plus de 200 partis politiques reconnus, des coalitions électorales et des candidatures multiples, le bulletin unique est réclamé par la classe politique.
Après une première alternance dirigée en douceur par une classe politique responsable et une seconde alternance menée à bras le corps par le peuple au sens large, acceptées toutes les deux par des Présidents sortants, devenus maad et/ou mat[1] entre deux tours, nous osons espérer que tout Président élu sera maad et/ou mat pour ne pas briguer un troisième mandat.
Ousmane Diadhiou est formateur à l’Association Nationale pour l’Alphabétisation et la Formation des Adultes (ANAFA) et administrateur de la Pan African Association for Literacy and Adult Education (PAALAE). Il a été membre du secrétariat de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), des Assises de l’Education de la Formation (ANEF 2014) et de l’Histoire Générale du Sénégal (HGS), responsable de la sécurité et du numéro vert du FRTE et FAL en 2000, OLT Guédiawaye Collectif des Organisations de la Société Civile pour les élections (COSCE) aux présidentielles de 2012 et 2019, Observateur International des Elections Générales du Nigeria 2015 (CEDEAO) et du procès de Hissène Habré (Trust Africa).
Tënk ci wolof
Li Usmaan Jaaju bind
Senegaal, yëngu ngir bokk, yàgg na fi, doore ci jamono Maasa ya, jaar ci jamono Buur yi ak Tubaab yi. Jamono di dox, ba nu samp sart yu saxal njariňu mboolo mi, ňu tékale saň saňu dogal, saň saňu yoonal, saň saňu àtte. Réew mi, ňi koy doxal, du nu ci jal bi doŋŋ, ňi ci làngi politig am naň ci cër, sandikaa yi itëm, boole ci mbootaayu jaamburé ak yeenekaay yi.
Li am solo, moo di nuy yeesal ndoombo yi. Looloo moom sax na bu baax. Seŋoor jiitewoon na reew mi, Abdu Juuf wuutu ko, Abdulaay Wàdd topp ci. Tay jii Maki Sàll moo ne ci jal bi, te fu mu jaar bere ngir mën yaakaar toogaat. Li jara sàmm moodi tànn bi leer te mu am ci jàmm. Ni njaccaar mbir mi (moo xam ňu doon doomi réew mi, mbaa ňu joge bitim réew), am na liggeey bu am solo. Ndax ňoom ňoo mëna seede ne mbir mi jaar na yoon mbaa deet.
Maad : en sereer, le titre du roi est maad qui est la justice
Mat : en wolof
PAR MAMADOU NDAO
UN DÉBAT TÉLÉVISE À 5, UN NON-SENS
Rien qu’à écouter les réactions des potentiels protagonistes, on se rend compte véritablement qu’à la place d’un débat télévisé on nous prépare à une foire d’empoigne - L’objectif est mince, la méthode peu pertinente et la faisabilité quasi impossible
A quelle tradition faut-il rattacher cette initiative bizarre de vouloir un débat télévisé entre les candidats à la Présidentielle du 24 février 2019 ?
C’est la question que je me suis posée sans avoir jusqu’à présent une réponse convaincante de la part des initiateurs. Le seul regret que j’ai d’emblée, c’est de constater que certains des candidats et surtout les challengers du Président sortant Macky Sall ont mordu à l’hameçon, sauf ce dernier fort heureusement. Rien qu’à écouter les réactions des potentiels protagonistes, on se rend compte véritablement qu’à la place d’un débat télévisé on nous prépare à une foire d’empoigne. Tous disent vouloir en découdre avec le Président Macky Sall.
L’objectif est mince, la méthode peu pertinente et la faisabilité quasi impossible parce que le format annoncé, sorti de je ne sais où, est insusceptible de se rattacher à aucune tradition électorale au Sénégal et ailleurs. La copie doit être revue. Aux Etats-Unis, les débats télévisés lors de l’élection présidentielle sont habituellement le fait des deux candidats des deux grands partis (démocrate et républicain), mais c’est simplement une convention et non une obligation constitutionnelle. L’occasion est ainsi donnée aux deux candidats à la fin de la campagne électorale de s’adresser aux indécis pour les convaincre à voter pour eux à quelques jours de l’élection.
C’est vrai que cela peut influer sur le cours des événements dans certains cas. Mais dans le format posé pour le débat à 5, qu’on nous dise techniquement comment il va être organisé ? On sait très bien que ces débats sont régis dans les moindres détails par des mémorandums d’entente ou des protocoles entre les 2 candidats.
