Selon l'éditorialiste de SenePlus, Emmanuel Desfourneaux, les deux candidats recalés ont toujours leur mot à dire dans la présidentielle, même s'ils n'y prennent pas part personnellement
Khalifa Sall et Karim Wade peuvent toujours influencer la prochaine présidentielle. Selon Emmanuel Desfourneaux, les deux candidats recalés pourraient éventuellement envisager des alliances avec des personnalités en course et proches de leur idéologie. "Il semblerait que Karim n'envisage pas d'alliance à l'heure actuelle", regrette l'éditorialiste de SenePlus. L'autre décision extrême que pourraient prendre les deux K (Karim et Khalifa) selon l'invité de Sud FM, serait d’œuvrer pour que le scrutin n'ait pas lieu.
Ecoutez son intervention au micro de Sud FM.
PAR ELHADJI HAMIDOU KASSÉ
L’HOMME QUI PRÉTEND ÊTRE DIEU !
L’humilité doit encadrer le combat de notre vie - La prétention relève de l’arrogance, de l’autosuffisance, en somme de l’individualisme qui est le fondement de l’égoïsme
La métaphore (plus simplement l’image) n’est pas pas le contraire de la réalité. Dans l’image fonctionne la vérité du monde ici-bas. Dix énoncés successifs le long du jour. Ce qui, abstrait à première vue, participe d’une proposition sur l’HUMILITÉ.
L’homme qui prétend être Dieu, résident dans les châteaux de la pureté… il ne savait pas que Dieu est Un. Cette ignorance explique sa chute. Ignorant de son ignorance, il ne sait toujours pas qu’il a rejoint, mortel, le monde des mortels (1)
Dans les ténèbres de son ignorance, l’homme qui prétend être Dieu croit que tout commence avec lui, exactement comme Dieu est le commencement de Tout. L’homme qui prétend être Dieu considère comme impur tout ce qui n’est pas lui et ne s’assimile pas à lui 2/10
Dans la mesure où l’homme qui prétend être Dieu considère qu’il est le PUR, sa mission est de purifier le monde de ses impuretés, c'est-à-dire de tout ce qui n’est pas lui : en « fusillant » les impurs, et, après tout, cette extermination n’est pas un péché (3/10)
En tant que COMMENCEMENT de Tout, l’homme qui prétend être Dieu pense que la démocratie, le discours éthique, l’anti-impérialisme, l’héroïsme et autres expressions de la passion politique commencent donc avec lui. Il faut tuer le passé et ses héros; ce n’est pas 1 péché 4/10
L’homme qui prétend être Dieu regarde les mortels que nous sommes du haut de ses châteaux de pureté. Certes, il est infaillible. Pour lui, les Sénégalais sont des « peureux qui refusent de se sacrifier », c'est-à-dire qui refusent de le suivre. Il est certes, le héros solitaire ! 5/10
Le héros solitaire, qui prétend être Dieu, porte le clivage en bandoulière : le monde se répartit entre le Bien (Lui et ceux qui sont avec lui) et le Mal (les autres). Aussi, en chaque homme qui se croit Dieu, sommeille un petit dictateur (6/10)
L’homme qui prétend être Dieu est pourtant fatalement rattrapé par l’histoire : il chute dans le monde des mortels, mortel parmi les mortels. On découvre qu’il est loin des châteaux de la pureté, qu’il est mortel comme nous autres mortels. Seul Dieu est vraiment infaillible (7/10)
Alors on sait maintenant que l’homme qui prétendait être Dieu touche le sol, les mains dans la transaction foncière, qu’il respirer fort l’air embué de gaz et de pétrole, qu’il peut tendre la main à des prédateurs, qu’il peut s’acoquiner avec des repris de justice (8/10)
L’homme n’est pas Dieu et jamais ne le sera. Je ne suis pas pessimiste mais je pense que la vie doit être considérée comme un long combat intérieur, si c’est à l’échelle de l’individu, pour nous parfaire entre le moment de notre naissance et celui conclusif qu’est la mort (9/10)
Enfin…
L’humilité doit encadrer le combat de notre vie. La prétention relève de l’arrogance, de l’autosuffisance, en somme de l’individualisme qui est le fondement de l’égoïsme. L’histoire est un vaste océan et prétendre en être le commencement est une erreur suicidaire (10/10)
10+1. Oubli
Je ne suis nullement infaillible. Je peux donc oublier. Et ce que j’ai oublié, c’est de dire que l’homme qui prétend être Dieu est intolérant et ses sbires sont à son image : ils insultent tous ceux qui doutent de la divinité de leur leader considéré comme Dieu.
