SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 septembre 2025
PAR YOUSSOUPH SANÉ
REPENSER LA DÉCENTRALISATION
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La décentralisation sénégalaise a souvent été guidée par une logique de contrôle politique ou électoraliste, voire clientéliste, et non par un souci d’aménagement harmonieux du territoire
#Enjeux2019 - Depuis le début des années 1990, la décentralisation est au cœur du débat public en Afrique. Ces années correspondent à la période de démocratisation, d’ouverture et de libéralisation économique, en rupture avec la décennie précédente marquée par une profonde crise socio-économique et politique, symbolisée au Sénégal par les violentes contestations post-électorales de 1988. Pour calmer les tensions, Abdou Diouf fait entrer dans le gouvernement des partis de l’opposition significative, le PDS d'Abdoulaye Wade notamment. Autant, cet "entrisme" a pu apaiser les tensions politiques, autant sur le plan social et économique, la crise était latente. Le point culminant c’est la dévaluation du francs CFA en 1994.
Il fallait par conséquent trouver des solutions pour juguler la crise de confiance entre l’Etat et les citoyens. L’amorce, sur le plan institutionnel, c’est la réforme de la décentralisation de 1996 qui prône la gestion de proximité et établit le transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités locales. La réforme de 2013, appelée maladroitement "acte 3" de la décentralisation s’inscrit dans la même logique avec pour mots d’ordre, la territorialisation des politiques publiques, la départementalisation et la communalisation intégrale. La décentralisation sénégalaise dans sa forme actuelle, permet-elle aux collectivités territoriales d’avoir une autonomie politique, économique et financière, et de manière générale, leur autorise-t-elles d’enclencher le développement endogène afin d’offrir à leurs populations un meilleur cadre de vie ? Ne révèle-t-elle pas plutôt un jeu complexe d’acteurs qui consacre la mainmise de l’appareil d’Etat sur les collectivités territoriales ?
- De la complémentarité et la concurrence -
Si nous devions faire le bilan de la décentralisation, nous serions certainement face à un tableau contrasté. D’une part, nous avons un maillage territorial qui s’affine, accompagné d’une meilleure organisation juridique de la gestion municipale, avec le code de l’administration communale de 1966, la création des communautés rurales en 1972, le transfert de neuf domaines de compétence en 1996, la mise sur pied de la fonction publique locale en 2011. De l’autre côté, on constate, une velléité de domination et de contrôle du pouvoir central. Déjà en 1964, c’est le gouverneur de région qui exerce les attributions confiées auparavant au maire, dans le but d’épargner aux communes les luttes d’influence entre rivaux au sein du parti au pouvoir. La création des communautés rurales en 1972 va de pair avec le renforcement du pouvoir de contrôle des représentants de l’Etat, ce qui ne leur laissait pas toute liberté. En outre, la dissolution de conseils municipaux et l’instauration de communes à régime spécial (délégations spéciales), n’ont pas été favorables à l’instauration d’un véritable pouvoir local. Enfin, le cadre de vie étant une compétence décentralisée, il y a une forte concurrence entre certains ministères et les municipalités, contribuant à affaiblir davantage celles-ci. En 2015, arguant de la situation insoutenable d’insalubrité dans la capitale, l’Etat, en contradiction avec les textes, leur soustrait la gestion des déchets et la lutte contre l’insalubrité. Cette rivalité a également été constatée lorsqu’il s’est agi de l’aménagement des places de l’Indépendance et de la Nation (Obélisque). Comment les collectivités sénégalaises peuvent-elles s’affirmer, être proches de leurs administrés, si, en lieu et place, l’Etat pourvoit aux mêmes besoins et préoccupations, avec des moyens sans commune mesure ? En principe l’Etat et les collectivités territoriales devraient être complémentaires, et jamais concurrents, le principe de subsidiarité gouvernant les actes et décisions.
Pour des collectivités territoriales entrepreneuses
Il est primordial de s’interroger sur le financement des collectivités. Au-delà du concours financier de l’Etat, elles doivent chercher elles-mêmes les ressources pour assurer leur autonomie. Nos collectivités doivent être capables d’attirer des entreprises, des investisseurs nationaux et étrangers, pour proposer des emplois à leurs populations et élargir leur assiette fiscale. La coopération décentralisée ne constitue nullement une alternative économique. Elle a un fondement purement social, humanitaire dans certains cas. Les collectivités sénégalaises, les plus importantes en particulier, doivent se donner les moyens de transcender leur cadre économique, miser sur l’exploitation de leurs potentialités et adopter des mesures incitatives : unités agro-industrielles de petites dimensions, parcs artisanaux (menuiserie, cordonnerie, tissage, couture…), encadrement des entrepreneurs locaux par la formation, l’achat ou le renouvellement de matériels (créer ou renforcer les banques municipales, favoriser les prêts aux acteurs économiques locaux). L’Etat doit les accompagner, mais c’est à elles de s’approprier les premiers rôles. Il est important que les collectivités se responsabilisent et abandonnent leur position trop attentiste.
Toutefois, pour remplir convenablement leurs missions, l’Etat doit leur laisser la latitude de travailler et d’entreprendre à leur guise. On se souvient de l’échec de l’emprunt obligataire lancé par Khalifa Sall, maire déchu de Dakar. Le ministère des Finances l’a entravé sous prétexte du niveau d’endettement élevé de la ville. Certains observateurs y ont décelé la crainte du pouvoir de laisser à l’ancien maire de Dakar, rival déclaré du président de la République, se constituer un « trésor de guerre » en vue de l’élection présidentielle de 2019. De plus, la réussite de ce projet aurait consolidé la crédibilité de Khalifa Sall qui bénéficiait déjà de la sympathie de nombre de Sénégalais, en raison de ses efforts de modernisation de sa ville.