Ici ils sont 5. Il semble que les citoyens sont exclus du débat et ce sont des journalistes qui co-organisent. Il est clair que pour ce genre de débat en pleine campagne ne peut excéder 2 heures de temps et cela suppose que tous les candidats arrêtent leur programme de campagne pour revenir à Dakar. Un accord avant le planning de la campagne aurait été le préalable nécessaire, me semble-t-il. A supposer que ce soient deux heures d’émission réparties équitablement entre 5 candidats, ça donne 24 minutes à chacun au maximum, mis à part les questions et les relances. Je ne suis pas sûr qu’il faille même engager un débat sur la pertinence d’une telle initiative. J’ajoute que Macky Sall a mis en œuvre le Pse, sur lequel il expose son bilan. Il sort du Groupe consultatif de Paris avec les résultats que l’on sait, et sur lequel ses adversaires lui reprochent d’avoir engagé le Sénégal à la veille des élections.
Bref, il ouvre des perspectives pour la phase 2 du Pse. Maintenant, il semble que le gros point d’interrogation pour les citoyens aujourd’hui est de savoir ce que les autres proposent à la place, excepté les invectives et les menaces. Franchement c’est là où on les attend. Dans les grandes démocraties, lorsque les jeux sont faits et qu’il y a un second tour ; pour permettre aux électeurs dont les candidats n’ont pas franchi ce 1er cap de faire un choix averti sur les propositions qui sont faites par les deux concurrents, un débat sur les questions d’actualité, un débat radio-télévisé auquel sont associés des citoyens est organisé. L’avantage est qu’on a une plus grande visibilité sur ce que les uns et les autres veulent donner comme contenu à leur mandat s’ils sont élus.
Hélas, ici on nous dit il faut que Macky Sall vienne nous faire face au 1er tour, peut- être qu’ils entrevoient une victoire du candidat Macky Sall au 1er tour. Or un débat radio télévisé est destiné aux citoyens. Dans le cas d’espèce ce n’est pas un face à face, parce qu’il y aura 5 contre 1. Du point de vue de l’équité ça pose problème. Additionnez le temps de parole de Macky Sall et ceux cumulés des autres candidats, et vous voyez que cette idée n’a pas été bien travaillée. Macky Sall a toutes les raisons de ne pas venir, et je suis sûr qu’il ne viendra pas. Les dés sont pipés et son programme de campagne est ficelé depuis belle lurette.
PAR CAROLINE ROUSSY
SENEGAMBIE, L’HISTOIRE D’UN PONT
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 – L’infrastructure peut être considérée comme un symbole réussi d’intégration régionale - Néanmoins, il ne doit pas être un moyen d’absorption de la Gambie, tant les concitoyens de ce pays restent attachés à leur souveraineté
#Enjeux2019 – Le 21 janvier 2019 fera date dans les livres d’histoire. Elle marque l’inauguration du pont transgambien, ouvrage de 18 mètres de hauteur et de 12 mètres de largeur permettant de relier les deux rives du fleuve Gambie et, incidemment, de faciliter sa traversée par les Gambiens et surtout les Sénégalais entravés dans leurs déplacements par un territoire divisé par la présence de la Gambie en son sein ; legs colonial du 19e siècle. Le président Macky Sall peut savourer son triomphe. Il a réussi là où tous ses prédécesseurs ont échoué des décennies durant. Attention toutefois, à ne pas verser dans un triomphalisme aveugle et à se croire en Gambie en pays conquis. Les oppositions à l’endroit des Sénégalais y demeurent vives tout autant que les stigmates de la période confédérale.
Longtemps, l’annonce sans lendemains de la construction de ce pont suscita des espoirs déçus parmi les populations trépignantes entre impatience, résiliences et « tracasseries », selon leurs propres mots tandis qu’ils subissaient la longueur des distances : soit des dizaines d’heures parfois pour rejoindre Dakar ou Ziguinchor par la route, moyen de transport à portée des petites bourses. Par-delà ces tracasseries du quotidien entre deux peuples « amis » se jouait un enjeu diplomatique entre les gouvernants sénégalais et gambien. Ces derniers ayant tôt fait de comprendre que la traversée de leur pays pouvait se révéler un levier de négociations diplomatiques avec leur « grand voisin », usant et abusant d’une asymétrie supposée au regard de sa taille et de sa démographie.
