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11 septembre 2025
SONKO, UN CANDIDAT ANTI-SYSTÈME PAS SI REBELLE QUE ÇA
Jeune et charismatique, l’opposant a l’habitude des phrases-chocs contre une classe politique qu’il juge « corrompue » et « vendue aux intérêts étrangers »
Le Monde Afrique |
Matteo Maillard |
Publication 14/02/2019
« Ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis le début mériteraient d’être fusillés ». Incendiaire, la phrase n’avait pas vocation à devenir publique. Tout juste à galvaniser des militants déjà acquis à leur leader, Ousmane Sonko*. Jeune et charismatique étoile montante de la politique sénégalaise, le candidat à l’élection présidentielle du 24 février a l’habitude des phrases-chocs, des piques provocatrices et des critiques acerbes contre une classe politique qu’il juge « corrompue », « vendue aux intérêts étrangers ».
La vidéo, parue en octobre 2018 mais qui daterait de quelques mois, a vite fait le tour de la presse déclenchant un tollé. Seydou Guèye, ministre porte-parole du gouvernement, s’est indigné de propos « spécifiques aux logiques pro-islamique et djihadiste. Ça me semble inacceptable dans notre espace politique », a-t-il dénoncé au micro de la Radio Futurs Médias. L’écho a été bien différent sur les réseaux sociaux où Ousmane Sonko, à 44 ans, jouit d’une certaine popularité. Mieux que tous les autres politiciens, il en maîtrise les codes et s’est forgé, ces dernières années, une base de sympathisants étendue et réactive.
Figure iconoclaste
A en croire ses adversaires, il serait l’incarnation de toutes les dérives de la politique contemporaine : souverainiste antisystème, nationaliste au populisme décomplexé. On lui prête volontiers une proximité avec l’idéologie salafiste dans un pays qui pratique à plus de 90 % un islam soufi pacifique. L’intéressé s’en défend. Son programme « Jotna » (« C’est le moment » en wolof) efface un peu cette figure iconoclaste. Il met l’accent sur l’agriculture, « fer de lance », « le développement durable de la pêche », « la promotion de la femme » et « l’égalité des chances par l’éducation ». Pour convaincre un électorat aux intérêts multiples, Ousmane Sonko sait qu’il faut sacrifier à la consensualité, comme le laisse penser son portrait de campagne, costume ajusté et lunettes rondes.
Né à Thiès (ouest) en 1974, il a grandi en Casamance. La région est alors en proie à un conflit ouvert entre l’armée sénégalaise et les rebelles indépendantistes du Mouvement démocratique des forces de Casamance (MFDC). Les bruits des balles marqueront ses souvenirs. C’est dans ce sud reculé, coincé par l’enclave gambienne, grand oublié des plans de développement, qu’il tire aujourd’hui ses plus nombreux soutiens. Il en a forgé un des axes de sa doctrine : lutter contre la centralisation du pays à Dakar. Suit une scolarité brillante. Maîtrise de droit, DEA à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis, il sort major de sa promotion à l’ENA. Un parcours d’élite sénégalaise qu’il ne renie pas. A cette époque, il milite au sein de l’Association des étudiants musulmans du Sénégal (AMES), une structure proche des milieux salafistes.
Lanceur d’alerte
En 2002, il devient inspecteur principal des impôts et des domaines. Le travail, ingrat, et les pressions subies le conduisent à créer trois ans plus tard le syndicat de sa corporation. Il y fait ses premières armes politiques, mais préfère encore les auteurs grecs au conclave. Son éveil arrivera en 2008 lors des assises de l’opposition. Germe l’idée de fonder un parti avec une obsession : la souveraineté. Ce n’est que six ans plus tard que naissent les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Alors que la formation balbutie, Ousmane Sonko trouve un angle d’attaque qui va le propulser sur le devant de la scène. Il pointe des actes de fraude fiscale et de corruption dont il est témoin en tant qu’inspecteur. Ses dénonciations de lanceur d’alerte culmineront en 2016 : dans un livre intitulé Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation (éd. Fauves), il accuse directement le président Macky Sall et son frère Alioune Sall, à la tête d’une compagnie pétrolière, de « corruption », de « viol de la Constitution et du code pétrolier ». Il est radié la même année par décret présidentiel pour « manquement au devoir de réserve ».
l se positionne en victime du système et devient, pour une partie de la classe moyenne, le chevalier blanc d’une politique usée par l’entre-soi et les magouilles. Il saisit le créneau. « Au Sénégal, nous avons eu deux alternances, des partis multiples, mais si vous regardez bien, ceux qui dirigeaient le pays hier sont aujourd’hui des leaders de l’opposition et candidats à l’élection. Face à cela, Ousmane Sonko s’est décrété résistant au système », avance Cheikh Mbaye, sociologue.
Comparé à un Trump africain
Parmi les cinq candidats à la présidentielle, figurent ainsi Madické Niang qui, de 2002 à 2012, fut ministre de l’habitat, des affaires étrangères, de la justice, de l’énergie, de l’industrie et des mines, mais aussi Idrissa Seck, premier ministre de 2002 à 2004. « Quand on ne fait pas partie de ce sérail, il est difficile de percer en politique, ajoute-t-il. Il y a un désir de renouveau. Sonko l’a compris et s’inscrit contre cette politique politicienne qui vise à conserver le pouvoir et s’enrichir. »
A l’été2017, il remporte une première victoire en demi-teinte : il est élu député à l’Assemblée nationale, mais son parti obtient moins de 1 % des voix aux législatives. Son succès aurait pu en rester là si les deux principaux adversaires politiques de Macky Sall – Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, et Khalifa Sall, ancien maire de Dakar – n’avaient été écartés de l’élection présidentielle en raison d’ennuis judiciaires.
Ousmane Sonko en profite pour se tailler une place de choix dans le camp de l’opposition. Il déploie ses éléments de programme : sortir du franc CFA, réduire la dette et le train de vie de l’Etat, privilégier les entreprises et les emplois nationaux. On le compare à un Trump africain, la jeunesse en plus. Un atout dans un pays où plus de 50 % de la population a moins de 20 ans.