- Une véritable réforme s’impose -
Si, pour des raisons politiques ou électoralistes, l’Etat intervient directement à la place des communes, il serait inopportun de maintenir certains domaines de compétence qui ne sont jamais exercés, faute de moyens ou de savoir-faire, encore moins d’augmenter les compétences comme le réclament certains élus. Il nous faut une véritable réforme de la décentralisation, pour qu’enfin, les collectivités territoriales jouent pleinement leur rôle.
Il faut d’abord questionner le découpage politico-administratif et associer décentralisation et aménagement du territoire. La décentralisation sénégalaise a souvent été guidée par une logique de contrôle politique ou électoraliste, voire clientéliste, et non par un souci d’aménagement harmonieux du territoire. L’audace aujourd’hui reviendrait à repenser le nombre de régions et de communes, surtout dans la région de Dakar fragilisée par l’émiettement territorial et son corolaire que constitue la cantinisation, l’encombrement de nos rues et trottoirs, reflet du manque d’imagination des élus face à la problématique des moyens.
Les collectivités sénégalaises ont très peu de capacités d’investissement, les budgets de fonctionnement avoisinent 70% et plus. Pour les rendre viables, il était suggéré de fusionner un certain nombre, en vue de mutualiser les moyens. Ignorant les recommandations, l’Etat non seulement augmente leur pouvoir potentiel, mais en crée de nouvelles (les départements). Pourtant, pleinement consciente des risques à ériger des collectivités synonymes de coquilles vides, puisqu’incapables d’accomplir leurs missions, la loi stipule que « ne peuvent être constituées en communes que les localités ayant un développement suffisant pour pouvoir disposer de ressources propres nécessaires à l’équilibre de leur budget. »
La réduction du nombre de régions est préconisée, pour revenir à sept comme au moment de l’Indépendance : Casamance, Sine Saloum, région du Fleuve, Sénégal oriental, Cap Vert, Thiès et Diourbel. Le gouvernement parle de « pôles de développement économique et social » et de « pôles-territoires » qui se trouvent complètement inopérants, dans la mesure où ce sont des dispositifs purement administratifs et mal conceptualisés, car ne favorisant pas une meilleure intégration des territoires.
D’un point de vue symbolique et pratique, pour lutter contre l’absentéisme, pour plus de proximité et d’efficacité, exiger que le maire réside dans la même région que la municipalité qu’il dirige. Il est important aussi d’interdire le cumul des postes, notamment avec une fonction au niveau national (ministre, directeur…). Nous sommes un pays pauvre, nos communautés de base sont frappées par un sous-développement chronique. Elles doivent être la priorité. Comment un ministre ou un directeur qui a toute sa vie à Dakar peut-il connaître et résoudre les problèmes du quotidien (c’est le rôle du maire) à 250 kms de là ? La gouvernance par procuration a ses limites. La proximité suppose la gestion directe. Il est temps qu’émerge au niveau local des personnalités avant tout préoccupées par le développement de leur terroir, sans prétention pour le niveau national.
Enfin, la responsabilité des maires dans la défense des intérêts de leurs communes et la participation-implication des populations dans la préservation de leur environnement et de leur cadre de vie doit être sans équivoque. Nous constatons malheureusement le silence coupable des élus locaux et la complicité tacite des autorités administratives sur des questions aussi sensibles que la destruction des écosystèmes : avancée de la mer, bradage du foncier, extraction minière, pollutions industrielles ou des terres agricoles, déforestation (bande verte du littoral nord, forêt de Mbao, Niokolo Koba, Casamance…).
La décentralisation sénégalaise pourrait être qualifiée de « décentralisation institutionnelle », c’est-à-dire qui s’attache plus aux textes qu’à la réalité et surtout à la capacité ou non des collectivités à s’autogérer et à investir. Elle accorde aux collectivités des compétences et des pouvoirs qu’elles ne peuvent pas exercer, faute de moyens. Cette mise en perspective du local créé des situations conflictuelles entre les élus et leurs administrés, certains services n’étant pas correctement distribués. La décentralisation dans ce contexte pourrait s’assimiler à une variable d’ajustement, permettant à l’Etat, de se décharger de ses missions classiques et de désigner de nouveaux responsables des dysfonctionnements. L’Etat, avec la dernière réforme, a procédé à un léger toilettage du code de 1996 pour que rien ne change, ou dit autrement, pour maintenir les équilibres, donc son pouvoir de contrôle et sa mainmise.
La décentralisation est un dispositif important pour équilibrer le territoire national d’un point de vue politique, économique et social, en permettant aux communautés à la base de s’autogérer, donc d’exploiter au mieux leurs potentialités. Pour cela, il faut que les rôles soient clairement définis et séparés, bien que complémentaires, entre l’Etat et les collectivités territoriales, en misant sur la capacité des élus locaux à mobiliser des ressources internes et externes. Les collectivités ne doivent pas être de simples relais de l’action gouvernementale, elles doivent être au cœur du processus, penser elles-mêmes leur développement. Toutefois, pour réussir leurs missions, elles doivent être autonomes, fortes, structurées, bien outillées, capables de se projeter vers l’avenir, et rester au service exclusif des populations, donc avec des élus compétents, uniquement obsédés par le destin de leurs territoires.
