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9 septembre 2025
LA GRANDE ÉMISSION RADIO "CONFLUENCES"
AUDIO
IDY, LA DERNIÈRE CHANCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le style Idrissa Seck, son programme, ses fortunes et infortunes diverses dans la vie politique, sont passés en revue par l'équipe d'Elgas depuis Paris, en compagnie du porte-parole du candidat Abdourahmane Diouf
#Enjeux2019 – "Il y a une forte probabilité qu'Idrissa Seck soit au second tour". Abdourahmane Diouf est formel : le porte-étendard de la coalition Idy2019 a appris de ses erreurs de 2012 et cela transparait dans son programme pour cette présidentielle. Des propositions jugées assez vagues par endroits par les chroniqueurs de Confluences, excepté le cadre économique. "C'est un programme avec le plus d'engagements possibles. Pour chaque thématique, nos experts dispose d'un cadrage financier précis", a objecté Abdourahmane Diouf, mettant en avant une vision d'emploi global centrée sur l’entrepreneuriat et le secteur privé.
Selon son porte-parole, Idrissa Seck propose notamment de professionnaliser graduellement le secteur informel avec une défiscalisation, de façon à encourager les PME. "Les idées de l'actuel régime sont généreuses en matière sociale, mais elles ne sont pas opérationnelles", fait-il savoir.
Comment détacher le nouveau Idy de l'ancien ?, s'est demandée la chroniqueuse Fatimata Wagne-Sagna qui relève quelques flottements dans la vision diplomatique du candidat. "Je suis surpris que la création d’une commission nationale sur la politique étrangère, qui constitue notre proposition phare n'ait pas retenu votre attention", a rétorqué Abdourahmane Diouf. Selon ce dernier, Idrissa Seck prône pour le Sénégal une diplomatie d'influence centrée entre autres sur des niches comme la religion, où le pays dispose de grandes figures de proue. Le conflit israélo-palestinien est-il toujours une querelle de demi-frère, comme l'avait laissé entendre le patron de Rewmi, il y a quelques mois ? "Nous avons dépassé cette déclaration. Idy aspire à diriger le Sénégal, jugeons-le sur son programme et non sur ses connaissances religieuses", déclare l'invité de Confluences.
Issa Sall, l'autre phénomène de la présidentielle
Issa Sall vu d'abord comme un faiseur de l'ombre par Aminata Thior, pourrait être la suprise de cette élection. "C'est typiquement le genre de personne à qui l'on a envie de tendre le micro et lui dire : racontez-moi tout ! dites-nous des choses pour la future génération", a-t-elle déclaré. Fatimata Wagne-Sagna reste néanmoins peu convaincue par le candiat du PUR, malgré ses atouts non négligeables.
Madické Niang, tantôt vu comme un candidat dont on ne craindrait rien, tantôt comme quelqu'un dont on ne sait pas grand-chose en dehors du compagnonnage avec Abdoulaye Wade, est passé à la guillotine de l'émission.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE
MACKY, TOI AUSSI...
EXCLUSIF SENEPLUS - Le candidat de BBY est comme un avatar caricatural du génial Wade, au firmament de sa lutte (et non celui qui appelle à tout brûler) - Macky devrait se rappeler que certaines moqueries peuvent être des prémonitions dramatiques
À force de s’entendre dire qu’on est « taciturne », peu avenant, même incolore et inodore, on finit par se rebiffer, après moult dénégations. On s’essaie à l’humour ; quitte à manquer d’épaisseur, donc de piquant.
Le candidat Macky s’essaie donc à l’humour dans la ville religieuse, Tivaouane, pas franchement le lieu pour jouer une pièce qu’on peut classer dans la catégorie vaudeville. « Je voudrais savoir s’il y a un seul candidat ou pas »?, lance-t-il dans un sourire qui ne dépasse pas les lèvres. Parce qu’il n’est pas habitué à sourire, ni à l’exercice comique. Outre que la question est mal posée, le chef de file de BBY sait bien qu’ils sont cinq, grâce à son filtre du parrainage.
Il sait bien qu’il y a d’autres candidats que lui, parce que, s’il vit dans la même planète électorale que le commun des sénégalais, il a vu ses hommes saccager des directoires de campagne ; ses « marrons du feu », délinquants de haut vol, ont violenté à Saint-Louis, Tamba, des militants des autres partis. Il a vu des cortèges arrêtés de force, pendant plusieurs minutes pour que le sien puisse passer.
Mais bien sûr, ce n’est pas de ça qu’il parle. Ce qu’il veut, c’est « qu’ils (ses adversaires) envahissent les stades eux aussi », alors « on saura qui est qui ». Depuis quand remplir un stade est un signe distinctif d’une bonne campagne ? Surtout des stades remplis avec des dizaines, voire des centaines de « Ndiaga Sylla Ndiaye » et autres bus affrétés à coups de centaines de milliers de billets roses, avec l’argent du contribuable. Des cortèges « funéraires » composés de 4X4 de DG et autres Directeurs usurpateurs. Leurs moyens électoraux à plus de 60%, proviennent de biens publiques. Il n’y a pas plus inégal que ce combat électoral : un candidat dispose de TOUT pour mener sa campagne, au vu et au su de toutes les institutions de la République qui ferment honteusement les yeux sur cette injustice flagrante.
Ce qui le fait s’essayer à cet humour plus morgue qu’hilarant, le souvenir de sa campagne de 2012. « Mais ils n’organisent que des caravanes qui n’ont ni tête ni queue, disant que le gars (LUI) n’a rien fait ». En fait, outre le doute sur son bilan qu’il veut vendre contre vents et marées, ce qui le chagrine, c’est que les « gars » disent dans leurs caravanes qui n’ont « ni tête ni queue », « que je m’en aille ». La phrase qu’il ne souffre d’entendre depuis deux semaines maintenant, c’est le tir groupé de ses quatre adversaires qui n’ont que cette saleté de phrase à la bouche : « que je m’en aille » ! Mais il résistera contre ce quarté haineux dont l’un lui demande de « commencer à préparer ses valises ». Mais il a décidé de s’incruster pour cinq autres années...
En historien révisionniste de l’histoire électorale, il affirme sans sourciller que « na dem », qu’il s’en aille « est un slogan périmé », qu’il « était valable avant 2000 » ( contre les socialistes qui constituent aujourd’hui sa garde rapprochée de presque centenaires. Comme si on ne le savait pas, il tient à nous rappeler qu’"actuellement, nous sommes en 2019 ». Et alors ? En 2019, on ne vire pas un président au bilan dont lui et ses affidés (comparés au reste des sénégalais) sont les seuls à peindre comme un paradis, que seuls les nihilistes et autres aveugles ne veulent pas voir.
