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9 septembre 2025
MACKY SALL S’ENGAGE À CRÉER "UN MILLION D’EMPLOIS" A PIKINE
"Je prends un nouvel engagement pour le quinquennat à venir’’, celui de "créer un million d’emplois à travers la modernisation de l’agriculture, l’entreprenariat rapide’’, entre autres secteurs, a-t-il dit au cours d’un meeting
Pikine, 19 fév (APS) - Le président sortant Macky Sall, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) à la présidentielle, s’est engagé mardi à Pikine (banlieue dakaroise), à créer un million d’emplois en cas de réélection pour un second mandat.
"Je prends un nouvel engagement pour le quinquennat à venir’’, celui de "créer un million d’emplois à travers la modernisation de l’agriculture, l’entreprenariat rapide’’, entre autres secteurs, a-t-il dit au cours d’un meeting suivi d’une rencontre avec des jeunes.
Il affirme que durant son premier mandat, son gouvernement a créé "491 000 emplois, hors agriculture et secteur informel", avant de s’engager à accélérer "la modernisation" de Pikine, à travers la construction de nouvelles routes et la mise en place de "plus de 5000 lampadaires".
De cette manière, Pikine sera "le fer de lance de l’accélération du développement économique et social" du Sénégal, a soutenu Macky Sall.
Aussi a-t-il promis "la totale modernisation" de la décharge de Mbeubeusss et s’est engagé à doter le département de Pikine des opportunités qu’offre le programme de modernisation des villes (Promovilles).
Ces engagements feront "du cadre de vie des populations un endroit où il fait bon vivre avec des routes praticables", a commenté Macky Sall.
"De la même manière que nous avons sorti des milliers de personnes des affres des inondations, je m’engage aujourd’hui devant vous à traiter les ordures de la célèbre décharge de Mbeubeuss. Pikine aussi a droit à un environnement sain", a déclaré le président sortant.
Déjà, a-t-il relevé, l’autoroute à péage fait que "Pikine n’est plus qu’à douze minutes du centre-ville de Dakar", sans compter l’impact du Train express régional (TER), a-t-il relevé.
Sur le plan sécuritaire, Macky Sall annoncé l’érection de "12 nouveaux commissariats entre Pikine et Guédiawaye".
Le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) est par ailleurs revenu sur la question des inondations, rappelant "les efforts" du gouvernement pour prendre en charge ce phénomène et sortir "des milliers de familles de cette situation".
"Je me réjouis du fait que les inondations sont devenues une histoire oubliée au grand soulagement des milliers de populations prisonnières des eaux à l’époque", a-t-il dit.
"Pikine ne doit pas être un dortoir de Dakar. Nous allons moderniser Pikine", a insisté Macky Sall.
Le président sortant avait auparavant sillonné durant cinq heures le département de Pikine, de Dalifort à Pikine, en passant par Thiaroye, Mbao, Keur Massar, Boune, Yeumbeul, différentes localités du département où ses militants sont sortis pour le saluer et l’acclamer.
"Pikine a battu tous les records en termes de mobilisation, en attendant Guèdiawaye et Dakar. Chères populations, vous m’avez honoré et manifesté votre estime. Sachez que je saurais vous montrer ma reconnaissance. Je vais renforcer la modernisation de Pikine", a lancé Macky Sall.
PLUS DE 53% DES SÉNÉGALAIS GARDENT ENCORE CONFIANCE EN LA JUSTICE
Le professeur Papa Ogo Seck a dévoilé son contenu, mardi, à l’occasion d’une séance d’audition au cours de laquelle des représentants de candidats en lice à l’élection présidentielle ont été invités à décliner les programmes respectifs
Dakar, 19 fév (APS) - Plus de cinquante-trois pour cent des Sénégalais ont encore confiance en leur justice, a indiqué mardi le secrétaire exécutif de l’Association des juristes africains (AJA), Papa Ogo Seck, citant un rapport de cette structure.
M. Seck évoque ainsi les données d’un rapport de l’AJA, une association regroupant des professionnels du droit qui, depuis quarante ans, s’activent dans la promotion des droits et de la justice. Ce rapport porte sur l’enquête effectuée par l’AJA sur la perception qu’on les Sénégalais, acteurs et usagers inclus, de leur justice.