Docteur Youssouph Sané est Enseignant-chercheur, vacataire au Département de Géographie, Université Cheikh Anta Diop, Dakar. Spécialiste en aménagement du territoire, urbanisme et décentralisation.
AUDIO
L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end depuis New-York
Pape Ndao revient sur les principaux faits de la semaine dans sa traditionnelle chronique hebdomadaire, diffusée sur les antennes d'African Time, partenaire de SenePlus à New-York.
KOLDA : FINANCEMENT DE LA DER
La Délégation à l’entreprenariat rapide (DER) a procédé ce vendredi à la remise symbolique d’attestations de financement à des jeunes et femmes de la région.
La Délégation à l’entreprenariat rapide (DER) a procédé ce vendredi à la remise symbolique d’attestations de financement à des jeunes et femmes de la région de Kolda (Sud), a constaté l’APS.
La DER cible plus de 3000 personnes dans la région.
"Nous étions à Kolda le 25 mars 2018 pour un Comité régional de développement consacré au lancement de la DER", a rappelé Pape Amadou Sarr, son responsable.
Les femmes représentent 70% des bénéficiaires de ces financements, a-t-il souligné avant de les inviter à rembourser les crédits pour permettre à d’autres d’être éligibles.
Au total, 2622 projets ont été validés à la date du 2 janvier par la commission régionale et 55 vont bénéficier de financement variant entre 500 mille et plus de 30 millions de francs CFA.
Un jeune qui s’active dans la transformation du lait et dans le secteur de l’eau a reçu plus de 34 millions de francs de financement de la DER.
La Délégation à l’entreprenariat rapide prévoit d’injecter 1 milliard 100 millions dans la région de Kolda.
LE FINANCEMENT ET LE MODE DE GOUVERNANCE, LES PRINCIPAUX OBSTACLES
Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2020 de l’Unesco tentera d’apporter des réponses pour l’atteinte d’une éducation inclusive dans le monde.
Ce document qui va se pencher sur l’inclusivité abordera aussi les problèmes de financement et de gouvernance, empêchant de mettre en pratique certaines politiques liées à cette thématique.
«L’inclusivité» sera le thème central du Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2020 de l’Unesco. Dans une note conceptuelle, cet organisme des Nations unies qui s’occupe d’éducation et de culture montre les différents thèmes liés à l’inclusivité et qui seront abordés dans ce rapport. Soulignant le lien existant entre la gouvernance, le financement et l’inclusivité, l’Unesco fait remarquer que «dans beaucoup de pays, des écarts persistent entre les politiques d’éducation inclusive et la pratique».
Dans son document, l’organisation renseigne que «malgré les principes inclusifs inscrits dans les politiques nationales, les administrations scolaires et locales ne bénéficient pas forcément d’un soutien suffisant pour mettre ces principes en pratique». L’explication doit être cherchée dans le mode de «gouvernance faible» empêchant «la mise en œuvre des politiques», mais également «l’absence de mécanismes de reddition de comptes» pouvant mettre «les droits des élèves en danger». L’Unesco est convaincue que «l’éducation inclusive ne peut fonctionner que si les différents secteurs collaborent de manière effective». Donnant des exemples, les auteurs du document informent que «dans la plupart des pays dotés de systèmes éducatifs répondant aux besoins spéciaux, la responsabilité des enfants handicapés peut résider en dehors du secteur de l’éducation ou être partagée avec les secteurs de la santé et des affaires sociales». De même, soulignent-ils, «beaucoup d’élèves vulnérables à l’exclusion sont confrontés à des difficultés multiples ayant trait à la santé, à la sécurité, à la pauvreté ou à l’isolement». Il s’agira donc pour le rapport d’examiner «dans quelle mesure la planification et la gouvernance nationales de l’éducation», si elles sont intégrées dans «les approches inclusives», feront «participer les parties prenantes des différents secteurs». Ce, en tenant compte «des opinions de ceux qui sont exposés au risque d’exclusion ainsi que de leurs parents ou tuteurs». Il en sera de même pour la question du financement.
Selon l’Unesco, «les formules de financement doivent prendre en compte les coûts supplémentaires associés à l’éducation des enfants vulnérables», notamment sur la question de «l’accessibilité dans les transports et les bâtiments». Le rapport examinera donc «différentes approches du financement de l’inclusion et les difficultés rencontrées lorsque plusieurs secteurs se partagent la responsabilité de l’éducation des groupes d’élèves». «Une allocation de ressources favorables à l’inclusion suppose l’existence de mécanismes de coordination entre les ministères et les échelons de gouvernement», a-t-on expliqué.
Programmes et matériels scolaires adaptés
L’adaptation des programmes et matériels scolaires avec les principes de l’éducation inclusive sera aussi analysée. D’après l’Unesco, le rapport se «penchera sur la façon dont l’élaboration des programmes respecte les principes de l’inclusion en faisant participer les différents partenaires, les experts et les communautés de l’inclusion, ainsi que les personnes exposées au risque d’exclusion». Il s’agira d’étudier «si l’inclusion est traitée de façon transversale ou comme une question à part». Le document explique qu’il «existe plusieurs méthodes d’apprentissage», mais pour respecter l’inclusivité, «le même programme scolaire doit être assez flexible pour être enseigné à des élèves ayant des antécédents et des aptitudes variés». Le rapport étudiera donc «comment les programmes scolaires soutiennent la diversification des modes d’instruction ainsi que les méthodes d’apprentissage centrées sur l’apprenant». Des données sur la mise à disposition de matériels d’apprentissage dans des formats adaptés pour les élèves handicapés seront également recueillies.
