La structure anti-corruption peine à être prise au sérieux selon des milieux de la société civile
Qui a peur de l’enquête de l’Office national de lutte contre la corruption et la concussion (OFNAC) ? Si la sortie de la présidente Seynabou Ndiaye Diakhaté annonçant une enquête sur le dossier des Domaines agricoles communautaires (DAC) a rapidement suscité une certaine inquiétude dans certains milieux, on peine à croire que la remplaçante de Nafi Ngom Keita ira jusqu’au bout de sa traque. Les états de service de Seynabou Ndiaye Diakhaté dans les dossiers comme Pétrotim, Bictogo, le Coud et bien d’autres font que, dans des milieux avisés, on parle de « saupoudrage », rien de plus. Au niveau de Green2000, l’entreprise israélienne chargé de la réalisation des DAC, on applaudit à la démarche de la patronne de l’OFNAC en attendant de voir…
La patronne de l’OFNAC, dont on avait fini par oublier l’existence tellement la structure anti-corruption qu’elle dirige roupillait ferme, a, au détour d’une visite à la Foire de Dakar, fait une annonce retentissante. A l’en croire, en effet, l’OFNAC va enquêter sur les Domaines agricoles communautaires (DAC) secoués par un scandale portant sur 29 milliards de francs. Des faits de détournement de deniers publics révélés par un rapport de l’Inspection générale des finances du ministère de l’Economie et des Finances. Hélas, malgré son annonce tonitruante, Seynabou Ndiaye Diakhaté peine à être prise au sérieux. Pour cause, un scepticisme généralisé a accueilli son annonce. Dans des milieux avisés, l’on se refuse à croire que Seynabou Ndiaye Diakhaté puisse faire déferrer à ses convocations, des personnalités aussi puissantes que les ministres Amadou Ba et Mame Mbaye Niang. Le premier pour confirmer les découvertes de ses services, et le second pour s’expliquer sur de gravissimes accusations de détournement. Pour les autres incriminés dans le dossier comme le patron de la société Locafrique, Khadim Ba, les directeurs généraux successifs du Programme des Domaines agricoles communautaires, Jean-Pierre Senghor et Malamine Daffé, par contre, cela ne devrait pas être difficile de les entendre sur ce dossier.
Cela dit, Seynabou Ndiaye Diakhaté devra vraiment convaincre une opinion sceptique quant à son courage d’aller jusqu’au bout d’une enquête qui met en cause un ministre très proche de la Première dame Marième Faye Sall. « Est-ce que l’OFNAC s’intéresse réellement à ce dossier ? Si je peux confirmer qu’il y a eu bel et bien un début d’enquête, on peut se poser la question de savoir si cette enquête a été poursuivie ? Au Cices, si Seynabou Ndiaye Diakhaté s’est prononcée sur le sujet, c’est parce qu’elle a été tout simplement coincée. Elle n’avait pas le choix de ne pas répondre à l’interpellation de la presse » souligne une source ayant préféré garder l’anonymat. Cette dernière, très impliquée au niveau de la société civile, ne prend pas au sérieux la patronne de l’OFNAC. « Ce n’est que du saupoudrage, rien que du saupoudrage, je le répète. Seynabou Ndiaye Diakhaté ne cherche qu’à endormir les Sénégalais.
Pour la prendre au sérieux, il y a un préalable. Il faut qu’elle nous publie les rapports sur Pétrotim impliquant le frère du chef de l’Etat qui n’est pas ministre. Il faut aussi qu’elle publie le rapport sur Bictogo (NDRL le fameux scandale des visas biométriques à propos desquels le sulfureux homme d’affaires ivoirien a reçu une indemnisation de 12 milliards de frs) mais aussi la deuxième phase du rapport sur le Coud, la première phase a concerné Nafi Ngom Keita. Tant qu’elle n’a pas publié ces trois rapports, on considérera que Seynabou Ndiaye Diakhaté ne fait que du saupoudrage » ajoute cette source.
Green2000 encourage l’Ofnac
Réagissant à cette annonce de la patronne de l’OFNAC, l’entreprise israélienne Green2000,chargée de la réalisation des Centres de formation et de Services agricoles dans les DAC de Sefa, Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane et Itato, dans une note qu’elle nous a transmise, salue cette décision de l’OFNAC. La démarche des services de Seynabou Ndiaye Diakhaté ne fait pas peur aux Israéliens. « En visite au CICES, la présidente de l’OFNAC a annoncé qu’elle a mis en branle sa structure pour enquêter sur ce que d’aucuns ont vite qualifié de scandale au Programme des Domaines agricoles communautaires (PRODAC). Un présumé scandale qui depuis quelques mois est l’occasion pour certains de jeter le discrédit sur différentes personnes et sur Green2000. L’entreprise Green2000 s’est dite surprise de constater que la sortie de la présidente de l’OFNAC a suscité une levée de boucliers.