Le candidat de BBY est comme un avatar caricatural du génial Wade, au firmament de sa lutte (et non celui qui appelle à tout brûler). L’humour caustique du « vieux » ne peut être imité, copié par qui veut. Surtout, Macky devrait se rappeler que certaines moqueries peuvent être des prémonitions dramatiques.
Il doit sans doute se souvenir sa rencontre en 2012 lors de la campagne électorale avec le cortège gigantesque de Me Wade sur l’avenue Bourguiba, angle grand Dakar. Ce dernier l’avait chahuté (de mémoire) : « mais son cortège est minuscule ; ndeysane, il n’a pas d’argent ». Il ironisait sur les quelques véhicules du cortège du candidat Macky Sall de l’époque, comparé à l’interminable procession de dizaines de 4X4 et autres véhicules de la République détournés de leur usage. Comme aujourd’hui avec le candidat qui « remplit les stades ». Je ne me rappelle plus la réponse du candidat Macky à cette sortie indécente du « Pape du Sopi» (voulez-vous nous le rappeler président-candidat, lors de votre meeting de clôture au stade Léopold Sédar Senghor ?), mais ça ressemblait fort à la fameuse phrase « qui vivra verra ». Pour rester dans les prédictions à mille francs CFA j’ajoute : « rira bien qui rira le dernier ». Il reste si peu de temps pour qu’il fasse jour...
LES INTERNAUTES SONT EN TRAIN DE DEVENIR DES SENTINELLES DE LEUR DÉMOCRATIE
Près des deux tiers des Sénégalais sont connectés. Sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent plus à interpeller les candidats à la présidentielle, analyse Demba Gueye.
Le Monde Afrique |
Yassin Ciyow |
Publication 19/02/2019
A six jours du premier tour de la présidentielle du 24 février, la campagne électorale bat son plein au Sénégal. Grands meetings, concerts, pancartes géantes à l’effigie des candidats donnent le ton. Mais la campagne se joue aussi, et surtout sur les réseaux sociaux.
Dans un pays où près de 10 millions d’habitants – sur une population estimée à 16 millions – utilisent Internet, selon l’Agence de régulation des télécommunications et des postes du Sénégal, les cinq candidats ont massivement investi le champ numérique. Sur ce terrain, leurs militants s’affrontent à coups d’images, de son et de courts textes, tandis que les citoyens non affiliés à des partis politiques y débattent et interpellent les candidats sur leur programme.
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Demba Gueye, consultant en communication digitale et instigateur du mot-dièse #Kebetu (« gazouilli » en wolof), véritable cri de ralliement de la Twittosphère sénégalaise, analyse la bataille que se livrent les candidats sur le Web et l’apport des internautes à cette campagne électorale.
Quel regard portez-vous sur l’usage des réseaux sociaux par les différents candidats ?
Demba Gueye La bataille électorale de 2019 sur les réseaux sociaux n’a rien à voir avec celle de 2012, où Macky Sall avait une longueur numérique d’avance. Il était présent partout, de Facebook à Twitter, en passant par YouTube et Instagram. Il était perçu comme avant-gardiste.
Sept ans plus tard, il n’est plus seul. Les cinq candidats sont présents et actifs sur les réseaux. Tous sont conscients que ces plateformes sont très utilisées par la jeunesse sénégalaise. Ils ont donc constitué des équipes, connectées et dynamiques, pour mener une campagne numérique.
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Grâce à sa fonction, Macky Sall a néanmoins su y consolider sa présence, ce qui lui a permis de conserver son avance. Il s’est d’ailleurs entouré de jeunes militants qui nourrissent les réseaux d’un contenu en sa faveur.
A côté, il y a le candidat Ousmane Sonko, qui détonne depuis quelque temps. En s’appuyant sur la base solide de militants qu’il a progressivement construite ces dernières années, et qui a crû en 2018 à une vitesse phénoménale, il a gagné un nombre très important de gens qui le suivent sur les réseaux. Il sait leur parler et faire vivre ses comptes. Ses rencontres et ses déplacements y sont systématiquement retransmis en direct.
Comment utilise-t-il cette base importante pour battre campagne ?
Ousmane Sonko a lancé un financement participatif en ligne intitulé « Don de soi pour la patrie » pour payer sa campagne. C’est inédit au Sénégal. Lancée il y a plus de deux ans, l’opération a mobilisé toutes les plateformes de collecte de fonds, y compris celles des banques en ligne existant au Sénégal. Par cette initiative, il s’est vraiment distingué des autres candidats, comme de la campagne de 2012.
Est-ce que des personnalités des réseaux sociaux ont accepté de rallier certains candidats ?
Oui, Macky Sall, par exemple, a mis les moyens pour s’attacher les services du très atypique et très drôle Niang Kharagne Lo. C’est la personne la plus suivie sur Snapchat au Sénégal. Ce « snapchateur » a gagné sa notoriété en faisant des snaps avec le célèbre lutteur Modou Lo, avec la star montante Wally B. Seck et même avec Pape Diouf. C’est un personnage que les mondains s’arrachent lorsqu’ils organisent des événements. La cellule de communication du président a fait en sorte qu’il en soit le « snapchateur » attitré. C’est très malin, car la cellule utilise ensuite ses vidéos pour faire remonter le hashtag #Macky2019 dans les sujets les plus discutés sur Twitter.
Quel est le poids des réseaux dans cette campagne ?
Je veux donner une statistique en préambule. Au Sénégal, en moyenne, 68 % des utilisateurs des réseaux sociaux sont des hommes et 32 %, des femmes.
Concernant le poids des réseaux, WhatsApp est, selon ma perception des usages, la plateforme la plus utilisée. Cela s’explique par la vitesse de diffusion et la facilité à créer des groupes que permet ce réseau. Sa « viralité » hors normes est due au fait que toutes les couches de la population peuvent l’utiliser, y compris celles qui ne savent pas écrire, grâce notamment à l’utilisation des messages vocaux.
Facebook, Instagram et Snapchat suivent. Si Twitter ferme la marche, ce réseau a quand même une particularité importante : il n’est pas le plus utilisé des Sénégalais, mais s’impose pour la deuxième fois [après la campagne de 2012] comme la plateforme d’influence de référence.
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Prenons un cas concret. Le 8 janvier, Awa Mbengue, une jeune Sénégalaise de 20 ans de la diaspora propose qu’un débat ait lieu entre les cinq candidats pour discuter des programmes. Elle utilise le hashtag #sunudébat [« notre débat » en wolof] pour les interpeller. Résultat des courses : un débat pourrait avoir lieu le 21 février, soit trois jours avant le premier tour, entre quatre des cinq candidats, le président Macky Sall ayant refusé d’y participer. Les autres candidats, favorables au débat, conditionnent encore leur participation à celle du président sortant. Ce cas démontre deux choses. Dabord, c’est un moyen pour l’électeur d’être partie prenante de la campagne et cela a suscité un engagement fort des citoyens : les réseaux sociaux sénégalais regorgent de montages, de photos de profil avec des autocollants #sunu2019. Ensuite, si ce débat demandé devait avoir lieu sur l’une des chaînes les plus regardées du Sénégal, cela prouverait que la vie des réseaux sociaux peut influer concrètement sur le déroulement de la campagne.