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LE HOLD UP ÉLECTORAL DE MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le Conseil constitutionnel n'a pas appliqué la loi - Il y a des suspicions légitimes sur le processus électoral - La faillite de la société civile - "SANS DÉTOUR" AVEC MAME ADAMA GUÈYE
#Enjeux2019 - À en croire Mame Adama Guèye, le Conseil constitutionnel a commis plusieurs impairs dans le processus de validation des parrainages des candidats à la présidentielle.
Selon le coordonnateur de la Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (Pose), la loi sur le parrainage s'est révélée impraticable. "Même ceux qi sont passés, on peut se poser des questions sur la légalité de leurs signatures. Le conseil aurait dû vérifier signature par signature", relève l'invité de Sans Détour dans ce numéro spécial #Enjeux2019. Selon lui, le rôle juridictionnel du Conseil a été outrepassé.
Voir l'émission politique Sans Détour, co-produite par SenePlus.com et l'école d'image Sup'Imax.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL MOTIVE LA LISTE PROVISOIRE DES CANDIDATS
Le Conseil a publié, ce lundi 14 janvier 2019, la Décision No 2/E/2019, Affaire No 12/E/19, Matière électorale, arrêtant la liste provisoire des candidats à l'élection présidentielle du 24 février 2019
Les 7 sages ont publié, ce lundi, la liste provisoire des candidats autorisés à se présenter à la présidentielle du 24 février 2019. Sur les 7 noms en lice, 5 ont eu l'onction du président Papa Ousmane Sakho, des juges Ndiaw Diouf, Mandiogou Ndiaye, Abdoulaye Sylla, Saïdou Nourou Tall, Bousso Diao Fall, Mouhamadou Diawara et du Greffier en chef Me Ernestine Ndèye Sanka.
Cinq heureux élus encore dans les starting-blocks
Outre Macky Sall, président sortant et candidat de Benno Bokk Yakaar (Bby) à un second mandat, Ousmane Sonko de Pastef, Idrissa Seck de Rewmi, Issa Sall du Pur et Madické Niang issu des rangs du Pds ont été autorisés à briguer les suffrages des Sénégalais. Par contre, les "sept sages" ont justifié l'invalidation de la candidature de Karim Meïssa Wade et de Khalifa Ababacar Sall par leur condamnation, respectivement à 6 et 5 ans de prison, pour enrichissement illicite et escroquerie sur les deniers publics.
Karim Wade écarté par les articles L.27 et L.31 du Code électoral
Le candidat Karim Meïssa Wade "n'a pas la qualité d'électeur au sens des articles L.27 et L.31 du Code électoral et ne peut faire acte de candidature" à la présidentielle du 24 février 2019, argumente le Conseil constitutionnel dans sa décision. Il y aussi que Karim Meïssa Wade, par ailleurs candidat déclaré de la coalition "Karim Président 2019" présenté par le Parti démocratique sénégalais (Pds) et ses alliés, a produit un extrait de casier judiciaire sur lequel il est mentionné qu'il a été condamné le 23 mars 2015 à six ans d'emprisonnement ferme par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei).
L'article L.57 du Code électoral scelle le sort de Khalifa Sall
Les motifs avancés pour l'invalidation de la candidature de Khalifa Ababacar Sall font ressortir que le leader de Taxawu Senegaal "ne peut plus se prévaloir de la qualité d'électeur au sens des articles L.27 et L.31 du Code électoral ; que par la suite, ne remplissant pas la condition prévue par l'alinéa 1er de l'article L.57 du Code électoral, il ne peut faire acte de candidature à l'élection présidentielle". En effet, écrit le Conseil constitutionnel, "il résulte de l'arrêt numéro 454 rendu le 30 août 2018 par la Cour d'Appel de Dakar et transmis au Conseil constitutionnel, que Khalifa Ababacar Sall est condamné, en application des articles 135 à 137 et 152 et suivants du Code pénal, pour faux et usage de faux en écriture de commerce, faux et usage de faux dans des documents administratifs et escroquerie portant sur des deniers publics, à une peine de 5 ans d'emprisonnement ferme et 5 millions de Fcfa d'amende".