Le professeur Papa Ogo Seck a dévoilé son contenu, mardi, à l’occasion d’une séance d’audition au cours de laquelle des représentants de candidats en lice à l’élection présidentielle ont été invités à décliner les programmes respectifs de ces derniers pour la modernisation de la justice.
L’ancien ministre Habib Sy de la coalition "Madické2019", le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall de la mouvance présidentielle et le professeur Diallo Diop de la coalition "Sonko 2019" ont répondu à l’appel des initiateurs.
En revanche, Déthié Fall de la coalition "Idy 2019" et l’ancien juge Ibrahima Hamidou Dème, qui soutient le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), ne se sont pas finalement présentés comme attendu, ont expliqué les organisateurs sans plus de détail.
Ainsi, à tour de rôle, les représentants des candidats présents ont pendant plusieurs tours d’horloge passé en revue le fonctionnement actuel de la justice sénégalaise avant de proposer des réformes aussi diverses que variées concernant entre autres, l’indépendance de la justice, son accessibilité et ses moyens financiers.
Selon Habib Sy de la coalition "Madické Niang", la modernisation de la justice, l’institution selon lui "la plus fragile du Sénégal", doit nécessairement passer par sa "démocratisation".
Pour ce faire, il estime que "le président de la République ne doit plus siéger à la présidence du Conseil supérieur de la magistrature" (CSM). De même, selon lui, le ministre de la justice ne doit plus avoir une appartenance politique.
Il a également préconisé que les membres du Conseil constitutionnel soient désormais "élus par un corps électoral" et que le procureur "ne soit plus le seul maître des poursuites".
Le professeur Diallo Diop de la coalition "Sonko2019" estime lui que la réflexion sur la modernisation de la justice doit être poussée de façon beaucoup plus pointue et en profondeur, car selon lui, si belle qu’elle soit, la loi ne vaut que par son application.
Ainsi, il a annoncé que le candidat Ousmane Sonko envisage, une fois à la tête de l’Etat, d’adopter "une nouvelle Constitution", qui sera "entièrement ancrée sur les recommandations des travaux du Conseil national de réforme des institutions".
A l’en croire, le leader de PASTEF compte également "dissoudre la Cour de répression de l’enrichissement illicite" (CREI) pour mettre en place une Cour constitutionnelle dont les membres seront "élus par leurs pairs".
Pour sa part, le garde des sceaux, Ismaëla Madior Fall, soutient que "la plupart des gens qui critiquent la justice, le font en l’appréhendant uniquement dans sa conception purement réductrice", à savoir la justice pénale et le procès de quelques hommes politiques.
Selon Ismaila Madior Fall, plusieurs réformes majeures allant dans le sens d’une modernisation de la justice ont été effectuées ces sept dernières années.
Il a cité, entre autres, "la révision constitutionnelle de 2016, la réforme de la carte judiciaire, celle du Conseil constitutionnel, la réforme sur le statut des magistrats, l’installation des tribunaux de commerce".
Il a ainsi renseigné que "suite au succès éclatant des maisons de justice, des cases de justice plus anthropologiquement acceptées seront bientôt au niveau des villages pour régler certains différends en amont".
Le ministre de la Justice a dans la même veine annoncé la "dématérialisation effective des procédures", de même que "la simplification de la carte judiciaire", avec la mise en place prochaine de "tribunaux de première instance" (TPI) dans les quarante-cinq départements du Sénégal.
IL Y A 36 ANS, MAMADOU DIA BATTAIT CAMPAGNE POUR DES ÉLECTIONS DE 1983
Mamadou Dia, élargi de prison en 1974, soit 12 ans après la crise politique l’ayant opposé à Léopold Sédar Senghor, dont il était le binôme politique à l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale avant la rupture entre les deux hommes
Dakar, 19 fév (APS) - Il y a 36 ans, en février 1983, Mamadou Dia, président du premier conseil de gouvernement du Sénégal, participait comme candidat aux élections présidentielle et législatives nées de l’ouverture démocratique dite intégrale mise en œuvre par le président Abdou Diouf, qui a succédé en 1981 au père de l’indépendance du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.