Avez-vous d’autres exemples ?
Oui. Des questions environnementales, d’agro-alimentaire, d’éducation, de santé publique et d’infrastructures ont été mises en avant par les internautes.
En période électorale, le citoyen connecté a l’opportunité de proposer un hashtag et de dire : « Ecoutez, c’est cette question qui m’intéresse et j’ai envie que vous, candidats, en parliez. » D’ailleurs, la question des investissements structurels revient souvent, car le président en a fait son outil principal de campagne avec des affiches qui mettent en avant ses réalisations. Des internautes en contestent certaines, notamment celles qui vantent le TER mis en place alors même que, en 2019, dans plusieurs contrées du pays, des femmes accouchent encore sur des charrettes. Des citoyens ont eu envie de le dire, et, grâce aux réseaux sociaux, ils ont pu interpeller le président-candidat sur ce sujet.
Les internautes ont donc réussi à s’imposer ?
Oui. Ma génération avait lancé ce mouvement en 2012. Je suis si heureux de voir que la génération suivante est tout aussi intéressée par la chose politique que nous l’étions. On le voit avec des jeunes comme Awa Mbengue qui a su créer une émulation autour d’un débat entre les candidats. Pour moi, un influenceur n’est pas quelqu’un avec un nombre important de gens qui le suivent, mais plutôt quelqu’un qui, par la pertinence de ses questions et ses prises de position, parvient à avoir un engagement fort. Ma génération, suivie par une plus large communauté, se charge ensuite de relayer au maximum les prises de parole pertinentes afin d’impulser des mouvements de masse.
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La campagne a été émaillée de fausses infos. Comment faire pour les contrer ?
J’ai récemment eu la malchance de me retrouver au cœur d’une manipulation, qui continue d’ailleurs de circuler sur les réseaux sociaux. L’organisation ONU Femmes m’a sollicité avec d’autres pour un clip vidéo réalisé par So’Fatoo afin de lutter contre les violences faites aux Sénégalaises. Cette campagne s’appelle Doyna, ce qui signifie « ça suffit » en wolof. Des internautes ont repris la vidéo pour en faire un clip anti-Macky Sall. C’est un gros détournement d’objectif. Les gens qui ont vu cette vidéo tronquée pensent qu’on est tous des opposants au président sortant !
Une campagne électorale, c’est un peu une course au sensationnel, qui ne permet pas toujours de bien vérifier les informations.
Comment avez-vous réagi pour contrer cette manipulation ?
J’ai choisi de ne pas faire de démenti, car je connais l’effet « Barbra Streisand » sur Internet : c’est comme essayer de freiner la mer avec ses bras et le message tronqué revient avec encore plus de force.
La seule bonne nouvelle, c’est que la vidéo a beaucoup tourné et le message contre la violence faite aux femmes a malgré tout bénéficié d’une large diffusion.
Est-ce que les médias sénégalais font un travail rigoureux de vérification de l’information ?
Pas toujours. Ils savent qu’il y a un grand risque, mais la logique commerciale veut qu’on republie une information même si elle ne tient pas debout. C’est précisément le mal qui gangrène la presse sénégalaise. Les médias internationaux ne sont pas non plus épargnés.
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Quel va être le rôle des réseaux sociaux le jour de l’élection ?
Des gens travaillent sur cette question en ce moment même. En 2012 déjà, il y avait eu un reporting en temps réel de tous les résultats bureau par bureau. Les équipes étaient notamment coordonnées par Cheikh Fall, membre de la plateforme Africtivistes, qui lutte pour la démocratie sur le continent. Récemment, j’ai aussi vu sur les réseaux sociaux la Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (POSE), lancée par l’opposition et des personnes de la société civile. Celle-ci a pour objectif de recenser les problèmes électoraux comme par exemple la remise des cartes d’électeur, la présence sur le fichier électoral le jour J, et de contribuer à assurer la transparence du processus électoral. Les internautes sénégalais sont en train de devenir des sentinelles de leur démocratie.
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L’USAGE MULTIFORME DANS LA DIFFUSION DE L’INFORMATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Le discrédit jeté sur le journaliste arrange les détenteurs d'un pouvoir politique, économique ou religieux et soucieux de demeurer dans leurs magouilles et complots - Pape Samba Kane alerte sur la mort programmée de la presse
Oumar Niane et Lamarana Diallo |
Publication 19/02/2019
La liberté d’expression n’appartient pas aux journalistes. Elle est l’apanage des citoyens qui aujourd’hui, veulent s’exprimer par tous les moyens, selon Pape Samba Kane, journaliste chroniqueur. Il s’érige contre ceux qui, confondent ce besoin de s’exprimer avec la pratique du métier de journaliste. ‘’ On ne peut pas laisser n’importe qui faire le commentaire et le traitement de l’information publique en concurrence avec les professionnels’’, fait-il savoir. Il déplore l’absence de lois pour dissuader ces derniers. ‘’ C’est une question qu’il faudra aborder, à moins d’accepter la déliquescence et la prochaine mort définitive du journaliste. Parce que si tout le monde devient journaliste, il n'y aura plus besoin d'avoir des professionnels’’, avertit-il.
Sur la question de la crédibilité, Pape Samba Kane est nostalgique des temps où l’information donnée avait un pouvoir, parce que dite ou écrite par un journaliste. ‘’ Aujourd’hui, puisqu’on fait du n’importe quoi et que le journaliste est de plus en plus décrédibilisé, nous créons une situation qui arrange les gens détenteurs du pouvoir politique, économique ou religieux. Ceux sont ces gens-là qui ont intérêt à ce qu’on les laisse tranquille. Et ils vont donc continuer à faire leurs combines, leurs magouilles et conserver leurs privilèges. Ils ne feront donc rien pour régler ce problème qui de n’importe qui un journaliste, parce que disposant d'un téléphone portable’’.
PAR AMADOU MKHTAR KANTÉ
PAIX SUR VOUS !