Quid du caractère suspensif ou non du rabat d'arrêt ?
Les "sept sages" renseignent aussi, dans leur Décision, que "le caractère suspensif du pourvoi en cassation en matière pénale a pour effet d'empêcher l'exécution de l'arrêt de la Cour d'Appel avant l'expiration du délai d'exercice du pourvoi en cassation et, en cas d'exercice du pourvoi dans le délai, jusqu'à la décision de la Cour suprême s'il s'agit d'un arrêt de rejet et, au-delà s'il s'agit d'un arrêt de cassation".
La liste définitive des candidats attendue le 20 janvier
Les candidats recalés sont appelés à déposer leur réclamation dans les 48 heures qui suivent l'affichage de la liste provisoire conformément à l'article L121 alinéa 3 du Code électoral. Le Conseil constitutionnel statue sur les réclamations des candidats, s'il y a lieu, avant d'arrêter la liste définitive des candidats qui sera publié au plus tard le 20 janvier prochain.
«LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL N’A PAS DIT LE DROIT»
Les mandataires de Khalifa Sall sont très remontés contre le Conseil constitutionnel. Et pour cause, l’institution qui vient de publier la liste provisoire des candidats pour la présidentiel, a exclu Khalifa Sall de la liste des candidats
Pour eux, la décision est injuste.«Nous constatons, encore une fois, que le Conseil constitutionnel n’a pas dit le droit. Et que cette décision n’est pas fondée en droit. Il s’agit d’une nouvelle forfaiture. Parce que les motivations formulées par le Conseil pour cette décision ne sont pas conformes au droit», a indiqué Babacar Thioye Bâ, mandataire de Khalifa Sall.
Quant aux motifs donnés par le Conseil constitutionnel, il précise : «Aujourd’hui, il apparait, dans la décision du Conseil constitutionnel, que Monsieur Khalifa Ababacar Sall n’a pas la qualité d’électeur. Ce qui est absolument faux, dans la mesure où M. Khalifa Sall est régulièrement inscrit sur les listes électorales et détient une carte d’électeur.»
Aujourd’hui, le mandataire de Khalifa Sall déclare qu’ils comptent engager la lutte : «Macky Sall a décidé d’être lâche jusqu’au bout. Et en ce qui nous concerne, nous devons lui faire savoir que nous allons rester debout jusqu’au bout. A cette forfaiture, la réponse sera politique. La réponse politique, elle sera dans la mobilisation, dans la détermination de l’opposition, mais également du peuple sénégalais. Parce que, de toute évidence, Macky Sall n’a pas le courage d’affronter ses adversaires», martèle M. Bâ
REJET CANDIDATURE DE KARIM , OUMAR SARR ANNONCE LA COULEUR
«Nous allons saisir les avocats de Karim Wade et voir les mesures judiciaires à prendre. Nous avons 48 heures pour faire éventuellement des réclamations. Mais, en même temps, il y a des mesures politiques qu’il faudra envisager.»
Le Conseil constitutionnel vient de publier la liste provisoire des candidats à la présidentielle. Dans cette liste de 5 personnes, ne figure pas Karim Wade. Ce qui n’est pas du tout du goût du coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (Pds). «La liste provisoire a été publiée. Malheureusement, en tant que mandataires, nous n’avons pas eu le droit d’avoir une copie de cette liste-là. Nous prenons acte», a déclaré Oumar Sarr.
Et d’annoncer : «Nous allons saisir les avocats de Karim Wade et voir les mesures judiciaires à prendre. Nous avons 48 heures pour faire éventuellement des réclamations. Mais, en même temps, il y a des mesures politiques qu’il faudra envisager.» Selon le coordonnateur du Pds, le motif invoqué par le Conseil constitutionnel pour rejeter la candidature de Karim Wade, c’est que ce dernier n’est pas inscrit sur la liste électorale.
«Mais tout le monde sait que c’est Macky Sall lui-même qui l’a enlevé de la liste électorale», a déclaré le responsable politique du Pds. Il annonce qu’«indépendamment de la bataille judiciaire, il faudra accélérer la bataille politique pour imposer le droit». «Parce que ça, ce n’est pas du droit, c’est du ‘’ma tay’’», martèle Oumar Sarr.