Son discours fait mouche dans une classe moyenne diplômée et chômeuse en augmentation, qui voit les ponts d’or faits aux entreprises étrangères et l’industrie locale en déshérence. « Un électorat qui rejette le monde occidental et ses valeurs, de la défense des droits de l’homme à la protection des minorités sexuelles, et que Sonko arrive à capter », explique un diplomate européen. Son discours résonne aussi parmi la diaspora : il arrive ainsi en tête des législatives chez les Sénégalais du Canada.
« Un homme des marges »
Mais s’il veut avoir une chance le 24 février, le candidat Sonko doit encore faire ses preuves auprès d’un électorat rural qui, sans électricité ni Internet, ne peut suivre ses punchlines contre le pouvoir sur les réseaux sociaux. En meeting, il avait pour habitude de s’entourer de dizaines de vigiles vêtus en treillis de surplus militaires siglés « US Navy ». Il essaie désormais de lisser son image de rebelle antisystème, en se rapprochant des caciques de la politique qu’il a tant critiqués.
Ainsi, le 9 février, Ousmane Sonko interrompt son programme de campagne pour accueillir d’urgence à Dakar l’ancien président Abdoulaye Wade, revenu de sa retraite versaillaise. Il aimerait être adoubé par ce faiseur de rois. Il n’obtiendra rien. « Il n’y a plus d’antisystème chez lui, tance un politologue. L’un de ses plus proches collaborateurs est l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, qui a construit pour les classes dirigeantes africaines et lui a prêté son siège. »
Le sociologue Cheikh Mbaye abonde : « A ce niveau, on est obligé de se mélanger avec des gens de pouvoir. Mais c’est contradictoire, ça dessert son image et étonne sa base électorale. » Le jeune challenger peut-il quand même convaincre les électeurs ? « C’est un homme des marges, Casamançais, Saint-Louisiens, un étranger pour beaucoup de Sénégalais, analyse le diplomate européen. Il a voulu s’affranchir des puissantes confréries soufies, puis a fait volte-face. Il n’a pas beaucoup de chance dans un pays qui a toujours voté dans le triangle confrérique. »
Du côté de la présidence, on se montre confiant : « Sonko est dans l’agitation, la provocation, les phrases à l’emporte-pièce. Nous sommes dans la cohésion et le rassemblement. Aux législatives, nous avons obtenu 1,5 million de voix, lui 33 000. Ce n’est pas un danger. » Une assurance douchée par le politologue qui rappelle que « s’il gagne des voix, ça traduira le taux de déception de notre jeunesse et l’échec de nos hommes politiques. »
*Contacté à plusieurs reprises, Ousmane Sonko n’a pas souhaité donner suite à nos demandes d’entretien.
SONKO SUSPEND SA CAMPAGNE
La coalition "Sonko Président" a décidé de suspendre sa campagne pour la journée de ce jeudi suite au décès du militant Arona Diedhiou.
La coalition "Sonko Président" a décidé de suspendre sa campagne pour la journée de ce jeudi. Cette décision fait suite au décès du militant Arona Diedhiou, victime d'un accident sur le chemin de retour, lors d'un meeting à Bignona.
"Dans la vie, il y a des choses qui sont au-dessus de tout, et la vie humaine en fait partie. Dans un contexte pareil, la morale et notre conscient ne nous permettent pas de faire comme si de rien n'était", déclare-t-il.
Sur son engagement, Sonko déclare que le défunt était, "un militant actif, militant engagé pour la cause patriotique". "Il avait loué un minibus pour quitter Kataba et se rendre à Bignona", souligne le candidat.
PAR AMADOU TIDIANE WONE
JEU POLITIQUE ET HORS-JEUX
Au regard de ce que le « jeu politique » est devenu dans notre pays, eu égard aux fondamentaux culturels, spirituels et moraux, sensés être les références de notre Nation, des questions se posent que l'on ne doit plus esquiver
Politique ? Po la tiggi ! « La politique, c'est vraiment un amusement, un jeu. » C'est ainsi que je tenterai de traduire, laborieusement et sans la fine saveur de certaines tournures de nos langues nationales, l'expression ouolof «po la tiggi » . Elle joue en effet, et à bon escient, avec les sonorités du mot politique en français pour le tourner en dérision une fois mis à la sauce du cru. On parle d'ailleurs de « jeu politique » en occident... Chez nous, le jeu n'a jamais une dimension « sérieuse" , tout au plus ludique comme il se doit … Le jeu, l'amusement, la dérision, la plaisanterie ne sont utilisés « sérieusement ( !) » que dans nos mécanismes sociaux de régulation des conflits. Notamment pour vivifier la parenté dite à plaisanterie qui contribue à bâtir des ponts entre les ethnies et même à les cimenter. La plaisanterie, disons la parole plaisante, est la règle entre grands parents et petits-enfants, entre cousins consanguins ou ethniques. Elle permet de se dire tout, et même les critiques les plus acerbes, dans la bonne humeur, la courtoisie et les règles de bienséance. Au fond, tout prétexte à rire est utilisé pour décrisper les relations sociales et abattre les murs d'incompréhension entre les humains. Le « jeu social" chez nous, n'est donc pas un « jeu de dupes" . Mais le levain de fraternités exquises et de solidarités transversales. Malentendu culturel ? Choc de civilisations ? Lorsque nous prendrons le temps de réfléchir en profondeur sur qui nous sommes vraiment, nous prendrons conscience de notre richesse culturelle et humaine incroyable. Ce sera alors le temps de nous « développer », comme nous l'entendons, au lieu de poursuivre une course poursuite avec le modèle occidental, en perte de sens pour cause de brouillage des repères de l'homme.
En tous cas, au regard de ce que le « jeu politique » est devenu dans notre pays, eu égard aux fondamentaux culturels, spirituels et moraux, sensés être les références de notre Nation, des questions se posent que l'on ne doit plus esquiver. La colonisation nous a appris à voter, à élire et à choisir nos dirigeants à la manière occidentale. Elle nous a imposés les modalités de conquête des suffrages à travers des campagnes électorales où le spectaculaire l'emporte sur le sens. Nous y avons ajouté notre sens du rythme, nos sonorités et notre folklore. Mais aussi nos excès, voire nos dérives. Nos campagnes électorales sont ainsi le prétexte à une redistribution débridée de subsides… illicites aux électeurs. Plus on a de moyens et plus on attirera des foules. Et les foules ne s'y trompent pas qui suivront indistinctement toutes les caravanes à condition d’être transportées, nourries et…désintéressées. Corruption en masse dans l'impunité totale. Même certains Imams sont pris dans la nasse...
