Un plan quel qu’il soit, doit d’abord être présenté aux nationaux avant d'en rechercher le financement - Autrement, nous renforçons la culture de l'irresponsabilité propres aux Sénégalais dans leur développement
Un plan quel qu’il soit doit d’abord être présenté aux sénégalais avant de rechercher son financement, sinon nous renforçons la culture d’irresponsabilité propre aux sénégalais, dans leur propre développement. Le problème de l'Afrique et du Sénégal est une culture de plan de développement avec des projets à présenter à des bailleurs comme le ferait un individu ou une entreprise puisque nous n'avons pas les moyens de nos politiques. Le Sénégal n'est pas une entreprise ou un individu et n'a en réalité plus de gap de financement (déficit non finançable sur le marché intérieur ou extérieur aux conditions du marché). La crédibilité du Sénégal permet de financer son déficit budgétaire (y compris pour participer à des PPP viables), en partie sur le marché régional (en FCFA), chez les bailleurs bilatéraux et multilatéraux (s'ils veulent), ou sur les marchés internationaux si le taux de croissance précède par le secteur privé. Cette croissance ne doit pas être le résultat d'un endettement qui en réalité va financer au bout du compte la demande dans le secteur des services comme dans la phase une du PSE. Les réalisations physiques ainsi financées ne sont que la contrepartie de l’endettement sans contribuer à une croissance durable.
De ce point de vue, ce qui importe c'est le niveau d'endettement limite que nous nous fixons, de même que le déficit budgétaire pour avoir une croissance fiscalement soutenable. Le reste relève du secteur privé et du capital étranger et sous leadership d'Etats (Chine etc.). A 3% du PIB de déficit budgétaire à financer sur 2019-2023, le Sénégal n'a pas de gap de financement non finançable par le marché, ce qui rend un groupe consultatif en réalité inutile. C'est comme les 10 milliards que les marchés financiers ont proposé quand nous demandions 2 milliards d'eurobonds. Nous n'avons pas pris les 10 milliards d'offres parce que nous n'en avions pas besoin et ça ne correspondait pas à une stratégie d'endettement responsable et soutenable et à notre cible de déficit budgétaire et à ce que nous recherchions. La déclaration du FMI au groupe consultatif est à méditer de ce point de vue car dans son langage diplomatique habituel, il a un fort contenu en messages.
Le gap que le Sénégal s’impose et qu’il demande aux bailleurs est du fait de ses propres préférences de financement (dettes concessionnelles et dons) et de dépenses publiques au-delà de ses capacités dans la logique d’une entreprise qui finance des projets de développement. C’est cette approche socialiste du développement dans le contexte d’une monnaie trop forte qui fait que tout argent injecté se retrouve en importations avec comme résultat que nous demeurons le 25ieme pays le plus pauvre du monde.
L'alternative à ce que nous faisons depuis 60 ans, c'est d'avoir un plan de dépenses à moyen terme pour financer l'éducation, la santé, les infrastructures de base et d'appui au secteur privé dans un budget et une stratégie d'endettement soutenables et financés par les sénégalais eux-mêmes. Les capitaux étrangers et du marché viendraient en compléments et principalement en monnaie nationale. Il faut donc attirer les investisseurs dans le marché sous régional et faire les réformes nécessaires pour permettre au secteur privé sénégalais aussi faible qu'il soit de prendre son destin en main. C'est ça la rupture et la dignité. La déclaration de la représentante de l’Allemagne au groupe consultatif est à méditer de ce point de vue. Elle nous a appelé à faire confiance à notre secteur privé national avant de compter sur les investisseurs allemands car ce secteur privé national, aussi petit qu’il soit, fait 98% de nos entreprises. Il faut donc faire les réformes nécessaires pour mener ce secteur privé vers sa formalisation car il est notre seul avenir.