PAR SELLY BA
VIOLENCE, FAMILLE ET POLYGAMIE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La sphère familiale sénégalaise a connu des mutations jusque-là peu analysées, qui fondent le sous-bassement des comportements violents - L’espace conjugale s’est transformé en un champ de bataille
#Enjeux2019 - La violence a toujours été connue dans un champ traditionnel de la politique (manifestations, meurtres, personnes blessées), des manifestations estudiantines (meurtres, casses, lancements de pierres). Cependant, depuis quelques années, ces violences sont de plus en plus visibles dans la sphère familiale. Ces derniers jours, l’actualité a été fortement marquée par des cas de violence extrêmes de meurtres de plus en plus odieux et sanguinaires.
Alors que les hommes exerçaient la violence physique sur leurs épouses, et que les femmes s’exercent une violence entre elles (entre co-épouses), aujourd’hui, les femmes exercent la violence sur leurs époux (meurtres, blessures etc.). L’analyse de ces faits sociaux montre que la polygamie est un des facteurs déterminants dans ces cas de violence. La jalousie reste le moteur principal de cette violence. En effet, l’on note une flambée de violence conjugale : le drame de Mariste où la dame a brûlé son mari suite à une crise de jalousie, la co-épouse brulée à l’eau chaude à Kaffrine, une dame charcute sa rivale à coup de hache par jalousie pour ne citer que cela, avec une tendance à banaliser ces crimes à force de les entendre tous les jours.
C’est pourquoi, il serait judicieux de se poser la question de savoir pourquoi les femmes ont si peur ou n’acceptent pas tout simplement la polygamie ?
- Pratique dévoyée de la polygamie -
La raison reste profondément liée à la mauvaise pratique de la polygamie au Sénégal. En effet, l’on note une inégalité dans le traitement des conjointes ou tout simplement des conjoints qui n’ont pas les possibilités financières ou morales de gérer une famille polygame. A la situation actuelle du pays, nous voyons sans ambages que cette pratique n’épouse pas les valeurs de l’Islam, une religion de justice et de paix. Et pour nous ces faits sont au cœur des traumatismes que vivent les femmes au quotidien.
La plupart des pays musulmans ont adopté des mesures pour restreindre et décourager la polygamie. La Turquie et la Tunisie l’ont abolie, tandis que d’autres pays l’ont rendue plus difficile. Ainsi, le droit marocain, depuis la révision du code de la famille, la Moudawana, en 2004, considère « la polygamie comme un empêchement relatif au mariage ». Conformément à la nouvelle loi, la femme a le droit d’exiger, lors de la signature de l’acte du mariage, que son mari renonce à la polygamie (art 40). De plus, un homme qui envisage d’épouser une autre femme doit avoir une autorisation du tribunal ainsi que l’accord de l’épouse actuelle et de la future épouse (arts 40-46).
Au niveau du droit égyptien, la femme a la possibilité d’exiger dans le contrat du mariage que l’époux ne prenne pas une seconde épouse et, si le mari viole cette obligation, la première épouse a la possibilité de demander le divorce. Par conséquent, on peut dire qu’à l’exception des pays musulmans de l’Afrique subsaharienne, la pratique de la polygamie est plutôt rare dans la plupart des pays musulmans, grâce, d’une part, à une interprétation intelligente et cohérente du verset 129 de la sourate 4, et d’autre part, à cause des conditions socio-économiques difficiles qui prévalent dans la plupart des sociétés musulmanes contemporaines.
A ce niveau, je n’exige pas la même chose pour le Sénégal mais juste de s’inspirer de ces modèles et d’essayer de voir comment voudrait-il avoir plus de transparence avant la formalisation des unions au niveau de la mairie. D’où la pertinence, d’organiser des consultations nationales car elle demeure une question sociétale préoccupante. Et dans ce contexte électoral, les candidat(e)s sont interpellés sur cette question étroitement liée à la violence qui sévit aujourd’hui dans la sphère familiale.
- De profondes mutations familiales -
Par ailleurs, au-delà de poser le débat sur la polygamie au Sénégal, il est extrêmement urgent de réfléchir sur la famille et ses fondements. En effet, les faits mentionnés plus haut nous poussent à avancer sans risque de nous tromper que l’espace conjugale s’est transformé en un champ de bataille. Dans bien des cas, la famille se présente comme un immense champ de bataille où il est refusé à certains la liberté d’être eux-mêmes et de construire librement leur bonheur. La famille n’est plus le havre de paix auquel on peut naturellement penser. C’est souvent un lieu de compétition, de privation et de violence[1].