Sous le règne de ce dernier, une révision constitutionnelle avait instauré, le 6 avril 1976, un multipartisme limité au Sénégal, consécutif à une période de parti unique depuis l’indépendance.
Cette réforme constitutionnelle, connue sous l’appellation de "loi des trois courants’’, stipulait que les trois partis politiques autorisés par la Constitution doivent représenter respectivement les courants de pensée suivants, à savoir libéral et démocratique, socialiste et démocratique, communiste ou marxiste-léniniste.
Mamadou Dia, élargi de prison en 1974, soit 12 ans après la crise politique l’ayant opposé à Léopold Sédar Senghor, dont il était le binôme politique à l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale avant la rupture entre les deux hommes, a ainsi participé aux premières élections présidentielle et législatives de l’ouverture démocratique intégrale sous Abdou Diouf.
Au cours de ces élections, le "Grand Mawdo’’, comme on l’appelait affectueusement, "en homme de convictions (…) est resté droit dans ses bottes en réitérant ses idées d’un socialisme autogestionnaire où les producteurs auront leur mot à dire", a rappelé Abdoul Malick Ba, le secrétaire permanent du MSU (Mouvement pour le socialisme et de l’unité), dans un entretien avec l’APS.
"Au sujet de ses idées, il n’a jamais varié d’un iota, il est convaincu que c’était la voie pour le développement de notre pays, et ces élections étaient l’occasion de les expliquer et de les mettre à la disposition de ses concitoyens", a ajouté le responsable trouvé dans une salle faisant office de siège pour le MSU.
Dans sa profession de foi, le premier président du conseil du
Sénégal (chef du gouvernement) de 1958 à 1962, rappelait à qui voulait l’entendre que sa candidature n’était "pas celle d’un nostalgique du pouvoir".
"Le pouvoir n’a jamais exercé sur nous un attrait tyrannique", avait-il notamment écrit, ajoutant que sa décision de briguer la magistrature suprême était encore moins "une candidature de revanche’’ sur Senghor.
Mamadou Dia, rappelé à Dieu le 25 janvier 2009, estimait que "les faits ont hélas, pris leur revanche", en allusion à la crise politique de décembre 1962 ayant opposé lui et quatre ministres de son gouvernement, au président Léopold Sédar Senghor.
Mamadou Dia avait été accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat et avait été incarcéré de décembre 1962 en mars 1974, en isolement à Kédougou (sud-est).
Cette crise marquait la fin du régime parlementaire bicéphale, instauré depuis la création de la Fédération du Mali et le début d’un régime présidentiel dans lequel l’Union progressiste sénégalaise (UPS), le parti de Senghor, deviendra parti unique jusqu’en 1976.
"Notre candidature n’est pas une candidature de témoignage ou de justification. Témoignage ? Le peuple témoignera. Justification ? Nous n’avons pas à nous justifier : l’Histoire jugera. Que dis-je, l’Histoire a déjà jugé. Sur pièces. Ce sont 20 ans d’échec, un bilan de 20 ans de misère sociale", disait le président Dia du régime alors en place.
En lieu et place de ce socialisme à la Senghor, il promettait "un socialisme authentique, autogestionnaire où les populations auront leur mot à dire dans les politiques de développement, où l’ouvrier ne sera pas seulement une force de travail mais un actionnaire ayant son mot à dire", a souligné le secrétaire permanent du MSU, économiste à la retraite qui fut candidat en 1983 sur les listes du MSU dans le département d’Oussouye (sud du pays).
Selon Abdoul Malick Bâ, Mamadou Dia mettait déjà en garde en 1983 contre "les politiques néfastes du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et évoquait ses méfaits" sur l’école, la santé publique et l’économie locale.
"Il n’était pas contre les privatisations mais penser qu’on devait privatiser les entreprises au profit du privé national", a indiqué M. Ba, soulignant que le ’’Grand Maodo’’, s’il était "fondamentalement nationaliste", savait qu’"aucun pays ne pouvait vivre en vase clos".
Aussi sur le plan économique que social, "ses idées ont toujours droit de cité", estime le cadre permanent du MSU, rappelant que sur le plan éducatif et culturel, Mamadou Dia préconisait entre autres "l’institution des foyers-daraas, cellules de formation religieuse et islamique à niveaux et cycles multiples".