«QUI A PEUR DE L’OFNAC« » demande l’entreprise. « Un soi-disant bailleur qui, conscient de ses défaillances notaires dans le financement de ce projet qu’il fait trainer depuis bientôt 4 années, au lieu des 10 mois prévus dans le Contrat, se cache derrière des plumes pour se donner le beau rôle, quitte à charger tous les autres acteurs du projet, ça frise le ridicule. A force de trop tirer sur la désinformation et la manipulation, on vit dans le ridicule et la peur. L’OFNAC ne fait peur qu’à ceux qui ont des choses à cacher. Green2000 précise, quant à elle, qu’elle se fait le devoir de travailler dans la transparence partout où elle opère. C’est ce qui fait sa réputation mondiale depuis plus de deux décennies. Tout ce tapage sur ce projet des DAC lui parait surnaturel » lit-on dans la note. Celle-ci révèle que depuis le début de la mise en oeuvre des Centres de formation et de Services agricoles dans les DAC, certains usent de toutes les manoeuvres pour organiser l’échec de l’entreprise israélienne. Green2000 salue la décision de l’OFNAC d’essayer de séparer le vrai du faux dans ce projet. «Trop de contrevérités sont distillées sciemment pour essayer de salir l’image de Green2000», mentionne la note. Une enquête neutre et objective de l’OFNAC est saluée par Green2000 qui ne demande qu’à faire son travail loin des manœuvres.
L’entreprise israélienne rappelle qu’il y a quelques semaines, à Sangalkam, le président de la République, conscient de la pertinence des Domaines Agricoles avec en leur sein des Centres de formation et de Services agricoles, a annoncé la mise en place prochainement du Réseau national des DAC. « Quelle meilleure preuve de reconnaissance ! », se réjouit l’entreprise israélienne qui persiste et signe que des Centres de formation et de Services agricoles sont la meilleure voie pour assurer des Domaines agricoles communautaires durables. Green ajoute : «n’en déplaise à ceux qui, pour des intérêts purement personnels, commanditent une «enquête», jettent en pâture Green2000 qui ne demande qu’à finaliser enfin la réalisation des 4 Centres de formation et de Services agricoles pour que l’espoir suscité de générer des milliers d’emplois soit enfin une réalité. »
Selon toujours la société israélienne, maintenant que le Président Macky Sall a annoncé la mise en place prochainement du Réseau national des Domaines Agricoles, des appétits naissent. «Tous les moyens sont bons pour essayer de mettre Green2000 sur la touche au profit de certains qui n’ont ni la compétence, ni l’expérience de Green qui détient le label ASTC qui fera le succès des DAC«. Ah bon, et qui sont ces « certains » ?
LES DEUX «K» A L’ECOUTE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le calme plat que connaît le paisible et cossu quartier des Almadies s’est envolé, hier, lors des dépôts de candidatures et de parrainages de Karim Wade et de Khalifa Sall. C’est en présence de leurs nombreux militants massés devant le Conseil constitutionnel que leurs mandataires ont déposé leurs candidatures pour participer à l’élection présidentielle de février 2019.
Le ballet des candidats à l’élection présidentielle de 2019 se poursuit au Conseil constitutionnel. Les mandataires de Karim Wade et de Khalifa Sall ont procédé hier au dépôt des parrainages et de candidature de l’ancien ministre de la Coopération internationale et de l’ancien maire de Dakar. C’était devant des militants acquis à la cause de deux adversaires de Macky Sall et qui scandaient : «Karim candidat, Khalifa candidat».
En compagnie de Idrissa Diallo, le mandataire de Khalifa Sall, Babacar Thioye Ba a donné le ton avant l’arrivée du mandataire de Karim Wade, en la personne du secrétaire général adjoint du Pds Oumar Sarr qui était accompagné de Mamadou Diop Decroix. Particulièrement virulent contre le régime de Macky Sall, le secrétaire général adjoint du Pds déclare : « Nous sommes dans un pays de droit. Donc, nous allons participer à l'election présidentielle avec notre candidat Karim Meissa Wade. Nous respectons tous les critères décrits par les lois et la Constitution. Avec la coalition de partis et de mouvements qui soutiennent Karim Meissa Wade, nous sommes là pour déposer notre candidature avec l'ensemble des pièces demandées et tout le parrainage nécessaire».