MACKY PRÉSENTE SON LIVRE À LA DIASPORA
En visite à Paris pour financer la deuxième phase du PSE, le chef de l'Etat en campagne pour sa réélection en février prochain, a présenté lundi soir son bouquin « Le Sénégal au cœur », à ses compatriotes sur place
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 18/12/2018
« Je suis un homme comblé ». Ce lundi 17 décembre au soir, dans un salon fastueux de l’hôtel Intercontinental à Paris, Macky Sall ne boudait pas son plaisir. Quelques heures plus tôt, il venait de récolter 14 milliards de dollars de promesses de financements de la part de bailleurs institutionnels pour la phase 2 du Plan Sénégal émergent (2019-2023). Soit trois fois plus que ce qu’il visait initialement, et de quoi plastronner devant ses dizaines de partisans venus assister à la présentation de son livre autobiographique, Le Sénégal au cœur (2018, Cherche Midi).
Plus qu’une séance de présentation de cet ouvrage, qui sera en librairies le 10 janvier 2019, soit quelques semaines avant la présidentielle du 24 février à laquelle Macky Sall briguera un second mandat, cette cérémonie avait des airs de meetings de campagne. Dans la salle, chaque intervention du président était ponctuée par une salve d’applaudissements, lesquels étaient parfois suivis de chants enthousiastes de griots.
« Parler de moi de façon plus intime »
Après s’être félicité du « succès » du financement du PSE et de l’appui des partenaires internationaux au Sénégal, le chef de l’État a brièvement expliqué pourquoi il avait rédigé un livre. Pour revenir sur sa trajectoire, son premier mandat et ses ambitions pour un éventuel second, mais pas uniquement.
« À l’heure où je m’apprête à solliciter une nouvelle fois la confiance des Sénégalais, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de m’ouvrir un peu plus à mes compatriotes. J’ai voulu me dévoiler davantage et parler de moi de façon plus intime », a-t-il confié.
Il y raconte notamment son enfance et sa vie familiale, ainsi que son parcours au sein de l’école publique sénégalaise dont il revendique être un « pur produit ». « Je suis l’exemple vivant qu’il n’y a pas de déterminisme social », a souligné l’ex-ingénieur.
Engagé dans la mouvance maoïste lorsqu’il était étudiant, celui qui s’est converti au libéralisme a expliqué être « entré en politique pour combattre l’injustice sociale ». « Le pouvoir, je le conçois d’abord comme un moyen de trouver des solutions aux problèmes qui se posent au pays et aux populations », a-t-il poursuivi.
« Tout le monde doit être préparé à rendre des comptes »
Macky Sall a aussi profité se cette tribune pour répondre à ses adversaires. À ceux qui lui reprochent d’avoir alourdit la dette du pays alors que son mandat touche à sa fin, il a rétorqué qu’il ne faisait qu’assurer la « continuité de l’État ». « Je suis désolé, mais l’État ne doit pas cesser de fonctionner parce que des élections se profilent », a-t-il insisté.
Quant à ses opposants Karim Wade et Khalifa Sall, dont les candidatures à la présidentielle seront très probablement retoquées en raison de leurs déboires judiciaires, le président les a indirectement visés en évoquant les questions de gouvernance. « On doit être capable de rendre compte de sa gestion à tout moment. Tout le monde doit être préparé à ça », a glissé le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar.
PAR MOHAMED DIA
SÉNÉGAL, PAYS DU « YALLA BAHENA »
Nous nous endettons très mal, notre balance commerciale est toujours déficitaire et un déficit des finances publiques freine notre développement
Même l’économie du Sénégal est victime de ce fameux « Yalla bahena »
Il n’y a pas de lien direct entre croissance économique et emploi. Depuis l’indépendance du Sénégal, nous sommes confrontés à des difficultés économiques. Nous nous endettons très mal, notre balance commerciale est toujours déficitaire et un déficit des finances publiques freine notre développement. « Les politiques de l'emploi sont l’ensemble des mesures mises en œuvre par les administrations publiques dans le but d’accroître l'emploi et de réduire le chômage. Les pays émergents ont connu plusieurs modèles économiques selon la situation socio-politique de leurs pays et du monde. On assiste successivement au modèle de la colonisation, basé sur la production et l’exportation des produits agricoles et des matières premières, au modèle communiste et révolutionnaire, au modèle de l’industrialisation par substitution aux importations (ISI), au modèle de l’industrialisation par promotion des exportations, au modèle néo-libéral du « consensus de Washington », avec l’impact de la crise financière de la fin des années 1990 et enfin à la montée en puissance des pays émergents, avec l’impact de la crise financière et économique de 2008. Que peut faire le Sénégal pour stimuler son économie et créer des emplois pour réduire la pauvreté ?