"Mamadou Dia n’a jamais caché son ancrage dans sa religion et disait que l’islam au Sénégal est un fait de société et non quelque chose d’importé", ajoute Abdoul Malick Ba.
"Cela a valu l’exclusion du MDP (Mouvement démocratique populaire) de l’Internationale ouvrière parce que Dia avait condamné la publication des Versets sataniques de l’auteur britannique d’origine indienne Salman Rushdie", a rappelé le dirigeant politique, selon qui son partenaire de la LCT (Ligue communiste des travailleurs) a quitté le mouvement politique par la même occasion.
Cela a donné lieu à la création du MSU en 1994 sur les cendres du MDP, a fait valoir Abdoul Malick Bâ, assurant que malgré tout, le ’’Grand Mawdo’’ a "toujours mis en avant le facteur unité’’ et professé cela entre 1999 et 2000, ce qui a, note-t-il, permis "le grand rassemblement" de la gauche derrière Me Abdoulaye Wade, à l’origine de la première alternance politique de 2000.
S’il reconnaît avoir des craintes pour la survie du MSU qui ne vit que sur l’aura de Mamadou Dia, Abdoul Malick Ba se dit fier de voir la pensée de Mamadou Dia survivre à travers certains leaders politiques comme l’ancien chef de l’Etat burkinabè Thomas Sankara.
"Roland Colin, son directeur de cabinet, disait avoir offert au président Sankara des réflexions de Dia sur les coopératives agricoles et les politiques publiques", a signalé M. Bâ.
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LA SAGA DU JEUNE COUPLE FONDATEUR DE "CAR RAPIDE PRESTIGE"
Cette semaine dans le Sen Talk show, Fatou Morgana fondatrice avec son époux de Car rapide Prestige", une entreprise spécialisée dans la livraison, raconte son parcours d'entrepreneur. Une histoire banale qui commence avec très peu de moyens
Cette semaine dans le Sen Talk show, Fatou Morgana fondatrice avec son époux de Car rapide Prestige", une entreprise spécialisée dans la livraison, raconte son parcours d'entrepreneur. Une histoire banale qui commence avec très peu de moyens et 3 employé mais qui aujourd'hui emploie une cinquantaine de personnes.
Voici leur histoire
"ON NE CRITIQUE LA JUSTICE QUE LORSQU'ELLE VISE DES CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE"
« Traque aux biens mal acquis », condamnations de Karim Wade et Khalifa Sall... Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice, revient sur les accusations portées en la matière contre le régime de Macky
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 19/02/2019
En sept ans, des instances de lutte contre la corruption ont été créées ou réactivées, et diverses procédures judiciaires ont été ouvertes. Mais selon l’opposition, toutes tendances confondues, Macky Sall aurait instrumentalisé la justice afin de museler ses principaux détracteurs.
Les condamnations de Karim Wade et Khalifa Sall, en particulier, tous deux empêchés de ce fait de concourir à la présidentielle, n’ont cessé d’alimenter les conjectures autour d’une justice aux ordres de l’exécutif. Le constitutionnaliste Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice depuis septembre 2017 après avoir été conseiller juridique à la présidence, revient pour Jeune Afrique sur les accusations portées en la matière contre le régime de Macky Sall, qui briguera sa réélection le 24 février.
Jeune Afrique : Nombre d’opposants ont été traduits en justice – et souvent incarcérés d’office – au cours du septennat, faisant naître des soupçons d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Que répondez-vous à ceux qui s’en émeuvent ?
Ismaïla Madior Fall : Au Sénégal, on ne critique la justice que lorsqu’elle vise des candidats à la présidentielle. Il n’y a pas eu beaucoup d’affaires concernant des opposants, mais c’est de celles-là qu’on parle le plus. Il y a malheureusement beaucoup de cas de détention abusive dans les prisons sénégalaises : certains détenus attendent parfois quatre ou cinq ans avant d’être jugés. Or personne ne parle d’eux.