Cette recrudescence des comportements violents témoigne d’une crise des instances de socialisation. L’effritement des rapports et la détérioration des liens sociaux conduisent les populations à l’adoption de comportements non conformes aux valeurs sociales dont la conséquence est la violence, l’insécurité sociale.
La cellule familiale est le lieu par excellence où l’enfant dès son plus jeune âge apprend à assimiler les règles de vie en société. C’est dans ce milieu que se forge le système de disposition à partir duquel seront filtrées toutes les expériences de la vie sociale[2]. C’est pourquoi, la qualité de la vie adulte dépend grandement de la qualité des relations entre les membres de la famille. Car la famille constitue le lieu des expériences les plus intenses et les plus significatives de la vie humaine[3].
La formation aux valeurs, à la culture et à la vie était l’apanage des familles qui dans leur composition disposaient des outils adaptés pour cette tâche. Or, de nos jours, des liens de formation se relâchent, des dysfonctionnements apparaissent au sein des familles qu’elles soient monogames, polygames ou monoparentales. La communication entre parents et enfants devient faible et est influencée par d’autres instances de formations telles les médias. Ainsi, la famille cesse d’être de plus en plus ce moteur du progrès de la cité, via la transmission des connaissances, des savoirs qui puissent permettre l’individu d’apprendre à agir et à bien se comporter dans la société.
Ce qui atteste que la sphère familiale sénégalaise a connu des mutations jusque-là peu analysées qui fondent le sous-bassement des comportements violents constatés. Cependant, toutes les connaissances ne sont toujours pas données par la famille car, entre cette dernière et la société, il y a l’école qui assure une sorte de relais. D’où son rôle complémentaire dans l’acquisition des connaissances, sans oublier les médias. Hors, ces instances également sont en crise tout comme la famille.
Dans ce contexte de recrudescence des violences face à des instances de socialisation en crise, la question fondamentale qui doit interpeller l’ensemble des acteurs sociaux et plus précisément des politiques reste quel type de sénégalais voulons-nous ? Comment l’éducation des jeunes devrait être prise en charge dans ce contexte de crise ? Quelles réponses faudrait-il apporter ? Quels repères moraux et modèles devraient permettre aux jeunes de garder des valeurs ? Qui sont les véhicules de ces modèles ?
Dans un contexte de globalisation, la société sénégalaise présente une vulnérabilité socioculturelle certaine. Les jeunes, en particulier, sont les plus fragiles de ce point de vue. Dès lors, apparaît la nécessité de sauvegarder mais aussi et surtout, de se réapproprier des spécificités culturelles sénégalaises positives. C’est pourquoi, la construction d’un sénégalais capable de faire face aux défis actuels et à venir devrait être dans le discours de tout politique.
Selly Ba est docteur en sociologie. Militante des droits humains, membre du Mouvement citoyen, elle est spécialiste en Genre et Religion au Sénégal. Elle est l'auteur de plusieurs articles et publications collectives sur le genre allié aux thématiques politiques, religieuses, migratoires et sécuritaires.
[1] Mody Ndiogou FAYE, 2016, La religion au contemporain. Du sens de la visibilité religieuse de la jeunesse au Sénégal, Thèse de Doctorat, UCAD.
[2] Roch YAO GNABELI, 2013, citoyenneté et transformations sociales en Afrique, Revue Perspectives et sociétés, ISSN 1840-6130, Volume 5, numéros 1 et 2.
EXCLUSIF SENEPLUS - Je refuse le boycott parce que dans les circonstances actuelles, ce n’est pas la réponse adéquate à la situation du pays - Il faut obliger Macky à un deuxième tour pour l’amener à une retraite anticipée
Le boycott, électoral surtout, est comme un couteau suisse : multi-lames et multifonctions. Il faut savoir le manier, sinon, gare aux blessures (dérapages) mortelles. Depuis quelques temps, des nouvelles, fausses ou vraies, circulent sans que l’on soit sûr qu’elles émanent bien de ceux à qui elles sont attribuées, ou si elles ne sont que les saloperies que des candidats véreux utilisent contre leurs adversaires supposés dangereux, via des complicités médiatiques devenues de véritables armes sales qui abîment encore plus le peu de crédit qui restait à la profession.