Le Sénégal devait payer sa condescendance. Peu le savent mais après l’ouverture de la route transgambienne en 1957, les Français tout à leur soudaine boulimie de constructions, ouverture d’universités, etc. proposèrent un projet de pont. Il était trop tard. Les Gambiens étaient sur leur quant à soi, craignant une absorption de leur pays par le Sénégal. Une mission onusienne diligentée en 1963 plaida en faveur d’une Gambie indépendante, et de la Grande-Bretagne et du Sénégal, base d’une négociation concertée entre les deux pays pouvant évoluer vers une entente, une association ou une formule fédérale. Il faut avouer que les Gambiens leur avaient tout du long de cette mission, affirmée avec vigueur « we want a change of status not of masters », « we don’t want to be ruled from Dakar », « experts or no experts we can live on our own ». Le pays acquit son indépendance le 18 février 1965 et entendait faire respecter sa souveraineté nonobstant les récriminations du ministre des Finances sénégalais Jean Collin qui, dès 1969, plaida en faveur d’une politique dite du « no » return avec pour objectif de mettre la Gambie à genou et de forcer le verrou de l’intégration économique et douanière. Il estimait que la contrebande organisée depuis la Gambie grèvait le budget national à hauteur de quelque 1 milliard 500 millions de Francs CFA.
- Relations en dents de scie -
S’ensuivirent jusqu’en 1975 des relations à fleuret moucheté dont il serait difficile d’évaluer, dans ce jeu d’échecs tant les économies étaient imbriquées, qui fut gagnant. Revenu dans de meilleures dispositions, les deux pays signèrent, en 1975, une série d’accords scellant un réchauffement des relations diplomatiques. Les médias officiels de l’époque furent inondés de photographies aux sourires compassés : c’était le temps des retrouvailles mais chacun demeurait sur son quant à soi. Deux chantiers furent décidés : la délimitation de la portion orientale de la frontière de Gambie au niveau de Yarboutenda, projet cosmétique, s’il en est, tant cette zone n’avait jamais été le cœur névralgique de la contrebande même s’il s’agissait d’asseoir clairement l’étatisation des espaces contigus. Le second plus audacieux concernait la construction du pont transgambien. Sa réalisation devenait nécessaire en raison de la motorisation des sociétés et des goulots d’étranglement au niveau du bac de Farafenni.
L’accord sembla emporter l’adhésion des deux gouvernements. Ayant fait le choix de l’ambition, ils ajoutèrent au projet la construction de deux barrages hydrauliques au niveau de Kekreti et de Sambagalou. Malgré un programme plutôt appétant, Jawara fit bientôt savoir qu’il refusait de partager tout droit de propriété sur cet ouvrage, qui ne pouvait être conçu que comme gambien et non comme sénégambien. En haut lieu sénégalais cette décision crispa d’autant que le Sénégal avait l’impression de faire cavalier seul dans la recherche de financements internationaux. Selon Assane Seck, alors ministre des Affaires étrangères, Jawara proposa en 1977, de coupler le projet de pont et celui de barrages en un seul et même projet qu’eût été la construction d’un pont-barrage. Cette nouvelle requête fut interprétée par les Sénégalais comme une énième tentative de procrastination masquant à peine une collaboration plus que vaine. Dans ces conditions, Senghor décida de suspendre les négociations et de construire une rocade routière contournant la Gambie et reliant Dakar-Kaolack-Tambacounda- Kolda- Ziguinchor. Malgré de nombreuses tentatives, jouant sur la fibre nationaliste pour convaincre les usagers d’emprunter cette nouvelle route, le projet ne séduit guère. Longue de quelque 864 kilomètres, elle pouvait difficilement rivaliser avec l'axe Dakar- Kaolack-Farafenni-Ziguinchor qui ne faisait alors que 450 kilomètres.
Durant la période confédérale, le projet ne fut guère abordé, tant la priorité était à un accord économique et douanier. L’objectif principal restait de mettre un terme à la contrebande organisée depuis la Gambie. Et du reste les troupes sénégalaises, depuis 1981 et la tentative de coup d’Etat contre Jawara, étaient stationnées en Gambie. Ils quadrillaient le territoire, selon leur bon vouloir et l’utilisait comme base arrière pour mener des offensives dans une Casamance entrée en sédition contre le pouvoir central. En Casamance, cela laissa aussi des traces…
- Avènement de Barrow et le déclic -
Jammeh arrivé au pouvoir, à la suite d’un coup d’état en 1994 où il resta 22 ans, mena durant toute cette période une politique pour le moins imprévisible et à soubresauts, tantôt il s’imposa comme médiateur dans le conflit casamançais, tantôt il donna refuge aux rebelles de ladite Casamance. Dans la même veine à plusieurs reprises, il signa des accords en faveur de la construction du pont transgambien (en 2013 les fonds étaient réunis par la BAD) tout en augmentant épisodiquement les frais de traversée du bac afin de réaffirmer chaque fois son pouvoir à l’égard de son voisin.
