Contrairement à ce que font croire les masses médias occidentaux, les Africains n’ont pas envahi et ne cherchent pas à envahir l’Occident parce que 80% des migrations des Africains ont lieu à l’intérieur même du continent.
Dans sa chronique sur la chaine de télévision privée béninoise Golf Tv, l’activiste panafricaniste, Kémi Seba, déconstruit des illusions sur le fait que l’Europe serait un eldorado pour les africains, dénonce l’irresponsabilité des dirigeants africains qui laisse leurs compatriotes risquer leur vie en mer pour travailler dans des conditions de pur esclavage. Par ailleurs, Kemi Séba dénonce l’hypocrisie des ONG qui font semblant de sauver des migrants en mer alors que d’après lui, elles n’en font qu’en rajouter à la misère de ces migrants en permettant aux multinationales occidentales de tourner à moindre coût.
PAR MOMAR DIONGUE
PRÉSIDENT, UN PEU DE HAUTEUR NE VOUS FERAIT PAS DE MAL !
Dans la communication présidentielle, nouvel an rime avec nouvelle anomalie - La rencontre de Macky Sall ce 31 décembre avec la presse, aussitôt après son message de Nouvel An, est une maladresse, à tout le moins une anomalie dans sa communication
Dans la communication présidentielle, nouvel an rime avec nouvelle anomalie. Et le scénario de ce 31 décembre est pour le moins inédit. Après avoir sacrifié au traditionnel discours du Nouvel An, le Président Macky Sall a donc jugé bon de tenir dans la foulée une conférence de presse.
Qu’il ait décidé de s’exprimer à travers la presse de son pays, est en soi une bonne chose. C’est sans doute une manière de corriger sa propension à recourir très souvent à la presse étrangère sur tous les sujets d’importance, comme récemment sur France 24. Il n’en reste pas moins que sa rencontre de ce 31 décembre avec la presse, aussitôt après son message de Nouvel An, est une maladresse, à tout le moins une anomalie dans sa communication.
Pourquoi a-t-il décidé de rompre brusquement avec un moment aussi solennel que l’adresse du chef de l’Etat à la Nation ? Pourquoi passer, en deux temps trois mouvements, de la sacralité des vœux du Nouvel An au très classique jeu de questions/réponses avec les journalistes ? Pourquoi ne pas avoir laissé aux Sénégalais le temps d’apprécier et de digérer le contenu pourtant très intéressant de son discours de fin d’année, plutôt que d’embrayer sur des sujets à polémique ?
La réponse à toutes ces questions coule de source. C’est parce qu’il vit tellement sous la hantise de la prochaine présidentielle et qu’il est tellement obsédé par l’obtention d’un second mandat qu’il communique à tout-va.
Seulement, mal lui en a pris ce 31 décembre. Car, autant il a pris de la hauteur dans son discours du Nouvel An en dressant de manière détaillée et presque exhaustive le bilan de son action en sept ans de magistère et en se projetant même sur l’après-2019 avec l’esquisse de ces « cinq initiatives majeures », autant il est descendu de son piédestal en évoquant des sujets à controverse lors de sa rencontre avec les journalistes. Autant il s’est montré proactif dans son rituel de fin d’année, autant il a été réduit à la défensive lors de sa conférence de presse.
Dire que son exercice était plutôt réussi et qu’il en avait suffisamment dit sur son action et ses intentions qu’il n’avait aucunement besoin d’en rajouter dans un face-à-face avec la presse. Aucun de ses prédécesseurs n’a eu à le faire. Lui-même ne l’avait jamais fait en sept ans de présidence.
Pourquoi diantre cet exercice où il a été par moments dans une posture peu avantageuse alors que, juste une heure avant, il venait de délivrer une brillante adresse à la Nation ?
On l’a d’abord senti passablement énervé sur une question à propos du non-respect de sa promesse de ne jamais prendre un décret nommant son frère Aliou Sall à une fonction.
Il a dû ensuite se défendre, sans être vraiment à l’aise, sur le choix du responsable « apériste » Aly Ngouille Ndiaye au ministère de l’Intérieur. De même qu’il a dû couper court, sur un ton ferme, à l’éventualité de son départ de ce ministère, s’exposant ainsi aux attaques de l’opposition qui le réclame depuis belle lurette. Enfin, il a surtout eu la maladresse de nier avoir exigé en 2012 le départ du ministère de l’Intérieur d’Ousmane Ngom, alors responsable politique au Pds.