Couteaux multi-lames et multifonctions donc le boycott ! Parce que d’abord, il y a beaucoup de manières de boycotter et chacune d’elle implique une stratégie pour l’imposer. Il y a le boycott « soft » : je ne voterai pas ; je n’appellerai pas à voter, mais je n’en ferai pas plus. Cool ! Blaise, va pêcher le 24 février prochain ou si tu as un verger dans la lointaine banlieue, vas y dormir ou converser avec tes fruits et légumes.
Il y a le boycott sélectif : je boycotte la présidentielle mais je participe aux législatives. Parce que voyez-vous, cinq ans (s’il ne change pas en cours de route) de présidence, peut être énormément long pour un opposant « goorgoorlou ». Il faut bouffer et entretenir la fidélité des partisans ; Or, tu fais comment si tu n’as pas des rentrées d’argent régulières venant des cotisations de tes députés ? Eh bien, tu finis par entrer dans les pentes brutes des liaisons dangereuses : transhumance et autres micmacs dégueulasses... aux antipodes de la probité morale qu’on est en droit d’attendre de ceux qui aspirent aujourd’hui ou demain à nous diriger. Mais depuis le fameux « wax wakhet », on sait ce qu’il en est de la parole de certains candidats. Honni qui mal pense à un candidat précis.
Mais si on n’est pas partisan du « boycotteur du dimanche à la pêche ou au verger », alors le boycott nécessite beaucoup d’engagements et de munitions : il faut pouvoir imposer le boycott à l’adversaire. En quoi faisant ? Il y a d’abord la masse, le nombre de partis et candidats boycotteurs. Parce que, s’il y a un seul, voire deux candidats en face du sortant, celui-ci « s’en foutra » royalement. Il a un challenger ou deux, des faire-valoir ? Alors, le pluralisme est sauf. Même si c’est un « pluralisme limité », pluralisme quand-même. On en a connu de pluralisme limité sous le règne de l’académicien Senghor. L’actuel président devait être en ces temps-là au collège à baragouiner certains passages du « Petit livre rouge de Mao » et à lancer quelques cailloux dans les rues de Fatick. Mais depuis, il a beaucoup appris des nombreuses manières de se débarrasser des adversaires.
Il faut donc le boycott le plus large pour non seulement discréditer le scrutin, mais aussi, à l’occasion, avoir une certaine attention de la « communauté internationale », qui aime tant la démocratie formelle et des urnes multifonctions. Massif donc, pour être actif le boycott. C’est la différence avec notre boycotteur du dimanche au verger ou à la mer pour taquiner la dorade, ou se brûler une peau qui l’est déjà de naissance (allez se « bronzer » quand on a une belle peau d’ébène, c’est d’un ridicule). Il faut donc donner vie à son boycott : cela s’appelle un boycott « actif ». Parce qu’on mène campagne comme si on était dans la course, mais pour dire : « n’allez pas voter pour ceci et celui qui vous savez ». Vous organisez des meetings comme si vous étiez candidats, dans les villes et les plus lointaines campagnes etc. Évidemment, vous n’aurez pas l’usage des médias « publics » pour expliquer non pas votre politique et programme, mais pour expliquer pourquoi il ne faut pas voter...
Vous avez fait tout ça pendant votre « campagne » de boycott, reste le jour J, le 24 février. Vous allez faire quoi ? Vu que la campagne est derrière vous depuis 48h ! Empêcher la tenue du scrutin ce jour-là. Et vous faites comment si vous n’êtes que deux pelés et trois recalés des parrainages ? Brûler deux ou trois pneus dans un bureau isolé ou un bled encore plus isolé avant que les gigantesques (n’en doutez pas) forces de l’ordre déployées ce jour-là (il y a, parait-il, plein de nouveaux matos, des tonnes lacrymogènes empilés quelque part) ne vous submergent par le nombre, la fumée, et vous entassent dans leurs fourgonnettes, direction dans quelques lieux privatifs de liberté. Vous savez ce que diront la fameuse communauté internationale, blanche (Europe-Amérique), ou noire (UA, CEDEAO) : « ce n’est pas de nature à entacher la sincérité du scrutin ». Paf ! Vous l’avez dans le baba ! Quelques semaines de gnouf jusqu'à ce que les tractations prennent fin et que le « candidat-gagnant-deuxième mandat » prête serment, on vous libère.