Rôle de l’Etat dans la politique économique
Avec un taux de chômage de 47 %, une dette qui représente 61 % du PIB, le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres du monde. Nous avons toujours eu une croissance faible jusqu’à l’implémentation du PSE qui a stimulé l’économie pour une croissance relativement forte. Le seul problème est que cette croissance n’a pas été synonyme de création d’emplois ou de réduction de la pauvreté. Certains pays ont eu à la faire comme les dragons asiatiques (Corée du Nord, Taiwan, Singapour et Hong Kong). Ils ont éliminé le problème de l’emploi et affichent des taux de chômage très faibles. Il faut revoir la politique économique du Sénégal. Nous devons revoir notre politique conjoncturelle définit comme étant « un ensemble de mesures de la politique économique prise par un gouvernement à court terme, en fonction de la position de l'économie dans les cycles économiques ».
Il y a plusieurs choses que le gouvernement peut faire pour stimuler l’économie de manière positive afin que l’économie crée des emplois de qualité.
Vendre la destination Sénégal
Combien d’entreprises américaines sont établies en Chine, Mexique, Inde… ? Des milliers. La raison est que ces pays sont prêts à accueillir ces compagnies. Nous devons nous assurer que nous sommes prêts à accueillir ces compagnies. Il faut rendre le Sénégal attractif. Il faudrait impérativement réduire les impôts et non une exonération fiscale totale. Cela sera possible en réduisant les échappatoires qu’utilisent ces entreprises. Il faut que l’anglais devienne une langue obligatoire durant tout le cursus scolaire et octroyer des bourses la où les demandes sont plus importantes. Il faut aussi que les infrastructures soient adéquates dans les régions pour que ces entreprises s’y implantent, ce qui favorisera l’exode urbain en même temps.
Augmenter les investissements du secteur privé
L'investissement des entreprises est le moteur essentiel de la croissance économique durable et de l'emploi. Il est clair que le meilleur moyen d’obtenir une forte croissance de l’emploi est de soutenir l’accroissement des investissements privés dans n’importe quelle économie au monde. Le déficit d’infrastructures est un frein face à ce fléau au Sénégal. Nous avons mal investi dans les infrastructures pour augmenter les investissements du secteur privé.
Politique industrielle
En plus d’investir dans les infrastructures et dans les services publics, l’Etat peut également mettre en œuvre une politique industrielle visant à soutenir le développement du tissu industriel. Cela ne sera possible qu’avec le développement du secteur primaire afin que les matières premières puissent être transformées. A défaut de cette politique industrielle, l’Etat peut encourager les industries étrangères créatrices d’emplois à s’installer au Sénégal.
Réduire les taux d'intérêt sans créer une inflation
La réduction des taux d’intérêt augmente les liquidités, donnant ainsi aux banques plus d'argent à prêter. En conséquence, les taux d’intérêt hypothécaire et autres diminuent, poussant chaque citoyen à pouvoir disposer de son bien immobilier. Avec un crédit moins cher, les consommateurs peuvent emprunter et dépenser plus, ce qui permet aux entreprises de se développer pour répondre à la demande accrue. Les entreprises embauchent plus de travailleurs, dont les revenus augmentent, ce qui leur permet d’acquérir encore plus. Le principal inconvénient de cette réduction des taux d’intérêt est qu’elle peut prendre quelques mois pour stimuler la demande. Les taux seront relevés dès que nous sentons que l’économie commence à bouger dans le bon sens.