Dans ces conditions le pont était devenu un rêve remisé, laissant les populations harassées et indignées face à la dégradation du bac mettant leur vie en péril. Puis tout changea. Accélération de l’Histoire. Adama Barrow remporta les élections face à celui qui semblait indétrônable Yayah Jammeh. Peu enclin à abandonner aussi facilement le pouvoir, il tergiversa de longues semaines, laissant craindre un embrasement de la situation. Barrow trouva refuge au Sénégal et y fut intronisé président à l’ambassade de Gambie. Protégé, il devint l’obligé de Macky Sall et signa de nombreux accords dont celui qui permettait la construction du pont, quelque 60 ans après que le projet eut émis.
Facilitant désormais légitimement les déplacements à l’intérieur du Sénégal, ce pont aura indéniablement une incidence pratique dans la vie quotidienne des populations et leur manière de se mouvoir dans l’espace sénégambien. A ce titre, il peut être considéré comme un symbole réussi de l’intégration régionale. Néanmoins, il ne doit pas être une première étape en vue de l’absorption de la Gambie, tant les concitoyens de ce pays restent attachés à leur souveraineté pleine et entière.
Caroline Roussy est Docteure en Histoire de l’Afrique contemporaine. Elle a notamment travaillé dans sa thèse, sur la frontière entre le Sénégal et la Gambie.
Des habitants de Ndiakhirate, membres du mouvement Vision alternative, aimeraient être édifiés sur les 150 parcelles destinées à l’extension de leur localité qui peine à être effective. «Depuis 2009, les jeunes de Ndiakhirate tardent à recevoir les 150 terrains entrant dans le cadre d’un projet extension du village, validé par les autorités», a déploré samedi dernier Pape Malick Seck, membre dudit mouvement.
La requête est d’autant plus légitime, selon lui, que Sangalkam et Noflaye, les deux autres villages de la commune, ont reçu leurs terrains. «Les jeunes de Sangalkam ont eu leurs terrains, ceux de Noflaye aussi.
Alors, nous ne comprenons pas que le maire Omar Guèye et son équipe retiennent par leur simple volonté ce programme auquel ont droit nos jeunes», a poursuivi M. Seck, accusant même l’équipe municipale de concussion sur le foncier. «Les conseillers ont vendu la totalité de l’espace à des fins personnelles», a-t-il clamé.
Vision alternative a profité de sa rencontre avec la presse pour peindre un sombre tableau de la gestion du maire Omar Guèye. «Les 5 km de pavage sont limités à Sangalkam, plus particulièrement sur les artères menant vers le domicile du maire Omar Guèye et du premier adjoint, laissant en rade Ndiakhirite et Noflaye», a-t-ildit en évoquant les seuls travaux de voirie à l’actif de l’équipe. «Pour cette équipe, le sport se limite aux navétanes. Aucune politique sportive.
Un stade qui n’existe que dans la tête de Omar Guèye, 4 ans après la pose de la première pierre», ont étalé les membres de Visionalternative dans le propos liminaire. Ils ont aussi déploré «un plateau médical inqualifiable et indigne d’une commune ayant un maire ministre». Autant de raisons qui ont poussé les membres du mouvement à sanctionner Omar Guèye et son leader Macky Sall par un vote massif au profit des candidats de l’opposition.
VIDEO
DECLARATION DE MGR BENJAMIN NDIAYE, ARCHEVEQUE DE DAKAR, A LA VEILLE DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE DU 24 FEVRIER 2019
A l’approche de l’élection présidentielle, l’archevêque de Dakar Monseigneur Benjamin a, au nom de tous les évêques du Sénégal, lancé un appel à la paix et la responsabilité.