CASSE-TETE CHINOIS POUR LES AFRICAINS
En l’espace de vingt ans à peine, le continent africain a contracté plus de 100 milliards d’euros d’emprunts auprès de l’empire du Milieu.
Si les réussites en matière d’infrastructures sont nombreuses, et les projets légion, les critiques adressées à la Chine s’accentuent à mesure que la pression sur les finances publiques augmente.
Barrage de Soubré, en Côte d’Ivoire, l’autoroute est-ouest, en Algérie, la nouvelle ville de Kilamba, en Angola, le siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba, le parc industriel de Diamniadio, au Sénégal, le stade de Kintélé, au Congo, l’aéroport d’Abuja, au Nigeria, le port multifonctions de Doraleh, à Djibouti…
Du nord au sud et de l’est à l’ouest, les réalisations chinoises sont partout. Dix-huit ans après le premier Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), la promesse d’un «développement avec des objectifs communs» est plus que jamais à l’œuvre. De Jiang Zemin à Xi Jinping, en passant par Hu Jintao, la Chine, en brisant le rapport de dépendance univoque avec le «Nord» et en apportant sur le terrain les moyens financiers de ses ambitions, a ouvert des perspectives et offert de nouveaux leviers au continent.
Mais à l’aube de la septième grand-messe des relations sino-africaines des 3 et 4 septembre prochain à Pékin, une ombre plane sur le sommet : la dette. Selon les dernières évaluations de l’institut américain The China Africa research initiative (Cari), le montant connu des emprunts contractés par le continent auprès de leur «grand frère» asiatique depuis 2000 a atteint 132 milliards de dollars (113 milliards d’euros) au minimum en juin. La Chine pourrait ainsi détenir à elle seule près de 20% des dettes publiques africaines.
«Néocolonialisme» ?
Des chiffres dont les médias occidentaux font leurs choux gras, particulièrement les anglophones, prompts à dénoncer les risques de défaut et de «perte de souveraineté» qui caractériseraient les relations Chine-Afrique. Ces critiques font écho à d’autres venues d’Asie, de nombreux pays s’inquiétant des relations de dépendance induites par le surendettement accumulé auprès de leur puissant voisin.
En visite diplomatique à Pékin à la mi-août, le tout frais Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, a même dénoncé les risques de «néocolonialisme» et décidé de suspendre des contrats d’un total de 22 milliards de dollars portant sur la construction de chemins de fer et de pipelines. Coïncidence troublante, le nouveau Président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a décidé de stopper le projet de nouvel aéroport à Freetown, évalué à 318 millions de dollars et financé par la République populaire de Chine (Rpc).
D’autres pays africains ont eux aussi de bonnes raisons de regarder à la dépense. En 2018, plus de la moitié ont un ratio dette sur Pib supérieur à 50%, alors qu’ils étaient moins d’un tiers dans ce cas en 2012. La crise des matières premières est passée par-là. Or en comparant les Nations deux à deux, c’est incontestablement la Chine qui arrive en tête des pays créditeurs.
En octobre 2017, le Cameroun a annoncé que 70% de sa dette bilatérale (à ne pas confondre avec la dette extérieure totale) était détenue par la Chine. Au Kenya, ce chiffre atteint 72%. Au Congo, c’est 66% de la dette publique qui sont entre les mains de Pékin. A Djibouti, c’est plus de 80%… Quant à l’Angola, il a contracté à lui seul pour près de 25 milliards de dollars de prêts chinois en moins de vingt ans et serait près de décrocher un nouvel emprunt de plus de 4 milliards de dollars, le tout remboursé directement en or noir.
Les institutions de Bretton Woods, elles-mêmes grandes contributrices à la dette extérieure africaine, sonnent l’alarme depuis plusieurs mois. Fin 2017 déjà, la directrice générale du Fmi, Christine Lagarde, avertissait que «certains pays africains [étaient] sérieusement en danger», que ce soit en matière de «ratio dette sur Pib», de «service de la dette par rapport au budget de l’Etat» ou de «dette par rapport aux revenus des exportations».
Le Fmi juge que cinq pays d’Afrique subsaharienne sont surendettés et que neuf autres pourraient bientôt les rejoindre. L’institution implantée à Washington n’hésite d’ailleurs pas «à faire pression», selon les termes mêmes d’une source chinoise s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, pour «imposer à la Chine d’augmenter le taux de concessionnalité de ses prêts».
C’est le cas par exemple avec le Congo, auquel le Fmi a fait comprendre qu’il ne lui viendrait en aide pour faire face à ses créanciers qu’à la condition d’une renégociation des prêts octroyés par la Chine.
Opacité inquiétante
Le manque de transparence constitue l’une des critiques récurrentes adressées à l’empire du Milieu. Lorsqu’on demande à des officiels chinois le montant des prêts accordés à tel ou tel pays, la question demeure sans réponse : «C’est aux pays concernés de donner les chiffres, pas à nous.» Une attitude qui attire la suspicion sur ses pratiques et laisse libre cours aux accusations de corruption.
A sa décharge, selon Yunnan Chen, chercheuse au Cari, la Chine n’a pas seulement l’esprit cachottier, elle est aussi sujette aux dysfonctionnements internes : «Il y a un très fort niveau de décentralisation dans le système financier chinois, avec pléthore d’acteurs, chacun détenant ses propres prérogatives. Entre le ministère du Commerce (Mofcom), Exim bank of China, China development bank ou le ministère des Affaires étrangères, la diffusion des informations est tout sauf fluide, et le manque de coordination, flagrant. La Banque centrale de Chine elle-même ne connaît pas les montants exacts des prêts accordés par Exim bank.» Une analyse guère rassurante.