Tout ce que nous faisons comme remarque voire critique se veut constructif comme nous y invite le hadith authentique : « La religion, c’est le bon conseil… »
Retour sur l’anarchie dans les mosquées à travers le cas des appels à la prière (nodd)
Tout ce que nous faisons comme remarque voire critique se veut constructif comme nous y invite le hadith authentique : « La religion, c’est le bon conseil… »
Ce hadith indique bien qu’il existe en islam des possibilités de discussion sur tout ce qui concerne la vie de la communauté à travers la notion coranique de « Choura » (concertation) et dans ce cadre, le verset dit : « Et ils discutent de leurs affaires »
Avant de revenir sur le fond relativement aux pratiques dominantes en matière d’appel dans les mosquées du Sénégal, il est important de rappeler que dans le culte musulman, la connaissance précède l’intention qui se traduit après par l’action prescrite. Pour dire qu’il n’est pas question de justifier le désordre par la bonne intention supposée « ils veulent bien faire » ni par la fameuse expression « c’est ce qu’on a trouvé ici ».
En d’autres termes, il s’agit, comme le dit le traité de Fiqh relatif aux règles des pratiques cultuelles très connu au Sénégal « Lakhdari », de savoir qu’il est obligatoire pour le majeur (moukallaf), de connaitre le jugement de la Loi de Dieu avant d’initier une quelconque action cultuelle.
Cela étant dit, voilà les constats clés sur cette question :
Si on prend le cas de l’heure de prière du fajar (matin), elle se fait actuellement vers 06h30. A noter que pour des mosquées éloignées de quelques dizaines de mètres, ce ne sont pas les mêmes heures !!!
Il se trouve qu’on entend des appels pour certaines mosquées dès 04h 30 min voir 04h du matin. Puis, c’est une succession d’appels selon une fréquence dont bien malin qui pourra comprendre la justification, jusqu’au « salatou » (appel qui annonce la prière de deux rakkas de fajr).
Question : sur quoi se base le muezzin qui fait l’appel à 04h 30min, c’est-à-dire, 02h 30 min avant le « salatou » ? Et la question corollaire est : « sur quoi se base les muezzins des autres mosquées qui font l’appel plus tard ? »
Pour certaines mosquées, on entend des appels presque toutes les 15 minutes, sur quelle base ?
Aussi, vu que pour des mosquées situées à des dizaines de mètres de distance des fois, les horaires de prières sont différents, le résultat est qu’on se retrouve avec des appels qui se succèdent et interfèrent dans un vacarme assourdissant. Tout cela sur quelle base, quels sont les versets, les hadiths, les avis de l’école malékite qui autorisent ce qui est bel et bien de l’anarchie.
De plus, la sonorisation mal maitrisée fait que pour certaines maisons où sont dirigés des haut-parleurs, on sursaute à la résonnance de l’appel mal fait avec un micro qui grince.
Puis, dans la plus part des mosquées, la prière est suivie d’une pratique qui « oblige » à éteindre les lampes et à utiliser le micro pour au moins 45 min !!!
Voilà quelques facettes de l’anarchie dont j’ai parlé dans mon post d’il y a quelques jours.
Aucune base sérieuse à ces appels désordonnés, aucun respect au droit au repos et au sommeil qu’on soit musulman ou non.
Il est clair que tout musulman instruit et tout esprit raisonnable sera d’accord pour dire qu’il urge pour l’image de l’islam et la quiétude dans nos quartiers, de remédier à cette anarchie.
Etant entendu que les « chants religieux » sont concernés par cette nécessaire réglementation.
J’invite à cette fin, les musulmans de quelque sensibilité qu’ils soient à se saisir de cette question pour engager des discussions de fond aux fins de lui trouver des solutions idoines. Ces discussions devraient commencer au sein des mosquées dans nos quartiers : il faut interpeller avec toute la courtoisie qu’il faut (yar ak teeguin) les imams, les muezzins et autres notables afin de susciter ces discussions. Si la communauté ne parvient pas à le faire pour je ne sais quelles (dé) raisons, il revient à l’autorité publique de pendre ses responsabilités.
Vous pourrez retrouver ce texte sur mon Portail : www.tibiane.com
Bien à vous
LA RIPOSTE MUSCLÉE DE LA SÉCURITÉ A FAILLI VIRÉ AU DRAME
La caravane de la coalition Sonko président a été attaquée hier à hauteur de Aéré Lao (département de Podor)
La caravane de la coalition Sonko président a été attaquée hier à hauteur de Aéré Lao (département de Podor). En effet, des militants de la coalition Benno Bokk Yakaar(Bby) ont infiltré la foule pour proférer des injures au leader du Pastef avant de blesser un des agents préposés à la sécurité. Les assaillants ont été traqués et sévèrement tabassés.
Dans cette violence aveugle, le drame a été évité de justesse. La violence qui a occasionné deux morts, plusieurs blessés ainsi que d’importants dégâts matériels n’a pas servi de leçon aux militants des différents candidats à la présidentielle. Hier encore, les démons de la violence se sont invités dans la campagne électorale. En effet sur le chemin de Podor, en provenance de Ourossogui, le cortège de la coalition Sonko Président a été attaqué à hauteur de Aéré Lao par les militants de Bby qui seraient des partisans du directeur de l’ Apix Mountaga Sy.
Mais, la riposte des agents de sécurité de la caravane de Ousmane Sonko a failli virer au drame. La caravane de l’ex-inspecteur des Impôts et Domaines est arrivée dans cette localité dans un climat de tension entre les militants de Pastef et ceux de la coalition présidentielle. A l’arrivée de Ousmane Sonko, le calme ambiant noté sur les lieux a mis le feu aux poudres.
En effet, les partisans du DG de l’Apix ont infiltré la foule massée autour de Ousmane Sonko pour saboter son discours. Ces perturbateurs ont été rapidement identifiés et repoussés par les préposés à la sécurité. Dans la mêlée, un homme muni d’une arme blanche et qui faisaient partie des assaillants a grièvement entaillé la main d’un préposé à la sécurité en l’occurrence Petit.
Un acte barbare suivi par des jets de pierres qui a déclenché le début des hostilités entre la sécurité et les militants de la mouvance présidentielle. Il s’est en ensuivi une course poursuite pour traquer les assaillants. A cette épreuve, les agents et gros bras qui composent l’avant garde du candidat Ousmane Sonko n’ont pas lésiné sur l’arsenal d’armes blanches composé entre autres de machettes pour dissuader leurs antagonistes.
L’addition a été salée pour les militants de la coalition présidentielle. Au moins, trois d’entre eux ont été appréhendés et ont passé un sale quart d’heure entre les mains des préposés à la sécurité. Les scènes de bastonnades ont fait froid dans le dos. Et les rares pandores qui ont accompagné le cortège depuis Ourossogui n’avaient que leurs sifflets pour tenter d’apaiser les esprits dégâts.
Dans cette violence aveugle, un jeune homme, auteur de jets de pierres, a été pourchassé et tiré de «force» des griffes des gendarmes alors qu’il cherchait désespérément refuge. Il a été tabassé avant d’être livré encore aux hommes en bleu. Devant la supériorité numérique des membres de la sécurité du leader de Pastef, les assaillants ont détalé comme des lapins. Revenant sur ces affrontements, Yoro Sangote accuse les responsable du parti présidentiel d’avoir laissé faire leurs militants. «Mais l’intimidation ne passera, en dépit des menaces et autres tentatives d’achat de conscience».