272 MILLES 141 CARTES D’ÉLECTEURS RESTANTES
Le Gradec dément les chiffres des autorités administratives
Le Gradec n’a pas les mêmes chiffres sur la distribution des cartes d’électeur que le gouvernement. Après une mission à l’intérieur du pays, son secrétaire général, Ababacar Fall, a déclaré hier que le total des cartes d’électeur restantes est de 272 mille 141 au lieu de 242 mille 902, comme avancé par les autorités administratives entre le 25 janvier et le 1er février 2019.
Les résultats de la distribution des cartes publiés par les autorités entre le 25 janvier et le 1er février 2019 mentionnent que le total des cartes d’électeur restantes est de 242 mille 902, soit 3,76%, d’après les propos d’Ababacar Fall. Mais après une tournée de suivi-évaluation de la distribution des cartes, le secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) a donné une autre version.
«Rien que dans un peu moins de la moitié des circonscriptions électorales, soit 22 départements, il y a un nombre bien supérieur de cartes restantes, soit 272 mille 141», a-t-il soutenu hier, lors d’une conférence de presse. A l’en croire, seules 45 mille 056 cartes ont été distribuées, soit 14,20% sur un total de 317 mille 197. «Ces données ont certainement évolué puisque la distribution se poursuit», a précisé M. Fall. Le Gradec constate par ailleurs que «près de 1 million 200 mille cartes d’électeur, issues de la refonte, ont été distribuées en dehors de toute supervision de la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans la période allant de fin novembre 2017 au 10 janvier 2019».
L’organisation membre de la société civile en déduit que cela «remet en cause les règles de et le principe de la séparation des pouvoirs dans l’organisation et le fonctionnement du système électoral suite à la modification de l’article L.54 du Code électoral». A la fin de sa mission, le Gradec a noté également que les cartes d’électeur qui viennent de la Direction générale des élections(Dge) ne font pas l’objet d’un «décompte contradictoire» entre l’autorité administrative et la Commission électorale départementale autonome (Ceda) avant leur mise à disposition au niveau des commissions. Ababacar Fall fait remarquer aussi que «le nombre de rejets pour motif ‘’personne déjà inscrite’’ est trop élevé» et le rythme de la distribution «très faible».
Pour pallier ces «manquements», le Gradec recommande aux autorités de faire une «large communication» sur la confection de duplicatas aux citoyens figurant sur le fichier électoral et qui n’arrivent pas à localiser leurs cartes d’électeur. Elle demande en outre que ces opérations continuent jusqu’au 22 février, au lieu du 18 comme prévu dans la décision.
KHOURAÏCHI THIAM LÂCHE HADJIBOU SOUMARÉ ET VOTE MACKY
Retournement spectaculaire à 5 jours du scrutin
Abdoulaye FALL - (Correspondant) |
Publication 19/02/2019
Khouraïchi Thiam avait parrainé Cheikh Hadjibou Soumaré, mais il va voter pour Macky Sall. A 5 jours du scrutin, il change donc de camp puisque son allié a préféré Idrissa Seck. «Je soutiens le Président Macky Sall.
Je suis convaincu qu’il demeure le meilleur choix pour le pays et c’est pourquoi j’ai décidé de lui apporter mon soutien indéfectible», a dit le maire de Makacolibantan en marge du meeting qu’il a organisé dans le village, chef-lieu de la commune, et auquel plusieurs responsables de l’Apr ont pris part.
L’ancien ministre de l’Economie maritime a mobilisé tous les responsables des villages environnants pour donner la consigne de voterMacky Sall. «Je compte faire de Makacolibantan le vivier électoral du candidat de Benno bokk yaakaar», a-t-il dit.
Parlant de Hadjibou Soumaré, Khouraïchi Thiam dit : «Hadjibou me paraissait être un extraterrestre, voulant rester à Dakar et rallier des parrains et des militants à sa cause. C’était de l’utopie.
Une élection présidentielle est un rendez-vous entre un leader et un Peuple. Ce que Hadjibou n’avait pas compris», a-t-il justifié. Il dit être convaincu par «la vision et les réalisations» de Macky Sall.
Il invite ainsi tous les parrains qu’il avait collectés pour Hadjibou Soumaré à voter pour le Président Sall. «Si tous les parrains votent pour lui, en plus des militants des candidats recalés qui ont décidé de voter pour lui, nul doute que notre candidat aura au bas mot 4 millions de votants sur les 6,5 millions inscrits sur le fichier électoral», estime-t-il.