Reste que les avertissements en provenance des pays occidentaux omettent l’essentiel : sans investissements, point d’émergence. La croissance de la population, l’accès à l’électricité, à l’eau potable, la lutte contre la pauvreté, le développement des axes routiers, l’industrialisation, tous les défis auxquels fait face l’Afrique lui commandent de préparer l’avenir.
«Il existe une présomption selon laquelle la Chine est prédatrice ou mal intentionnée à l’égard de l’Afrique. Qu’elle cherche à nous rendre dépendants en nous faisant crouler sous la dette, fustige W. Gyude Moore, ancien ministre des Travaux publics du Liberia qui travaille actuellement pour le think tank américain Center for global development. Cette présentation est doublement erronée. A la fois parce qu’elle sous-entend que les pays africains auraient de multiples options pour emprunter, mais aussi qu’ils seraient des enfants naïfs et inconscients.»
«La réalité est que l’Afrique, compte tenu de sa démographie, va devoir créer plus d’emplois dans les années à venir que tout autre continent dans l’histoire. Nous sommes conscients des risques, mais avons-nous d’autres choix pour notre développement ? »
Les nouvelles routes de la soie
En effet, selon le Cari, 40% des prêts accordés par la Chine ont servi à payer la construction d’infrastructures destinées à la production électrique ou à la transmission, et 30% ont été affectés à des infrastructures de transport. Une tendance qui pourrait encore s’accentuer avec «le projet du siècle» – selon les propres mots de Xi Jinping – les nouvelles routes de la soie, dont le dessein n’est rien de moins que de relier Pékin, par route, rail et voie maritime, à l’ensemble afro-eurasiatique.
Le Sénégal a d’ailleurs profité, en juillet, de la dernière tournée africaine du Président chinois pour devenir le neuvième pays africain à rallier cette initiative après le Maroc, l’Egypte, Djibouti, l’Ethiopie, la Tunisie, le Kenya, Madagascar et l’Afrique du Sud. Dakar, dont le ratio dette sur Pib se situe à 47%, a contracté pour près de 2,2 milliards de dollars d’emprunts auprès de la Chine depuis le rétablissement des liens diplomatiques entre les deux pays, en 2005.
«La quasi-totalité concerne des prêts concessionnels destinés aux infrastructures et services de transport et aux infrastructures et services énergétiques, nous a affirmé le directeur du Budget sénégalais, Mamadou Moustapha Ba. Que ce soit pour les autoroutes Aéroport international Blaise Diagne - Mbour - Thiès et Thiès - Touba, ou le pont de Foundiougne (ouest du Sénégal). A chaque fois, notre volonté est d’identifier les projets pour lesquels la Chine possède de véritables avantages comparatifs en matière de coûts et de techniques.»
«Ce qui compte, c’est la soutenabilité, souligne Yunnan Chen. Des pays comme le Kenya ou l’Ethiopie, qui ont des niveaux de croissance élevés et qui tentent de s’industrialiser, ne sont pas dans la même situation que certains pays d’Afrique centrale dont l’économie dépend davantage de facteurs extérieurs.»
Un avis partagé de l’autre côté de l’Atlantique par le spécialiste des relations sino-africaines Thierry Pairault, directeur de recherche au Cnrs : «La seule question qui vaille est celle de la pertinence des investissements et de savoir s’ils sont bien intégrés dans une stratégie de long terme. S’ils le sont, il y aura d’une façon ou d’une autre un retour qui générera du revenu direct ou indirect. Dans ce cas-là, il faut simplement avoir de la patience. Dans le cas contraire en revanche, cela pourrait évidemment provoquer des conflits entre les deux parties…»
Cette perspective semble d’ailleurs de plus en plus prise en considération par Pékin. Comme nous l’a exprimé en août, à Paris, dans un langage des plus diplomatiques Zhai Jun, ambassadeur de Chine à Paris et ancien vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires africaines entre 2009 et 2013, «la Chine choisit soigneusement ses projets de coopération en évitant aux différents Etats d’aggraver leur risque d’endettement et de peser sur leurs finances publiques».
Pour Thierry Pairault, «la perception du risque est assez récente de leur côté, mais elle revient désormais en permanence. Si l’on est attentif, on se rend compte que les contreparties d’Exim bank, qui est à l’origine d’environ deux tiers des prêts consentis, se rapprochent de plus en plus de celles des banques occidentales».
Ralentissement des investissements ?
Une source officielle chinoise ne dit pas autre chose : «Nous sommes à un moment d’optimisation. Nous prenons en compte la faisabilité et la solvabilité des projets et voulons prendre le temps d’évaluer ceux qui sont en cours. Est-ce qu’ils fonctionnent comme nous le souhaitons ? La réponse conditionnera la suite.» En d’autres termes, c’est de la rentabilité des fameux projets ferroviaires Addis-Abeba -Djibouti ou Mombasa-Nairobi que dépendra leur prolongement, que ce soit vers Mekele ou vers l’Ouganda et le Rwanda.
A y regarder de plus près, en excluant l’Angola – dont les réserves de pétrole semblent justifier tous les risques côté chinois – on note une diminution assez nette des prêts consentis depuis 2013. D’après nos calculs effectués à partir des données du Cari : – 20% en 2014, – 13% en 2015 et – 12% en 2016. «Nous sommes entrés dans une période de resserrement général des crédits», constate même Thierry Pairault.