Quant aux opposants arrêtés dans le cadre de manifestations interdites, il faut savoir qu’il y a des itinéraires définis par les autorités compétentes pour que la liberté de ceux qui défilent ne compromette pas celle des autres citoyens. S’ils ne les respectent pas, ils font face à la loi mais sont libérés le soir même.
La justice n’est donc pas focalisée sur l’opposition ?
Évidemment ! Des membres du parti au pouvoir ont aussi été condamnés, et d’autres épinglés par la Cour des comptes – ils remboursent aujourd’hui les sommes en cause. Personne ne parle d’eux car ils ne sont pas candidats à la présidentielle.
Qui sont-ils ?
Je ne révélerai pas leur nom, inutile de les vilipender.
Ne serait-il pas souhaitable, dans un souci de transparence, de rendre publics tous les rapports de l’Inspection générale d’État (IGE), qui ne le sont qu’à la discrétion du président, contrairement à ceux de la Cour des comptes ?
Tout dépend de la vocation de chaque organe. La Cour des comptes est une institution indépendante de l’exécutif et du Parlement, qui publie son travail sans demander l’avis du président. L’IGE, qui rend compte directement à la présidence, a pour mission de contrôler, monitorer, voire sanctionner, les ministres ou les fonctionnaires. C’est donc au chef de l’État de décider si ses rapports doivent être rendus publics ou non. Quand il les reçoit, il peut les transmettre à la justice si certains faits sont qualifiés de délits ou de crimes. Rien d’anormal à cela.
L’affaire Khalifa Sall a duré presque deux ans, les autorités judiciaires l’ont donc jugée dans un délai raisonnable. À chaque fois qu’il a été question d’un délibéré, les juges ont pris un mois, alors que dans certains dossiers ce délai n’excède pas une semaine, voire deux jours. Dire que le processus judiciaire aurait été volontairement accéléré ne tient pas la route.
D’ailleurs je ne comprends pas cette revendication de lenteur judiciaire. Dans un cas comme celui de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, une fois l’affaire instruite il vaut mieux la juger afin de ne pas prolonger l’incertitude. Cette polémique émane de la défense, dont la seule option était de jouer la montre car elle ne pouvait pas blanchir Khalifa Sall sur le fond. L’infraction était constatée, et les preuves accablantes. Le rapport de l’IGE avait déjà établi tous les éléments portant sur l’accusation d’escroquerie aux deniers publics. On était à la limite du flagrant délit, et l’affaire aurait pu se régler en six mois.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), qui a condamné Karim Wade, a été réactivée après être restée en sommeil pendant plus de trente ans. N’aurait-il pas fallu la réformer, en y intégrant par exemple la possibilité d’interjeter appel ?
Le président de la République est disposé à étudier des possibilités de réformes, notamment en ce qui concerne la CREI. Dans le cadre d’une réforme plus globale de la justice, un comité composé de magistrats, d’universitaires, de représentants de la société civile, d’huissiers ou de notaires a formulé des propositions, notamment sur cette possibilité de faire appel. Il appartient au chef de l’État d’en décider.
En tant que ministre de la Justice, y êtes-vous favorable ?
Je ne veux préjuger d’aucune décision, il nous appartient d’y réfléchir de manière inclusive.
Ce ne sont pas des désaveux. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a effectivement estimé que le droit de Karim Wade à un recours effectif n’avait pas été respecté. Mais au Sénégal, quand une juridiction est dénommée Cour, il n’y a pas d’appel mais seulement la possibilité d’un pourvoi en cassation. Notre droit est ainsi fait. Nous avons jusqu’en mai 2019 pour répondre aux Nations unies sur ce point, et nous le ferons.
Si la Cour de justice de la Cedeao avait considéré que Khalifa Sall devait être candidat, elle aurait ordonné les mesures provisoires suspensives que lui-même avaient invoquées, lorsqu’elle s’est prononcée en février. Elle n’est ni une cour d’appel ni une cour de cassation et ne peut invalider ou annuler les décisions rendues par la juridiction suprême au Sénégal qu’est le Conseil constitutionnel.
Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) est présidé par le président de la République. Une séparation plus claire du judiciaire et de l’exécutif n’est-elle pas souhaitable ?