PAR MAYECOR SAR
REPENSER LA DIPLOMATIE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Il va falloir que Dakar passe d’un réalisme défensif à un réalisme offensif modéré, ce qui nécessite des actions préemptives pour accroître son influence régionale et pratiquer un équilibrisme stratégique
#Enjeux2019 - Après la « diplomatie de rupture » d’Abdoulaye Wade qui fût profondément internationaliste de par son ancrage panafricain, Macky Sall, 4ème président de la République du Sénégal, s’est évertué à faire renaître le réalisme dans la politique étrangère de son pays. Son programme de campagne en 2012, le « Yonu Yokkuté » et ses premiers pas sur la scène internationale dessinaient les contours d’une diplomatie sénégalaise moins démonstrative que celle de son prédécesseur et qui replace la rationalité au cœur des actions de l’exécutif sénégalais.
Le « contrat avec le monde » de Macky Sall en politique étrangère est un retour aux fondamentaux de la politique Sénégalaise en matière de relations internationales reposant sur ce que des intellectuels tels que Hans Morgenthau, Edward Carr et John Mearsheimer, ont théorisé comme du réalisme : la consolidation de la souveraineté nationale et la préservation de intérêts internes.
- Politique de bon voisinage : entre rapport de force et apaisement -
Dans le grand concert des nations, l’influence de Dakar est sans équivoque et il est celui qui porte la voix africaine. Aujourd’hui encore, le Sénégal se pose, avec l’onction de l’Europe et des Etats-Unis, en « gendarme » régional des valeurs universelles de paix, de stabilité, de démocratie et de respect des droits de l’homme. Le caractère anarchique de l’Afrique Occidentale et l’instabilité chronique qui prévaut dans la majorité des pays lui imposent une politique de « zone tampon » avec ses voisins. L’objectif étant d’éviter que les crises frappant les pays frontaliers ne le contaminent et ne fragilisent la cohésion nationale.
S’inscrivant dans la tradition réaliste de ses prédécesseurs, le président Sall a, dans ses relations avec ses voisins, alterné entre le rapport de force et la diplomatie d’apaisement. Tout le monde garde à l’esprit la fermeté avec laquelle Dakar a pris la décision de clôturer ses frontières afin d’éviter la propagation du virus Ebola sur son territoire ou encore le rôle joué par le Sénégal dans la sortie de crise de la Guinée Bissau qui a abouti à la nomination d’un Premier Ministre de « consensus ».
Mais on ne saurait parler de politique de voisinage sans revenir sur ce qui est probablement le plus grand succès du septennat du président Macky Sall, à savoir l’intervention en Gambie. Sentant une opportunité historique à travers la tentative de se maintenir au pouvoir du président Gambien, Yaya Jammeh, Macky Sall utilise l’impératif du maintien de l’ordre et de la démocratie pour rentrer chez son voisin et y installer Adama Barrow comme nouveau président. Aujourd’hui le pont de Farafenni, qui désenclave la Casamance, fait renaître l’espoir d’une paix durable dans cette région affligée par un conflit vieux de près de 40 ans.
Alors qu’avec la Mauritanie, face aux questions sensibles des zones de pêche, de la transhumance qui obéraient et fragilisaient le développement d’une diplomatie de bon voisinage, le Sénégal a su négocier des contrats de pêche ainsi qu’un accord sur le partage des ressources pétrolières et gazières qui permettront enfin aux deux pays de jouir pleinement de la richesse de la zone frontalière.
- Une diplomatie d’influence au service du développement économique -
Son intégrité territoriale protégée, le Sénégal a également su transformer son influence dans les organismes internationaux en vraie stratégie de développement économique. En effet, ayant conscience de l’importance grandissante de l’Afrique pour les grandes puissances mondiales, le président Sénégalais a travaillé à renforcer l’influence de son pays dans les instances auxquelles il appartient (CEDEAO, UEMOA, OCI, ONU…) afin de se rendre incontournable dans les stratégies économiques des investisseurs et des bailleurs.
C’est ainsi que le Sénégal a retrouvé pour la troisième fois de son histoire une place de membre non permanent au conseil de sécurité de l’ONU et a pu jouer un rôle essentiel dans la majorité des opérations de maintien de la paix en Afrique. Cette réputation de pays stable, démocratique et de bonne gouvernance a permis au Sénégal d’être bénéficiaire du second compact du Millennium Challenge Account (MCA) dont le financement est axé sur la modernisation de l’accès à l’électricité, un des projets prioritaires de développement du Sénégal.