Revigorés par les militants qui scandaient : «Karim day bok» (Karim sera candidat, Ndlr), Oumar Sarr enchaine : «Nous allons nous battre pour un Etat de droit. Nous allons déposer sans illusion aucune, parce que nous savons depuis le début que ce gouvernement ne veut pas de la candidature de Karim Meissa Wade et non plus celle de Khalifa Sall». Parlant de leur dépôt au même moment que les Khalifistes, il fait savoir que cela n’est pas fortuit. «Nous avons décidé symboliquement de déposer ensemble cet après midi pour montrer à l'opinion que nous irons jusqu'au bout. Ce n’est pas seulement une question de justice, car nous avons une justice aux ordres. Nous menons un combat par la mobilisation des populations pour pouvoir imposer nos candidatures. Nous allons commencer cette semaine et nous allons poursuivre le combat la semaine prochaine. Et d'ici janvier, nous allons continuer par une mobilisation permanente pour imposer le choix du peuple» avertit Oumar Sarr en martelant que «c'est le peuple qui doit choisir, mais pas Macky Sall».
Interpellé sur le retour du candidat du Pds, il affirme que ce dernier sera là avant la campagne électorale. «On ne peut pas avoir un candidat qui ne va pas battre campagne. Il sera là bien avant la campagne et nous allons nous organiser dans ce sens. Nous savons ce qu'ils veulent. Ils sont en train de tout faire pour nous éliminer par des artifices divers, mais nous allons imposer la candidature de Karim Wade. Nous sommes le principal parti de l'opposition et personne ne le conteste», se glorifie-t-il. Auparavant, le mandataire de Khalifa Sall, Babacar Thioy Ba, n’y est pas allé par quatre chemins, pour asséner ses vérités à sa sortie du Conseil constitutionnel. «Conformément aux dispositions de la Constitution et du Code électoral, nous venons d'accomplir la formalité de dépôt de la candidature de Khalifa Ababacar Sall, candidat de la coalition Takhawou Dakar ak Khalifa Ababacar Sall. Nous avons déposé la déclaration de candidature signée par le candidat lui-même, accompagnée de 9 pièces qui sont prévues par le code électoral» a-t-il indiqué. «Aujourd'hui, le vrai sujet, c'est de préparer nos équipes pour la campagne électorale et finaliser notre projet que nous allons présenter aux électeurs. Mais surtout que le ministre de l'intérieur, la Cena et le Cnra prennent dès à présent les dispositions nécessaires afin de permettre à Khalifa Sall d'exercer la plénitude des droits attachés à son statut de candidat. Ce qui veux dire qu'il doit pouvoir battre campagne, utiliser son temps d'antenne et pouvoir voter comme tous les Sénégalais inscrits sur les listes électorales», a-t-il indiqué.
«IL EST DE LA RESPONSABILITE DES JUGES DE S’EMANCIPER»
«La révolution numérique et digitale et les droits de l’homme : Défis, opportunités et enjeux pour les droits humains». C’est autour de ce thème que l’Organisation Afrikajom, le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les droits de l’Homme et l’Article 19 ont célébré, hier, le 70ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme. Une occasion saisie par Alioune Tine pour faire un plaidoyer sur la considération et le respect des droits de l’homme à l’ère du numérique, en Afrique en général, et particulièrement au Sénégal.
Comment saisir toutes les opportunités qu’offre la révolution digitale et numérique pour promouvoir la dignité humaine, les libertés fondamentales et l’accès à l’information ?». Telle est la question que se sont posés les acteurs de la société civile, réunis hier, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme. «Nous avons saisi le 70ème anniversaire de la déclaration des droits de l’homme pour organiser un débat sur les enjeux de la révolution numérique et digitale. Ainsi, nous saisissons l’occasion pour interpeller les autorités sur les droits humains, afin de ne pas reculer par rapport aux droits en ce 21ème siècle. Aujourd’hui, le Sénégal est assis sur le toit mondial du mécanisme des droits de l’homme avec la présidence des droits de l’homme aux Nations-unies. Ce qui est une responsabilité énorme. Il faut donc que le Sénégal balaie devant sa porte d’abord», souligne Alioune Tine, fondateur de l’ONG Afrikajom.