Dépenses de travaux publics
La situation aurait été pire si le PSE n’avait pas été implémenté, car les travaux publics engagent des travailleurs tout de suite. Durant la récession de 2008, beaucoup de gouvernement ont stimulé leur économie en investissant dans les travaux publics. Mais il faut être sûr d’investir sur des travaux rentables plutôt que ceux sociaux comme les écoles et hôpitaux.
Le suivi des chômeurs
Il faut que nous créions des services pour les chômeurs, pour pouvoir les former et les orienter afin d’augmenter leur chance de trouver du travail. Chaque montant dépensé dans l’éducation équivaut à un nombre d’emplois que l’économie créera. Il faut aussi créer un fond octroyé aux chômeurs qui suivent une formation dans le but de trouver du travail. L’argent que les chômeurs reçoivent retourne dans l’économie du pays, car ils le dépenseront pour l’achat des produits de première nécessité. Cet argent dépensé augmentera la demande et les fournisseurs seront obligés d’embaucher des travailleurs pour faire face à cette demande supplémentaire.
Réduction des impôts sur les revenus
Les réductions d'impôts créent des emplois en permettant aux familles ou aux entreprises de conserver une plus grande part de leurs revenus. L'idée est que les consommateurs achèteront plus d'articles, ce qui va ainsi stimuler la demande. Les entreprises utilisent les réductions d'impôts pour embaucher des travailleurs indispensables. La réduction des impôts sur les revenus a été très électoraliste et cela n’a pas pu stimuler l’économie. Un autre concerne les statistiques sur le nombre d’emplois créés qui restent introuvables pour servir de mesure d’impact de cette réduction d’impôts.
Enfin
Il y a plusieurs autres moyens de stimuler l’économie pour créer des emplois, mais il faut une vision et un modèle économique clair. Le PSE nous dotera certes d’une croissance forte, mais est-ce que cette croissance se traduira en création d’emplois ? Le gouvernement n’a pas encore mis les moyens évoqués ci-dessus dans le but de stimuler l’économie. Il est impératif que nous commencions à utiliser ces moyens pour créer des emplois décents et nous faire sortir de la liste des pays les plus pauvres du monde. Il est surtout plus impératif de les utiliser de manière objective et non électoraliste car le Sénégal doit être notre seul souci.
VIDEO
DES PROMESSES POUR QUELLES RÉALISATIONS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Bougane Gueye relève le fossé entre les promesses de financements des bailleurs de fonds et leurs réalisations effectives - Le patron de Gueum Sa Bopp s'interroge par ailleurs, sur les incidences du PSE sur la vie du Sénégalais lambda
Boubacar Badji, Youssou Ba et Coumba Thiam |
Publication 18/12/2018
Il y a un fossé entre les promesses de financements des bailleurs de fonds et leurs réalisations effectives, selon Bougane Gueye.
Le président du mouvement politique Gueum Sa Bopp, rappelle d'ailleurs que les conclusions du rapport de la première phase du PSE sont toujours attendues.
Il s'interroge également sur le niveau réel de l'endettement de l'Etat auprès des bailleurs, sur son impact sur la vie quotidienne des Sénégalais.
Voir la vidéo.
PAR ELGAS
DÉMOCRATIE DE BASSE INTENSITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Si à la veille de chaque scrutin, les analystes prédisent et déchiffrent les enjeux, avec plus ou moins de pertinence, il reste à évaluer plus en profondeur, la vraie valeur de la démocratie sénégalaise
#Enjeux2019 - Les prochaines élections présidentielles de février 2019 au Sénégal suscitent des questions auxquelles il est difficile de répondre. A côté du bilan défendable de la coalition de Macky Sall, des nombreux rendez-vous ratés de cette même majorité, de l’éclatement de l’opposition ainsi que le contexte international agité, l’atmosphère générale rend l’échéance illisible.