Pitié ! Quel désastre sur son image que cette vidéo du Président qui affole depuis lors la toile et dans laquelle, il réclamait avec véhémence à son prédécesseur le départ d’Ousmane Ngom du ministère de l’Intérieur ! Et pour ne rien arranger, la presse de ce mercredi 2 janvier, plutôt que de mettre l’accent sur son discours réussi, a fait ses choux gras sur ses saillies belliqueuses. « Je n’ai peur de personne », a ainsi titré un journal à gros tirage. « Macky dit ses vérités et tacle ses adversaires », a renchéri un autre journal de la place.
Quel gâchis donc que ce premier exercice de com’ de l’année 2019 qui était parti pour être une vraie réussite ! La faute peut-être à son entourage qui n’aura pas anticipé les effets pervers de ce qui était présentée comme « une grande innovation ». La faute aussi à Macky Sall lui-même pour avoir vite remisé son costume de Président pour enfiler son manteau de politicien. Résultat : le candidat Macky Sall a vite vendangé les bons points que le président de la République avait engrangés un peu plus tôt.
Mais c’est à croire qu’il a agi de la sorte par simple superstition. Car, il y a sept ans, exactement le 31 décembre 2011, il s’était livré avec bonheur au même exercice.
Le hasard a fait que j’en étais moi-même partie prenante. Ce fut sur le plateau de la 2STV où Pape Alé Niang m’avait invité à interroger en sa compagnie le candidat Macky Sall, alors porte-étendard de la coalition « Macky 2012 ». Ce jour-là, le message à la Nation du Président Wade connut un gros retard et fut un véritable flop. Et le candidat Macky Sall s’en était alors donné à cœur joie. Arguant que cet énorme raté du Président Wade était symptomatique de la faillite de son régime, non sans décliner avec force détails le programme alternatif qu’il proposait aux Sénégalais.
Son opération-séduction, reconnaissons-le, avait été à l’époque une grande réussite. Elle était même pour beaucoup dans son élection trois mois plus tard.
Hélas, Macky Sall n’a pas compris que le contexte et sa posture ne sont plus les mêmes. A l’époque opposant, il avait le beau rôle. Alors qu’aujourd’hui, sa position est moins aisée, en tout cas plus délicate. Il y a sept ans, le moment de la séduction était pour lui après le message raté de Wade à la Nation. Alors que ce 31 décembre 2018, la séduction ne pouvait opérer qu’à l’instant de son message du Nouvel An et pas après.
Pour ne l’avoir pas compris, Macky Sall a d’abord commencé par survoler les débats, écoeurant sans doute ses adversaires qui ne pouvaient que le regarder, impuissants, lister ses réalisations depuis qu’il est à la tête. Hélas, il est vite retombé de son piédestal, dès qu’il a repris sa casquette de politicien. Or, le constat est patent : les sorties du président-politicien, comme aime à le qualifier Mody Niang, manquent très souvent de hauteur. Y penser de temps à autre lui ferait le plus grand bien.
LA CHINE A DECOUVERT LA FACE CACHEE DE LA LUNE
En réussissant jeudi un alunissage inédit sur la face cachée de notre satellite, Pékin réaffirme ses ambitions dans le domaine spatial, défiant les Etats-Unis et la Russie.
Libération.fr |
Zhifan Liu |
Publication 03/01/2019
«La Chine a effectué un alunissage historique sur la face cachée de la Lune !» C’est par un communiqué sobre que l’agence de presse chinoise Chine Nouvelle a annoncé jeudi matin la réussite de la première opération de la sorte menée par Pékin. La formule ne restera pas autant dans les mémoires que le fameux «Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité» de Neil Armstrong. Mais près de cinquante ans après le premier pas sur la Lune, la Chine est la première puissance spatiale à explorer la face cachée du satellite naturel de la Terre. Le Global Times, quotidien nationaliste chinois, parle pour sa part d’une «étape importante dans la conquête spatiale», avant de relayer les tweets de félicitations de Elon Musk, dirigeant de SpaceX, et de Jim Bridenstine. Le patron de la Nasa a salué l’opération, la qualifiant d’«accomplissement majeur». Sur la chaîne d'Etat CCTV, un des responsables de la mission, Wu Weiren s’enthousiasmait en annonçant que la Chine est désormais «sur le point de devenir une nation forte» du domaine spatial.