Autre manœuvre… dolosive, les 5 minutes de temps d'antenne allouées à chaque candidat. Il faut faire foule. Parfois s'adresser à une foule qui ne vous regarde pas. Pour la télévision. Pour entretenir l'illusion. Au besoin, traverser un marché ou une grande avenue aux heures de pointe. Cela permet de colorer gratuitement une foule en y déversant quelques militants et leurs banderoles. La technique est éprouvée… Sinon, il faut que les équipes de Com veillent au cadrage des images. Pour les « ajuster » Car elles doivent toujours paraître plus enthousiastes que nature. Jeu de dupes…
Mais il y a un autre hors-jeu qui s'est invité dans la campagne électorale en cours. Un jeu de mains. « jeu de mains, jeu de vilains », dit pourtant la maxime… Eh ! bien lorsque les gros bras s'y mettent, le jeu tourne au massacre. Et l'on note depuis quelques jours une recrudescence d'actes violents sanctionnés, hélas, par des pertes en vies humaines. Sans compter les nombreux accidents de la circulation, causés par les caravanes électorales qui outrepassent toutes les règles du code de la route et de la sécurité routière. C'est comme si le temps de la campagne électorale était une période de non droit : des véhicules surchargés, sans plaque d'immatriculation, s'ébranlent en cortèges désordonnés qui perturbent la quiétude des usagers de la route. Le recours intempestifs à des gyrophares dans une nuée de motos « Jakarta » qui slaloment dangereusement, ajoute au stress des automobilistes dont les nerfs sont déjà à vif à cause des kilomètres de bouchons. Notamment à Dakar, depuis que le chantier du TER a rétrécit les options de déviation…
Toute cette folle ambiance fait partie du jeu… Mais elle occulte la partie essentielle que nous doivent les hommes politiques : la formulation d’idées simples pour nous faire rêver ou espérer. L'énonciation de programmes faisables répondant en priorité à la satisfaction de nos besoins : l'emploi des jeunes, l'éducation, la santé, la sécurité, la création et le partage équitable des richesses. Et pourtant chaque candidat a pris le soin de rédiger un document. Qui en parle ?
Il reste encore quelques jours de ce…carnaval électoral. Une demande pressante, voire une exigence démocratique, serait la confrontation des programmes des différents candidats à travers un débat public radio télévisé. Depuis quelques jours un hashtag #sunudebat fait rage dans les réseaux sociaux. Si la maturité de notre démocratie est vraiment une réalité, rien ne devrait s'opposer à la tenue d'un tel exercice afin que les sénégalais voient, non plus des monologues parallèles, mais surgir du choc des idées et des tempéraments des candidats à la magistrature suprême, la personnalité qui emportera l’adhésion de la majorité des électeurs. Sinon, il restera encore un goût de parodie inachevé du modèle occidental. Tant qu'à faire, imitons ce qui s’y fait de mieux ! Il paraît que 4 des candidats en lice ont marqué leur accord. Le cinquième ne peut pas refuser de s'y soumettre !
En attendant, nous prions pour le repos de l'âme de toutes les victimes de notre jeu politique et social qui n'en finit pas de se jouer de nous en multipliant les…. hors-jeux !
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
WADE TRAVAILLE À LA RÉÉLECTION DE MACKY
EXCLUSIF SENPLUS - En créant les conditions d’un chaos, les électeurs qui voulaient un changement de régime, peuvent se résigner à ne pas aller voter, parce que craignant pour leur vie - D’où un important taux d’abstention qui profitera au sortant
Bacar Domingo Mané de SenePlus |
Publication 14/02/2019
Son appel à brûler les cartes d’électeur, pour empêcher le scrutin du 24 février, a suscité un tonnerre de désapprobations dans le pays. Me Abdoulaye Wade n’en démord pas, pour autant. Sous le couvert du Comité directeur de sa formation politique, le parti démocratique sénégalais (PDS), il a donné des consignes à ses militants de s’attaquer aux bureaux de vote et de s’emparer des procès-verbaux (Pv) pour les brûler. Et cela, dit-il, dans le but de pousser le président sortant, Macky Sall, à reprendre l’organisation du scrutin.
Mais à qui profitera cette position de l’ex chef de l’Etat du Sénégal ? Mettons plusieurs hypothèses sur la table :
Le PDS gagne son combat…
D’abord cela profite au PDS : si Me Wade arrive, par la stratégie de l’usage de la violence, à saboter et à faire reprendre le scrutin du 24 février. Son fils, Karim Wade et quelques caciques du PDS qui constituent la ligne dure du parti et ont fait prendre au Comité directeur cette position, auront alors de bonnes raisons de jubiler.
L’opposition, par ricochet
Ensuite, aux candidats de l’opposition ou à l’un d’entre eux : si la tournée de sensibilisation Me Wade, génère des violences ciblées sur les cortèges du président sortant, présenté par les libéraux comme le bourreau de leur candidat déclaré, Karim Meïssa Wade. Cela pourrait accentuer le sentiment de rejet de la part d’une population qui préférait se débarrasser du président sortant «source de leurs malheurs» (c’est cela le but de la manœuvre), plutôt que de mettre leur vie en danger. L’on tombera dans le même travers consistant à voter pour faire partir quelqu’un plutôt que d’élire un président. Le choix n’a rien de rationnel, il est plutôt émotif.
Macky tire les marrons du feu
Enfin, la position de Me Wade, profite largement à Macky Sall.
Premièrement, en créant les conditions d’un chaos, les électeurs qui voulaient un changement de régime, peuvent se résigner à ne pas aller voter, parce que leur vie est en danger. Par contre, ceux qui veulent maintenir le président sortant au pouvoir, se mobiliseront pour cela (évidemment, c’est l’inverse qu’on aurait observé s’il s’agissait du second tour). D’où un important taux d’abstention qui profitera à Macky.