Auparavant, le convoi de Sonko Président a essuyé des jets de pierres à hauteur de Bokidiawé. Une agression dont les auteurs ont été vite chassés par les préposés a la sécurité. La veille, le patron de Pastef a été accueilli à Ourossogui à une heure du matin par une foule essentiellement composée de jeunes. Dans cette localité Ousmane Sonko a égrené un chapelet de doléances qui minent cette partie du Fouta.
Il soutient que la région de Matam a été «abandonnée» par les pouvoirs publics. «La région de Matam est parmi les régions les plus pauvres du Sénégal. Matam est à 45% de taux de pauvreté, Matam est à 35% de taux de sécurité alimentaire, ce qui veut dire qu’au-delà du mois de novembre, plus de 35% de la population sont confrontés à assurer les trois repas correctement. S’y ajoute 19% de taux de malnutrition dans la région de Matam l’un des taux les plus élevés du Sénégal. Matam a le taux de scolarisation le plus faible 15% au secondaire», liste le candidat Ousmane Sonko.
Toutes choses qui lui font dire que la région de Matam est loin d’être une priorité du Président sortant. Pire, dit-il, les réalisations notées dans le Fouta sont l’œuvre de l’ancien Président Wade. Pour rectifier le tir, Ousmane Sonko compte ressusciter la révolution torodo théorisée par Thierno Sileymane Baal, il y a 242 ans. «Les enjeux de 2019, c’est reprendre notre souveraineté nationale.
Nos leaders ont trahi la mission de Thierno Sileymane Baal. C’est à nous de reprendre le flambeau là où il l’a laissé et le parachevait. Pour réussir cette mission, il faut
aller voter. Il faut que les jeunes aillent voter», souligne le leader de Pastef.
LA CSS DE NOUVEAU DANS LE CYCLONE DE LA MÉVENTE DE SON SUCRE
Commerce : 35.000 à 40.000 tonnes de sucre invendues sur une production de 50.000 tonnes
Les syndicalistes lancent un appel à Macky Sall et envisagent une opération ville morte à Dakar.
La Compagnie sucrière sénégalaise (Css) est de nouveau plongée dans le gouffre des stocks invendus. En effet, elle enregistre une mévente estimée entre 35.000 à 40.000 tonnes entre le début de la campagne en novembre jusqu’à ces jours-ci. Ce sur une production de 50.000 tonnes. On comprend donc que la Css n’a presque rien vendu depuis novembre. Cette production déborde le magasin de stockage, elle est délaissée aux portes de l’usine sous la menace des intempéries. D’ailleurs, près de 500 saisonniers sont d’ores et déjà au chômage. Les négociations entre l’intersyndicale des travailleurs et la direction générale et devant porter sur une plateforme revendicative de 25 points, ces négociations dont l’ouverture est prévue ce 21 février, sont menacées. Les syndicalistes lancent un appel au président de la République et envisagent une ville morte et une marche à Dakar avec toutes les centrales syndicales du pays si la situation n’est pas réglée au plus vite.
D’habitude, syndicalistes et patronat ne font jamais chorus. Mais à la CSS, cette situation inédite est en train de se produire. Pour cause, le combat de la survie fédère des entités que rien ne pouvait réunir en temps normal. C’est ainsi que ce samedi, l’intersyndicale composée de Makhary Samb Poker de la CNTS, de Moussa Ba de la CSA et Aliou Ba de l’Unsas est montée au créneau. Il y a urgence critique à Richard-Toll où la CSS, le géant industriel local, est de nouveau plongée dans la sempiternelle problématique de la mévente de son sucre. Le grand coup de gueule du 1er décembre dernier, lors de la grande marche de tout RichardToll pour exiger que soit sauvée sa mamelle nourricière, ce coup de gueule avait eu un effet positif. En effet, les hautes autorités du pays, en commençant par le président de la République, avaient pris l’engagement de venir au secours de l’usine en stoppant la distribution anarchique de Déclarations d’importation de produits alimentaires (DIPA) de sucre par les services du ministre du Commerce, Alioune Sarr. Si ces annonces ont un tant soit peu rassuré les travailleurs, le constat sur le terrain est affligeant. Des tonnages de sucre continuent d’être déversés sur le marché, en dépit de l’annonce de l’arrêt des « Dipa » au 31 décembre. A croire qu’au niveau du Gouvernement et des commerçants véreux, la volonté d’assainir l’importation sauvage du sucre n’était qu’une manœuvre destinée à endormir les dirigeants de la CSS. Pour cause, le poumon économique de Richard-Toll, voire de toute la région de St-Louis, est replongé dans les mêmes difficultés moins de deux mois après la date-butoir fixée par les autorités pour arrêter les « Dipa ». « Nous sommes épuisés de mener à chaque fois le même combat. Nous souffrons actuellement d’une mévente de 35.000 à 40.000 tonnes de sucre depuis le début de la campagne en fin novembre sur une production de 50.000 tonnes. La situation est critique. Tous les magasins sont remplis à ras-bord de sucre. Des montagnes de sucre sont stockées à l’air libre sous la menace des intempéries. Cette situation est d’autant plus critique que la direction générale a bloqué le recrutement de 500 saisonniers qui sont devant l’usine en attente de leur intégration qui se faisait d’habitude sans problème. Mais la direction peine à obtenir de la trésorerie pour les recruter. Des arguments valables que nous soutenons » explique le syndicaliste Aliou Ba de l’Unsas
Menace sur les négociations du 21 février de la plateforme revendicative
On comprend dans ces conditions que la situation actuelle ne soit pas de bon augure pour les syndicalistes qui doivent ouvrir ce 21 février des négociations avec la direction générale de leur entreprise à propos de leur plateforme revendicative en 25 points. « Il sera facile pour la direction générale de brandir des arguments valables pour ne pas satisfaire notre plateforme revendicative. Parce que malgré la grande marche réussie de décembre dernier des travailleurs et de toute la région de StLouis, la situation reste plus que préoccupante. Cette mévente a compromis la réembauche de plus de 500 saisonniers. Mais la plus grande inquiétude, c’est qu’une telle situation peut impacter les effectifs des permanents avec l’arrêt de production qui risque d’en découler. Nous nous posons des questions. Qui a autorisé encore la délivrance de DIPA ? Est-ce qu’à cause de la campagne électorale, que des commerçants filous ont fait massivement rentrer du sucre pour inonder le marché ? » se demande Makhary Samb Poker de la Cnts. Moussa Ba de la Confédération syndicale autonome (CSA) ne comprend guère la tournure des choses. « Nous vivons la même situation qui avait amené à la grande marche de Novembre. On ne comprend pas du tout ce retour à la mévente puisque notre marche avait permis de conscientiser tout le monde. Nous pensons que des commerçants véreux, avec la complicité de l’administration, ont profité de la campagne électorale actuelle pour inonder le marché de sucre importé. Je suis d’autant plus porté à le croire que nos camarades des huileries nous disent subir le même phénomène des importations sauvages qui risque de les envoyer tous en chômage eux aussi… » indique Moussa BA de la CSA.