La Chine peut fanfaronner tant les chances réelles de cet alunissage étaient inconnues, comme en témoigne le peu d’informations qui avaient filtré avant l’opération annoncée comme délicate par les autorités chinoises. La sonde Chang’e-4 («déesse de la lune»), qui a déjà capturé des clichés de cette partie inexplorée de l’astre, a été envoyée dans une région particulièrement escarpée de la face cachée de la Lune, où les conditions pour une telle mission sont les plus difficiles. Il a aussi fallu qu’elle lance en mai un satellite baptisé Queqiao («le pont de pie») en orbite pour relayer les informations entre le module et la Terre. Une condition sine qua non car cette face de la Lune ne permet pas d’avoir de communication directe avec la planète Terre. Désormais le robot doit mener des études sur les ressources en minéraux et la culture de la tomate sur la Lune. Une autre opération, nommée Chang’e-5 devrait cette année récolter des parcelles de la Lune qui devront être ensuite étudiées sur Terre.
«Rêve spatial»
Au lendemain du premier satellite Spoutnik lancé par l’URSS en 1957, le fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, avait annoncé que la Chine aussi «lancera des satellites». Depuis Pékin a accroché le wagon de la course aux étoiles et, désormais, le président Xi Jinping n’hésite pas à parler de «rêve spatial», en adéquation avec son «rêve chinois», censé redorer le blason de la nation. Et l’espace est devenu un objectif de conquête pour redonner fierté au peuple chinois. Doté d’un budget de 6 milliards de dollars (environ 5,3 milliards d’euros) par an alloué à son programme spatial contre 40 milliards pour son homologue américain, Pékin tente de rattraper son retard sur les Etats-Unis et la Russie. Dix ans après avoir envoyé son premier taïkonaute dans l’espace, la Chine lance en 2013 son robot nommé Yutu («lapin de jade») sur la face visible de la Lune, la plus facile d’accès. Seuls Washington et Moscou avant elle avaient réussi à y expédier une sonde. Preuve de ses ambitions spatiales grandissantes, Pékin a propulsé 38 fusées dans l’espace en 2018. C’est plus que n’importe quel autre pays. La plupart d’entre elles ont été envoyées dans le cadre du projet Beidou, du nom du système de géolocalisation chinois censé concurrencer le GPS américain et le Galileo européen. Il devrait voir le jour d’ici l’an prochain.
«Palais céleste»
L’expansion spatiale chinoise passe également par le secteur privé qui tente de développer le tourisme spatial, un des enjeux des prochaines années. En mai, la start-up OneSpace, sorte de SpaceX chinois, envoyait sa première fusée dans l’espace. Elle ambitionne d’effectuer des vols habités dans l’espace dès 2025, avec le soutien de l’Etat chinois. Dans son sillage, quelque soixante entreprises ont été créées depuis 2015 dans un marché spatial mondial qui pourrait peser près de 339 milliards de dollars (297 milliards d’euros) dès l’année prochaine. La Chine, à elle seule, en représenterait le tiers.
Avec une exploration de la planète Mars en ligne de mire pour 2020, Pékin cherche également à établir une base lunaire à l’horizon 2030, avec pour objectif de la peupler d’humains. Et devrait lancer sa station spatiale, intitulée «palais céleste» en 2022. Soit deux ans avant la retraite programmée de la Station spatiale internationale, qui réunit onze pays européens, les Etats-Unis, la Russie et le Japon, mais qui a longtemps laissé la Chine en marge de la conquête spatiale.Tiangong 3, l’autre nom de la station chinoise, sera alors seule dans l’espace
PAR ABABACAR GAYE
MACKY SALL ET LA JEUNESSE : LES RAISONS D’UN CONTENTIEUX
Des activistes aux rappeurs, en passant par les jeunes chefs de partis politiques, le ton est le même dès qu’il s’agit du président de la République. La jeunesse retrouve son qualificatif de « malsaine » attribué par le président Diouf et...
Au terme du premier mandat du président Macky Sall, il est plus que jamais l’heure de faire le bilan. Excellent selon ses partisans, mitigé selon la société civile et médiocre selon l’opposition, le règne du président Sall aura éveillé des sentiments à tout le moins contradictoires. Pour la jeunesse qu’il ne cesse de courtiser, Macky Sall aura été durant tout son septennat la risée notamment sur les réseaux sociaux. Voici les raisons pour lesquelles la jeunesse ou du moins une partie de la jeunesse et le chef de l’Etat ne font pas bon ménage.