C’est une présidence symbolique. En réalité, le chef de l’État n’a aucun pouvoir sur le CSM, mais il constitue un recours en cas de blocage. En Afrique, certains pays ont fait le choix d’exclure le président de la République de leur Conseil supérieur de la magistrature. Mais dans certains cas, le CSM ne s’est jamais réuni ; dans d’autres, les règlements de comptes ont mené au blocage de l’institution.
Sur notre continent, je ne connais pas de pays où l’autorégulation du Conseil supérieur de la magistrature fonctionne. Le pouvoir judiciaire est le garant des libertés et de l’État de droit. Mais qui est le garant du garant ? Eh bien, c’est le chef de l’État, qui rend lui-même des comptes au peuple sénégalais ! Pour faire plaisir à une part de la société civile qui souhaite le départ du président, devrait-on prendre le risque d’un gouvernement des juges ?
Partagez-vous le sentiment que le triple acquittement du CongolaisJean-Pierre Bemba et des Ivoiriens Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé est un fiasco pour la CPI ? Faut-il, selon vous, réformer cette juridiction très controversée en Afrique ?
J’ai un respect scrupuleux pour les décisions de la CPI, mais j’estime que le principe même des réformes doit être inhérent à toute institution. Il faut régulièrement se poser des questions sur la pertinence de son fonctionnement.
Je serais personnellement favorable à la création d’une juridiction similaire en Afrique pour juger les criminels aujourd’hui déférés devant la CPI mais dont les actes ont été commis sur le territoire africain. Cela mettrait fin aux critiques de ceux qui considèrent que la CPI rend une justice de Blancs contre les Noirs.
Nous disposons des ressources humaines, des instruments juridiques et de l’expérience pour le faire. Le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré, à Dakar, en est la preuve. Ce fut un bon procès, équitable et rapide, qui a abouti à la condamnation à perpétuité de Hissène Habré.
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LA JEUNESSE FACE À LA MONTÉE D'UN ISLAM PLUS RADICAL
Le pays est jusqu'à maintenant épargné par les attaques jihadistes qui frappent la région, mais certains phénomènes alertent sur la montée d'un islam plus radical
À quelques jours de l’élection présidentielle au Sénégal, voici le deuxième épisode de notre série de reportages tournés par nos correspondants, Sarah Sakho et William de Lesseux, pour mieux comprendre ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le pays est jusqu'à maintenant épargné par les attaques jihadistes qui frappent la région, mais certains phénomènes alertent sur la montée d'un islam plus radical.
Le Sénégal fait figure de bon élève dans la lutte contre le jihadisme. Le gouvernement a renforcé la sécurité depuis plusieurs années, avec succès. Mais pour certains, cette politique atteint ses limites. Le retentissant procès d'une trentaine de présumés terroristes en juillet dernier a montré que le pays n'était pas à l'abri de courants jihadistes, notamment parmi la jeunesse.
Un phénomène inquiète certains militants des droits de l'homme : le développement de comportements typiques d'un islam plus conservateur que celui pratiqué habituellement dans le pays.
Mais il n'existe pas de politique de prévention contre la radicalisation de la jeunesse. Selon un chercheur, l'islam confrérique, modéré, est aujourd'hui contesté par des courants inspirés du salafisme. Ce qui pose particulièrement problème dans l'enseignement privé en arabe.
Malgré tout, selon une étude de 2016, les jeunes Sénégalais restent méfiants face à l'extrémisme.
LE CNRA ENTERRE #SUNUDEBAT
« Le CNRA n’ayant accordé aucune autorisation dans le sens de l’organisation d’un débat, les chaînes de radio ou de télévision ne sont pas habilitées à diffuser une telle émission dans le cadre de la présente campagne électorale »
Le CNRA a tranché : #SunuDébat n'aura pas lieu. Lancée par des citoyens sénégalais sur les réseaux sociaux, cette initiative visait à rassembler les candidats à l'élection présidentielle à l'occasion d'un débat télévisé.
Le 12 février, quatre des cinq candidats avaient fait connaître leur accord de principe, même si le président sortant Macky Sall, lui, ne comptait pas se prêter à l’exercice. Hier, pourtant, le consensus semblait avoir du plomb dans l’aile.