Parce que voyez-vous, la « communauté internationale » n’aime tant « la paix » de ses investissements, anciens ou futurs. Pétrole, gaz, trains, stades etc. Et la communauté « noire » continentale, sur laquelle s’appuie en général la « blanche » pour vous adouber ou vous embastiller, celle-ci donc est compagnie du syndicat des chefs d’Etat « bien ou mal élus », en attente d’échéances prochaines pour eux-mêmes. Alors on se serre les coudes. Parce qu’on a tous des adversaires, des opposants aigris, envieux, qui ne rêvent que de notre fauteuil, ou pire encore, avec la bénédiction de la « communauté internationale blanche », que de vous envoyer à la HAYE, bien ficelé, au propre comme au figuré, avec dans votre dossier, quelques dégâts collatéraux de la stupidité et la cupidité des acteurs : quelques morts dont on ignore comment et par qui, des blessés et autres estropiés. Toutes choses qui « n’ont pas été de nature à altérer la sincérité du scrutin », mais suffisant pour vous envoyer chez le « Tribunal pour nègres indociles, mauvais coucheurs, mauvais gardiens de nos investissements ».
Voilà. Ceci n’est pas un « Précis » à usage de boycotteurs d’ici et d’ailleurs, mais un almanach (sic et hic !) à l’usage de tous ceux et celles qu’on appelle à refuser l’usage d’un de leurs principaux droits en République, fut-elle vachement abîmée : celui de choisir, de se choisir, celui qui d’une certaine façon, a votre destin en mains pour cinq ans au moins. Pour toutes ces raisons, j’affirme ici et maintenant : je refuse le boycott. Parce que dans les circonstances et conditions actuelles, ce n’est pas la réponse adéquate à la situation du pays. Si l’objectif des candidats recalés ou définitifs était, et est toujours, de virer l’autre du palais, il faut appeler à voter ; l’obliger au deuxième tour, pour l’amener à une retraite anticipée. Il nous a imposé sept ans alors qu’il en avait promis cinq, je trouve que lui confier encore notre vie pour un quinquennat, est carrément insupportable.
Ps : quelqu’un peut-il me dire où sont le Synpics, le Cored, la Cnra et autres machins de presse charger de veiller à l’intégrité de la profession, alors qu’en partie de celle-ci a jeté par-dessus bords toutes les règles censées régir la profession ? A croire que le « Macky » a inoculé un puissant produit anesthésiant destiné aux chevaux, aux éléphants et autres grands quadrupèdes, à une très grande partie de la presse ! Les jeunes reporters et autres journalistes qui n’ont pas leur avenir derrière eux, qui n’ont pas encore été gangrénés, devraient ruer dans les brancards et dire stop aux souillures et autres salissures de leur profession.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
POURQUOI SONKO EST UNE CIBLE PRIVILEGIÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - La « fatwa » lancée par les tenants du pouvoir contre Ousmane Sonko trouve, en partie, son explication dans la représentation que l’on se fait de l’adversaire politique, perçu sous le prisme de la menace individuelle et collective
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 14/01/2019
Le leader de Pastef les patriotes, Ousmane Sonko, est en train de recevoir une volée de bois vert, ces temps-ci, de la part des tenants du pouvoir qui ne ratent aucune occasion pour l’attaquer. Il est l’adversaire politique à abattre du fait de sa position confortable dans les sondages. Mais au-delà de sa personne, nous tenterons d’expliquer pourquoi l’image de l’adversaire politique, en général, est négative. Pourquoi ce dernier fait-il peur ? Quels sont les leviers et les limites de cette image subversive ?
La politique n’est pas un jeu d’enfant, surtout quand elle se drape dans son manteau subversif. Tout ou presque rappelle l’affrontement. Même quand les politiques se rendent la politesse, il y a, comme qui dirait, de la rouille sous le vernis, et la parole mielleuse coule sous l’effet de la salive venimeuse. Tout cela tient du paradoxe de la politique qui se veut le réceptacle de l’intérêt général, mais encourage plus le positionnement individuel, sous le mode de la négation de l’autre. Même les « camarades » de parti qui se congratulent, avec le faux sourire en bandoulière, sont dans une logique de rivalité.