Et pas seulement à cause des risques de défaut. «La Chine a ses propres problèmes, observe W. Gyude Moore. En interne, la population chinoise a de plus en plus de mal à comprendre pourquoi son pays investit de l’argent un peu partout dans le monde alors qu’il y existe encore des dizaines de millions de pauvres. D’autant que la Chine doit aussi faire face à une bataille commerciale avec les Etats-Unis et à un ralentissement de son économie.»
Dès lors, que peuvent attendre les pays africains de ce 7e Focac ? «Le discours politique et l’affichage ne changeront pas, et il est probable que la Chine fasse encore un certain nombre de promesses pour ne pas montrer qu’elle est influencée par les aléas extérieurs ou intérieurs. Mais ne vous y trompez pas, avertit W. Gyude Moore, le bon vieux temps des prêts tous azimuts en Afrique est terminé !»
En 2000, à l’issue du 1er Focac, la «Déclaration de Pékin» critiquait «le lourd fardeau de la dette qui a entravé les efforts de développement des pays africains et appauvri leurs économies», pointant ostensiblement du doigt la responsabilité des pays développés. Vingt ans plus tard, personne n’a intérêt à ce que l’histoire se répète.
Freetown ouvre la chasse aux éléphants blancs
Le Mamamah international airport, dont la construction devait démarrer cette année à Freetown, ne verra sans doute jamais le jour. Elu le 31 mars, le nouveau Président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a mis à exécution l’une de ses promesses de campagne : suspendre ce projet considéré comme un «éléphant blanc». Le financement du nouvel aéroport, d’un montant de 318 millions de dollars (274 millions d’euros), avait pourtant été accordé par Exim bank of China en février.
Le projet, prévu depuis 2011, devait être réalisé par les firmes Henan guoji industries et China railway group, et comprenait une ville attenante et une zone économique spéciale. La Banque mondiale et le Fmi avaient à plusieurs reprises exprimé leur opposition à cet aéroport qui représentait, selon eux, une charge trop importante pour le budget national.
LES 7 JUGENT LE 8
C’est la dernière chance pour Madické Niang, Idrissa Seck et Malick Gakou qui, s’ils sont admis, rejoindront Macky Sall, Ousmane Sonko, Issa Sall, Karim Wade et Khalifa Sall
Le Conseil constitutionnel procédera à la vérification des parrainages régularisés mardi prochain. C’est la dernière chance pour Madické Niang, Idrissa Seck et Malick Gakou qui, s’ils sont admis, rejoindront Macky Sall, Ousmane Sonko, Issa Sall, Karim Wade et Khalifa Sall. En attendant la publication définitive de la liste des candidats à l’élection présidentielle du 24 février.
Madické Niang devait compléter ses 2 000 parrains et Idrissa Seck 8 parrains dans la région de Ziguinchor. Et le troisième admissible, Malick Gakou en l’occurrence, a régularisé son dossier de parrainage hier. «Je dois dire que je suis satisfait. J’ai fini de réunir les doublons qu’on m’avait demandé de changer. Je les ai changés. On m’avait demandé de régulariser 8 888 parrains – chiffre magique d’ailleurs», a dit le candidat de la Grande coalition de l’espoir/Suxxali senegaal hier, au sortir du Conseil constitutionnel. Il devra ensuite s’attendre à un autre 8 puisque le Conseil va vérifier les trois dossiers mardi prochain. Sur son site, l’institution a publié hier un communiqué sur la vérification des listes de parrainage déposées pour régularisation. «Les séances de vérification des listes de parrainage déposées pour régularisation se tiendront au siège du Conseil constitutionnel le mardi 8 janvier 2019 à partir de 10h, en présence des représentants des candidats concernés et de personnalités indépendantes dont la compétence est reconnue, notamment en matière juridique, électorale ou informatique», lit-on.
Les 7 «Sages» s’appuieront sur la Décision n° 1/2018 portant mise en place d’un dispositif de vérification des parrainages et fixant les modalités de son fonctionnement. L’article 7 dispose que «les résultats des vérifications des listes de parrainage font l’objet d’un procès-verbal signé par le président du Conseil constitutionnel et le greffier en chef qui en délivre copie au représentant du candidat. Les résultats sont notifiés par le greffier en chef aux mandataires concernés, conformément aux dispositions de l’article L.121 du Code électoral». Ce qui a été fait mercredi dernier avec 5 candidats admis, 3 invités à régulariser et les 19 autres recalés pour divers motifs. Alors, l’article 8 intervient désormais et souligne : «Après la régularisation prévue par l’article L.121 du Code électoral, la vérification est effectuée conformément aux dispositions des articles 5 et 6 de la présente décision».
La même procédure de vérification
Il s’agit pour le Conseil, dès mardi, de procéder, comme l’indique l’article 5, aux séances de vérification des dossiers de parrainage «en présence des membres du Conseil, du greffier en chef et du représentant du candidat, avec l’assistance du personnel administratif et technique en service au Conseil», mais aussi de «personnalités indépendantes dont la compétence est reconnue, notamment en matière juridique, électorale ou informatique». Puis, l’article 6 ajoute : «Au début de chaque séance de vérification, le greffier en chef présente aux membres du Conseil, au représentant du candidat et aux personnalités indépendantes invitées, l’enveloppe scellée contenant le support du fichier électronique avant de l’ouvrir. Il est ensuite procédé au traitement automatisé du fichier électronique contenant les listes de parrainage. Le Conseil constitutionnel, chaque fois que de besoin, se réfère à la version papier de la fiche de collecte des parrainages.»
