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16 septembre 2025
PAR FRANCIS KPATINDÉ
À DÉFAUT DE S'EN DÉBARRASSER PAR UN PUTSCH, LES AFRICAINS TUENT LEURS DIRIGEANTS SUR INTERNET
Avec l’avènement de l’Internet mobile bon marché et des réseaux sociaux, les populations semblent avoir trouvé une arme redoutable contre les « dinosaures » - Une mort symbolique comme catharsis et mode de dévolution du pouvoir, il fallait y penser !
Le Monde Afrique |
Francis Kpatindé |
Publication 11/01/2019
Le putsch manqué du lundi 7 janvier au Gabon ne doit pas induire en erreur. Le nombre de coups d’Etat, avortés ou réussis, est en nette régression en Afrique depuis près de trois décennies. Les pronunciamientos étaient foison jusqu’au début des années 1990. Ils sont désormais rares, pour ne pas dire exceptionnels.
Un grand pays comme le Nigeria, naguère considéré comme un « éléphant aux pieds d’argile » à cause de son instabilité institutionnelle chronique, n’a pas connu la moindre révolution de palais depuis la disparition subite de son dernier dictateur, le général Sani Abacha, le 8 juin 1998. Idem au Ghana, au Bénin et dans quelques autres pays autrefois en proie à des « golpes » à répétition.
Dans le même ordre d’idées, le dernier putsch réussi ayant entraîné l’assassinat d’un dirigeant sur le continent remonte à la fin des années 1990 : le président du Niger, le général Ibrahim Maïnassara Baré, avait été abattu dans le dos sur le tarmac de l’aéroport militaire de Niamey par l’homme chargé de sa sécurité, le commandant Daouda Malam Wanké. C’était le 9 avril 1999. Vingt ans déjà !
Les « doyens » d’Afrique centrale
Cette pause notable dans les coups d’Etat tient à une série de mutations institutionnelles, à une amélioration générale du débat politique, à l’émergence d’une société civile plus tonique, à des élections plus ouvertes partout sauf en Afrique centrale, qui fait figure de bastion inexpugnable du statu quo et de l’autoritarisme. On trouve dans la région, aujourd’hui encore, une forte concentration de « dinosaures » et autres « doyens » ayant en commun un âge où il n’est pas interdit de faire valoir ses droits à la retraite, ainsi que plusieurs décennies passées à la tête de l’Etat.
L’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 76 ans, a déjà passé près de quarante ans à la tête de l’Etat pétrolier d’Afrique centrale. Pour ce qui le concerne, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, 75 ans, affiche au compteur un solde cumulé de trente-cinq années au pouvoir. Et l’insubmersible Paul Biya fêtera ses 86 ans en février, dont trente-sept comme président du Cameroun, après en avoir été le premier ministre durant les sept années qui ont précédé son accession à la magistrature suprême par cooptation, en 1982.
La raréfaction des putschs tient également au fait que le coup d’Etat, même ardemment souhaité par des populations en désarroi, est désormais banni, notamment par l’Union africaine et ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale ». Il est de nos jours interdit de renverser un régime, même au nom de la liberté confisquée, au risque d’être placé sous embargo, privé de voyages à l’étranger, et de voir les comptes bancaires des prétoriens, de leurs affidés et de leurs proches gelés.
Pour salutaires qu’elles soient, ces mesures coercitives peuvent, dans certains cas, voir leur pertinence remise en cause par les populations, surtout lorsque ces dernières ne décèlent aucun espoir d’alternance du côté des urnes, les dés étant bien souvent pipés, ou lorsque les chancelleries étrangères, les institutions internationales ou la Grande Muette, désormais priée de ne sortir de ses pénates que pour des missions onusiennes de maintien de la paix, restent sourdes à leurs SOS.
Un clone de Muhammadu Buhari ?
Résultat : avec l’avènement de l’Internet mobile bon marché et des réseaux sociaux, les populations semblent avoir trouvé une arme redoutable contre les « dinosaures ». Elles s’emploient désormais à « tuer » sur la Toile ces derniers représentants d’une période évanescente, à défaut de pouvoir s’en débarrasser par le suffrage universel, par des voies de droit comme l’impeachment ou, à l’occasion, par un « putsch salvateur ».
Une mort symbolique comme catharsis et mode de dévolution du pouvoir, il fallait y penser ! C’est pourtant ainsi qu’il faut comprendre la recrudescence des officines de fabrication de rumeurs et la frénésie des populations pour les fake news, dernière passion africaine. A ce jeu macabre, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, n’est plus de ce monde, tout comme Paul Biya, donné pour mort à plusieurs reprises ces quinze dernières années, le Togolais Faure Gnassingbé et le Nigérian Muhammadu Buhari, dont ne subsisterait plus qu’un avatar sous forme de clone errant.
Cet exorcisme collectif n’épargne étonnamment pas les anciens dirigeants, pour certains retirés des affaires de longue date. C’est en effet par voie de communiqué de presse que Jerry Rawlings, ancien président du Ghana, a tenu à préciser, le 15 mai 2017, qu’il était bien vivant et sur pied. Nous étions nombreux, il est vrai, à avoir cru à la véracité des « faits » rapportés dans un « article » en ligne plutôt bien écrit et égrenant moult détails sur le prétendu décès de l’ancien capitaine révolutionnaire des suites d’une crise cardiaque lors d’un transfert en urgence dans un hôpital d’Accra.
Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, est journaliste et enseignant à Sciences Po Paris, où il dirige un cours sur « le contrôle des élections en Afrique au sud du Sahara ».
SIX BLESSES ET DES INTERROGATIONS
Quatre travailleurs de l’usine et deux habitants des maisons adjacentes touchés : C’est le bilan de l’explosion, hier dans la matinée, d’une des chaudières de l’usine Intel, spécialisée dans la production d’aliments de bétail et volaille.