Inutile de souligner qu’en politique, l’adversaire porte toujours ombrage. Ici la question de l’altérité est résolument inscrite dans une logique de compétition, parfois malsaine, où l’égo déploie ses grandes ailes de protection du territoire personnel. Ce n’est alors pas un hasard, si l’adversaire politique est mis en compote, animalisé, cannibalisé et chosifié. A dire vrai, il n’a jamais bénéficié d’une image positive, en dépit des « convenances » du « politiquement correct », marque indélébile d’une hypocrisie contagieuse.
La « fatwa » lancée par les tenants du pouvoir contre Ousmane Sonko trouve, en partie, son explication dans la représentation que l’on se fait de l’adversaire politique en général. Il a toujours été perçu sous le prisme de la menace individuelle et collective. Celui qui vient, tel un bulldozer, « souffler » ces « abris » provisoires, mais très confortables pour les hommes et les femmes du système. Lequel fonctionne sous le mode d’une société fermée, repliée sur elle-même, et ne supporte pas l’audace du regard impénitent qui veut changer le monde. Plus ses compatriotes feront de la place dans leur cœur pour l’accueillir, plus l’adversaire politique sera l’objet d’attaques à hauteur de sa cote de popularité. Parce qu’ils craignent pour leur existence, leur liberté et leurs biens, que les « liquidateurs » d’adversaires politiques, se montreront plus intolérants, plus orduriers. L’injure à la bouche, ils propagent le venin de la haine, pas pour le bien de leur mentor, encore moins, pour celui du peuple, mais pour leur propre confort.
Stratégie de la déshumanisation
La stratégie déployée contre l’adversaire politique, celle de la dévalorisation de la personne et la vilénie, montant en flèche, atteindra le pic de la déshumanisation. Et tout cela est encouragé par certains médias qui pensent, à tort, que la bataille pour l’audimat passe nécessairement par la bagarre et non le débat. Cette attitude est basée sur une fausse appréhension, une croyance « artificielle » qui insère l’altérité dans le moule de la malveillance, avec, in fine, cette vérité absolue : « C’est mon adversaire, de toute façon, il ne veut que mon malheur !». Du point de vue de la représentation, les spécialistes de la communication politique, à l’image de Jean-Paul Gourévitch, voient trois figures de l’adversaire politique.
Les trois figures de l’adversaire
L’adversaire politique est d’abord montré sous la figure du masque, c’est-à-dire quelqu’un qui n’avance pas à visage découvert, mais qui se cache plutôt derrière une image rassurante. A son sujet, on dira : «Vous vous trompez sur sa vraie nature… ». L’adversaire politique, c’est l’homme ou la femme qui avance masqué, qui cache son jeu ; c’est le renard qui utilise la ruse et l’habilité pour se tirer d’affaire.
Ensuite, il apparait sous celle (figure) du bestiaire : l’adversaire qui vous combat ou que vous combattez est une véritable bête. Le recours aux animaux de la jungle pour le caricaturer, vise à le livrer aux rieurs, à en faire la risée dans le but de le déstabiliser. Ce n’est pas un hasard, lorsque Léopold Sédar Senghor «baptise» Abdoulaye Wade «Laye Ndiombor» (le lièvre).
Enfin, la troisième et dernière figure de l’adversaire politique, c’est celle de la représentation réelle. La photo, la vidéo, l’accolade suspecte, la participation à une manifestation ou le document compromettant, vont servir de preuve tangible pour mettre à terre son adversaire. Ce procédé est utilisé par les tenants du pouvoir dans leur combat contre Sonko, avec une vidéo virale qui a enflammé la toile, il y a quelques semaines. De même que cet article écrit par une soi-disant journaliste britannique (AfricaCheck prouve que c’est un faux) sur l’affaire Tullow Oil et dans laquelle serait impliqué Ousmane Sonko.
Leviers et limites de l’image subversive
En effet, l’utilisation de l’image subversive a ses leviers, mais aussi ses limites. Des dossiers compromettants exhibés contre l’adversaire politique, vont le rendre vulnérable et inciter les médias à fouiller dans le passé du mis en cause. Son image ainsi écornée peut entraîner une chute momentanée dans les sondages, plus précisément au niveau de la cote de popularité et des intentions de votes. Mais cette tentative de « destruction massive » de l’adversaire politique ne profite pas forcément à l’auteur des hostilités, en termes de report des votes. En clair, il est difficile de faire rebondir une image négative vers une image positive.