ALPHA CONDE A-T-IL FAIT RECULER ME WADE ?
Me Abdoulaye Wade serait disposé à permettre la tenue d’une présidentielle pacifique au Sénégal le 24 février prochain - Du moins si l’on se fie aux propos de Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry pour une visite de deux jours auprès Alpha Condé

Me Abdoulaye Wade serait disposé à permettre la tenue d’une présidentielle pacifique au Sénégal le 24 février prochain. Du moins si l’on se fie aux propos de Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry pour une visite de deux jours auprès du président Alpha Condé. Selon l’ancien ministre de la Justice, Me Abdoulaye Wade a réitéré son opposition à la tenue de l’élection présidentielle, mais par une démarche pacifique. Me Amadou Sall a par ailleurs démenti toute médiation entreprise par le président Condé pour un rapprochement avec Macky Sall, toute rencontre également avec François Hollande, l’ancien président français. Selon le porte-parole du Pds, il n’a non plus jamais été question d’une rencontre tripartite entre Me Wade-Macky-Condé.
Me Wade a-t-il reculé après avoir demandé à ses partisans de brûler entre 50 à 70 % des bureaux de vote pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle le 24 février prochain ? La médiation du président guinéen Alpha Condé a porté ses fruits si l’on se fie à la déclaration de Me Amadou Sall qui avait accompagné l’ancien chef de l’Etat lors de son séjour de deux jours à Conakry. Une chose est sûre : le sopiste en chef a posé un lapin hier aux journalistes. Son service de presse au niveau du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait annoncé une importante déclaration du Pape du Sopi sur sa visite à Conakry. Pourquoi l’ancien chef d’Etat s’est-il rétracté au dernier moment ? Nul ne le sait. Après son atterrissage à bord de son jet privé à l’aéroport de Diass à 14h3O, accueilli par Oumar Sarr et de Mayoro Faye entre autres responsables du Pds, Me Wade est passé au salon d’honneur où il n’a fait que quelques minutes avant de s’engouffrer dans son véhicule, direction l’hôtel Terrou Bi où il loge depuis son retour de France.
Dans le complexe hôtelier, aussi, l’ancien président de la République a refusé de livrer le plus petit mot sur son séjour guinéen. « Je ne le dirai pas. Ça ne regarde que moi » a-t-il répondu à des journalistes qui faisaient le pied de grue. Avant d’envoyer au charbon Me Amadou Sall qui l’avait accompagné à Conakry. L’ancien ministre de la Justice confiera que le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais s’était rendu en Guinée Conakry sur invitation de son “petit frère” à qui il a présenté “une dizaine de projets”. Dans la discussion, poursuit Me Sall, il a été question des élections au Sénégal. Selon l’avocat, le président Alpha Condé “a exprimé ses inquiétudes face à la situation d’un pays voisin et son désir de faire en sorte que la présidentielle se déroule dans une séquence de paix”. Des inquiétudes qui ont été dissipées, selon Me Sall qui révèle que Wade n’a pas bougé d’un iota sur sa position de s’opposer à la tenue des élections et de ne soutenir aucun candidat. Seulement, si les lignes ont bougé, c’est en rapport avec la manière dont le Pape du Sopi compte s’y employer. « Me Wade a promis à son jeune frère que toutes ses actions se feront pacifiquement » dira en substance Me Amadou Sall.
L’avocat a d’ailleurs démenti l’information selon laquelle l’ancien président français François Hollande aurait rencontré Wade et Condé dans l’optique de décrisper la situation tendue qui prévaut à Dakar. Dans le même tempo, le porte-parole du Secrétaire général du PDS a balayé du revers de la main une éventuelle rencontre Condé-Macky-Wade. « Je n’ai jamais dit qu’il y a eu une tentative de médiation. Le président Alpha Condé a dit au président Abdoulaye Wade son inquiétude par rapport à la situation présente dans notre pays et son désir de faire en sorte que, quoiqu’il puisse arriver, les choses puissent se faire de façon pacifique. Comme il l’a expliqué, la sous-région est suffisamment tendue pour qu’il n’y ait pas une tension supplémentaire qui serait de nature à entrainer toute la région dans une dynamique peut-être totalement non maitrisée. Mais nous n’avons jamais dit qu’il y a eu une médiation. Une médiation peut devenir un échec ou une réussite lorsqu’il y en a. Lorsqu’il n’y a pas de médiation, mais simplement une discussion, un entretien entre à la fois deux amis dont l’un est à la tête d’un pays frère et ami, il est tout à fait naturel que cet ami vous parle et vous exprime ses inquiétudes. Lesquelles ont été dissipées parce que le président Wade a réitéré sa détermination à faire en sorte, d’une part, que les Sénégalais expriment leur opposition à une élection truquée. Mais en même temps, et d’autre part, il a rassuré que les choses se passeront selon une séquence pacifique, ça se fera de manière pacifique » a assuré Me Amadou Sall.
Exil de Karim Wade en Guinée, Me Amadou Sall dément
L’information donnée par la presse d’une négociation secrète pour un exil de Karim Wade en Guinée est dénuée de tout fondement. « Je ne suis pas témoin de cela. Cela ne fait pas partie des choses auxquelles j’ai assisté. Et je ne vois pas qu’est-ce que Karim Wade ferait en Guinée. Sauf naturellement s’il désire luimême aller rendre visite à son oncle ou grand-frère ou visiter un pays ami. Dans tous les cas, cet exil en Guinée est une information erronée » précise Me Amadou Sall.