Des activistes aux rappeurs, en passant par les jeunes chefs de partis politiques, le ton est le même dès qu’il s’agit du président de la République. La jeunesse retrouve son qualificatif de « malsaine » attribué par le président Diouf et, plus que du temps de Wade, elle s’agite, agit et réagit. Pourtant la rencontre entre Macky et « y’en-à-marre » à la veille du deuxième tour en 2012 augurait une réconciliation entre le président et les jeunes qui se retrouvaient à travers les actions de ce mouvement de jeunes rappeurs. Mais que nenni ! On se rend à l’évidence aujourd’hui que le soutien de ces jeunes était moins pour le candidat Macky Sall que contre Abdoulaye Wade. Visiblement, Wade est plus chanceux avec la jeunesse puisque jusqu’au terme de son premier mandat (2007), la contestation n’avait pas atteint son paroxysme. Ce n’est qu’à partir de 2010 qu’il avait commencé à subir les plus graves émeutes (dus aux délestages et aux denrées de première nécessité) et protestations contre son règne.
La reproduction d’un système qui a provoqué toutes les luttes
La jeunesse qui combattait le SYSTEME sous Wade et qui rêvait d’un Nouveau Type de Sénégalais (NTS), partant d’un Sénégal de renouveau, fut convaincue et charmée par les engagements du futur président Macky Sall. Alors il est clair que le désenchantement qu’elle vit aujourd’hui ne naît pas ex nihilo. Cette désillusion, quoique n’étant pas généralisée, émane de la non tenue des promesses pour ne pas dire de la violation des engagements du chef de l’Etat par le chef de l’Etat lui-même. Sur le tableau de ces actes qui ont abouti à la rupture totale de confiance entre le président et sa jeunesse, il y a les questions relatives à la taille du gouvernement, au mandat du président, à la transhumance entre autres. Trois questions fondamentales sur lesquelles la jeunesse attendait de vrais changements qu’elle ne verra pas.
L’état de grâces accordé à Macky Sall aurait pu aller jusqu’au terme de son mandat si le président avait, comme juré, limité le nombre de ministres à 25. Mais ce nombre ne serait pas assez conséquent pour récompenser les partisans dans ce partenariat « win-win », le fameux « gagner ensemble, gouverner ensemble » d’Ousmane Tanor Dieng. A juste raison, chacun réclame sa part du gâteau et le président est tenu de faire (à son corps défendant ?) avec une sorte de gouvernement d’union nationale puisque toutes les sensibilités politiques à l’exception du PDS y figureraient. De 35 ministres donc, l’attelage gouvernemental s’est élargi à plus de 80, si l’on tient compte du nombre pléthorique de ministres conseillers.
Au nom de l’unité nationale, et juste après quelques mois à la tête du pays, le président dut revenir sur une promesse de campagne en arguant que « la taille du gouvernement peut augmenter jusqu’à ce qu’on constate une incohérence qui puisse apporter des problèmes dans le pays ». Des arguments qui seraient tirés des cheveux selon une bonne partie de la jeunesse qui y voyait du « wax waxeet » (un dédit). Son alliance avec les compagnons de Senghor, ces « vieillards dans le vent » auxquels fait référence les rappeurs de Keur Gui dans leur tout nouveau clip, est rejetée par ces jeunes qui constituent plus de la moitié de la population du pays.
Le référendum pour légitimer le dédit concernant le mandat de 5 ans a renforcé le sentiment de désamour entre Macky et sa jeunesse
Le deuxième point de désaccord qui a visiblement libéré chez les jeunes le sentiment d’insatisfaction jusque-là contrôlé est celui du référendum sur le mandat présidentiel. Le chef de l’Etat, après avoir crié urbi et orbi qu’il ferait un mandat de 5 ans, se dédit en se réfugiant derrière l’avis d’un Conseil Constitutionnel de plus en plus contesté. Pourtant en avril 2013, il rétorquait à Moustapha Cissé Lô qui l’invitait à faire 7 ans lors du lancement de son mouvement « Horizon 2020 ak Yokkuté »: « je ne ferai pas un mandat de 7 ans, c’est moi qui me suis engagé à le réduire à 5 ans et je tiendrai parole ».
Nombre de jeunes se sont en effet sentis frustrés et le mouvement des rappeurs bat campagne pour le « NON » en s’opposant catégoriquement au projet de révision de la constitution voulue par Macky Sall. Parallèlement au mouvement « Y’en-à-marre » et à la société civile, des rappeurs tels que de GunMan Xuman et NFU fustigent cette farce de mauvais goût dans leur clip « Waaw ak Déét ». Le référendum gagné, Macky Sall n’en sera pas pour autant soulagé parce qu’il aura perdu en même temps la crédibilité et la sacralité autour de sa parole de chef d’Etat devant cette jeunesse soif de rupture.