L’autre aspect, selon l’ancien patron de la Raddho, c’est le contexte électoral du Sénégal marqué par l’élection présidentielle du 24 février 2019. D’où l’urgence de demander à ce que les libertés fondamentales ainsi que les droits humains soient respectés. «Car, l’élection présidentielle n’est pas la guerre civile. L’opposition et le pouvoir ne sont pas des ennemis, ils font tous la compétition pour le bonheur des Sénégalais. Donc, il nous faut travailler pour que le dialogue ait lieu avec toutes les composantes et de la façon la plus inclusive, y compris avec ceux qui sont exilés, ceux qui sont en prison. C’est le dialogue qui nous permettra d’ouvrir un horizon beaucoup plus serein, plus pacifique, mais aussi un horizon qui nous permettra d’avoir des élections transparentes, démocratiques et apaisées», dit-il. En outre, Alioune Tine a abordé les maux qui minent le secteur de la justice sénégalaise. «Aujourd’hui, la justice est devenue une question sociétale. C’est de la responsabilité du gouvernement sénégalais de garantir une justice équitable ; parce que sans justice équitable, il n’y a pas d’Etat de droit. Il est de la responsabilité des juges de s’émanciper aussi. Il ne s’agit pas tout simplement d’être dans la dénonciation. Quand vous êtes au tribunal en étant juge, prenez vos responsabilités. Nous sommes prêts à soutenir toutes les velléités d’indépendance et d’émancipation des juges dans nos sociétés», affirme-t-il. Evoquant par ailleurs l’internet et la révolution digitale au Sénégal, Alioune Tine soutient que celles-ci offrent des possibilités de surveillance des uns et des autres, avec la géo-localisation, mais elles sont porteuses également d’abus.
De l’avis du fondateur d’Afrikajom, «elles offrent plus d’opportunités. Nous n’avons pas été suffisamment préparés, ni les Etats, ni les journalistes, ni la société. Avec cette intelligence artificielle, il faut voir comment faire pour que la révolution numérique et digitale soit conforme aux normes en matière de droits humains. Parce qu’en matière de promotion et de protection des droits l’homme, les possibilités sont énormes. Car l’alerte n’est pas faite seulement par les organisations, les possibilités ne sont pas faites seulement pour les organisations, mais pour les individus eux-mêmes», argue Alioune Tine. S’agissant de la restriction des libertés dans l’espace numérique à quelques mois de l’élection présidentielle, l’ancien directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre indique que «c’est une préoccupation de l’ensemble des organisations de la société civile. Les Etats peuvent faire mieux. Il faut qu’ils évitent toute forme de radicalisation, en créant un contexte de déprime, un contexte de radicalisation, un contexte où il y a le sentiment de vengeance. Quand on créé les conditions où il y a la transparence, il y a le dialogue et la sérénité, il y aura une meilleure utilisation de cet outil », explique M. Tine qui ajoute : «maintenant pour le reste, tout le monde doit rester vigilant. Que tout le monde exerce une fonction de régulation de cet espace numérique».
LA LSDH JOUE LES SAPEURS POMPIERS
Rencontre aujourd’hui entre le Sytjust et le ministre de la justice
Grâce aux bons offices du président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), Me Assane Dioma Ndiaye, le fil du dialogue sera renoué aujourd’hui entre le Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) et le ministère de la justice. Les deux parties se rencontrent aujourd’hui pour tenter d’arrondir les angles et d’éviter la paralysie du système judiciaire. D’autant que le Sytjust avait annoncé une grève illimitée au terme de son préavis qui expire ce 27 décembre.
Le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), Me Assane Dioma Ndiaye, n’a pas attendu que le Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) déroule son plan d’action pour prendre son bâton de pèlerin et jouer aux bons offices. Hier, l’avocat a rencontré les deux parties pour essayer de renouer le fil du dialogue. La démarche s’est révélée fructueuse, puisque le ministre de la Justice s’est montré disposé à recevoir le Sytjust qui, selon son secrétaire général Me Ayé Boun Malick Diop n’a jamais été fermé au dialogue. Par conséquent, les deux parties vont se retrouver aujourd’hui dans l’après-midi afin d’arrondir les angles, avant l’expiration du préavis de grève des syndicalistes le 27 décembre prochain qui marquera le début d’une grève illimitée. Le patron de la Lsdh souhaite que les deux parties s’accordent sur l’essentiel pour éviter la paralysie du système judiciaire. En tout cas, Me Ayé Boun Malick Diop et ses camarades syndicalistes s’attendent au respect des accords conclus avec le président de la République notamment sur l’adoption des projets de décrets.