Deuxièmement, si Me Wade met à exécution sa menace de s’emparer des PV des bureaux de vote, le président sortant n’aura aucun intérêt (à moins d’être un républicain convaincu) à sécuriser ceux (bureaux de vote) où l’opposition est majoritaire. Car les sondages mis sous le code permettent – à quelques marges d’erreurs près – d’avoir une photographie de l’électorat et de savoir les points névralgiques et les points faibles.
Troisièmement, Me Wade en ne donnant pas de consignes de votes, les électeurs libéraux qui n’ont pas encore franchi le pas en rejoignant les camps de Madické et d’Idy, peuvent jouer la carte de la proximité en votant pour Macky. Par contre, les farouches inconditionnels de Me Wade, les «wadistes», suivront le vent d’humeur d’un «Pape» du Sopi qui ne respire que pour son fils.
Sans l’Iran, tous les efforts de stabilisation du Moyen-Orient sont voués à l’échec - L’accord sur le nucléaire de 2015 était une étape première étape primordiale
Le 11 février 1979 ou 22 Bahman dans le calendrier iranien, il y a 40 ans, marquait la fin de la monarchie Pahlavi et l’instauration de la République islamique après une longue révolution dirigée par le feu Ayatollah Khomeiny. La République islamique s’apprête, donc, à commémorer ses 40 années d’existence dans un climat tendu marqué par le retour des sanctions et la rhétorique guerrière de la part du nouveau locataire de la Maison blanche. Cette révolution constitue un facteur considérable qui a contribué au dessin actuel des contours géopolitiques du Moyen-Orient. Les causes de la révolution islamique
La révolution islamique découle immédiatement d’une coalescence de facteurs et surtout d’erreurs monumentaux de la monarchie qui ont fini par offrir à l’opposition laïc comme islamique un terreau fertile pour mobiliser le peuple contre le Shah : d’abord, en pleine guerre froide, pour contrecarrer la menace soviétique, les Etats-Unis, par le biais de la CIA, ont orchestré des opérations visant à une mise en place de pouvoirs autoritaires hostiles au communisme. Ce fut dans les années 70 le général Pinochet au Chili, la gente de Videla, la gente de Salvador pour contrer les mouvements communistes. L’Iran, pays sensible au carrefour du monde, pièce maitresse du « grand jeu » qui opposait la Grande Bretagne et la Russie, n’a pas échappé à cette furie des hommes forts. Sous Roosevelt, l’Iran se voit être une pièce maitresse incontournable et central dans la politique américaine de containment de l’Union Soviétique sur son flanc sud en vue de créer une ceinture de sécurité consolidée par le pacte de Bagdad. Le vent de la démocratie qui soufflait sur l’Iran après l’abdication de Reza Shah père, la consécration du docteur Mossagdeh comme premier ministre qui nationalisa le pétrole iranien en 1951, la mainmise des étrangers, détenant un monopole exclusif sur l’exploitation du pétrole, souvent qualifiés « d’impérialistes » sur l’économie fut drastiquement réduite. Ce fut alors en 1953 le début de l’opération Ajax concoctée par la CIA et la MI6 qui consistait à agiter la rue iranienne, semer la confusion, évincer le gouvernement démocratiquement élu du premier ministre iranien et réinstaller la monarchie sous la houlette de Reza Shah.
Ensuite, la mise place d’un état policier particulièrement répressif symbolisé par le puissant Savak, police sécréte du Shah, contribuait à faire taire les voies dissidentes. Des opposants sont torturés dans les prisons, des manifestations sont réprimées dans le sang et les partis politiques interdits. Cette situation contribua à l’exécution de communistes affiliés au Tudeh 1 même de figures islamiques comme Nawab Safavi, un activiste du « Fayadan Eslam » 2. Comme les dictatures d’Amérique Latine, le Shah disposa d’une carte blanche pour assoir sa domination et sa légitimité souvent contestées. Des lors, on assista à l’entrée en politique du charismatique Imam Khomeiny, un jeune Ayatollah de Qom qui réfusa l’action armée et paria sur le peuple.
L’introduction de la culture occidentale fut un élément capital sur l’enclenchement du processus menant à la révolution. La perse, longtemps connue comme bastion du conservatisme à travers l’héritage de sa tradition séculaire doublée par les valeurs de l’islam chiite se voit être envahie par « un modernisme sans âme ». L’industrialisation accélérée et la militarisation font en sorte que, pour certains, le Shah est devenu une vache à lait à la solde de l’Amérique. Les dépenses colossales (10 % du budget) sont injectées dans l’armée. Rien qu’entre 1972 et 1976, 10 milliards de dollars de matériels militaires furent acquis. D’ailleurs, la politique de modernisation ambitieuse de sous la bannière de la « Révolution blanche » génèrent de nombreux mécontentements dont le clergé. Une fois encore « le modernisme sans âme » bouscule les dogmes d’une société ancrée dans sa culture. L’ambition de redorer la gloire passée de la Perse a précipité la chute Mohammed Reza Shah dont la vision de faire de cette dernière une puissance incontournable tout en mariant l’esprit de la civilisation iranienne et la modernité était incontestable.
La guerre Iran-Irak
Après l’arrivée triomphale de l’Ayatollah Khomeiny, la République Islamique fut instaurée suite à un référendum. Longtemps satellisé par Washington, l’Iran est devenu soudain le casse-tête des monarchies Golf soucieuses de voir leurs trônes menacés par la contagion. « L’Iran qui est un îlot de stabilité dans une région tumultueuse et agitée », comme se réjouissait Jimmy Carter en 1978, était devenu un simple souvenir. L’allié historique, le gendarme du Golf et le rempart contre le contre l’Union Soviétique au Moyen-Orient était gagné par le vent de la révolte du peuple. Ce qui a fragilisé fortement les positions américaines et ouvert une perspective à l’armée rouge pour occuper l’Afghanistan.
C’est durant cette période de purge de l’armée impériale que choisit Saddam Hussein pour remettre en cause les accords d’Alger de 1975. Bénéficiant d’un soutien tacite de Washington et des monarchies arabes du golf Saddam lança une opération militaire pour prendre le pouvoir et s’accaparer de Chatt-al-Arab 3, une région pétrolifère revendiquée par l’Iran. Face à cette vague d’évasion, le peuple s’engage, les volontaires se mobilisent et la fibre patriotique iranienne se ressoude. Il s’ensuit huit ans de guerre rythmée par des avancées et des reculades de la part des antagonistes. Cette guerre considérée comme un pain béni, d’abord, par Saddam Hussein, s’est transformée en un terrain d’enlisement dont les pertes en matériels en hommes s’avèrent particulièrement importante.