Deux alternances n’ont pas réussi à vaincre le sentiment d’impuissance des pouvoirs publics, et surtout, plus incurable, le fatalisme des populations. Si à la veille de chaque élection, les analystes prévoient, prédisent, et déchiffrent les enjeux, avec plus ou moins de pertinence, il reste à évaluer plus en profondeur, la vraie valeur de la démocratie sénégalaise. Cette dernière a toujours été surestimée.
Sur la carte politique de l’Afrique, le Sénégal est régulièrement cité comme (le) modèle. Il partage le privilège avec le Ghana, le Nigéria, le Burkina Faso ou encore le Cap-Vert entre autres bonnes nouvelles.
Depuis 2000, les deux alternances en 2000 et 2012, ainsi que la tenue régulière d’élections intermédiaires, le fonctionnement relatif des institutions, donnent la mesure d’un apprentissage démocratique prometteur. Il offre plus de gages, dans un contexte davantage marqué par les transitions chaotiques auxquelles sont confrontés les pays voisins.
Cependant la comparaison avec le pire n’est jamais flatteuse. S’il y a lieu de se féliciter de cet état de fait, il serait en revanche peu ambitieux de s’y arrêter. D’une part, l’Histoire a déjà montré que les acquis ne sont pas des garanties définitives. D’autre part, différents épisodes nationaux récents, judiciaires, législatifs, politiques, ont sapé le pacte démocratique, sous des mandatures, du reste, portées au pouvoir par les alternances.
- La démocratie du champ social -
La question qui se pose ainsi, c’est celle de l’extension à une démocratie réelle dans le champ social. Une pratique inclusive qui éprouve la démocratie comme fait total. Si elle est absente des autres sphères constitutives de la cohésion nationale, elle a peu de chance de se pérenniser, du moins dans des termes plus collectifs.
Au fil des élections, le Sénégal est devenu une démocratie seulement électorale. Un pays où la classe politique se satisfait, nonobstant quelques bisbilles et querelles politiciennes, de l’appareil général. A l’extérieur et au niveau des vigies internationales, même tonalité laudative : on y vante cet « îlot démocratique ». Pourtant, à y regarder de plus près, à l’intérieur même des partis politiques, les standards de la démocratie sont bafoués.
Les partis demeurent des entités fortement attachées à des « personnes » dans une relation verticale qui peut tomber parfois dans l’emprise. Aucune vie démocratique interne au parti n’est véritablement perceptible, ou alors totalement à la marge. Les délibérations des partis restent encore plus ou moins opaques. Ce qui est le fondement même de la vie politique se trouve ainsi grippé par une mécanique clientéliste, où le pouvoir reste patrimonial, clanique et paternel. Cela est sans compter avec la séparation très opaque des pouvoirs et les irruptions régulières du religieux dans le temporel.
- Coalitions de prédations et de positionnements opportunistes -
L’impact de cette déficience démocratique se ressent dans les institutions, affaiblies et contournées par la demande populaire. L’impression d’un corps politique exsangue se dégage de ce vaste ensemble où les coalitions politiques, sous prétexte d’une unité nationale, alimentent les prédations et les positionnements opportunistes. A terme, et on en déplore les effets, la politique reste un jeu de chaises musicales, dans lequel les acteurs s’interchangent, transhumance aidant, alors qu’économiquement, socialement, culturellement, peu de progrès notables sont enregistrés. Il se produit une séparation entre un corps politique responsable de cette anémie démocratique, et un peuple, qui à force de souffrance, consent à participer, avec le mauvais rôle du servant, à une mascarade.