« Malgré différentes annonces sur les réseaux sociaux des candidats concernant leur participation à ce débat qui se veut historique, la seule confirmation officielle que nous avons reçue est celle du candidat Ousmane Sonko », indiquaient les organisateurs.
Quant aux médias qui s’étaient portés volontaires (la chaîne 2STV, la radio E-Media et le site Seneweb), « ils ne peuvent s’engager formellement sans confirmations officielles des candidats », ajoutaient-ils.
Ce 19 février, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) est venu planter le dernier clou dans le cercueil de cette initiative citoyenne.
« Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel précise que l’organisation de débats radiodiffusés ou télédiffusés, pendant la campagne électorale, incombe au régulateur, à la condition que tous les candidats y participent ; un débat ne peut être organisé que sur décision du CNRA », écrit ainsi l’instance de régulation dans un communiqué.
« Le CNRA n’ayant accordé aucune autorisation dans le sens de l’organisation d’un débat, les chaînes de radio ou de télévision ne sont pas habilitées à diffuser une telle émission dans le cadre de la présente campagne électorale », poursuit le communiqué.
Sentant le vent tourner, le collectif citoyen Y en a marre organisera le 21 février, jour initialement retenu pour #SunuDébat, une rencontre entre chacun des quatre candidats d’opposition et des citoyens, à la maison de la culture Douta Seck, à Dakar. Mais ces derniers défileront successivement, sans se faire face.
DECES EN FRANCE DE L’ANCIEN FOOTBALLEUR KOR SARR
Le football sénégalais est en deuil avec le décès hier de Kor Sarr, ancien joueur des Niayes de Pikine (début des années 1990) et du SM Caen (France).
Selon la presse française, il est décédé d'une maladie foudroyante dans un hôpital parisien. Entre 2002 et 2005, Kor Sarr avait joué sous les couleurs caennaises (20 buts en 80 matchs). En 2004, il avait contribué à la montée dans l’élite, après ses passages à Beauvais et à Angoulême.
Après avoir stoppé sa carrière professionnelle en 2005 en raison de pépins physiques à répétition, il avait entamé une carrière d’entraineur. «Ces derniers mois, il espérait monter un projet de détection sur Paris et au Sénégal. Il avait envisagé une collaboration avec Laurent Glaize, l'ancien responsable du recrutement des jeunes au Stade Malherbe, avec lequel il était resté proche. La maladie a rattrapé ce super mec aux qualités humaines reconnues de tous », rapporte OuestFrance.
A noter que Kor Sanr a dirigé l’AS Pikine à deux reprises en tant qu’entraineur.
«J’ADORE ABDOULAYE WADE»
A en croire Madické NIANG, Abdoulaye WADE veut tourner la page de Macky Sall, «la page du déshonneur et de l’instrumentalisation de la justice».
Le président de la coalition « Madické 2019 » était de retour hier à St Louis. Devant une place de Faidherbe qui a refusé du monde, le natif de St Louis en 1953 est revenu sur les obstacles qui se sont dressés en travers de son chemin en direction de la présidentielle. «Le chemin a été jalonné d’obstacles et l’obstacle le plus malheureux c’est l’incompréhension qui a pu germer dans mes relations avec Abdoulaye Wade» confie-t-il.
Etreint par l’émotion, il lance : « J’adore Abdoulaye Wade ». Toutefois, il pense que son pays mérite qu’il mène ce combat . A l’en croire, son engagement, il le fait pour que le pays tourne la page de Macky Sall, «la page du déshonneur et de l’instrumentalisation de la justice».
L’ancien chef de la diplomatie a souligné devant sa famille , ses amis et les populations de Saint Louis qu’il veut redonner au Sénégal ses lettres de noblesse en matière de démocratie . «Il faut que le Sénégal soit celui qui était respecté et adulé pour sa démocratie, adulé par sa stabilité et sa justice, parce que le président Macky Sall a tout bafoué et il a fait reculer le Sénégal dans le concert des nations». C’est pour quoi, il s’engage à donner au Sénégal son lustre d’antan.
LA COUR D’APPEL LIBERE LE PROMOTEUR BABACAR FALL
Après plusieurs renvois, le dossier qui oppose Babacar Fall aux propriétaires des 253 maisons démolies à la Cité Gadaye a été vidé hier.