A l’en croire, le Sytjust a déjà fait des concessions. C’est dire que le gouvernement est dos au mur. En attendant sa rencontre avec la tutelle, les membres du Sytjust ont observé, comme tous les lundis, un sit-in devant le Palais de justice de Dakar. Lors de ce rassemblement, le garde des Sceaux, ministre de la Justice en a pris pour son grade, accusé d’être le bras armé du gouvernement pour remettre en cause les acquis du Sytjust. Me Ayé Boun Malick Diop soutient par ailleurs que la tutelle est train de former des gendarmes et des agents de l’administration pénitentiaire pour servir de greffiers ad-hoc lors des audiences. Une mesure qui vise à casser l’élan du syndicat des travailleurs de la justice. «C’est un aveu d’échec. S’il préfère la substitution comme solution, c’est parce qu’il est dans l’incapacité de régler les problèmes», fulmine le patron du Sytjust. Pour lui, la justice mérite une attention particulière, étant donné qu’elle représente le pilier de l’Etat de droit. Ce qui lui fait dire que le gouvernement, contrairement à sa posture va-t’en guerre, doit accorder une attention particulière à leurs doléances. «Les usagers du service public de la justice sont les seules victimes de cette confrontation», clame t-il.
LE GIABA DEMANDE LA PROTECTION DES JEUNES ET DES FEMMES
Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) et le Centre de la CEDEAO pour le développement du genre (CCDG) considèrent que la meilleure manière de lutter contre les crimes est de protéger les couches vulnérables.
La protection des couches vulnérables est la meilleure manière de lutter contre les crimes économiques et financiers, en Afrique de l’ouest. C’est la conviction des autorités du Giaba dont le directeur a demandé aux Etats membres d’appliquer une politique de lutte contre certaines pratiques, dont les principales victimes sont les jeunes et les femmes.
Pour sensibiliser les populations sur cette problématique, le Giaba et le CCDG ont organisé un forum de trois jours à Saly. Revenant sur l’importance de la rencontre qui a démarré hier, le directeur général du GIABA Kimelabalou Aba déclare qu’elle se tient à un moment de l’année où les jeunes sont plus vulnérables. «En effet, la période des fêtes offre aux criminels peu scrupuleux l’opportunité d’exploiter les jeunes et les personnes vulnérables à des fins criminelles. Le Giaba et le CCDG ont décidé d’œuvrer en synergie en cette période de l’année pour faire en sorte que les participants puissent transmettre les enseignements tirés de ce forum aux jeunes et aux personnes vulnérables de la région, aussi bien en cette période des fêtes qu’au-delà», informe Kimelabalou Aba.
Ecœuré par cette pratique, il estime que le crime organisé constitue une menace à la paix et à la sécurité régionales. Il est d’ailleurs à l’origine du trafic d’êtres humains et de l’émigration clandestine. «Le crime organisé est de nature à compromettre la bonne gouvernance, les technologies de communication, la sécurité aux frontières, l’intégrité et la stabilité de nos systèmes financiers. Il entraîne également des pertes en vies humaines et prive les paisibles citoyens de leur quiétude et de leur prospérité», se désole le sieur Aba qui trouve que ce mal est endémique parce que partagé par l’ensemble des Etats de l’Afrique de l’ouest. Non scolarisés, sans emploi et vulnérables, une partie importante des femmes et des jeunes sont la cible des terroristes et d'autres criminels qui les recrutent dans leurs réseaux.
Devant cette situation alarmante, le commissaire genre et des affaires sociales de la Commission de la CEDEAO souligne que les crimes économiques et financiers ont pris diverses dimensions en Afrique de l’Ouest. Ils se déclinent sous la forme de blanchiment de capitaux, de pots-de-vin, de corruption, de cybercriminalité et de fraude, de financement du terrorisme, de trafic de drogues, de trafic d'armes et de traite des personnes. «Cette tendance émergente très importante de la criminalité économique et financière en Afrique de l'Ouest nécessite une attention particulière des femmes et des jeunes», affirme Fatima Siga Jagne. D’après les statistiques, chaque année, entre 3 800 et 5 000 filles et femmes sont victimes de la traite des êtres humains dans la sous-région.
PAR ACHILLE MBEMBE
IL N'Y AURA PAS DE GILETS JAUNES EN AFRIQUE
Une révolution sociale radicale n’est pas possible tant que perdure la division entre une élite structurée en classe sociale intégrale et un peuple nourri aux fantasmes de la politique identitaire
Le Monde Afrique |
Achille Mbembe |
Publication 18/12/2018
Au Nord comme au Sud, les rapports de forces n’ont jamais été aussi favorables aux puissants de ce monde. Du moins en apparence. En auraient-elles la possibilité, les classes dominantes franchiraient allègrement le pas et feraient sécession, se déchargeant ainsi du fardeau que représentent désormais les multitudes dont elles ne savent plus que faire. Au demeurant, tel est désormais le rêve à peine caché de ce que l’on appelle « l’Etat néolibéral autoritaire ».