La promesse non tenue de ne pas impliquer la famille dans la gestion du pouvoir et la versatilité sur la question de la transhumance
A cela il faut ajouter la volonté longtemps soutenue de ne point associer sa famille dans la gestion du pouvoir. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, en décembre 2016,le chef de l’Etat affirmait : « je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Je ne veux pas être accusé de népotisme». Voilà encore un engagement qu’il ne saura pas tenir puisque Aliou Sall est devenu non seulement maire de ville et président de l’association des maires du Sénégal mais aussi son nom est associé à de très gros scandales présumés tels que l’affaire Frank Timis. La ligne de défense du président Sall sur le cas de son frère était simple : les postes du jeune frère étaient jusque-là électifs et donc ce sont des gens ayant foi en lui qui l’ont choisi. Mais sa nomination à la têtede la Caisse de dépôts et de consignations (CDC) fait écrouler la thèse de l’élection et confirme si besoin en est que la famille Sall est plus que jamais au cœur des affaires.
La légitimation de la transhumance qui est plus que jamais en vogue constitue un autre contentieux pour lequel la jeunesse continue d’en vouloir au chef de l’Etat. L’érection du nomadisme politique en mode de fonctionnement crée chez les non politiques un certain sentiment de déception et démontre une attitude à tout le moins indigne. Alors qu’il était candidat en 2012, Macky Sall fustigeait la transhumance lors d’une émission sur Walf TV: « on ne peut pas continuer à faire la transhumance telle qu’elle se pratique aujourd’hui parce qu’il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs ». La transhumance, selon le candidat Macky, était tout simplement une absence d’éthique.
Il est en effet renversant de constater que le point de vue du candidat Macky Sall est totalement aux antipodes de la compréhension que le président Sall fait de cette pratique quand même honteuse. Une chose ne pouvant être elle-même et son contraire, les jeunes se perdent naturellement et ne savent plus à quel Macky Sall se fier. Puisqu’interrogé sur la question, le président Sall disait à Kaffrine ne rien voir d’« amoral » dans la pratique « dèslors que les gens viennent avant la victoire ». Les vives réactions de contestation qui en naquirent, de la part des alliés de Bennoo Bokk Yaakaar et de Macky 2012, n’en firent rien. Cette déclaration préparait l’opinion à la vaste opération de transhumance jamais constatée dans l’histoire politique du Sénégal. Non seulement la migration se fait de façon vertigineuse, mais aussi elle se fait sans aucun scrupule. Peu importe que ce soit en temps d’élection (législatives 2017) ou non.
Assane Diouf, Keur gui, Guy Marius Sagna : les symboles d’une jeunesse protestataire
Tant que le président Sall ne règlera pas ces contentieux, lui et la jeunesse seront toujours dans cette relation de je t’aime moi non plus. Malgré les énormes avancées notées sur la création d’emplois (un peu moins de 500 000), les infrastructures de loisirs telles que Dakar Arena et l’Arène nationale, cette couche de la population exige plus de l’Etat. Il y a entre autres le désir de s’affranchir de la France dominatrice qui continue de contrôler notre économie à travers le franc CFA et ses entreprises impliquées dans tous les grands sentiers de ce pays. La jeunesse ne veut plus de ce rapport de complexés que nos dirigeants souvent entretiennent avec l’hexagone. Il suffit juste de voir comme ils apprécient Paul Kagamé en ces temps qui courent pour se rendre compte de la simplicité des revendications qui sont d’un autre ordre. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les agissements de FRAPP-France Dégage de Guy Marius Sagna.
Les attaques incendiaires d’Assane Diouf, en prison depuis plus d’un an, ont contribué à la désacralisation du statut du chef de l’Etat sous Macky Sall. Bien avant, la sortie de l’album de Keur Gui « diougou fi » en 2015, pour fustiger la manière de faire de Macky Sall avait donné des idées aux nombreux jeunes sans emploi qui finirent par faire de l’internet leur exutoire. Tout ce qui ne peut se dire dans la rue, est transféré dans les forums et le président en prend pour son grade. La sortie, ce 31 décembre, du clip « les sai sai au cœur », est une suite logique de leur combat contre le régime Macky Sall. Les thèmes que survole ce morceau sont exactement ceux dénoncés il y a quelques années à savoir la conjoncture, la transhumance, le népotisme, etc. A l’image de ces rappeurs, la jeunesse sous Macky Sall aspire à plus de libertés et exige l’application de ces slogans pleins d’espoirs de « gouvernance sobre et vertueuse » et de « la patrie avant le parti » qui apparaissent de plus en plus comme de coquilles vides.