L’armée iranienne revigorée par l’afflux de volontaires, des Bassidji 4 et la création CGRI (Corps Gardiens de la Révolution Islamique) organise une résistance acharnée et des contre-offensives d’une intensité inouïe qui permit une reprise temporaire de certaines portions du territoire irakien. Malmené par les contre-offensives, l’armée Bath utilisa l’arme chimique au mépris de toutes les lois internationales sans condamnation du conseil de sécurité de l’ONU, ni même des nations occidentales. Isolé par les sanctions américaines, boycotté par les nations occidentales, l’Iran ne pouvait rien d’autre qu’accepter la résolution 598 de l’ONU du 8 aout 1988 après une guerre qui fera plus d’un million de morts du coté iraniens. Sur le plan économique, la production pétrolière mondiale a particulièrement souffert avec la destruction de plateformes de part et d’autre dans le golf. Il faut aussi noter l’intervention américaine dans le golf pour escorter les pétroliers à la demande du Koweït. Cette intervention avait permis le déclenchement de la bataille des plateformes dont les plus célèbres furent celles de Sassan et SIri 5 , faisant de nombreuses victimes du coté iranien. La destruction des infrastructures a aussi causé d’énormes pertes chiffrées en milliards de dollar, du fait de l’utilisation de missiles balistiques et de l’aviation de la part de l’armée irakienne pour bombarder les principaux centres urbains de l’Iran.
La montée en puissance de l’Iran
Longtemps mis dans le banc des accusés de la communauté internationale durant la décennie 90, l’Iran ne pouvait rien d’autre qu’assister impuissant à la montée des Taliban en Afghanistan et l’évasion américaine de l’Irak. Ce dernier, jouissant d’une armée forte était le principal obstacle à l’hégémonie iranienne. Mais, la guerre préventive déclenchée à la veille des attentats du 11 septembre par les faucons de la Maison blanche a permis à la République islamique de rompre son complexe obsidional et d’amorcer une montée en puissance fulgurante sur l’échiquier géopolitique au détriment du grand rival saoudien.
La guerre en Irak avait pour objectif premier de se débarrasser d’un rival gênant d’Israël, mais aussi de bâtir une nouvelle Irak démocratique, chiite et hostile pour contrebalancer la puissance de l’Iran dans le monde chiite. Cette stratégie farfelue développée par les think-thank néoconservateur américain ne pouvait être un échec cuisant car n’ayant pas tenu compte du lien séculaire qui liait les chiites irakiens et iraniens. D’ailleurs, la percée de l’Iran matérialisée par la prise du pouvoir de la majorité chiite en Irak avait fini par effrayer bon nombres d’alliés américains dans la région dont la plus célèbre fut la mise en garde d’Abadallah II, roi de Jordanie dans les colonnes du Washington post, en 2004, mettait en garde contre « le croissant Chiite » allant de Téhéran, Bagdad, Damas et Beyrouth. Cette perception de crainte qui s’est développer dans l’imaginaire dans la plupart des pays arabes contribua au déclenchement de la guerre civile irakienne dont les acteurs les plus fanatiques sont regroupés autour des mouvements Djihadistes, dont Al-Qaeda et l’Etat Islamique en Irak. La révolution Syrienne 2011 a été un élément clef du chaos confessionnel découlant de la prolifération djihadiste. L’atout la plus incontournable réside dans le dossier nucléaire, sujet de tension permanant entre l’Iran et l’occident. Le programme nucléaire date de l’époque du Shah, les Etats-Unis, dans leur programme « Atoms For Peace »6 ont permis à Téhéran de bénéficier de son premier réacteur de recherche Triga. Le Shah disposait d’une ambitieuse et vaste projet nucléaire inachevée avant sa chute. Les attaques chimiques, la prolifération des mouvements djihadistes extrémistes et les menaces permanents d’une éventuelle intervention militaire américaine ont convaincu les décideurs de Téhéran d’avoir un outil de dissuasion et de coercition efficace pour contrer les menaces. En effet, la République islamique est coincée dans un complexe obsidional, du fait de ses exclusivités : la majeure partie des iraniens sont persans dans un univers en majorité Arabe, Chiite dans un océan composé de pays sunnites souvent réfractaires et rival géostratégique de l’Etat hébreux dont les moyens militaires sont aussi impressionnants que modernes.
Selon le traité de non-prolifération ratifié par l’Iran en 1970, tout pays peut utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques, mais la crise de confiance qui sévissait avait persuadé l’Europe et l’Amérique que le programme nucléaire iranien était strictement militaire.
En outre, le volet balistique aussi confère à l’Iran une puissance considérable. Les sanctions, l’embargo et le refus de la plupart des pays occidentaux à vendre des armes à ce dernier n’ont fait qu’accroitre la production de missiles pour pallier une force aérienne vieillissante et moribonde. Le développement des vecteurs dont le rayon d’action couvre une grande partie du Moyen-Orient dont les bases les plus sensibles de l’armée américaine. Les lancements parfaitement réussis qui ont atteint les cibles djihadistes puis des militants kurdes ont levé la voile sur le mythe balistique iranien et envoyer un signal clair aux ennemis, longtemps considérés par les commentateurs arabes comme « barils soudés ».
L’Iran sous la République islamique est considéré comme un état infréquentable par la plupart des chancelleries occidentales et arabes. Pourtant, ces 40 ans de révolution doit inverser la tendance et pousser l’occident et l’Iran à surmonter les différends et établir les bases d’une nouvelle relation régie par la confiance. Sans l’Iran, tous les efforts de stabilisation du Moyen-Orient sont voués à l’échec. L’accord sur le nucléaire de 2015 était une étape première étape primordiale. En 1979, le peuple iranien avait le choix entre l’indépendance et la domination, ils sont choisis l’indépendance. Cette dernière combinée par le nationalisme profondément ancré dans le Chiisme et les valeurs culturelles millénaires étouffent toutes les espoirs d’un « régime change » souhaité par Trump.