Si bien des pays d’Europe n’en découvrent qu’aujourd’hui les raisins amers, l’Afrique, au contraire, en aura été – l’escalade technologique en moins – l’un des laboratoires privilégiés. Ici en effet, depuis l’époque coloniale, l’idée de la puissance publique en tant que corps autonome et capable de transcender les intérêts des puissants a toujours relevé de la fiction. Face à la poussée des mouvements anticoloniaux au lendemain de la deuxième guerre mondiale, l’administration coloniale avait lâché du lest, incorporant au sein des structures de domination une partie de ses auxiliaires autochtones.
Au moment de l’indépendance, ces derniers hériteront littéralement d’un appareil étatique qui, sous le régime colonial, assurait la double fonction de ponction des richesses et de répression de toute velléité contestataire. Sous la houlette des nouvelles élites africaines, la poussée autoritaire s’est accentuée au lendemain des indépendances.
Luttes sociales émasculées
D’une part, ces élites se sont efforcées de caporaliser la société, puis de contenir et d’émasculer les luttes sociales. Pour ce faire, elles ont jugulé l’irruption des dépossédés sur la scène sociale en se passant de la démocratie qui avait pourtant constitué l’une des pierres d’angle des mouvements anticoloniaux d’après-guerre. D’où la prolifération, à l’époque, des régimes militaires et des partis uniques. D’autre part, en droite ligne du fait colonial, elles ont tenté tant bien que mal de neutraliser les luttes de classe tout en intensifiant, chaque fois que cela était possible, les luttes ethniques et identitaires.
Enfin, elles ont multiplié les formes de répression extralégales, qu’elles ont miniaturisées au point d’en faire des aspects déterminants de la vie sociale et psychique. Peu à peu, les appareils répressifs de l’Etat se sont autonomisés. L’usage généralisé de la force aidant, la peur s’est généralisée et, avec elle, l’accoutumance à la violence et à la brutalité, voire, de façon épisodique, à des massacres. Contre toute opposition réelle ou supposée, il est devenu courant de déployer une violence potentiellement sanglante et presque sans limite.
Au cours du dernier quart du XXe siècle, un réaménagement des dispositifs de la dépossession est enclenché. Et d’abord, croulant sous le poids de la dette, les Etats postcoloniaux tombent sous la férule des institutions financières internationales et des marchés. Désormais, ils contrôlent à peine les instruments monétaires et budgétaires qui leur garantissaient la possibilité d’intervenir de façon décisive dans la sphère économique d’une manière susceptible de sauvegarder la fiction de l’intérêt général.
La « construction nationale » qui avait servi de fer de lance idéologique des nouveaux Etats indépendants est abandonnée. A la logique des biens publics et de l’intérêt commun se substitue progressivement le paradigme de la privatisation et de la rentabilité, les services publics devant désormais fonctionner sur la base de normes supposément importées des entreprises privées. Dès lors, les classes au pouvoir ne peuvent plus domestiquer ou coopter les mouvements de contestation, notamment par le biais du salariat. Par contre, la course vers l’inégalité est relancée et, avec elle, un nouveau cycle d’appropriation privée des ressources, de constitution des fortunes et de leur dénationalisation.
Démocratisation au point mort
Au début du XXIe siècle, l’Etat africain postcolonial ne jouit presque plus d’autonomie par rapport aux classes dominantes. Sa capture est plus ou moins accomplie. Il ne représente plus qu’un conglomérat d’intérêts privés plus ou moins disparates, animés par le double impératif de la ponction interne et de la prédation externe, notamment par le biais des industries extractives. A peu près partout, la démocratisation est au point mort.
Partout également, la répression des mouvements de contestation s’est accentuée. Truquer les élections ne relève plus du scandale et ne porte à aucune conséquence que ce soit. Les successions de père en fils se multiplient. Marginaliser le Parlement est la règle. Dans la pratique, la plupart des satrapes gouvernent par ordonnances. L’arbitraire étatique prospère sur fond d’état d’exception qui n’en est plus guère tant il s’est fait permanent. Le concept d’Etat de droit est littéralement vidé de sens. Libertés individuelles et collectives, protections juridiques fondamentales sont octroyées en fonction des niveaux de protection dont on bénéficie.