«Le bilan provisoire de l’accident est de six personnes qui ont été blessées par les fragments. L’une est dans une situation plus ou moins grave, elle a été évacuée à l’hôpital de Grand Yoff. Il y a eu beaucoup de dégâts matériels sur un rayon de 300 mètres», a expliqué le préfet du département, Serigne Babacar Kane, venu constater de visu l’ampleur de l’accident.
Une mésaventure qui a mis le paisible quartier de Darou Salam de Diamniadio abritant l’usine dans une grande stupeur et des craintes nourries sur l’avenir. «Il est vrai qu’il y a eu plus de peur que de mal, mais les enfants du quartier ont l’habitude de jouer à cet endroit. Heureusement qu’aujourd’hui, ils étaient tous partis à l’école (…). J’avais alerté les autorités sur ce danger qui guette les populations du quartier», a témoigné Souleymane Dabo.
Repassant le film de l’accident, M. Dabo de poursuivre : «La détonation a été telle que le mur de clôture de l’usine a cédé face à la forte pression. Une violence du choc qui a même projeté la voiture stationnée à la devanture d’une maison à côté de l’usine.» Les flammes ont gagné les maisons, causant des blessures. C’est le cas pour un jeune garçon qui s’est retrouvé avec des brûlures à la jambe. «Tout ce que nous voulons, c’est que l’usine soit délocalisée. Cette cohabitation est un réel danger et les autorités doivent prendre leurs responsabilités avant que l’irréparable ne se produise», a exhorté Astou Guèye.
Pour l’heure, les causes de l’accident ne sont pas encore connues. «Une enquête est ouverte au niveau de la gendarmerie de Diamniadio. Nous attendons les résultats dans les meilleurs délais et une fois ce rapport exploité, les responsabilités seront situées et les mesures idoines prises», a assuré Serigne Babacar Kane, tout en appelant les populations locales à la sérénité
LE FORUM CIVIL VEUT UNE ENQUETE
Le Forum civil demande au procureur de la République d’ouvrir une enquête sur l’affaire des 94 milliards de francs Cfa qui défraie la chronique.
«Il appartient aujourd’hui au procureur de la République, s’il n’est pas instrumentalisé, s’il garde toujours son indépendance, d’éclairer les Sénégalais sur les 94 milliards», a dit Birahim Seck hier, en marge d’un atelier de restitution des résultats du Baromètre sur la fiscalité équitable.
La révélation du journal Les Echos dans son édition d’hier a été aussi évoquée par le Forum civil. Dans cet article, il est dit que Tullow oil aurait donné, selon une journaliste anglaise, «une assistance financière» au leader de Pastef. D’après le coordonnateur général du Forum civil, son Ong a demandé depuis 2013 la dé-classification du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige). «L’entreprise qui est à l’origine de ce rapport de l’Ige sur l’attribution des blocs de Cayar et de Saint-Louis, c’est bien Tullow oil parce que cette compagnie avait commencé la prospection et ses responsables avaient demandé à Petrosen un montant de 1,5 million de dollars deux fois. Ce qui fait trois millions de dollars. C’est entre-temps que l’Etat du Sénégal a donné ces deux blocs à Petro Tim Limited», a expliqué hier Birahim Seck.
Je tiens un livre ouvert sur mes genoux. Je lève les yeux vers le ciel. C’est la naissance du jour. Un vent frisquet caresse mes joues, secoue paresseusement le feuillage des arbres comme une maman réveille un enfant un lundi matin : «Mon chéri, lève-toi tu dois aller à l’école.» Je suis assis sur ma terrasse sur une longue chaise en fer, habillé d’un simple short aux couleurs de l’équipe de foot de mon quartier sans palmarès. Je suis sorti de mon lit un peu plutôt, quand la nuit était encore noire, pour lire (un luxe que peut se payer un célibataire). Là j’assiste à la naissance du jour, médusé et amusé. L’aube est pour moi un moment intensément poétique, de réveil, d’éveil et d’étonnement. Je sais que vous êtes en train de vous dire que je suis un pauvre rêveur désœuvré… Mais je l’assume.
J’ai donc arrêté la lecture (un livre de Ken Bugul, acheté au «par terre») pour admirer l’aube, contempler le vol inaugural des oiseaux, sorte de décrassage matinal dans le ciel. Une lueur blanche s’élève à l’horizon, dissipant les dernières ombres autour des blocs de maisons. A cette heure du jour, me revient toujours une chanson apprise à l’école primaire. Vous devez sans doute la connaître, mais je vais quand même vous la chanter : «Le coq chante et le jour paraît, tout s’éveille dans le village. Pour que le bon couscous soit prêt. Femme debout et du courage. Pilons pan pan, pilons gaiement.»
Je dois une fière chandelle à ces pauvres femmes. Non seulement elles doivent se lever dès potron-minet pour faire le couscous, une harassante corvée, mais le soir on les trouve dans nos villes, à l’angle des rues, sous les lampadaires, emmitouflées dans les pagnes fatigués pour vendre le couscous, thiéré – dîner favori des célibataires fauchés comme moi.
Les haut-parleurs des mosquées murmurent une oraison sereine, la wazifa : c’est une berceuse langoureusement psalmodiée dans cette maternité du monde où vient de naître un jour, un jour nouveau frais et beau ? ll s’appelle lundi, c’est un beau bébé au teint rose, emmitouflé dans ses draps de nuages. Ils clignent déjà de l’œil à la lueur prochaine du soleil.
De ma terrasse, j’aperçois des hommes, encore ensommeillés, qui trottent sur le bas-côté de la route, pour aller affronter les embouteillages du matin. Je sais qu’intérieurement, ils sont en train de maudire leur patron. Mes idées me viennent le matin. Les enfants qui vont à l’école. Ils marchent sac au dos sur le chemin. Il y a quelque chose de réconfortant. Une Nation qui enseigne à ses enfants. Les enfants qui vont à école, ça veut dire quoi. Ça veut dire que l’enfant est là. Une femme l’a mis au monde. Il a pris ses vaccins, sans doute, il a grandi. Il a un sac au dos chinois, à l’intérieur des livres édités en France. Il mange un pain au blé importé. Il a des baskets américains. Il va apprendre dans une autre langue. Une Nation doit s’arrêter et faire un choix.