Appel au chef de l’Etat et opération ville morte à Dakar envisagée
Les syndicalistes de la CSS lancent un appel urgent au chef de l’Etat afin qu’il vole au secours de leur entreprise. « L’engagement du président de la République à nos côtés en décembre dernier nous avait rempli d’espoirs. Nous lui lançons encore un nouvel appel d’autant que, lors de son étape de Richard-Toll au cours de la campagne électorale, il s’était engagé à nous soutenir puisqu’il disait que l’Etat se devait d’apporter protection à la CSS qui est véritablement engagée dans la lutte contre le chômage à Richard-Toll et dans toute la région de St-Louis. Mais il nous semble que cette promesse n’a pas été tenue au vu de la persistance de la contrebande ! La situation est critique, l’avenir du poumon économique de toute la région est en jeu et nos emplois sont menacés » soulignent en chœur Makhary Samb, Moussa Ba et Aliou Ba. Ces patrons de l’intersyndicale des travailleurs de la Css envisagent de dérouler un plan d’actions. « Nous allons organiser à Dakar une grande marche avec toutes les centrales syndicales du pays et une journée ville morte à Richard Toll dès la semaine prochaine. Rien qu’à Richard-Toll, près de 11 centrales syndicales sont bien représentées. Nous allons associer les associations de consommateurs, les agriculteurs et les éleveurs dans notre lutte » informent ces syndicalistes. En pleine période électorale, le président de la République se passerait bien de telles manifestations !
ALPHA CONDE A-T-IL FAIT RECULER ME WADE ?
Me Abdoulaye Wade serait disposé à permettre la tenue d’une présidentielle pacifique au Sénégal le 24 février prochain - Du moins si l’on se fie aux propos de Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry pour une visite de deux jours auprès Alpha Condé
Me Abdoulaye Wade serait disposé à permettre la tenue d’une présidentielle pacifique au Sénégal le 24 février prochain. Du moins si l’on se fie aux propos de Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry pour une visite de deux jours auprès du président Alpha Condé. Selon l’ancien ministre de la Justice, Me Abdoulaye Wade a réitéré son opposition à la tenue de l’élection présidentielle, mais par une démarche pacifique. Me Amadou Sall a par ailleurs démenti toute médiation entreprise par le président Condé pour un rapprochement avec Macky Sall, toute rencontre également avec François Hollande, l’ancien président français. Selon le porte-parole du Pds, il n’a non plus jamais été question d’une rencontre tripartite entre Me Wade-Macky-Condé.
Me Wade a-t-il reculé après avoir demandé à ses partisans de brûler entre 50 à 70 % des bureaux de vote pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle le 24 février prochain ? La médiation du président guinéen Alpha Condé a porté ses fruits si l’on se fie à la déclaration de Me Amadou Sall qui avait accompagné l’ancien chef de l’Etat lors de son séjour de deux jours à Conakry. Une chose est sûre : le sopiste en chef a posé un lapin hier aux journalistes. Son service de presse au niveau du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait annoncé une importante déclaration du Pape du Sopi sur sa visite à Conakry. Pourquoi l’ancien chef d’Etat s’est-il rétracté au dernier moment ? Nul ne le sait. Après son atterrissage à bord de son jet privé à l’aéroport de Diass à 14h3O, accueilli par Oumar Sarr et de Mayoro Faye entre autres responsables du Pds, Me Wade est passé au salon d’honneur où il n’a fait que quelques minutes avant de s’engouffrer dans son véhicule, direction l’hôtel Terrou Bi où il loge depuis son retour de France.
Dans le complexe hôtelier, aussi, l’ancien président de la République a refusé de livrer le plus petit mot sur son séjour guinéen. « Je ne le dirai pas. Ça ne regarde que moi » a-t-il répondu à des journalistes qui faisaient le pied de grue. Avant d’envoyer au charbon Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry. L’ancien ministre de la Justice confiera que le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais s’était rendu en Guinée Conakry sur invitation de son “petit frère” à qui il a présenté “une dizaine de projets”. Dans la discussion, poursuit Me Sall, il a été question des élections au Sénégal. Selon l’avocat, le président Alpha Condé “a exprimé ses inquiétudes face à la situation d’un pays voisin et son désir de faire en sorte que la présidentielle se déroule dans une séquence de paix”. Des inquiétudes qui ont été dissipées, selon Me Sall qui révèle que Wade n’a pas bougé d’un iota sur sa position de s’opposer à la tenue des élections et de ne soutenir aucun candidat. Seulement, si les lignes ont bougé, c’est en rapport avec la manière dont le Pape du Sopi compte s’y employer. « Me Wade a promis à son jeune frère que toutes ses actions se feront pacifiquement » dira en substance Me Amadou Sall.
L’avocat a d’ailleurs démenti l’information selon laquelle l’ancien président français François Hollande aurait rencontré Wade et Condé dans l’optique de décrisper la situation tendue qui prévaut à Dakar. Dans le même tempo, le porte-parole du Secrétaire général du PDS a balayé du revers de la main une éventuelle rencontre Condé-Macky-Wade. « Je n’ai jamais dit qu’il y a eu une tentative de médiation. Le président Alpha Condé a dit au président Abdoulaye Wade son inquiétude par rapport à la situation présente dans notre pays et son désir de faire en sorte que, quoiqu’il puisse arriver, les choses puissent se faire de façon pacifique. Comme il l’a expliqué, la sous-région est suffisamment tendue pour qu’il n’y ait pas une tension supplémentaire qui serait de nature à entrainer toute la région dans une dynamique peut-être totalement non maitrisée. Mais nous n’avons jamais dit qu’il y a eu une médiation. Une médiation peut devenir un échec ou une réussite lorsqu’il y en a. Lorsqu’il n’y a pas de médiation, mais simplement une discussion, un entretien entre à la fois deux amis dont l’un est à la tête d’un pays frère et ami, il est tout à fait naturel que cet ami vous parle et vous exprime ses inquiétudes. Lesquelles ont été dissipées parce que le président Wade a réitéré sa détermination à faire en sorte, d’une part, que les Sénégalais expriment leur opposition à une élection truquée. Mais en même temps, et d’autre part, il a rassuré que les choses se passeront selon une séquence pacifique, ça se fera de manière pacifique » a assuré Me Amadou Sall.