EXCLUSIF SENEPLUS - L’ancrage décomplexé à la culture de notre pays passe indéniablement par une réappropriation de notre propre histoire, écrite et enseignée comme une science
Vous demandez-vous souvent pourquoi, pris individuellement, nous sommes toujours prompts à financer volontairement et massivement les grands projets infrastructurels issus des familles religieuses et peinons à sortir un rond de nos poches lorsqu’il s’agit de soutenir un projet politique ?
Pourquoi sommes-nous toujours réticents à donner de notre temps pour travailler bénévolement dans des œuvres sociales alors qu’un simple appel du marabout suffit à drainer les foules pour nettoyer un espace public ou pour œuvrer dans des travaux agricoles ?
Au même moment, dans les grandes démocraties, les partis politiques comptent sur leurs militants et d’autres bailleurs pour lever des fonds astronomiques. Également, le bénévolat est une culture ancrée dans les habitudes des citoyens depuis le bas âge. Ces derniers peuvent s’engager délibérément dans des causes communautaires et humanitaires sans rien attendre en retour.
En effet, au-delà de l’autorité morale des guides confrériques qui crédibilise leurs demandes auprès des populations et de la reconnaissance spirituelle recherchée par les bénévoles, l’explication tient en partie de notre relation avec l’élite politique actuelle à laquelle nous ne nous identifions pas réellement et à la conception biaisée que nous avons de la politique telle que nous la reproduisons.
Nous continuons de croire dur comme fer, selon le modèle politique occidental hérité et enseigné, que l’État et la religion doivent être impérativement distingués alors que nous avons des sociétés culturellement différentes et que la trajectoire historique qui a façonné la société occidentale diverge radicalement de la nôtre.
Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Elhadj Malick, Mame Baye Niass et les autres illustres personnalités historiques de notre pays n’ont pas eu besoin de prendre les armes ou de contraindre les disciples à adhérer à leur cause. Et pourtant, nous sommes encore des millions, peu importe notre niveau d’instruction, notre origine sociale et nos affinités confrériques, à nous réclamer fièrement et ostensiblement de leur héritage.
C’est parce qu’au-delà de leur appel spirituel sur lequel la plupart des disciples préfèrent (sciemment on ou naïvement) les cantonner, il y a toute une stratégie politique murement réfléchie qui a permis l’expansion dans le temps de la cause qu’ils défendaient.
Notre école refuse de se pencher sur ce modèle politique qui a fait ses preuves (organisation urbaine, orientation agricole, culte du travail, etc.) et nous l’enseigner.
Au même moment, le colon blanc a fait couler beaucoup de sang de nos compatriotes, torturer nos dignes fils et piétiner notre honneur afin de nous soumettre de façon coercitive à sa cause. Nous avons ainsi cultivé des champs pour le nourrir, cotisé de l’argent comme impôt colonial pour l’enrichir et vider notre sueur pour participer à son développement. L’éducation aidant, il a pu formater les cerveaux et y semer les graines de la subordination afin de poursuivre malicieusement son entreprise même à son absence.
Si depuis 1960 nous tournons continuellement en rond en baignant dans une illusion d’indépendance c’est que nous n’avons pas encore fait le bon choix des vrais hommes politiques qui réfléchissent par eux-mêmes, pensent uniquement pour le bien collectif et conçoivent leurs actions sur la base des valeurs et des croyances socioculturelles de leurs semblables.
Notre système éducatif prépare notre élite dirigeante inéluctablement au suivisme, au mimétisme et à la reproduction continue des pratiques apprises. Il nous prépare à acquérir de grandes compétences dans des domaines spécifiques, mais il ne fait pas de nous des hommes et des femmes capables de s’engager dans un idéal transformationnel de nos sociétés. Un défi impossible à relever en l’absence d’esprit prédisposé à la critique, à la remise en cause du système établi et, surtout, au réveil de l’estime soi.
C’est la raison pour laquelle vous trouverez dans l’élite les plus grands défenseurs du statu quo actuel.
Ils crient au changement, mais n’osent pas se séparer de la monnaie coloniale. Ils font miroiter le progrès mais n’osent pas introduire l’enseignement de Cheikh Anta Diop et des langues nationales dans les écoles. Ils régurgitent avec éloquence les théories marxistes et capitalistes, mais se remplissent de gêne et de complexe lorsqu’ils doivent citer le culte du travail mouride et le modèle agricole des familles religieuses qui avait tant épargné les populations de la famine en pleine crise économique suite au Krach boursier de 1929.