Bientôt la terre est emplie par une rumeur de klaxons, d’interpellations frénétiques des coxers («Dakar, Dakar Dakar») des rideaux de commerce qui se lèvent. Hier, c’était comme ça. Aujourd’hui et demain, ce sera sans doute pareil. Du haut de ma terrasse, j’assiste, dubitatif, au spectacle pitoyable d’un monde affairé qui va chercher le pain du jour et, si possible, le gain d’une vie. Moi, célibataire assumé et endurci, sur qui ne pèse aucune contrainte familiale, je laisse les hommes à leurs occupations matérielles pour regagner mon lit à une place et me couvrir de la chaleur de mes draps solitaires.
UNE OPERATION DES EAUX ET FORETS POUR ERADIQUER LE FLEAU
Le service départemental des Eaux et forêts de Thiès mène depuis lundi une opération de nettoiement pour «éradiquer» les dépôts sauvages d’ordures ménagères dans la forêt classée située à l’ouest de la Cité du Rail, a constaté l’Aps.
Appuyé dans cette opération par l’Unité de gestion des déchets solides (Ucg) et la Sococim, il veut arriver à «éradiquer» les dépôts sauvages, a indiqué le commandant Badara Thioune, chef du secteur des Eaux et forêts de Thiès.
Les riverains et les occupants de la forêt classée de Mbour 4 Extension, à cheval sur la voie de contournement de la ville de Thiès, participent à cette opération. Situé sur le plateau de Thiès, dans la périphérie de la ville, ce massif forestier a été classé depuis 1934 par l’Administration coloniale, a indiqué le commandant Thioune.
Depuis quelques années, des camions viennent jeter des déchets sur une partie de sa superficie, la transformant en dépotoir. Ibrahima Mbaye, responsable du Pôle de gestion des déchets de Thiès, démembrement de l’Ucg, a noté qu’en cinq jours, l’Ucg avait enlevé 3 500 tonnes grâce aux trois camions de 20 tonnes et à la pelle mécanique mobilisés pour cette opération. Les bennes effectuent en moyenne 35 rotations par jour, et devraient épuiser ce dépôt de 800m de long sur 30 à 40 m, au bout de cinq jours, soit vendredi. «Ceux qui viennent déposer des ordures viennent de la ville», a souligné Souleymane Diémé, président du Collectif de Mbour 4 Extension, un des deux collectifs d’occupants de la forêt classée.
Il a fait part de l’engagement des riverains à accompagner l’action des Eaux et forêts dont la finalité est de contribuer à l’amélioration de leur cadre de vie.
Les populations riveraines sont les principales victimes de ces dépôts sauvages, dont une partie des immondices arrivent jusqu’aux habitations situées en contrebas, a-t-il dit. Les habitants avaient déjà nettoyé la zone, avant qu’elle ne soit à nouveau salie par des camionneurs qui y débarquent nuitamment. Il ajoute qu’ils sont prêts à participer à toute opération de reboisement de la forêt classée. Selon M. Diémé, cette superficie tapissée d’ordures est constituée de parcelles à usage d’habitation que le chef de l’Etat Macky Sall avait promises, depuis un an, de déclasser pour les céder à leurs occupants.
L’inspecteur régional des Eaux et forêts de Thiès, le lieutenant-colonel Birame Dieng, a assuré que les dispositions avaient été prises pour que la forêt ne soit plus à nouveau colonisée par les déchets. Toutes les charrettes qui avaient été trouvées sur place avaient été arrêtées, a-t-il dit, avant d’inviter les populations riveraines à la collaboration, en dénonçant les auteurs de cette dégradation de l’environnement. Il rappelle que le dépôt d’ordures dans une forêt classée est passible d’une amende de 250 mille à 5 millions de francs Cfa et d’une peine de prison ferme d’un mois à deux ans. Le commandant Thioune a assuré que le Service des eaux et forêts n’arrêtera pas le travail cette semaine et compte faire appel à des partenaires pour œuvrer à «l’éradication des dépôts sauvages», avant de travailler à délimiter la forêt classée par le biais d’un rebornage.
DES JEUNES PROMETTENT UN ACCUEIL TOUT EN ROUGE
La demande de marche pour le 14 janvier introduite auprès des autorités n’a pas été validée, mais les jeunes du front «Rabonnir Rufisque» refusent de laisser tomber.
«Dans quel pays sommes-nous ? Au moment où les Rufisquois souffrent le martyr, il (le préfet) permet à certains de mobiliser pour applaudir la réalisation du Président et nous refuse notre droit le plus absolu», a réagi Bou Mouhamed Fall suite à la décision du préfet tombée mercredi. «Le préfet n’a pas autorisé notre demande de marche pour le 14 janvier. Nous avons pris acte et nous resterons dans une posture républicaine. Nous ne brûlerons pas des pneus, mais nous montrerons au président de la République que Rufisque n’est pas contente», a-t-il enchaîné, promettant un accueil tout en rouge au président de la République. «Nous allons nous vêtir en rouge et mettre des brassards rouges pour montrer que nous ne sommes pas contents. J’appelle tous ceux qui ressentent les effets néfastes du Ter à faire de même», a-t-il poursuivi.
Cette posture n’a rien d’illégal, s’est convaincu Ameth Daff, coordonnateur du front «Rabonnir Rufisque». «Au¬jourd’-hui, les militants de l’Apr sont en train de se mobiliser pour l’inauguration et nous aussi on est en train de faire de même. Si on accepte le beige marron, on doit accepter le rouge», a-t-il soutenu.