S’il existe une région au monde où, objectivement, tout semble inviter à une transformation radicale de la société, c’est donc bel et bien l’Afrique. Des tentatives de ce genre, il y en a eu, pourtant, d’ampleurs variées. Trois, en particulier, méritent que l’on s’y attarde, tant leur coût humain fut colossal et leurs résultats contrastés. La première fut la guerre de sécession du Biafra. Elle se solda par un retentissant échec et l’une des premières crises humanitaires de l’ère postcoloniale. La deuxième fut la révolution marxiste en Ethiopie. La troisième fut le génocide des Tutsi au Rwanda. L’on peut difficilement affirmer que ces trois expériences donnèrent naissance à des sociétés entièrement neuves.
Prédation, corruption et ponctions
Dans le cas du Nigeria, le caractère fédéral de l’Etat fut accentué, mais sa nature profondément prédatrice ne fut point abolie. En Ethiopie, la liquidation de la monarchie ouvrit la voie à plusieurs décennies d’affrontements sanglants, ponctuées d’outrageantes famines, de guerres civiles à répétition, et finalement d’un démembrement relatif du pays. Trop récente pour faire l’objet d’un jugement définitif, la tentative en cours de modernisation autoritaire sur le modèle de la Chine demeure aléatoire. Cas sans doute unique sur le continent, le Rwanda a connu une décapitation plus ou moins intégrale des anciennes élites gouvernantes. Une nouvelle classe dirigeante formée par une génération nouvelle a pris le relais. Adepte du « verticalisme », elle s’efforce de mouler par le haut une population profondément altérée en sa structure.
Dans ces trois cas comme dans plusieurs autres, la guerre aura donc été le moyen privilégié par ceux qui auront voulu prendre le contrôle de l’Etat. Certaines de ces guerres auront duré longtemps. Que l’on pense, par exemple, à celles du Tchad, du Soudan du Sud ou de l’Angola, voire du Mozambique. D’autres auront débouché sur une lumpen-violence sans projet politique autre que la prédation, comme ce fut le cas en Sierra Leone, au Liberia, en Somalie ou dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). A ces conflits meurtriers sont venues s’ajouter des éruptions sanglantes, antipolitiques, presque sans but autre qu’une sorte de catharsis fantasmatique nourrie à l’aune de sacrifices humains, en général des populations civiles, à l’exemple de Boko Haram sur les pourtours du lac Tchad.
A tous égards, le modèle guerrier de transformation sociale aura donc été un échec. Le nombre d’Africains ayant perdu la vie au cours de ces conflits est de loin supérieur à celui des victimes cumulées des régimes coloniaux. La violence mise en œuvre au cours de ces luttes a débouché sur un affaiblissement significatif des capacités d’autoreproduction des sociétés que l’on prétendait transformer et à un déséquilibre accentué des rapports entre l’Etat, les formations armées et la population sans armes. Prédation, corruption et ponctions de divers ordres sont devenues le mode privilégié de gouvernement.
Prévalence du modèle guerrier
La guerre exclue, d’autres formes de mobilisations collectives ont eu lieu. Très peu auront suivi la trajectoire héritée des traditions occidentales, celles qui s’appuient sur l’existence d’une société civile et d’une structuration de la société en classes distinctes. Ici en effet, et malgré l’accroissement des inégalités et les bouleversements de divers ordres survenus au cours du dernier quart du XXe siècle, la polarisation sociale se manifeste souvent dans des formes inattendues. Sa négociation aussi.
La multiplication des communautés néopentecôtistes organisées autour de personnalités charismatiques, notamment dans les grandes agglomérations urbaines, en est un exemple. En plus d’offrir à leurs ouailles de multiples services magico-religieux, elles entretiennent chez bien des pauvres l’espoir d’un accès prochain à la richesse et cultivent un ethos individualiste tout à fait en phase avec l’idéologie néolibérale. L’autre forme de mobilisation sociale par défaut, ce sont les migrations. Mine de rien, elles constituent désormais une modalité effective de la lutte sociale.
Deux facteurs en particulier expliquent l’absence de véritable révolution sociale et la prévalence du modèle guerrier, coûteux en vies humaines et finalement destructeur à la fois des infrastructures de la survie et du capital social.