Le patron de la société Technologie 2000, Babacar Fall est libre depuis hier. Le juge a accédé à la levée du mandat d’arrêt, sollicité par les avocats de ce dernier. Le parquet général s’en est rapporté à la décision du juge
Condamné en première instance à deux ans de prison ferme et à payer quatre milliards FCFA en guise de dommages et intérêts, le directeur général de Technologie 2000 avait interjeté appel. Devant le prétoire, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Il a expliqué avoir acheté un terrain de 13 hectares, cédé par la famille Diop. Mieux, M.Fall affirme détenir un titre foncier, notifié. «Quelques temps après, des gens ont commencé à occuper mon terrain. J’avais porté plainte, mais en vain. J’avais adressé une cinquantaine de lettres, notamment à la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol(DSCOS)», a expliqué Babacar Fall.
A l’en croire, c’est la Dscos qui est à l’origine de la démolition des maisons. « La responsabilité incombe à cette dernière qui a encadré les 50 gendarmes pour démolir les maisons. Je n’ai fait que louer les engins pour la démolition, mais aussi payer 30 000 francs à chaque gendarme, pour la journée », détaille-t-il. Toutefois, le juge a précisé que la Dscos n’avait pas autorité à procéder à la démolition sans décision de justice. La partie civile a nié les affirmations de Babacar Fall.
De l’avis de Babacar Tine, représentant des victimes, le prévenu avait procédé à des manœuvres frauduleuses pour s’accaparer de 4,5 hectares. Il soutient que ces parcelles n’avaient rien à voir avec les 9 hectares, cédés par la famille Diop. Ousmane Thiam, une des victimes a produit une pré notation. Revenant sur les faits, ce dernier rappelle que les gendarmes se sont présentés sur le site le 18 décembre 2013, coïncidant avec la période du Magal de Touba. Ils avaient comme mission d’encadrer les opérations de destruction des maisons. Avocat de la partie civile, Me Moustapha Dieng a souligné la nécessité pour les victimes de retrouver leurs terrains.Il a par ailleurs demandé la confirmation de la peine infligée en première instance.
De même, Me Assane Dioma Ndiaye a sollicité que les délits de faux et d’escroquerie soient retenus. Pour sa part, le parquet général a indiqué qu’il n’y avait pas d’instruction dans cette affaire. «Il fallait prendre le temps nécessaire pour entendre chaque victime, car les histoires diffèrent. Le dossier n’est pas passé en instruction», se désole l’avocat général. Selon lui, le prévenu n’était pas sur les lieux, au moment de la destruction. Sur ce, le parquet général a demandé la requalification des faits du délit de destruction de biens appartenant à autrui, en complicité, avant de s’en rapporter à la décision du juge pour la peine. La défense quant à elle, a plaidé la relaxe pure et simple de son client. Pour Me Masokhna Kane, dans ce dossier, rien ne prouve l’imputabilité de son client. Il a demandé la levée du mandat d’arrêt. Un conseil suivi par le juge. Le délibéré est prévu le 11 mars prochain.
Les 253 victimes de Gadaye dénigrent la justice
Les victimes de Gadaye ne décolèrent pas. Ils ont fustigé hier la décision du juge qui a accordé la levée d’ordre du mandat d’arrêt du prévenu Babacar Fall. «Je n’ai pas les mots pour expliquer mon amertume. Mon cœur est meurtri», a déploré Babacar Tine, coordonnateur collectif. Il affirme que Babacar Fall a bel et bien détruit des biens appartenant à autrui. «Ce chef d’accusation qui lui a valu deux ans de prison et un mandat d’arrêt. Après 7 jours de détention, il est libéré. C’est injuste», fulmine-t-il. M. Tine estime que la justice n’a pas fait son travail. «Le 11 mars prochain, je viendrai au Tribunal avec 3 % de confiance», dit-il. Loin de baisser la garde, le collectif se dit plus que jamais déterminé à aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause. Les victimes appellent ainsi l’Etat du Sénégal à réparer les préjudices. Un autre exemple qui n’honore pas la justice dont l’image est fortement écornée.