L’exercice du pouvoir ayant renforcé la familiarité de Macky Sall avec les affaires internationales, la maîtrise des jeux de rôles avec les nations, la diplomatie d’influence du Sénégal a pris une certaine envergure. L’Etat d’Israël qui avait rappelé son ambassadeur et gelé ses relations diplomatiques avec le Sénégal suite à un vote à l’ONU contre la colonisation Palestinienne, a, quelques années plus tard, annoncé dans un communiqué conjoint entre Macky Sall et Benyamin Netanyahu, la décision de rétablir les liens entre les deux pays. La CEDEAO étant une région importante dans la stratégie commerciale d’Israël en Afrique, le Premier Ministre Israélien avait besoin de l’incontournable diplomatie Sénégalaise pour arriver à ses objectifs.
Dans le même sens, risque a été pris de s’attirer la foudre de Pékin en soutenant les Rohingyas musulmans persécutés en Birmanie, un pays allié de la Chine. Mais dans sa stratégie « belt and road » en Afrique de l’Ouest, le Sénégal est un pion essentiel et les nombreux accords commerciaux avec le gouvernement chinois et la visite du président Xi Jinping au Sénégal en Juillet 2018 le confirment.
Les relations étroites que le Sénégal entretient avec la Turquie est un autre exemple de la politique réaliste de Dakar. En effet, malgré les protestations de ses alliés traditionnels tels que la France et l’Union Européenne, Ankara étant le plus offrant, a réalisé de nombreux projets d’infrastructures au Sénégal, dont le Centre de Conférence de Diamniadio et le nouvel Aéroport international Blaise-Diagne.
- Du réalisme défensif vers un réalisme offensif -
Dans l’ensemble, la politique étrangère Sénégalaise a été une des grandes satisfactions du septennat du président Macky Sall.
Cependant, l’action extérieure de Dakar peut être décrite comme ce que Kenneth Waltz appelle le réalisme défensif qui consiste à réagir à des menaces apparentes et agir pour préserver ses intérêts. Or ce principe organisateur pour un pays comme le Sénégal a pu fonctionner jusqu’à présent, mais dans un monde qui devient davantage multipolaire et anarchique, le Sénégal aura besoin d’être encore plus stratégique pour préserver son intégrité territoriale et de continuer à agir au service de ses intérêts dans le monde.
En effet, à en croire la théorie du « Piège de Thucydide » qui prévoit l’entrée en guerre de la puissance dominante avec une puissance émergente, les Etats-Unis et la Chine sont prédestinés à un conflit. La Russie, les États du golfe et les puissances Européennes sont également engagés dans une lutte pour retrouver leurs places historiques d’hégémonies régionales.
Dans ce contexte, il va falloir que Dakar passe d’un réalisme défensif à un réalisme offensif modéré, ce qui nécessite des actions préemptives et mesurées pour accroître son influence régionale et pratiquer un équilibrisme stratégique face aux aspirations des grandes puissances qui voient finalement l’Afrique comme une zone d’influence potentielle.
Quid de l’après 2019, avec une continuation de Macky Sall ou l’arrivée d’un de ses concurrents ? La diplomatie sénégalaise va-t-elle changer de cap ou persister dans la voie qui est la sienne depuis 2012 ? La diplomatie est le sujet absent de cette campagne, car elle n’est pas d’un enjeu « électoral » aussi important que l’agriculture ou l’énergie auprès du grand public. Ce qui génère un manque de lisibilité de la part des spécialistes sur l’orientation de chacun des candidats en matière de politique étrangère, surtout de la part des quatre candidats de l’opposition.
Quelle diplomatie chacun d’entre eux dessine-t-il pour notre pays dans un avenir rempli d’incertitudes et de convulsions géopolitiques et géostratégiques ?
Mayecor Sar est expert en politiques publiques, spécialiste des questions liées à l'économie politique, la gouvernance et les relations internationales. Il a été désigné Millennium Fellow au Atlantic Council et Emerging Leader au German Marshall Fund. Ancien élève de la Lee Kuan Yew School of Public Policy de Singapour (National University of Singapore), il est également diplômé en sciences politiques, philosophie et économie (PPE) de l'université de York en Grande Bretagne.
«A partir d’aujourd’hui, nous quittons complètement Cheikh Bamba Dièye pour rallier l’Apr.»
C’est l’annonce faite dimanche par Cheikh Seck, le désormais ex-coordonnateur départemental du Fsd/Bj, lors d’un point de presse. Il était entouré du président du Comité des sages du parti dans le département, des trois coordonnateurs communaux de Rufisque Ville et du responsable des jeunes.