Dans le champ politique comme dans celui des études sociales, des travaux ont documenté le déficit de comptabilité entre la démocratie institutionnelle héritée de la colonisation et les valeurs et l’histoire des populations. L’absence d’identification décourage les populations. S’il y a lieu de creuser ce constat ancien, qu’aucun chantier n’a réellement entrepris de corriger, c’est encore autre chose que d’admettre que la démocratie est une matière qui a besoin d’être nourrie continuellement. Dans les deux cas, les vœux sont restés inexploités par un vrai travail de production de système. Qu’il s’agisse d’assouplir la rigidité verticale des institutions, d’y insuffler de la participation populaire, de penser à des modalités de délibérations collectives, la nécessité de les traduire dans une langue et un langage, accessibles, tout cela nécessite un vrai travail de refondation. La démocratie telle qu’elle se vit au Sénégal actuellement, est une belle illusion, qui exclut les populations de la gestion quotidienne, et qui entretient une classe politique qui se renouvelle en vase clos pour maintenir ses privilèges.
- Un État boulimique -
S’il y a une urgence à l’approche des élections, c’est celle de repenser la quête de souveraineté à travers une réflexion sur cette démocratie de basse intensité, dont la faiblesse est le lit des maux annexes et connus : népotisme, corruption, clientélisme, statut quo... Il peut sembler vain de mener ce combat, jugé idéaliste, mais le triste constat, c’est que si la démocratie électorale a évité au pays des agitations mortelles, elle n’a en revanche réglé aucun des problèmes structurels lourds. Elle a surtout dévitalisé tous les autres champs, pour nourrir un colosse aux pieds d’argile : un Etat boulimique. L’objectif à travers des assises – qui pourraient être envisagées - sur la démocratie, serait de soigner le mal profond qu’aucune analyse, qu’aucune élection n’a réussi jusque-là à guérir : la terrible résignation des populations, qui exportent tous leurs rêves à l’extérieur.
Refaire la démocratie ne requiert pas que les politiques. C’est une tâche de tout le monde dont le citoyen, pleinement investi, sera la cheville ouvrière.
Elgas est journaliste, chercheur et écrivain. Son premier roman, "Un Dieu et des mœurs", a été publié en 2015 par Présence africaine. Né en 1988 à Saint-Louis, et ayant grandi à Ziguinchor, il est diplômé de communication et de science politique. Il soutient sa thèse de doctorat en sociologie cette semaine à l'université de Caen. Depuis deux ans, Elgas publie sur SenePlus.com une chronique hebdomadaire : "Inventaire des idoles".
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NOUS N'ACCEPTERONS PAS LE FORCING
EXCLUSIF SENEPLUS - Babacar Thioye Ba, mandataire de Khalifa Sall, attire l'attention des observateurs et de la Cena sur la nécessité d'une élection paisible et transparente
Alioune G Sall, Youssou Ba et Jallo Jerry |
Publication 18/12/2018
‘’Nous venons de déposer le dossier de candidature de Khalifa Sall conformément à la loi. Cependant nous sommes tous conscients que le président Macky Sall veut faire du forcing pour avoir un second mandat. Ce que nous ne laisserons pas faire. C’est pourquoi nous attirons l’attention des observateurs et de la Commission électorale nationale autonome, afin qu'ils garantissent des élections paisibles et transparentes’’, a déclaré Babacar Thioye Ba mandataire de Khalifa Sall au micro de SenePlus.
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MOI, MARCHAND AMBULANT AUX USA
EXCLUSIF SENEPLUS - ‘’Une politique permettant une bonne insertion dans les pays d’accueil et une préparation des sénégalais ayant un projet migratoire nous mettront à l’abri la migration clandestine’’ a plaidé Bougane
Boubacar Badji, Youssou Ba et Coumba Thiam |
Publication 18/12/2018
Les questions migratoires occupent une place importante dans le programme du mouvement Geum Sa Bopp selon son président Bougane Gueye Dany. ‘
’Dans notre démarche les questions migratoires sont prises en compte. C’est pourquoi nous disons qu’il nous faut une politique migratoire efficace d’encadrement et d’assistance pour permettre aux migrants de s’insérer dans de bonnes conditions dans leurs pays d’accueil. Il faut également préparer le sénégalais qui a un projet migratoire. Ce qui nous mettra à l’abri de cette migration clandestine que nous constatons’’ a soutenu Bougane.