Les pouvoirs politiques peuvent dépenser des millions dans des campagnes de sensibilisation diverses sans obtenir l’effet recherché alors qu’une simple déclaration d’une autorité confrérique aurait suffi pour soulever les foules. Quel paradoxe !
La promotion de l’enseignement technique et professionnel est importante pour préparer la jeunesse plus facilement aux besoins du marché et assurer plus rapidement son employabilité. Cependant, l’impératif d’assouvir ultimement la soif insatiable d’un système capitaliste ne doit pas nous pousser à la fabrication d’humains robotisés dont la seule compétence se limite à exécuter des tâches professionnelles spécifiques.
L’ancrage décomplexé à la culture de notre pays passe indéniablement par une réappropriation de notre propre histoire, écrite et enseignée comme une science, ainsi que par l’existence et la valorisation des sciences sociales et humaines, également révisées et magnifiées par nous-mêmes. Bref, retrouver notre culture nationale. Comme le disait Cheikh Anta Diop dans son article Vers une idéologie politique africaine : « Les puissances colonisatrices ont compris dès le début que la culture nationale est le rempart de sécurité le plus solide que puisse se construire un peuple au cours de son histoire, et que tant qu’on ne l’a pas atrophiée ou désintégrée, on ne peut pas être sûr des réactions du peuple dominé.»
PAR ELHADJI DANIEL SO
LE BAGOU SANS LES BAGAGES N'EST QUE RUINE EN SOI
Le moins que l'on puisse dire est qu’avec tout ce vacarme "pantagruélesque" autour des 94 Milliards de FCFA qu’aurait détournés l'actuel DG des domaines, l'attitude de Sonko, corroboré aux faits laisse à désirer
Oh que oui, François RABELAIS, qui fut reconnu le plus imaginatif des écrivains de l'époque de la Renaissance avait bien raison de dire que « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Le journaliste, Madiambal Diagne aussi, peut bel et bien se vanter d'avoir raison sur nous, en attirant notre attention sur des éléments - jusqu’avant son passage à l'émission le jury du dimanche de e-radio du 30 décembre 2018 - étaient inconnus de tous dans cette affaire dite de “94 Milliards de FCFA” à l'allure labyrinthique.
En décortiquant cette illustrative citation tirée de son premier livre “Pantagruel”[1] publié en 1532, et dont le titre complet est “Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes”, fils du Grand Géant Gargantua et de Badebec, nous avons pu déceler qu'en réalité, celle-ci donne l'impression d'être premonitoirement conçue pour être adaptée après, à l’homme politique nouveau en général, le sénégalais, en particulier, qui, pour se faire un nom, dans un landerneau assailli par plus de 254 chefs, sombre perpétuellement dans des ruses invraisemblables.
Ainsi, pour s'attirer les faveurs du peuple, ils sont à même de traîner d'honnêtes citoyens dans la boue ; quitte à user de leurre à la taille gargantuesque pour saper davantage le moral, et ne tendant pas moins qu’à contrôler la conscience de l'opinion publique à des fins politicopoliticiennes.
Or, subjectivement, cette conscience est toujours censée nous faire réfléchir sur nous-mêmes et nos actions. Ré-fléchir : fléchir sur soi, se replier sur son nombril, contempler sa propre subjectivité. Ce qui, du reste, est indispensable dans une vie tout court, à fortiori, si elle est politique. D'où cette façon prodiguée de l'envisager avec, ne serait qu'une once de morale et de réflexion sur elle-même avant de prendre des risques considérables, pouvant nous mener à notre prope perte ! Cela suppose également que, l’âme, la pauvrette, soit forcément dans le coup.
Mon Dieu, pouquoi beaucoup de nos hommes/femmes politiques sénégalais(e)s n'ont guère en conscience du qu’en dira-t-on ?
L’Édition Spéciale (2STV) de 2h19mn49s consacrée exclusivement au décryptage du discours à la nation du président de la République S.E.M. Macky Sall, au soir du 31 décembre 2018, et qui a mis à nu notre “diatribeur national” est utilisée comme modèle de référence dans notre modeste analyse qui suit :
En effet, sur une question inattendue en fin d’émission du journaliste Mouth Bane à partir de 1h42mn23s - passage coupé de quelques minutes devenu viral sur les réseaux sociaux - où l'on voit, notre “DN” tentait d’atermoyer en usant de faux-fuyants (Dama Sonn) [2] pour éviter de donner une réponse adéquate, pour assombrir la lanterne des téléspectateurs/ces dans cette affaire qu'il a pompeusement soulevée face à la presse, le mardi 16 octobre 2018.