Ces jeunes résidant dans la commune de Rufisque-Nord, qui disent «ne pas être contre le projet du Ter», exigent une prise en charge correcte de la mobilité des populations. «Le projet ne tient pas compte des préoccupations économiques, sociales et environnementales des populations de Rufisque (…). Les Rufisquois ont du mal à circuler, car il n’existe quasiment pas de passerelles», a noté Bou Mouhamed Fall. Tout ce qu’ils veulent, c’est des passages pour rallier le centre-ville ainsi que de l’éclairage sur tout le tracé du Ter.
«L’IGE, LA COUR DES COMPTES ET L’ARMP NOUS DOIVENT DES RAPPORTS»
Lors de l’atelier de restitution des résultats du baromètre sur la fiscalité équitable au Sénégal, Birahime Seck, a informé que l’indice de la redevabilité touche du doigt la question des rapports produits et qui ne sont pas publiés.
Hier, à l’atelier de restitution des résultats du baromètre sur la fiscalité équitable au Sénégal, le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck a soutenu que l’Ige, la Cour des comptes et l’Armp doivent toujours les rapports de 2016 et 2017 aux Sénégalais. « L’Inspection générale d’Etat (Ige) nous doit deux rapports sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes des activités de 2016 et de 2017. La Cour des comptes, qui avait l’habitude de publier ses rapports, nous doit deux documents qui sont déjà édités et gardés au niveau de l’institution judiciaire. Ce qui pose un problème de redevabilité», soutient le coordonnateur du Forum civil. A l’en croire, même l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) doit à nos compatriotes le rapport de 2017. « Cela veut dire que toutes les questions de la redevabilité au Sénégal ne sont pas, pour le moment, une réalité », se désole-t-il. Ce n’est pas tout puisque, selon Birahim Seck, il y a aussi des rapports qui sont publiés et rangés dans les oubliettes. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Forum civil a eu à former des journalistes sur le cadre juridique et institutionnel du blanchiment d’argent», fait savoir M. Seck.
Evoquant, les questions de l’or noir et du gaz, M. Seck souligne que le projet de code pétrolier qui sera adopté en début d’année 2019 n’a pas été accompagné du projet de contrat type. « Nous déplorons également le fait que la loi sur la répartition des revenus du pétrole et du gaz n’a pas suivi. Tout cela laisse croire que tous les indices du pétrole et le gaz seront captés par les intérêts occultes », prévient-il. Par ailleurs, revenant sur l’affaire de détournement présumé sur 94 milliards de francs qui constitue la brûlante actualité depuis les révélations du leader de Pastef, Ousmane Sonko, le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, en appelle à la diligence du procureur pour apporter des éclairages sur cette question. « Je ne peux pas comprendre qu’un justiciable puisse accuser un agent de l’Etat d’avoir détourné plus de 94 milliards jusqu’à saisir le procureur de la République et qu’aujourd’hui, on veuille déplacer le débat entre deux autres justiciables », s’étonne le coordonnateur de la section sénégalaise de Transparency International.
Avant de poursuivre : « On est en face d’une déréglementation du droit. Le Forum civil interpelle directement le procureur de la République. Il lui appartient, s’il n’est pas instrumentalisé bien sûr, d’éclairer les Sénégalais sur la question de ces 94 milliards ». Dans les affaires relatives au pétrole, Birahim Seck s’est prononcé également sur la société Tullow Oil. Une affaire pour laquelle depuis 2013, le Forum civil avait demandé la déclassification du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur l’attribution des blocs de Kayar et de Saint-Louis. « L’entreprise qui est à l’origine de ce rapport, c’est bien Tullow Oil, qui avait commencé la prospection et des responsables de Petrosen avaient demandé à l’entreprise 3 millions de dollars par bloc. C’est entre-temps que l’Etat a attribué illégalement ces deux blocs à Petrotim Limited. Il suffit tout simplement que le président de la République lève le coude pour que les Sénégalais connaissent la vérité sur le pétrole et le gaz. C’est ça le vrai débat », martèle en conclusion M. Seck.
PAR MAMADOU OUMAR NDIAYE
QUAND «EINSTEIN» SALL MONTRE LA LUNE…
Il nous désigne la lune de l’indépendance de nos magistrats ? Nous idiots n’apercevons que des juges — pas tous heureusement — serviles, aplatis et les fers au pied, exécutant scrupuleusement les ordres du savant
Citoyens inintelligents, ne comprenant que dalle à la marche actuelle du monde, en particulier à la manière dont notre cher Sénégal est géré, soyons donc humbles. Et ne prétendons surtout pas critiquer les éblouissantes réalisations de ceux qui président actuellement aux destinées de ce pays. Etant des idiots de première, contentons-nous donc d’opiner du chef, de nous écrier « euskey » en claquant des doigts et de remercier le bon Dieu de nous avoir donné de si brillants et patriotes dirigeants. Ah, si les autres savaient et avaient la chance que nous avons ! Hélas, quand notre savant de président nous montre la lune des perspectives grandioses de ce pays, et de l’Emergence que le Sénégal a même atteint sous son lumineux magistère, nous autres idiots regardons obstinément le doigt des tensions de trésorerie, des étudiants renvoyés chez eux depuis des mois faute de paiement par l’Etat des milliards de francs qu’il doit aux universités privés ou aux repreneurs de restaurants. Sans compter les paysans qui détiennent encore par devers eux des bons délivrés les années précédentes par les opérateurs privés stockeurs qui leur ont pris leurs graines d’arachides en échange de ces feuilles de papier. Des OPS qui prétendent eux-mêmes que l’Etat leur doit de l’argent. Comme si c’était possible !