Le Conseil fermera cette page polémique des parrainages qui n’est qu’une pièce du dossier. Et il se consacrera aux autres qui n’en sont pas moins importants. Puisqu’il y a au moins deux candidats dont les cas sont particuliers. Il s’agit de Karim Wade dont le casier judiciaire serait entaché de la condamnation à 6 ans de prison ferme et dont l’inscription sur les listes électorales a été rejetée, mais aussi de Khalifa Sall qui fonde ses espoirs sur un rabat d’arrêt suspensif et qui ne sait pas encore ce que lui réserve la Cour suprême d’ici là.
SAINT-LOUIS : LES PÊCHEURS CONFRONTÉS À UNE PÉNURIE D’ESSENCE
Doudou Tall Ndiaye a dénoncé cette situation qui bloque à quai plus de 400 pirogues, empêchant leurs propriétaires de mener leurs activités quotidiennes de pêche.
Les pêcheurs de la Langue de Barbarie, de Guet Ndar, Goxu Mbathie et Santhiaba font face à une pénurie d’essence depuis un mois, a appris l’APS.
Ces pêcheurs sont confrontés à une pénurie qui ralentit leurs activités, a confié à l’APS leur porte-parole, soulignant que cette situation dure ’’depuis un mois’’.
Doudou Tall Ndiaye a dénoncé cette situation qui bloque à quai plus de 400 pirogues, empêchant leurs propriétaires de mener leurs activités quotidiennes de pêche.
A Saint-Louis, sur les 20 stations-services qui approvisionnent les pirogues, seules deux disposent d’essence, a-t-il dit.
’’Cette situation occasionne des bousculades énormes pour les pêcheurs, au niveau de ces dites stations d’essence, mais également, nous pénalise avec un manque à gagner énorme’’, fustige-t-il.
Selon Doudou Tall Ndiaye, chaque pirogue a besoin de 600 litres de carburant pour aller en mer. ‘’Mais, a-t-il déploré, la situation de pénurie ne nous permet pas un approvisionnement correct’’.
Le pêcheur Yague Mar Touré demande aux autorités d’intervenir afin que l’essence soit disponible au niveau de Langue de barbarie et à l’Hydrobase.
’’Pour un mois d’inactivité, sans pêche, l’économie sénégalaise perd des milliards de francs. Cette situation affecte nos familles pour la dépense quotidienne’’, a-t-il dit.
CRISE À DAKAR BAMAKO FERROVIAIRE
Les Syndicats de cheminots et l’administrateur général ont convenu de se rencontrer le 20 janvier, dans le cadre d’un séminaire à Thiès, pour discuter de la situation interne de l’entreprise, a indiqué vendredi le coordonnateur des formations syndicales.
Les Syndicats de cheminots et l’administrateur général de Dakar Bamako Ferroviaire (DBF), Kibily Touré, ont convenu de se rencontrer le 20 janvier, dans le cadre d’un séminaire à Thiès, pour discuter de la situation interne de l’entreprise, a indiqué vendredi le coordonnateur des formations syndicales.
Ils sont arrivés à cette décision au terme de plusieurs heures de pourparlers dans un hôtel de la cité du rail, sous les auspices du député Abdou Mbow qui faisait office de médiateur.
Les cheminots de DBF observent un mouvement de grève depuis lundi, pour une relance de leur société, en crise depuis trois ans.
Les syndicalistes ont fait part de leurs inquiétudes par rapport à l’avenir de l’entreprise qui est dans une situation ‘’catastrophique’’ depuis la reprise de la concession il y a trois ans, a rapporté à la presse, le coordinateur du cadre unitaire des syndicats de Dakar-Bamako ferroviaire, Mambaye Tounkara.
Presque à l’arrêt depuis six mois, DBF est confrontée à des retards de salaires, des difficultés de prise en charge médicale, de gestion du personnel, et au non-versement des cotisations sociales, a dit M. Tounkara, qui est aussi secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de Dakar-Bamako ferroviaire (Sutrail).
Suite à un mouvement de grève lancé le 31 décembre dernier, sept membres du syndicat ont été arrêtés puis libérés le lendemain, alors qu’ils bloquaient la circulation.
‘’Si des décisions ne sont pas prises d’ici le début des élections, l’avenir de DBF est sombre’’, a prévenu M. Tounkara.
L’administrateur général qui, a été nommé le 26 octobre, a indiqué avoir besoin de ‘’clarifier et corriger certaines choses, à l’interne’’. D’où sa proposition d’un séminaire avec le syndicat.
‘’Il nous a convié à un séminaire le 19 ou le 20 pour réfléchir sur la situation interne’’, a relevé M. Tounkara, soulignant que ‘’le médiateur, le député Abdou Mbow s’est porté garant pour plaider auprès des autorités afin que des solutions soient trouvées’’.
‘’Nous attendons son retour (de l’administrateur général) et le retour de Abdou Mbow qui s’est engagé à porter le bâton de pèlerin auprès des autorités’’, a relevé Mambaye Tounkara.
Concernant les solutions que l’administrateur général a proposées pour la prise en charge médicale des agents et de leurs familles, elles seront discutées avec la base, a-t-il dit.
Au sujet des salaires qui étaient souvent payés à partir du 10 de chaque mois, Kibily Touré a noté que des avancées ont été enregistrées, puisqu’il est venu aux négociations après les avoir payés avec une semaine d’avance, le 24 décembre.
