LA COUR D’APPEL LIBERE LE PROMOTEUR BABACAR FALL
Après plusieurs renvois, le dossier qui oppose Babacar Fall aux propriétaires des 253 maisons démolies à la Cité Gadaye a été vidé hier.

Le patron de la société Technologie 2000, Babacar Fall est libre depuis hier. Le juge a accédé à la levée du mandat d’arrêt, sollicité par les avocats de ce dernier. Le parquet général s’en est rapporté à la décision du juge
Condamné en première instance à deux ans de prison ferme et à payer quatre milliards FCFA en guise de dommages et intérêts, le directeur général de Technologie 2000 avait interjeté appel. Devant le prétoire, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Il a expliqué avoir acheté un terrain de 13 hectares, cédé par la famille Diop. Mieux, M.Fall affirme détenir un titre foncier, notifié. «Quelques temps après, des gens ont commencé à occuper mon terrain. J’avais porté plainte, mais en vain. J’avais adressé une cinquantaine de lettres, notamment à la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol(DSCOS)», a expliqué Babacar Fall.
A l’en croire, c’est la Dscos qui est à l’origine de la démolition des maisons. « La responsabilité incombe à cette dernière qui a encadré les 50 gendarmes pour démolir les maisons. Je n’ai fait que louer les engins pour la démolition, mais aussi payer 30 000 francs à chaque gendarme, pour la journée », détaille-t-il. Toutefois, le juge a précisé que la Dscos n’avait pas autorité à procéder à la démolition sans décision de justice. La partie civile a nié les affirmations de Babacar Fall.
De l’avis de Babacar Tine, représentant des victimes, le prévenu avait procédé à des manœuvres frauduleuses pour s’accaparer de 4,5 hectares. Il soutient que ces parcelles n’avaient rien à voir avec les 9 hectares, cédés par la famille Diop. Ousmane Thiam, une des victimes a produit une pré notation. Revenant sur les faits, ce dernier rappelle que les gendarmes se sont présentés sur le site le 18 décembre 2013, coïncidant avec la période du Magal de Touba. Ils avaient comme mission d’encadrer les opérations de destruction des maisons. Avocat de la partie civile, Me Moustapha Dieng a souligné la nécessité pour les victimes de retrouver leurs terrains.Il a par ailleurs demandé la confirmation de la peine infligée en première instance.
De même, Me Assane Dioma Ndiaye a sollicité que les délits de faux et d’escroquerie soient retenus. Pour sa part, le parquet général a indiqué qu’il n’y avait pas d’instruction dans cette affaire. «Il fallait prendre le temps nécessaire pour entendre chaque victime, car les histoires diffèrent. Le dossier n’est pas passé en instruction», se désole l’avocat général. Selon lui, le prévenu n’était pas sur les lieux, au moment de la destruction. Sur ce, le parquet général a demandé la requalification des faits du délit de destruction de biens appartenant à autrui, en complicité, avant de s’en rapporter à la décision du juge pour la peine. La défense quant à elle, a plaidé la relaxe pure et simple de son client. Pour Me Masokhna Kane, dans ce dossier, rien ne prouve l’imputabilité de son client. Il a demandé la levée du mandat d’arrêt. Un conseil suivi par le juge. Le délibéré est prévu le 11 mars prochain.
Les 253 victimes de Gadaye dénigrent la justice
Les victimes de Gadaye ne décolèrent pas. Ils ont fustigé hier la décision du juge qui a accordé la levée d’ordre du mandat d’arrêt du prévenu Babacar Fall. «Je n’ai pas les mots pour expliquer mon amertume. Mon cœur est meurtri», a déploré Babacar Tine, coordonnateur collectif. Il affirme que Babacar Fall a bel et bien détruit des biens appartenant à autrui. «Ce chef d’accusation qui lui a valu deux ans de prison et un mandat d’arrêt. Après 7 jours de détention, il est libéré. C’est injuste», fulmine-t-il. M. Tine estime que la justice n’a pas fait son travail. «Le 11 mars prochain, je viendrai au Tribunal avec 3 % de confiance», dit-il. Loin de baisser la garde, le collectif se dit plus que jamais déterminé à aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause. Les victimes appellent ainsi l’Etat du Sénégal à réparer les préjudices. Un autre exemple qui n’honore pas la justice dont l’image est fortement écornée.