Ainsi, quand notre savant de président — un de ses thuriféraires l’a comparé à Einstein, rien de moins ! — pointe son doigt vers la modernité dans laquelle il veut nous faire entrer de plain-pied à coups de Trains Express régionaux (TER), nouvelle compagnie aérienne, autoroute Ila-Touba, centre international de conférences, super calculateur et autres infrastructures de dernière génération, nous autres idiots regardons son doigt et ne voyons que projets non rentables, gaspillage de nos maigres ressources nationales, endettement démentiel dont nos futures générations auront à supporter le fardeau du remboursement. Et, surtout, surtout, mise à l’encan de notre économie au profit de la France, qui revient au galop après avoir fait mine de s’en aller, de la Turquie, de la Chine et du Maroc principalement. Ce au détriment de nos hommes d’affaires nationaux qui ne voient même pas des miettes du festin pour tromper leur fin. Aussi, quand le savant Sall montre la lune de sa désolation face au refus du Conseil constitutionnel de lui permettre de réduire son mandat de cinq ans comme il s’était engagé et comme il tenait tant à le faire, nous pauvres idiots ne voyons que le doigt d’un odieux reniement et aussi d’un horrible manquement à la parole donnée. Et quand le savant nous montre la lune de sa gouvernance sobre et vertueuse, les idiots que nous sommes regardons son doigt et ne voyons que multiplications d’institutions budgétivores et inutiles comme le Conseil économique, social et environnemental, le Haut conseil des collectivités territoriales et autres Commission ou Conseil pour le dialogue des territoires.
Sans compter l’inflation de ministres-conseillers, conseillers spéciaux et autres chargés de mission ! Le savant nous montre la lune d’une lutte implacable contre l’enrichissement illicite et les détournements de nos deniers publics en envoyant en prison deux dangereux prévaricateurs ? Les idiots que nous sommes regardons son doigt et ne voyons que mesquine entreprise d’éliminer ses deux plus dangereux rivaux à la prochaine élection présidentielle. « Einstein » nous désigne la lune de l’indépendance de nos magistrats ? Nous idiots n’apercevons que des juges — pas tous heureusement — serviles, aplatis et les fers au pied exécutant scrupuleusement les ordres du savant. Justement, trêve de persiflage et arrêtons-nous là !
Le premier président de la Cour suprême prétend que personne n’a dicté à ses juges leur calendrier. Sans doute. Sauf que leur jugement intervient trop à point nommé, trop pilepoil pour entraîner la disqualification définitive d’un dangereux rival de l’actuel président de la République à l’élection du 24 février prochain. Et tout cela, c’est trop beau pour être honnête ! La procédure concernant l’affaire dite de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar apparaîtra assurément dans les annales judiciaires sénégalaises comme la plus rapide de l’Histoire ! En juin 1993, la presse française avait surnommé Jack Mellick, l’alors premier magistrat de Béthune, dans le Nord de Marianne, « maire le plus rapide de l’Histoire ». Le brave homme avait fait un faux témoignage en faveur de Bernard Tapie dans l’affaire du match truqué OM-Valenciennes. Il avait prétendu qu’il se trouvait avec le sulfureux homme d’affaires dans son bureau à Paris alors qu’un journal avait relaté une cérémonie qu’il avait présidée dans sa ville une heure après celle de son Rv supposé avec le patron du club phocéen. Une heure pour faire Paris-Béthune !
Sans compter un reçu d’achat de carburant détenu par son chauffeur indiquant qu’il se trouvait bien à Béthune au moment où il prétendait rencontrer Tapie. Eh bien, de la même manière, on peut dire que la procédure contre Khalifa Sall est la plus expéditive de l’histoire de la justice. Pensez donc: de l’arrestation à l’instruction en passant par le procès en première instance — précédé de la levée de son immunité parlementaire ! — l’appel et la cassation, elle n’a duré que deux ans ! Ce alors que les Thiantacounes accusés du double meurtre de Médinatoul Salam, par exemple, multiplient les grèves de la faim pour demander à être jugés. Le commanditaire présumé des faits est libre comme l’air tandis que les exécutants et complices présumés, eux, sont toujours détenus depuis bientôt six ! Pas même un jugement en première instance. Lequel n’interviendra qu’après la présidentielle pour être sûr que le commanditaire saura donner la bonne consigne de vote à ses ouailles. Or là, dans l’affaire Khalifa Sall, en deux ans seulement toute la pyramide judiciaire est déjà escaladée ! Notre glorieuse justice, donc, a expédié la procédure Khalifa Sall et l’a bouclée juste à temps avant la publication de la liste des candidats admis à prendre part à la présidentielle. Du grand art !