Exil de Karim Wade en Guinée, Me Amadou Sall dément
L’information donnée par la presse d’une négociation secrète pour un exil de Karim Wade en Guinée est dénuée de tout fondement. « Je ne suis pas témoin de cela. Cela ne fait pas partie des choses auxquelles j’ai assisté. Et je ne vois pas qu’est-ce que Karim Wade ferait en Guinée. Sauf naturellement s’il désire luimême aller rendre visite à son oncle ou grand-frère ou visiter un pays ami. Dans tous les cas, cet exil en Guinée est une information erronée » précise Me Amadou Sall.
LES DISCOURS DES CANDIDATS ECLIPSES PAR LES MORTS DE TAMBACOUNDA
Neuf de ces décès sont causés par des accidents de voiture, un par un malaise cardiaque et deux résultent de violences physiques. Au finish, cette actualité macabre a fini de reléguer au second plan les discours programmatiques des candidats en lice.
La campagne électorale bat son plein mais dans un climat extrêmement macabre. Elle a été entachée par 12 morts depuis le 11 février dernier. Neuf de ces décès sont causés par des accidents de voiture, un par un malaise cardiaque et deux résultent de violences physiques. Au finish, cette actualité macabre a fini de reléguer au second plan les discours programmatiques des candidats en lice.
Le pic de ces violences a été atteint à Tambacounda où deux morts ont été relevés. Le premier au cours d’une bagarre ayant opposé des militants de l’APR et des membres du service de sécurité du Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur). Le second a été fauché mortellement par un chauffeur du convoi du candidat Issa Sall du PUR à la suite de la chasse à l’homme organisée par les militants du parti présidentiel pour venger leur mort. Cela dit, ces violences se manifestent aussi à travers les réseaux sociaux où les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition se livrent à une guerre sans pitié. Les commentaires sordides enflamment le Net et les échanges contradictoires laissent souvent la place à des altercations scripturales, des insultes blessantes d’internautes voulant défendre leur candidat tout en dénigrant ses rivaux. Alors la tension monte, et tantôt, à court d’arguments, l’on profère un flot de grossièretés et d’insanités pour déstabiliser ses adversaires. Mais si on en est arrivé à cette exacerbation de la violence, c’est parce que la coalition qui porte la candidature de Macky Sall a fait preuve de laxisme quand, au deuxième jour de campagne électorale, des militants de Pastef ont été attaqués à SaintLouis sous l’œil complice des forces de l’ordre.
D’autres militants de Sonko ont été attaqués à Mbour et Fatick par les militants de Bennoo. A chaque fois, des blessés ont été enregistrés. En route vers Bignona durant son séjour dans la région de Ziguinchor, le convoi de Sonko a été bloqué nuitamment par des éléments de la gendarmerie au niveau du pont Émile Badiane sous prétexte d’un arrêté interdisant la circulation routière à pareille heure. Hélas, après chaque attaque, les responsables politiques du camp présidentiel incriminés versent dans le ponce-pilatisme pour dégager leurs responsabilités dans ces exactions. Excédé par cette violence répétitive qui risque de déboucher sur un drame, le Patriote en chef, Ousmane Sonko, a lâché ces propos qui appellent à une posture vindicative : « Ceci n’est pas un appel à la violence mais prenez vos dispositions. N’attaquez personne et n’insultez personne mais si on vous attaque défendezvous ». Malgré cette alerte, le siège de Pastef dans la localité de Madina Wandifa a été attaqué par des nervis, lors du passage de Macky Sall.
Le mercredi 6 février, lors d’un meeting de Madické Niang à Sédhiou, des nervis appartenant à la coalition Bennoo ont jeté des projectiles aux militants du candidat de Jam ak Khewal avant de prendre la poudre d’escampette devant la détermination de la foule en furie. Et aucune condamnation n’est venue du camp des auteurs de ces actes barbares et antithétiques aux principes républicains qui promeuvent l’expression démocratique des contraires. On a laissé faire, on a voulu systématiquement se dédouaner devant ces actes de violence qui entache la campagne électorale. Il a fallu qu’à Tambacounda il y ait mort d’hommes dans le camp du pouvoir pour que des condamnations fusent de partout. En réalité, ce qui est arrivé à Tambacounda est de la responsabilité exclusive de la coalition au pouvoir et du ministre de l’Intérieur. Aucun acte au préalable n’avait été pris pour donner un coup d’arrêt à cette violence sauvage qui a fini par atteindre mortellement deux militants de Bennoo. Le procureur de Tamba, le ministre de l’Intérieur et le président sortant ont hâtivement accusé les Puristes d’être les meurtriers de des deux militants de Bennoo. Et ce au moment où aucune information judiciaire n’avait été alors ouverte. Cette orientation délibérée de la responsabilité de la mort de ces deux malheureux entache aujourd’hui la sincérité de l’enquête dont 24 militants du candidat Issa Sall font les frais depuis le lendemain du drame
Et le bus des journalistes incendié...
Aujourd’hui, les malfrats qui ont pourchassé comme des rats des 27 journalistes qui accompagnaient le candidat du Pur au point de vouloir attenter à leur vie plastronnent dans Tambacounda sans être inquiétés. Et pourtant le récit testimonial de Daouda Diouf, journaliste à la RFM par ailleurs chef de la délégation des journalistes qui accompagnaient Issa Sall, ne souffre d’aucune nébulosité. Il est établi que les nervis qui ont attaqué le convoi du Pur en dehors de la ville étaient déterminés à tuer les journalistes qu’ils prenaient certainement pour des anti-macky. Et en dépit de l’alerte donnée de Daouda Diouf par liaison téléphonique, le ministre de l’Intérieur, Ali Ngouille Ndiaye, n’a eu que cette réponse laconique : « la police fait son travail. » Or, si elle avait fait son travail comme le soutient le ministre, pourquoi aurait-on relevé immédiatement de ses fonctions le commissaire Yaya Tamba. Aly Ngouille Ndiaye luimême a reconnu plus tard que le commissaire central de Tamba a été limogé pour ne pas avoir su gérer la situation malgré les forces mises à sa disposition. Au finish, deux Sénégalais ont été tués dans ces événements de Tambacounda. Le candidat de Bennoo a, de façon timorée, dénoncé et non condamné cette attaque perpétrée contre des journalistes.
Pourtant il incombe au procureur de la République de Tamba, sans aucune partialité, d’interpeller la mère de Ibou Diop, la victime par arme blanche. Une mère de qui cette altercation meurtrière est partie. Les autres nervis qui ont vidé les sacs des journalistes, volés leurs matériels et autres effets vestimentaires avant d’incinérer leur bus doivent passer dans le bureau du nouveau commissaire avant d’atterrir chez le procureur Demba Traoré. Mais au rythme où va l’enquête, on découvre que l’aiguille de la boussole accusatoire du Procureur n’indique que la direction du Pur. Aujourd’hui, nous sommes habitués hélas à voir nos procureurs ou juges instructeurs, à part quelques rares exceptions, inculper des militants de l’opposition tout en exonérant ceux du pouvoir. On ne peut pas occulter cet appel insistant et persistant à la violence d’Abdoulaye Wade depuis son retour le 7 février dernier au Sénégal. Le même, devant ses partisans hystériques, leur a demandé de « brûler les cartes d’électeurs et les bulletins de vote » le jour du scrutin.