1 Parti communiste Iranien
2 Les combattants de l’islam
3 Nom arabe de la province de Khuzestan
4 Milice armée
5 Plateformes pétroliers situées dans le golfe persique
6 Programme initié par l’Amérique pour garantir l’accès à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pour les pays du tiers monde.
El. Hadji Ibrahima Faye est étudiant en Géographie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
L’APPRENTISSAGE DU CHINOIS, UN GRAAL POUR LA JEUNESSE
Dans le pays, le nombre d’étudiants accueillis dans les instituts Confucius a été multiplié par six depuis 2013. Un choix motivé par les débouchés nombreux offerts par les entreprises chinoises dans le pays.
A 10 jours de l'élection présidentielle, nous poursuivons notre série de reportage sur la société sénégalaise. Dans le pays, le nombre d’étudiants accueillis dans les instituts Confucius a été multiplié par six depuis 2013. Un choix motivé par les débouchés nombreux offerts par les entreprises chinoises dans le pays.
Sur le campus Cheikh Anta Diop de Dakar, l’institut Confucius détonne au milieu des austères bâtiments universitaires dans lesquels s’engouffrent des dizaines d’étudiants, ce matin du 11 février. La façade rouge vif, les caractères chinois qui la parcourent et le parterre d’arbustes minutieusement taillés – les seuls dans les environs – ne laissent aucun doute sur le lieu.
Dans l’entrée, un groupe de jeunes discutent à côté d’une imposante statue d’un Bouddha. Ils font partie des 520 élèves sénégalais qui suivent ici des cours de mandarin, pour 50.000 à 100.000 francs CFA par an (de 75 euros à 150 euros). Des effectifs qui ont bondi en quelques années : l’institut Confucius et ses antennes locales accueillent plus de 1.300 étudiants dans tout le pays, contre 200 à son arrivée en 2013.
Dans ce pays gangréné par le chômage, la plupart des élèves ont franchi les portes de l’établissement pour que s’ouvrent celles des entreprises chinoises, nombreuses au Sénégal. Mame Diarra Sakho, l’a très vite compris. « Avant, je travaillais dans une entreprise qui vendait des pièces automobiles. On commerçait avec des Chinois, donc j’avais besoin de parler leur langue, raconte l’étudiante en licence 2 de management. Les Chinois, c’est l’avenir ». Son camarade Ndeye Coumba ajoute : “beaucoup sont ici parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail une fois diplômés”.
Une forte demande d’interprètes
Le poids de la Chine dans l’économie sénégalaise n’est un secret pour personne dans l’établissement. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall en 2012, l’Empire du milieu a injecté 960 milliards de francs CFA (460 millions d’euros) dans les infrastructures, l’énergie ou encore l’agriculture.
Or, « beaucoup de Chinois ne parlent pas français ou anglais », pointe Ousmane Faye. Lui est l’un des trois enseignants sénégalais mais l’établissement compte aussi trois professeurs de nationalité chinoise. Autant dire que la maîtrise de cette langue est un atout de taille sur un curriculum vitae. A 23 ans, Maguette Kanté pourra bientôt inscrire cette ligne sur le sien, et se projette déjà dans les métiers qui s’offriront à elles. « Les sociétés chinoises et sénégalaises ont besoin d’interprètes, comme les États pour leurs échanges diplomatiques », explique l’étudiante en relations internationales, dans la cour de l’institut encore décorée pour le nouvel an asiatique.
L’ambiance est studieuse, ce lundi matin. A l’ombre d’une pagode, des élèves révisent dans les jardins de l’école, tandis que dans une salle de cours, une classe répète en chœur les intonations de leur enseignant. Penché sur une table de la bibliothèque, un étudiant gratte des lignes de caractères mandarins. “Les gens pensent que c’est une langue difficile à cause de l’écriture, mais ce n’est pas vrai”, sourit Bamba Diedhiou.
Les entreprises chinoises implantées au Sénégal ont bien compris l’intérêt d’un tel établissement. « Nous leur avons demandé le type d’employés dont elles avaient besoin, indique son directeur, Mamadou Fall. C’est à partir de leurs réponses que l’on a créé des formations en comptabilité, en management ou en ressources humaines. » Autant de matières que l’on pourrait suivre sur les bancs de la faculté de gestion voisine, à une différence près : c’est ici le « modèle chinois » qui est valorisé. « La discipline, l’assiduité ou la volonté de servir son entreprise manquent malheureusement aux Sénégalais », estime ce spécialiste de l’histoire de l’Asie.
Des partenariats avec les entreprises chinoises
Et la recette semble fonctionner. Une dizaine d’entreprises chinoises se sont engagées à prendre à l’essai les étudiants au terme de leur formation. Environ 40 élèves y ont ainsi été placés au cours des deux dernières années. Et il y a fort à parier qu’ils s’y intégreront sans mal. Car les étudiants ne viennent pas seulement ici pour apprendre la langue ou se former aux préceptes entrepreneuriaux chinois, « ils peuvent aussi prendre des cours de tai-chi, de médecine traditionnelle ou de gastronomie chinoise”, détaille Ousmane Faye, dans la salle des professeurs.
Bras armé culturel de Pékin, l’institut Confucius de Dakar est financé à 80% par l’État chinois, selon la direction. Mais celle-ci tient à nier tout interventionnisme des autorités chinoises sur l’enseignement. “Nous avons les coudées franches pour mettre en oeuvre notre propre agenda”, insiste Mamadou Fall, assis à son bureau, sur lequel se dressent deux petits drapeaux, l’un sénégalais et l’autre chinois.
Bien loin de ces considérations, Yankhoba Thiam, 26 ans, se montre lucide. “Quoi qu’on en dise, les Chinois sont partout, et beaucoup au Sénégal”, rappelle l’étudiant. Son pragmatisme ne l’empêche toutefois pas de philosopher : “Les limites de mon propre langage constitue les limites de mon propre monde”.
MIMI AMO DJOM
Abdul Mbaye vous aurait-il pris votre place dès le début de la deuxième alternance ? Auriez-vous une jalousie maladive envers sa personne ? LES AMAZONES DE L'ACT
SenePlus publie ci-dessous, le texte reçu des amazones de l’ACT ce 14 février 2019, condamnant les sorties d’Aminata Touré contre leur leader, Abdoul Mbaye.