Au mois de novembre, les cheminots avaient reçu leurs salaires d’octobre avec 10 jours de retard, a-t-il rappelé.
‘’La lutte continue jusqu’à présent et nous allons rencontrer la base pour lui faire part des propositions’’, a indiqué Mambaye Tounkara avant d’ajouter que le plus important dans la plateforme revendicative, c’est moins la régularité des salaires que la rénovation de l’entreprise.
Le syndicat en a ‘’marre des promesses non tenues’’, a-t-il dit.
ARABISANTS DIPLOMES, LE POIDS DES CLICHES
Les élites sénégalaises issues du système d’enseignement arabe se trouvent plus grandement touchées par les problèmes résultant de l’inadéquation entre formation et emploi
La langue arabe étant davantage perçue comme celle du sacré dans un pays majoritairement musulman, les élites sénégalaises issues du système d’enseignement arabe se trouvent plus grandement touchées par les problèmes résultant de l’inadéquation entre formation et emploi, à l’origine de l’ampleur du chômage des diplômés et d’un marché du travail jugé peu performant en termes de débouchés.
L’arabisant désigne communément un spécialiste de la langue et de la civilisation arabes, une personne ayant suivi un enseignement en arabe dans une université arabe ou occidentale, soit-il musulman ou non. Dans le cas du Sénégal et de beaucoup d’autres pays majoritairement musulmans, il faut ajouter à cette catégorie les personnes sorties des «médarsa» ou des écoles coraniques ou traditionnelles musulmanes.
Selon l’inspecteur Mor Talla Cissé de la division de l’enseignement arabe au ministère de l’Education nationale, c’est ce sous-groupe qui s’insère le plus difficilement dans la Fonction publique. Ils sont souvent cantonnés à des fonctions de maître coranique, d’imam ou de maître d’arabe dans le privé, s’ils ne sont pas commerçants, marabouts confectionneurs de gris-gris, courtiers, démarcheurs, entre autres métiers qui tiennent moins compte de leurs compétences intrinsèques et davantage de leurs capacités à se dé¬brouiller et à s’adapter. Il est vrai que l’arabe est d’abord vu comme un instrument servant à diffuser et à transmettre les enseignements islamiques, ce qui l’exclurait du champ des sciences profanes dans l’esprit de nombre de Sénégalais.
«Dans l’imaginaire sénégalais, l’arabe est une langue sacrée. Donc, pas une langue profane comme le français, l’anglais, l’allemand ou le portugais», explique l’enseignant d’arabe Mouhamed Bachir Dia, par ailleurs doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Il ajoute que «l’arabe n’est envisagé et perçu que sous cet angle de la religion musulmane. C’est pourquoi on constate que les paroles, les écrits…de l’arabe font spontanément penser à l’islam». Une anecdote rapportée par Babacar Sy, enseignant d’arabe au nouveau lycée de Thiès, est emblématique de cette perception et concerne un élève de conception chrétienne dont l’intérêt pour l’arabe a plus qu’étonné son monde, y compris jusque dans son établissement. Il était pensionnaire du lycée Seydou Nourou Tall, un des établissements réputés de la capitale, présentement érigé en lycée d’application.
Fiacre Coly, l’élève en question, avait choisi l’arabe comme deuxième langue, mais ses camarades de classe, étonnés de cette orientation, n’ont cessé de lui répéter qu’il voulait en fait simplement se convertir à l’islam, seule chose qui expliquerait, selon eux, son choix, rapporte Babacar Sy. L’intéressé a eu beau répéter, sans jamais convaincre, que son choix était motivé par la beauté et la richesse de cette langue sémitique qu’il a appris à aimer déjà tout-petit, en suivant des dessins animés en arabe. De la même manière, l’arabisant qui aurait l’idée d’aborder «des questions liées à la vie politique, économique et sociale de la cité» serait aussi étrangement vu, souligne l’enseignant, ajoutant que suivant cette perspective, son domaine de prédilection «ne peut être que la religion». (…)
CHEIKHNA KEÏTA RAPPELLE A MACKY SES PROMESSES
Le Mouvement national des policiers à la retraite réclame toujours le recouvrement des droits de ses membres spoliés depuis 1966, sous Léopold Sédar Senghor.
Leur président Cheikh¬na Keïta qui nous a rendu visite sollicite une meilleure diligence du président de la République qui avait promis une solution à leur situation. «Tous nos droits ont été spoliés par rapport à un statut que la police avait hérité au moment des indépendances.
Et suite aux incidents qui ont eu lieu entre Mamadou Dia et Senghor, nous avons pris cause pour le premier, à l’époque président du Conseil», explique-t-il. M. Keïta d’ajouter : «On avait sollicité de Macky Sall qu’il nous fasse cession des camps de garde. On attend le décret qui le matérialise. Le 1er mai dernier, le Président avait déclaré avoir versé 2 milliards pour les 1 274 radiés : 1 milliard 400 mille pour compléter les pensions et 600 millions pour les indemnisations. Mais jusqu’à présent, nous sommes en attente.»
Ces policiers à la retraite qui renouvellent leur soutien au chef de l’Etat comptent poursuivre leur combat. «En 1987, Abdou Diouf nous a radiés sous le diktat du Fmi et de la Banque mondiale. Abdoulaye Wade de même avec des promesses non tenues. Avec Macky, nous avons encore l’espoir qu’il fera de sorte qu’on nous rétablisse», a dit Cheikhna Keïta.