D’ailleurs avant de quitter la France pour le Sénégal, il a fait cette évocation apocalyptique qui rappelle des périodes sombres dans certaines parties du continent : « Rappelezvous ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, avec plus de 3 000 morts ; au Burundi, avec plus de 2000 morts ; en Guinée, avec 150 morts ; au Togo, avec entre 400 et 500 morts ; au Kenya, au Nigeria et en RDC… S’imaginer que ce qui est arrivé ailleurs ne peut pas arriver au Sénégal procède d’une touchante naïveté. » Et le mercredi 13 février, à l’occasion de la réunion du Comité directeur de son parti tenu à l’hôtel Terrou-bi, l’ancien président de la République a invité ses partisans à mettre en marche son plan pour que les élections n’aient pas lieu. « Nous avons décidé de nous attaquer aux bureaux de vote pour qu’il n’y ait pas d’élection. Prenez les procès-verbaux, mettez de l’essence et brûlez-les », a-t-il martelé.
La réitération de la violence de Wade comme seul expédient pour empêcher la tenue des opérations électorales est prise au sérieux par les autorités qui promettent de faire respecter l’Etat de droit. Pourtant, beaucoup soutiennent que Gorgui se trouve juste dans une stratégie communicationnelle, son véritable objectif étant d’installer la peur chez Macky Sall avant de l’achever par une consigne de vote en faveur de Idy ou de Sonko après le verdict de la Cour de Justice de la Cedeao qui doit délibérer sur la requête de son fils Karim relative à son droit d’inscription sur les listes électorales. Ce verdict est attendu demain mercredi. Toujours est-il que Wade a réussi aujourd’hui à se faire l’épicentre de cette campagne électorale sans pourtant avoir de candidat. Plusieurs hommes et femmes épris de paix l’appellent à la sérénité et l’invitent à se départir de cette rhétorique guerrière qui peut plonger le pays dans un cycle de violence abyssale. Ici l’on rend compte encore d’une condamnation à géométrie variable parce que tous les pontifes qui dénoncent voire condamnent les propos de Wade ont manqué de courage pour accuser le camp du pouvoir d’être à l’origine des violences sur Sonko et celles survenues à Tamba qui ont été fatales à deux jeunes habitants de cette ville. Si pendant la deuxième semaine de la campagne, l’actualité électorale a été oblitérée par la mort accidentelle de quatre gendarmes et d’un militant de Pastef, la violence meurtrière de Tambacounda et les propos incendiaires de Wade, on espère que les propositions des candidats reprendront le dessus sur ces événements macabres qui ont fini de reléguer au second plan la quintessence de leurs discours programmatiques.
BAGARRE GENERALE APRES JARAAF - PIKINE, L’ENTRAINEUR PIKINOIS BLESSE
De violentes échauffourées ont éclaté entre supporters et acteurs des deux équipes au coup de sifflet final. Une violence qui a occasionné la blessure de l’entraineur pikinois, Djiby Fall mais aussi l’intendant du club de la banlieue
La fin de la rencontre entre le Jaraaf et l’AS Pikine a tourné au vinaigre. De violentes échauffourées ont éclaté entre supporters et acteurs des deux équipes au coup de sifflet final. Une violence qui a occasionné la blessure de l’entraineur pikinois, Djiby Fall mais aussi l’intendant du club de la banlieue
Le football sénégalais n’a visiblement pas retenu les leçons du drame du 15 juillet 2017 où huit supporters mbourois ont trouvé la mort à la suite d’affrontements lors de la finale de la coupe du Ligue qui opposait l’Us Ouakam au Stade de Mbour. Un drame qui avait plongé le football local dans un long imbroglio qui aura troublé la saison 2017 – 2018. Près de deux ans plus tard, des scènes de violence ont été notées hier au stade Léopold Sédar Senghor à la fin du match entre le Jaraaf de Dakar et l’As Pikine.
Le pénalty de la discorde
Tout est parti du penalty sifflé par l’arbitre de la rencontre, Adalbert Diouf, à la 89ème minute sur un tacle essuyé par le capitaine Youssou Paye. Mécontents de la décision arbitrale car jugeant la faute inexistante, les supporters pikinois jettent des projectiles sur la pelouse du stade Léopold Sédar Senghor. L’arbitre de touche officiant du côté de la tribune découverte prend la poudre d’escampette pour ne pas encaisser des cailloux. Même situation pour quelques supporters médinois qui étaient proches. Le match sera interrompu pendant une bonne vingtaine de minutes. A la reprise de la partie, Madické Kane transforme la sentence et permet au Jaraaf de l’emporter (1-0). Une deuxième défaite d’affilée pour l’As Pikine qui perd par la même occasion le fauteuil de leader. La fin de ce match est sifflée juste après le but par l’arbitre qui est rapidement entouré des éléments du GMI. La tension ne fera que monter en flèche malgré ce coup de sifflet final.
En effet joueurs, dirigeants et supporters des deux équipes se frictionnent. Dans ce tohu-bohu, l’entraineur de l’As Pikine, Dijiby Fall et l’intendant Laye Niasse sont blessés par un supporter du Jaraaf grâce à un tesson de bouteille alors qu’ils essayaient de calmer la situation. L’auteur de l’agression aurait été appréhendé. D’autres blessés ont également été notés. Jusque-là débordés car étant en sous nombre, les forces de l’ordre finiront par mettre fin à la rixe en tirant des grenades lacrymogènes et en séparant les deux camps. L’autre match prévu sur cette même pelouse du stade LSS et qui devait mettre aux prises Niarry Tally à l’Us Gorée n’a finalement pas eu lieu à cause des échauffourées qui auront duré près d’une heure
Djiby Fall opéré !
Les deux blessés pikinois seront finalement évacués à l’hôpital général de GrandYoff (HOGGY). D’après nos sources, Djiby Fall devrait subir une opération car un tendon de sa main droite a été sectionné. L’autre blessé, Laye Niasse, a subi des pansements pour sa blessure au visage. La même source renseigne que le président du Jaraaf, Cheikh Seck, serait passé dans la structure sanitaire pour s’enquérir de l’état des deux blessés. La Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) ne s’est pas encore prononcée sur ces incidents mais nul doute qu’une enquête sera ouverte pour situer les responsabilités et prendre d’éventuelles sanctions.