« Vous êtes pire que El Hadj Kassé que la cellule communication a répondu il y a 48 heures nous devrions d'ailleurs dire remis à sa place. Nous pourrions nous en arrêter là parce que cela veut tout dire.
C'est quoi votre problème ?
L'ancien premier ministre et président de l'ACT vous aurait-il pris votre place dès le début de la deuxième alternance ?
Auriez-vous une jalousie maladive envers sa personne ? Auriez-vous une haine indescriptible ou tout autre sentiment que nous ignorons ?
Allons, ne vous fâchez pas, nous ne sommes que des amazones au service de l'éthique sauf que nous sommes légèrement obligées de descendre à votre niveau.
Vous savez vous ne serez jamais notre président Abdoul Mbaye, vous ne serez jamais à sa hauteur. Vous ne serez jamais son alter-ego.
Mimi mougnal. Ravales ta haine et ta peine. Gardes ta salive pour justifier votre bilan rocambolesque pour convaincre les sénégalais à accepter votre PSE2 (Plan Sathie Election). Gardes ton énergie pour tes nouveaux services peu dignes d'un ancien PM. Ça vous dit quelque chose les institutions ?
Nous nous épuisons à devoir descendre si bas. Nous allons juste vous demander de ne plus ouvrir votre bouche si c'est pour des conneries à l'endroit d'un tel homme. Si vous avez du mal, nous vous la scotcherons avec plaisir, votre bouche, et vous offrirons la cage de notre perroquet qui est aussi bavard que vous mais qui dernièrement parle de l'intéressant programme de la coalition Idy 2019 et de ses engagements. Pour cela nous le préférons libre et laisser sa cage à ceux qui polluent l'atmosphère.
À l’APR essayez donc de fonctionner autrement que comme une meute réagissant à un ordre donné en vous acharnant tous, sur l’un puis sur l’autre. Faites l’effort de marcher autrement qu’à quatre pattes. »
PAR IBRAHIMA SILLA
UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE, ÇA DEVRAIT ÊTRE QUOI ?
De la manière dont les campagnes électorales se déroulent naît bien souvent la difficulté d’aimer la politique - Les campagnes électorales se déroulent presque toujours dans notre pays comme elles ne devraient jamais l’être
De la manière dont les campagnes électorales se déroulent naît bien souvent la difficulté d’aimer la politique. En effet, les campagnes électorales se déroulent presque toujours dans notre pays comme elles ne devraient jamais l’être. L’on y privilégie la forme plus que le fond, la rue plus que les salles fermées et mieux sécurisées ; l’argent plus que l’argument ; les muscles plus que les neurones. Il est compréhensible dans ce contexte que la politique soit détestée et appréhendée, même si, au même moment, elle occupe les esprits et anime au quotidien les discussions partout.
Au moment où la campagne bat son plein, une question s’impose : A quoi sert les campagnes électorales ? ça devrait être quoi une campagne électorale ? Pour les acteurs politiques et candidats, elles servent à rencontrer, à expliquer, à convaincre, à voir de plus près, à se faire voir sous leur meilleur aspect, à se faire connaître davantage, à se faire apprécier, à discuter, à échanger, à exposer son programme, à présenter son équipe, à donner les raisons de sa candidature. L’objectif politique ultime est d’arriver à faire le plein de voix électorales, même si le discours est vide. Et pour chaque corps de métier, chaque entité, chaque homme, femme, jeune, militaire, enseignant, juge, avocat, chômeur (c’est devenu un métier dans ce pays), ouvrier, la campagne électorale devrait servir à jouer sa partition citoyenne et professionnelle pour que la symphonie démocratique accouche du meilleur choix représentatif possible. Mais, force est de reconnaître que rien n’est plus improbable.
Une campagne électorale devrait donc être pour les prétendants au pouvoir un moment d’écoute, de réflexion, d’explication, de communication, de sensibilisation, de témoignage, de participation au débat, de confrontation des idées et non de violences urbaines et rurales.
Une campagne électorale devrait être une occasion de voir les intellectuels sortir de leur silence inquiétant et de leur indifférence buissonnière pour soumettre les idées des candidats au tamis de leurs sciences, par des articles, des livres, des conférences ou des émissions, pour mieux valider ou invalider la pertinence des propositions des uns et des autres, dangereusement généreuses en promesses et en illusions libertines. Leur responsabilité intellectuelle, politique, sociale et citoyenne ne s’arrête pas aux amphis et dans les salles de cours.
Une campagne électorale devrait une célébration de la citoyenneté délivrée de tout assujettissement, libre de toute servitude volontaire, émancipée de toute tutelle et débarrassée de tout penchant corruptogène. Citoyens, vous valez plus qu’un tee-shirt, une casquette, un sifflet, un sac de riz, un sandwich ou des frites. La campagne électorale est pour vous une épreuve pour donner la preuve irréfutable que votre dignité ne vaut pas le prix d’une bouteille de bière. Soyez résolus de ne pas être corruptibles et vous voilà libres et sauvés, suis-je tenté de vous dire.
Une campagne électorale devrait être un test pour les institutions judiciaires et les forces de l’ordre de montrer que l’intérêt supérieur de la nation et la sécurité des populations est au dessus de toutes les considérations partisanes et politiciennes. C’est une occasion qui leur est donnée de rappeler à tous que force ne restera pas entre les mains d’un homme ou d’un parti. C’est une occasion de montrer en silence qu’ils savent ce que le mot « institution », veut réellement dire. Que c’est une responsabilité qui ne peut être assujettie à aucune perversité – même sacralisée.
Une campagne électorale devrait être une bénédiction pour des confréries, imams, marabouts, et autres manipulateurs du faire-croire, de démontrer la solidité de leur foi et non leur fragilité devant les biens matériels que leur procurent des hommes de pouvoir. Ils doivent résister à la tentation de l’éphémère. Ne pas utiliser Dieu pour parrainer un candidat qui aura su acheter leur indulgence. Ne pas pousser le citoyen à se demander à quel saint se vouer ? Pardon à quel charlatan se vouer ?