Et Badio Camara ose nous dire qu’il n’y a nulle influence de l’Exécutif dans cette accélération frénétique et cette curieuse coïncidence de l’agenda judiciaire avec celui électoral du président de la République candidat à sa succession ? Allons donc, Monsieur l’honorable premier président de notre auguste Cour suprême ! On nous dit — du côté de l’Etat, bien sûr — que c’est plié, la procédure finie et que l’ex-maire de Dakar ne peut plus être candidat à la présidentielle car définitivement condamné. Or, les idiots que nous sommes, incapables de regarder la lune que nous désignent les hommes du savant, mettons notre doigt sur la loi organique N° 2017-09 du 17 janvier 2017 de la Cour suprême définissant les quatre matières pour lesquelles, le rabat d’arrêt est suspensif : En matière d’état des personnes (divorce, successions par exemple), en matière de vente immobilière, en matière de faux incident et en matière pénale… » C’est écrit noir sur blanc mais c’est peut-être parce que nous sommes des idiots, justement, que nous n’y comprenons que dalle ! Pour dire que le président Macky Sall, en faisant disqualifier par sa justice ses deux plus dangereux rivaux potentiels à la prochaine élection présidentielle, en plus d’effectuer un coup d’Etat judiciaire, ramène le Sénégal, berceau de la démocratie sur le continent, des décennies en arrière. Une forfaiture dont on espère qu’elle ne va pas passer…
PS : Ajoutons deux choses : Le ciel sénégalais se charge de gros nuages noirs à mesure qu’approche le 24 février. La tension est palpable. Plutôt que de calmer le jeu et de restaurer la confiance avec ses adversaires, le président bande les muscles et flatte ses forces de l’ordre. Or, lui qui rentre d’un voyage officiel en Tunisie, il a dû se faire rappeler dans ce pays que les forces répressives du président Ben Ali étaient autrement plus féroces que les nôtres. Et pourtant, il a fallu de quelques jours lorsque le peuple tunisien s’est soulevé en 2011… Le président Joseph Kabila, qui avait interdit d’atterrissage tout avion qui transporterait son rival Moïse Katumbi, coupable d’avoir voulu se présenter contre lui, vient de perdre le pouvoir à travers le candidat qu’il avait choisi pour lui succéder. Félix Tshisékédi, fils de l’opposant historique Etienne du même nom, vient de lui succéder. Comme quoi, en interdisant son rival Karim Wade d’atterrissage dans son propre pays, le président Macky Sall devrait méditer la leçon Kabila…
CET « ARTICLE 36 » QUI POURRAIT SAUVER LE SENEGAL D’UN CHAOS PRE-ELECTORAL
Le pouvoir judiciaire semble avoir scellé le sort de la candidature de Karim Meissa Wade du Pds, les avocats de Khalifa Sall s’accrochent au rabat d’arrêt à caractère « suspensif » pour « sauver » la participation de leur client à la Présidentielle 2019
Une procédure juridique qui entretient l’espoir des « Khalifistes ». Lesquels promettant le chaos dans le cas où leur champion serait disqualifié. Les avocats de l’Etat, eux, qualifient Karim Wade et Khalifa Sall de candidats imposteurs et plaident l’irrecevabilité de leurs candidatures. Face à cette confusion politico-judiciaire sur fond d’envol d’oiseaux de mauvais augure, « Le Témoin » a parcouru la loi organique N° 2017-09 du 17 janvier 2017 de la Cour suprême avant d’en extraire l’article 36 disant bien que le rabat d’arrêt est suspensif en matière pénale. Or, l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall a bel et bien été condamné pénalement !
Dans l’affaire Khalifa Sall, les uns tiennent des discours politiques, les autres brandissent des arguments juridiques. Malheureusement, le tout résonne comme des coups de feu réveillant des oiseaux de mauvais augure avant de les disperser dans le paysage politique sénégalais. Pourtant, la loi organique N° 2017-09 du 17 janvier 2017 de la Cour suprême semble être claire pour départager les politistes, les politiques, les juristes, les avocats et les juges qui s’étripent dans l’affaire Khalifa Sall. Il est vrai que la plupart d’entre eux sont préoccupés par un dénouement rapide de cette crise politico-judiciaire, en tout cas avant le 20 janvier 2019, date à la quelle le Conseil constitutionnel publiera la liste officielle et définitive des candidats. En parcourant cette loi organique qui fait l’objet de toutes sortes d’interprétations — alors pourtant qu’elle est claire comme de l’eau de roche ! —, on lit ceci noir sur blanc dans l’Article 36 très controversé en cette période électorale où se jouera le destin politique de l’intéressé à savoir Khalifa Sall: « Le délai de recours et le recours ne sont suspensifs que dans les cas suivants : 1- En matière d’état ; 2- Quand il y a faux incident ; 3- En matière de vente immobilière et en matière pénale. Sauf, d’une part, en ce qui concerne les condamnations civiles et, d’autre part, l’existence de dispositions législatives contraires et dans les cas prévus à l’article 74-2 de la présente loi organique » précise l’Article 36 en question. Un éclairage juridique d’une importance capitale puisqu’il « confirme » que le rabat d’arrêt brandi parles avocats de Khalifa Sall est suspensif dès lors que l’ex-maire de Dakar a été bel et bien été pénalement (et lourdement !)condamné à cinq (05) ans d’emprisonnement ferme et cinq (05) millions cfa d’amende pour faux et usage de faux.
Le rabat d’arrêt n’est pas suspensif…
Aujourd’hui, il nous plait de renvoyer les avocats de l’Etat et Khalifa Sall à cette brillante intervention de feu François Diouf. Et surtout de leur faire comprendre que si militants et politiciens de tous horizons s’invitent au débat sur le « Rabat d’arrêt », c’est parce que le droit semble être mis en quarantaine pour des raisons politiques. Certes, la technicité des procédures et la complexité du langage juridique employés posent problème aux novices que nous sommes. Mais quand avocats et juristes du « dimanche » brouillent la compréhension des citoyens sénégalais qui, en majorité, maîtrisent peu ou très mal un droit aussi complexe que le droit constitutionnel et les subtilités des lois régissant ledit contentieux, cela peut faire bouger des lignes de colère et de frustration. De l’avis de Me Baboucar Cissé, avocat de l’Etat du Sénégal, même si les conseils de Khalifa Sall introduisent un rabat d’arrêt, cela n’aura aucun impact d’autant plus que, martèle-t-il, il n’est pas suspensif. « Je le précise, les avocats de Khalifa Sall savent très bien que le rabat d’arrêt n’est pas suspensif » dit-il fermement sans aucune référence juridique à l’appui. Par contre, M. Ndiack Fall, Professeur de droit pénal à l’Ucad est d’avis contraire. Pour lui, Khalifa Sall garde toujours ses chances de se présenter à la présidentielle 2019. Parce que le rabat d’arrêt, argumente-t-il, est de la compétence des Chambres réunies de la Cour suprême contrairement au pourvoi en cassation qui est de la compétence de la Chambre criminelle de la Cour suprême. « Ainsi, au cas où la Cour suprême invalide la requête de Khalifa Sall, elle a, par le biais de son greffier en chef, un mois pour notifier ladite décision aux parties. Ces parties, ou bien la partie intéressée, ont un mois pour introduire un rabat d’arrêt. Quand le rabat d’arrêt est introduit, on va notifier cette requête à la partie adverse, c’est-à-dire aux avocats de l’Etat. Ces avocats ont deux mois pour apporter leurs arguments » explique le professeur avant de préciser que l’affaire de Khalifa Sall bascule dans une étape de rabat d’arrêt si la défense en fait appel. « Avec ce rabat d’arrêt, Khalifa Sall est jusqu’à présent électeur et éligible car il est impossible d’empêcher sa candidature…» a dit formellement Pr Ndiack Sall.