«C’est lors des élections locales que nous avions eu des bisbilles avec notre leader. A cause de ses démêlés à Saint Louis avec Mansour Faye, il avait donné la consigne de s’allier à tous sauf Benno bokk yaakaar. Nous avions alors choisi d’aller avec Bby, ce qui ne lui avait pas plu. Il nous a taxés de militants indisciplinés. Et depuis lors, nous avions gelé nos activités pour y voir plus clair», a-t-il expliqué.
M. Dièye a indiqué que c’est Ismaïla Madior Fall qui a rendu possible leur ralliement au camp présidentiel. Ces néo-Apéristes comptent pleinement s’investir pour la victoire du candidat de Bby. «Nous nous engageons à réélire le Président Macky Sall qui a un bilan reluisant et cela, dès le premier tour, mais aussi accompagner Ismaïla Madior Fall dans les combats futurs», disent-ils.
L’enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (Eerh) dans le secteur formel, la première au Sénégal, que l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) vient de publier, révèle que les moyennes entreprise emploient plus de travailleurs (44%) suivies des grandes entreprises(39%)
Dans le secteur formel, les moyennes entreprises emploient plus de travailleurs que les autres tailles. Selon le rapport de l’enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail dans le secteur formel, les moyennes entreprises offrent 44% d’emplois. ;Elles sont suivies des grandes entreprises qui emploient 39% des travailleurs.
Quant aux petites entreprises, elles concentrent la plus faible part d’employés (17%). Le document note aussi que «les femmes sont minoritaires par rapport aux hommes dans le monde du travail et le secteur formel ne fait pas exception. En effet, la majorité des travailleurs du secteur formel sont des hommes, les femmes ne représentent que 22,8%.
De plus, l’étude révèle qu’elles sont plus présentes dans les petites entreprises (30,1%). Dans le secteur formel, l’offre d’emplois se concentre plus dans les services, ce qui confirme la prédominance du secteur tertiaire dans l’Economie nationale. Il est constaté que, hormis les petites entreprises où l’industrie les devance de peu (37,9% contre 34,8%), les services offrent plus d’emplois 34,8%, 64,1% et 32,3% respectivement dans les petites, moyennes et grandes entreprises».
Prédominance du tertiaire dans l’économie Au-delà de cette offre des entreprises du secteur formel, cette Eerh, qui est la première au Sénégal, que l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) vient de publier, «a permis de mettre en exergue les caractéristiques des entreprises, le niveau des salaires et le tempshebdomadaire effectivement travaillé. En outre, elle a permis de cerner le dynamisme de l’offre d’emplois à travers les prévisions d’augmentation, de réduction et de maintien mais aussi la situation des postes vacants au sein des entreprises».
Le rapport relève ainsi que «plus de la moitié des entreprises formelles enquêtées sont constituées de personnes morales et que trois quarts des propriétaires d’entreprises individuelles (74,8%) sont des hommes». En ce qui concerne le niveau d’études, il a été constaté «qu’un propriétaire sur deux a atteint le niveau d’études supérieur et qu’un peu plus de 15% sont allés jusqu’au niveau secondaire.
L’analyse de la dynamique du marché a montré que 9,1% des entreprises formelles ont au moins un poste vacant et que le nombre moyen de postes vacants par entreprise est de 3. Par ailleurs, 25,9% des entreprises souhaitent augmenter leur effectif tandis que 71,8% optent pour le maintien.
Le pourcentage de celles qui envisagent de réduire leur effectif n’est que de 2,3%». En perspective, annonce l’Ansd, «l’étude sera suivie par la conception d’un outil de mesure et d’appréciation de la productivité des entreprises, d’un indice de mesure du pouvoir d’achat et d’une étude comparative, à périodicité trimestrielle et/ou annuelle, sur l’évolution de la demande d’emplois (enquête-ménage) et de l’offre d’emplois (enquête-entreprise)».
Ce suivi, indiquent les collaborateurs de Babacar Ndir, Directeur général de l’Ansd, «permettra d’avoir une vue d’ensemble à long terme et une maîtrise des différentes tendances de l’évolution de l’offre d’emplois et de la rémunération dans le secteur formel». Réalisée par l’Ansd avec l’appui financier de la Banque mondiale, l’Eerh, d’après les statisticiens, «vient à point nommé pour combler le manque de statistiques détaillées sur l’emploi et la rémunération des salariés dans le secteur formel».