Une campagne électorale devrait être une opportunité pour les médias de démentir les propos virulents que n’ont cessé de leur infliger philosophes, sociologues, politologues comme nombre d’observateurs sur leur incapacité à être à la hauteur du professionnalisme que leur exigent l ‘éthique et la déontologie de leur profession qui requiert de l’équilibre, de la justesse et non pas du favoritisme. Les journalistes devraient saisir ce moment électoral pour écrire et dire, non pas ce qu’attendent ceux qui les paient pour désinformer, tenter de formater la pensée des citoyens ou abêtir leurs lecteurs avec des faits divers, des potins, des commérages, des histoires de chèvres écrasées. La campagne électorale est une épreuve qu’ils doivent affronter en se montrant capables d’analyse, d’objectivité et d’équité, notamment en restant un cadre de promotion de la qualité démocratique à la faveur de débats fructueux.
Une campagne électorale devrait être une occasion pour les femmes de refuser d’être les marionnettes au service du folklore politique. Elles endurent des quotidiens qu’une campagne électorale devrait leur permettre de mettre sur la table pour, non pas seulement souffrir moins de la domination masculine, mais pour vivre mieux notamment en passant d’abord par l’exigence d’une parité réelle dans les fonctions de représentations politiques, administratives et dans tous les secteurs. Elles devraient résister d’obéir et de suivre pieds, mains et neurones liés ces femmes qui les offrent aux politiciens, moyennant financements occultes et indûment servis pour asservir le Sénégal.
Une campagne électorale devrait être une occasion offerte aux ouvriers de faire entendre aux candidats leurs doléances, pour que ces derniers les intègrent dans leurs programmes en leur précisant les solutions qu’ils comptent apporter à leurs problèmes.
Une campagne électorale devrait être une occasion pour les chômeurs de manifester leur volonté de sortir de cette condition difficile de non-emploi. Ils pourraient rappeler aux politiciens qu’ils détiennent en grande partie la clé de l’issue électorale ; que leurs voix comptent autant voire plus que toute autre voix, parce qu’ils sont les laissés pour compte du système qui les plonge dans la misère et l’insécurité existentielle.
Une campagne électorale devrait être un moment où le sérieux laisserait une petite place, malgré tout, à l’humour, à la fête, à la musique, aux alléchantes répliques et petites phrases assassines, aux grands meetings en salle fermée et sécurisée aux allures de concert avec une chaleureuse et conviviale ambiance.
Et dans ces conditions parfaitement remplies, les campagnes électorales cesseront d’être des problèmes pour devenir des solutions. Pour cette fois, c’est presque trop tard.
Ibrahima Silla est président Mouvement Lénène ak Niénène, membre du Directoire de Fippu
LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS PLUS QUE JAMAIS ANCRÉE DANS SES CONVICTIONS
Que vaut un programme, fut-il mirifique et mirobolant, s’il est porté par un homme à la moralité douteuse ? Faut-il seulement changer les hommes pour refaire la même chose ?
La « République des Valeurs » (RV) de monsieur Thierno Alassane Sall n’a personne à rattraper. Elle ne doit pas marcher ou courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi. Son statut de fille ainée dans la grande famille des « Valeurs, des Vertus, de la Conviction et des Principes » requiert d’elle de s’extirper de ces accointances politiques douteuses et suspectes, de ces alliances de circonstance, de ces mariages contre nature destinés à imploser une fois l’adversaire commun vaincu. Elle doit aussi s’extraire de la compétition, de ce cadre infantile où les leaders politiques et/ou d’opinions, les partis, coalitions de partis et mouvements de soutien rivalisent dans la transhumance, le reniement, la volte-face et le jeu clair-obscur. Elle doit également se dés-insérer de cette course effrénée de marchandages et de négociations irresponsables pour arriver aux stations de pillage de nos maigres ressources publiques et mettre irrémédiablement en danger les conditions sociales, politiques, économiques et naturelles du pays.
Sa seule urgence est d’être à la hauteur de ses convictions ; et elle ne saurait s’y soustraire, parce que composée de patriotes détachés, lucides, tempérants, sereins et réfractaires aux émotions négatives. Quand, en politique, Arthur Schnitzler identifie : « ceux qui troublent l’eau ; ceux qui pêchent en eaux troubles ; et ceux qui, plus doués, troublent l’eau pour pêcher en eaux troubles », il veut implicitement montrer que les fourbes et les tartuffes ont transformé le champ politique en un espace de duperies, de supercheries, de maquignonnages et de tromperies. La RV bat en brèche cette assertion insinuante et épouse parfaitement la posture de l’ancien président du Conseil de la République du Sénégal, Mamadou Dia, qui écrit : « Quand on s’engage dans une lutte n’ayant d’autre motivation que le souci de servir son pays, on se met au service du Bien. Quand on a la responsabilité de dire la vérité et le devoir de dénoncer le mensonge, et que l’on décide par peur ou par calcul de faire autrement, on offense Dieu et trahit les Hommes ».
La composition/décomposition/recomposition de l’espace politique sénégalais actuel a mis à nu la véritable nature de certains hommes politiques, qui n’ont pas hésité à se renier publiquement, pour ensuite se perdre dans des affabulations insensées pour justifier leurs forfaitures. La situation a aussi consacré une redistribution des rôles et encouragé une convergence des forces avec la création de fortes coalitions rivalisant de programmes. Mais que vaut un programme, fut-il mirifique et mirobolant, s’il est porté par un homme à la moralité douteuse ? La pression citoyenne aidant, on exige des recalés du parrainage un soutien en faveur d’un des candidats de l’opposition. Qu’est-ce qui est nouveau sous le « ciel politique sénégalais ? ». Rien. Rien vraiment. Faut-il seulement changer les hommes pour refaire la même chose ? Oh que non !!! Le jeu de chaises musicales doit cesser. Macky Sall et son prédécesseur ont sabordé les principes de notre démocratie et la RV s’est tracée comme ligne directrice de combattre l’APR et son régime corrompu et veule.
Par ailleurs, dans l’espace politique actuel, l’écran de fumée est tellement épais, la poussière tellement aveuglante, que la situation exige de la lucidité, de la clairvoyance et du discernement pour tout acteur politique qui a un rôle à jouer dans ce pays ; le Tribunal de l’histoire pouvant être parfois impitoyable.