…Faux, il est suspensif !
Dans un document qui nous est parvenu, le juriste Seybani Sougou a plaidé dans le même sens que le Pr Ndiack Sarr en confirmant avec force arguments que le rabat d’arrêt est suspensif comme le font font valoir les avocats de Khalifa Sall. « Depuis quelques heures, les partisans du régime et les avocats de l’Etat s’épanchent dans les médias, affirmant avec une incroyable audace que la confirmation de la condamnation de Khalifa Sall par la chambre criminelle de la Cour suprême ce 03 janvier 2019 revêt un caractère définitif. Il convient de préciser que ces affirmations sont totalement fausses, et ne reposent sur aucun argument juridique. La Cour suprême confirme que le rabat d’arrêt est suspensif en matière pénale » souligne notre juriste avant de renvoyer les deux parties à la loi organique N° 2017-09 du 17 janvier 2017 de la Cour suprême définissant les quatre matières pour lesquelles, le rabat d’arrêt est suspensif : En matière d’état des personnes (divorce, successions par exemple), en matière de vente immobilière, en matière de faux incident et en matière pénale, sauf pour les condamnations civiles ou s’il y a des dispositions législatives contraires. « Et le cas de Khalifa Sall relevant de la matière N°4 (matière pénale), un rabat d’arrêt introduit par ses conseils revêt obligatoirement un caractère suspensif. Il n’y a aucune ambiguïté possible à ce niveau. L’intérêt du document est qu’il met fin à toute possibilité d’interprétation juridique (dévoyée) du rabat d’arrêt, puisque dès l’entame, c’est mis en exergue. Pour éliminer Khalifa Sall, aux présidentielles de 2019, il va falloir « inventer une nouvelle forfaiture » » estime Me Seybani Sougou en se référant à l’«Article 36 » qui revient en galop dans l’affaire Khalifa Sall. Me Robert Badinter s’invite aux débats Quand à Me Moustapha Ndoye, un des avocats de Khalifa Sall, il invite avec dépit les justiciables voire les citoyens sénégalais à retenir que les conseils de l’Etat du Sénégal défendent un candidat et non un Etat. « L’arrêt de la Cour suprême rendu le 03/1/19 après un délibéré fixé le 20/12/18 contre un arrêt de la Cour d’appel du 30/08/18 est la preuve formelle de l’instrumentalisation de la Justice par l’Exécutif notamment l’institution qu’est le Président de la République » tient à déplorer Me Ndoye.
Et Me Baboucar Cissé, avocat de l’Etat de répliquer en ces termes: « J’avais toujours dit que ces moyens-là ne pouvaient pas prospérer et cela nous l’avons démontré par mémoire écrit que nous avons déposé dans les délais. Et nous avons fait des observations orales pour montrer et démontrer à la Cour que les moyens qui ont été soulevés ne pouvaient pas prospérer. Et la Cour, en examinant ses moyens, a abondé dans le même sens que nous mais aussi dans le même sens que l’avocat général qui avait requis le rejet du pourvoi. Maintenant, les avocats de Khalifa Sall sont libres d’exercer la procédure de rabat d’arrêt. Mais, cette procédure n’est pas un second pourvoi en cassation. Le rabat d’arrêt n’a même pas un caractère suspensif ! » s’étrangle-t-il dans le portail de « e.media.sn ». Un autre avocat de l’ex-maire de Dakar, Me Khouressy Ba, ne compte pas s’inviter dans ce qu’il qualifie de « faux débat » du fait que, selon lui, l’« Article 36 » a déjà tranché. Et il nous renvoie au discours historique du célèbre avocat et ancien ministre de la Justice français Me Robert Badinter : « On est le 4 mars1986, lors de son investiture à la tête du Conseil constitutionnel français, Me Robert Badinter faisait un discours d’une rare justesse idéologique et politique, un discours où l’éloquence et l’intelligence se côtoyaient sans se confondre » se rappelle Me Ba. « Il disait ceci : M. François Mitterrand, mon ami, merci de me nommer président du Conseil constitutionnel, mais, sachez que dès cet instant, envers vous, j’ai un devoir d’ingratitude. Oui, le devoir d’ingratitude, parce que, sauf à renoncer à sa consubstantialité, le Conseil Constitutionnel est un contre-pouvoir. Un contre-pouvoir contre l’abus du pouvoir ».
Pour Me Khouressy Ba, ce discours Me Badinter restera pour toujours dans les annales de l’histoire des Conseils constitutionnels du monde. Justement, le Conseil constitutionnel du Sénégal comme tous les Conseils constitutionnels d’Afrique est-il à la croisée des chemins ? Jadis honni des politiciens et juristes nostalgiques de la souveraineté parlementaire et de l’indépendance de la magistrature, relégué au dernier rang des organes constitutionnels dans les manuels universitaires, incompris dans ses interprétations strictes de sa compétence, le Conseil constitutionnel ou la Cour Suprême a vogué entre indifférence et mépris des Sénégalais depuis la prestation de serment de M. Abdou Diouf en 1981 après la démission de Senghor alors que le peuple s’attendait à des élections anticipées. Une chose est sûre, la stabilité politique se joue sur cet « Article 36 » en attendant le « Rabat » d’une contrainte par corps du coté de Doha…
104 MILLIARDS DE LA BANQUE MONDIALE AU SENEGAL
Un chèque de 180 millions de dollars soit 104 milliards de francs sous forme d’appui budgétaire général. C’est le beau cadeau de début d’année que la banque mondiale vient d’accorder à notre pays.