Si l'on étudie bien son langage corporel et gestuel, on se rend aisément compte qu'il a dû fourrer son nez là où il ne fallait pas. Rien que le fait d'avoir le corps raide en redressant la posture de réceptivité de l'émotion de surprise en celle de défi, accompagné de son sourire de gêne avant de répondre à la question, en dit plus long que mille de son explication cahoteuse. Sans tenir compte des répétitions au nombre de plus de 20 fois du mot “dossier” en moins de 7mn chrono de parole pour se frayer des fenêtres de sortie.
Selon les éthologues et synergoloques [3] qui s’intéressent de plus en plus à l’exploration scientifique de la communication non-verbale des leaders politiques, inconsciemment, l'homme politique peut mentir dans un discours, mais son corps dont les gestes sont incontrôlables à 95% par l'être humain, est incapable de lui servir de faire-valoir.
C'est pourquoi, il ne voulait pas certainement donner de réponse sans au préalable chercher à contourner l'essentiel. N'eut été la ténacité de l'excellent journaliste Pape Alé Niang qui a bien recadré la question, il n'allait pas cracher - après 15 secondes de réflexion - le nom de son cabinet “ATLAS GROUP SENEGAL” (Afrique Tax and Law Advisor Services Atlas Sarl depuis ), qui, pourtant, serait cogéré par un Sir Ismaela BA, également DG du cabinet Mercalex Suarl, créé bizarrement (à cet effet/ou non) le 29/06/2018 sous le Régistre de commerce : SNDKR2018B18236 - Ninéa : 006913546, et dont il refutait titubiantement être lié dans l'émission, tout en avouant avoir transmis le dossier à ce dernier qui, par « contrat de man-
dat » en date du 13 septembre 2018 l'a confié à son tour au caninet “AB partners.”Moyennant quoi et/ou pour quelle raison ? Notre langue au chat !
Le moins que l'on puisse dire est qu’avec tout ce vacarme pantagruélesque autour des 94 Milliards de FCFA qu’aurait - selon lui - détournés l'actuel Directeur général des Domaines dans le cadre d'une transaction immobilière liant des familles à une société intermédiaire du nom de SOFICO SA, et par ricochet, l'État du Sénégal à travers l'implication du nommé, son attitude, corroboré aux faits laisse à désirer. Car la situation de conflit d'intérêts dans laquelle il s'est embourbé tout en essayant vaillamment de s'en extirper est loin de connaître son épilogue.
Qu’en est-t-il réellement du dossier ? Quid des bases légales sur lesquelles celui-ci a transité d'un cabinet à un autre ? Sa réponse fournie ne le dédouane pas pour autant.
Hors de nous l'idée de vouloir nous aventurer dans des considérations pantagruéliques, au vu des éléments de preuve produits et soulevés à la une du journal libération de ce jeudi 3 janvier 2019 - nous pouvons dire sans risque d'être contredit par qui que ce soit qu'il s'est bien mis le doigt en plein mille - dans l'oeil.
De grâce, opposons-nous, mais faisons le en ayant toujours en conscience que le peuple nous observe et se marre de notre propre turpitude ! Au regard du principe selon lequel nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, ne revenons pas après, s'apitoyer sur notre sort.
Au peuple, nous disons, de ne pas suivre aveuglément les nuisibles hypocrites hostiles pour nous éviter le syndrome du “Mouton de Parnurge” dont le célèbre personnage-compagnon de “Pantagruel” et habile en caricature controverse, avait pour nom, qui signifiait tout bêtement « apte à tout faire, méchant » en grec ancien ( πανοῦργος / panoûrgos).
À Bon Entendeur Salam !
Qu’Allah SWT veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Elhadji Daniel So est Président d'En Mouvement ! Défar Sénégal
* Titre inspiré par la célèbre citation de Rabelais “science sans conscience n’est que ruine de l’âme “ tirée de son livre “Les Horribles et Espoventables Faictz et Prouesses du très renommé Pantagruel, roy des Dipsodes, filz du grand géant Gargantua. — paru en 1532 ;
[1]. Pantagruel : « ... car Panta en grec, vault autant a dire comme tout, et Gruel, en langue Hagarène, vault autant dire comme altéré... » Pantagruel, chapitre II…;
[2] Literallement en français : Je suis fatigué ;
[3] L'éthologie désigne l'étude scientifique du comportement des espèces animales, incluant l'humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental, à travers des méthodes biologiques précises d'observation et de quantification des comportements animaux ;