Hier, en signant l’accord relatif à cet appui avec la représentante de la Banque mondiale à Dakar, Mme Louise Cord, M. Amadou Ba affichait un large sourire. Selon le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, c’est « une première pour un pays de l’Afrique au Sud du Sahara d’enregistrer un tel niveau d’appui budgétaire général ».
104 milliards de francs qui tombent … du ciel de la Banque mondiale pour appuyer le Gouvernement en ces temps de panne financière sèche sont plus qu’une bouée de secours. L’appui budgétaire pour le profane, c’est de l’argent donné par le partenaire pour financer directement le budget du pays. Cet argent est généralement donné à des taux concessionnels — c’est-à-dire à très faibles intérêts — voire sous forme de dons non remboursables et de financements qui comportent un élément don d’au moins 50 %. L’argentier de l’Etat s’est fortement réjoui de cet appui sans précédent de la Banque mondiale. « C’est une première pour un pays de l’Afrique au Sud du Sahara d’enregistrer un tel niveau d’appui budgétaire général. C’est pourquoi, Madame la Directrice des Opérations, je voudrais vous réitérer personnellement mes sincères remerciements pour votre forte implication avec vos équipes dans l’approbation de cet appui budgétaire qui permettra au Gouvernement du Sénégal de démarrer avec aisance les opérations financières de la gestion 2019.
En effet, l’exécution du budget 2019 a démarré le premier jour ouvrable de l’an (02 janvier 2019) conformément aux directives de Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République et à la date du 09 janvier 2019, les dépenses publiques ont connu un niveau d’engagement de 158,5 milliards. L’appui budgétaire de la Banque Mondiale va ainsi être déterminant dans le financement de ces dépenses publiques en complément à la mobilisation des ressources internes de l’Etat » a indiqué d’emblée Amadou Ba. Cet appui budgétaire était subordonné à la réalisation d’un certain nombre de mesures de réformes dans les secteurs de l’énergie et des technologies de l’Information et de la communication (TIC) stratégiques et très importants pour les perspectives de croissance forte et inclusive. Le ministre de l’Economie a tenu à rassurer sur l’état d’avancement satisfaisant des réformes dans ces deux domaines. Dans le secteur de l’énergie, il s’agira de renforcer la gouvernance et la gestion de SENELEC afin de réduire les coûts et faciliter un accès équitable par une série de mesures. Celles-ci visent entre autres le paiement régulier des factures des entités publiques autonomes ; l’assainissement des relations entre la société d’électricité et les administrations fiscales ; la prise en charge budgétaire de la compensation tarifaire induite par le non ajustement des prix de l’électricité et la mise en place d’une taxe parafiscale devant permettre à terme la prise en charge des factures de l’éclairage public.
Par ailleurs, la promotion de l’électrification rurale sera renforcée par la mise en place d’un système d’harmonisation tarifaire. Dans le secteur du pétrole, une stratégie GAS TO POWER a été adoptée. Elle vise l’utilisation du gaz pour l’alimentation des centrales de la SENELEC afin de réduire considérablement les prix de l’électricité. Dans le domaine des TIC, les points d’amélioration porteront notamment sur l’environnement de travail des opérateurs de télécommunications. A ce titre, un Code des Communications électroniques a été adopté ainsi que ses décrets d’application. Ce document vise la rationalisation des conditions d’exercice des Fournisseurs d’accès Internet afin d’atteindre l’objectif d’accès à internet pour tous, la mise en place d’un Conseil National du Numérique et la mise en concession, après un audit complet, du patrimoine de fibres optiques géré actuellement par l’ADIE. « Mon département, initiateur de l’Accord Cadre des Appuis Budgétaires (ACAB) dont la Banque mondiale est membre signataire, a su capitaliser les bonnes pratiques en matière de coordination et de suivi de la mise en œuvre des appuis budgétaires. C’est la raison pour laquelle, aucun effort n’a été ménagé pour assurer une bonne exécution de l’ensemble des mesures de réformes inscrites dans ces deux piliers » a assuré Amadou Ba à l’endroit de la patronne de la Banque mondiale à Dakar, Louise Cord.
La Banque mondiale salue les réformes du Sénégal
« Ce deuxième appui à la politique de développement pour des réformes structurelles multisectorielles vient reconnaître les efforts du Gouvernement du Sénégal au cours des 18 derniers mois. Ces réformes ont permis de renforcer la gouvernance et la gestion du secteur de l’énergie afin de réduire les coûts, d’améliorer la fiabilité et de faciliter un accès plus équitable à l’électricité. En plus des mesures prises pour renforcer la soutenabilité financière de la SENELEC, la stratégie Gas-to-Power permettra d’approfondir le changement du mix énergétique et de prendre avantage des importantes réserves gazières pour fournir de l’électricité à moindre coût à la population sénégalaise » a confirmé de son côté Mme Louise Cord.
Selon la directrice des opérations de l’institution de Bretton Woods dans la sous-région, « l’appui budgétaire a également soutenu les mesures prises pour renforcer le cadre juridique et réglementaire du secteur des TIC pour cimenter la qualité de la gouvernance du secteur, améliorer la concurrence pour impulser la mise en œuvre des projets de la Stratégie Sénégal Numérique 2025, faciliter les investissements publics et privés et, par conséquent, un meilleur accès des populations à Internet et à un coût qui devrait normalement baisser. Dans cette perspective, nous sommes convaincus que la mise en exécution du nouveau Code de Télécommunications, la nomination des membres du Conseil National du Numérique et la concession des capacités inutilisées du vaste réseau de fibre optique de l’Etat donneront un formidable coup d’accélérateur à l’usage d’Internet au Sénégal ». Des réformes qui valent bien un gros chèque de 104 milliards de francs !