Le premier a trait à la structuration en classe des élites africaines postcoloniales. Tout s’est en effet joué au lendemain de la deuxième guerre mondiale, lorsque les puissances coloniales ont senti le vent tourner et se sont engagées, vaille que vaille, à transférer le pouvoir à ceux des « évolués » susceptibles de mieux ménager leurs intérêts. Aujourd’hui, les élites au pouvoir dans la plupart des Etats africains sont les descendants plus ou moins directs de ces générations soit de la colonisation, soit de l’immédiate après-colonisation.
Celles-ci ont su mettre à profit leurs positions et leurs avoirs dans le but de bâtir des patrimoines et consolider leur mainmise sur l’Etat. Davantage encore, elles se sont transnationalisées. La profondeur d’enracinement de ces élites au sein de leur société est telle qu’elles sont parvenues à clientéliser des pans entiers de leurs communautés. Les chaînes de dépendance sont dès lors étendues, et pour les dépossédés, le poids de la dette sociale peut être lourd à porter. Rompre coûte très cher, pour des gains généralement aléatoires.
L’opium identitaire
Là où il a le mieux réussi, le projet des élites au pouvoir a toujours été multiethnique, celui d’une classe sociale consciente de ses intérêts et étroitement connectée à des réseaux internationaux. Mais pour asseoir son hégémonie, cette classe sociale n’a pas hésité à manipuler la conscience ethnique. C’est en effet par ces canaux et ceux de la parentèle que se constituent les chaînes de dépendance et de la redistribution. Ce faisant, cette classe s’est servi de l’opium identitaire pour diviser les catégories subalternes de la société, rendant ainsi difficile leurs émergence et coalition en tant que classe sociale distincte. Tant que cette division de la société entre une élite structurée en classe sociale intégrale et un peuple nourri aux fantasmes de la politique identitaire persiste, les chances d’une révolution sociale radicale seront maigres.
La faiblesse des mouvements sociaux et le caractère fragmentaire des mobilisations protestataires ne s’expliquent pas seulement par l’économie politique de la survie dans le contexte contemporain. En dépit des taux d’urbanisation accélérés, très peu de pays africains ont fait l’expérience de ruptures décisives entre le monde rural et le monde urbain. Les campagnes et leur arsenal idéologique (la sorcellerie, la domination des aînés sociaux sur les cadets sociaux, la sujétion des femmes au principe mâle) continuent de peser d’un poids déterminant non seulement sur les villes auxquelles elles offrent les soupapes de sécurité dont elles ont besoin. Elles détiennent aussi les clés de tout projet de transformation politique sur le long terme.
Dans les villes, le gros de l’énergie sociale est dépensé dans la course pour la petite propriété (un lopin de terre, une maison, un moyen de locomotion). Les grandes luttes en cours ont pour but l’insertion dans les circuits d’appropriation, qu’ils soient étatiques ou privés. Or ces circuits reposent fondamentalement sur la démocratisation de la ponction. Face à la pauvreté, au chômage de masse, à l’absence de services publics, la ponction opère selon un modèle pyramidal. Les « grands » puisent dans le trésor public tandis que les « petits » se servent sur d’autres plus « petits » qu’eux. Elle s’effectue par ailleurs le long d’une interminable chaîne d’intermédiaires, chacun retenant, à son niveau et comme à la source, une partie des recettes générées par la privatisation des services publics.
Du coup, à peu près tout le monde est impliqué et compromis à son niveau et chacun doit une dette à quelqu’un d’autre. Cette structuration à la fois amorphe et gélatineuse de la dette sociale empêche les ruptures et favorise l’inertie. Relancer le potentiel de mobilisation protestataire en Afrique et, éventuellement, réactiver les possibilités d’une transformation révolutionnaire exige que ces nœuds soient tranchés.
Ossification et enkystement des régimes
Mais la véritable transformation historique des sociétés africaines tant sur le plan politique, économique que culturel passera par la conquête du droit illimité de circulation. L’une des conséquences les plus néfastes de l’ossification des régimes africains postcoloniaux et de leur enkystement est la pénalisation de la circulation et des déplacements tant au sein des ensembles nationaux que sur l’ensemble du continent. Les riches n’aspirent pas seulement à faire sécession. Ils cherchent également à garder pour eux seuls le privilège de l’autonomie de déplacement et de la mobilité. D’où non seulement la systématisation des rackets, mais aussi la récurrence des contrôles et la multiplication des autres formes de blocage. En accaparant les rentes de la mobilité et de la circulation, ils cherchent à creuser davantage les tensions immanentes aux groupes sociaux qui subissent de plein fouet le déclassement en cours.
Enfin, les luttes pour les droits politiques fondamentaux ne suffiront sans doute pas. A un moment ou à un autre, les subalternes devront s’attaquer frontalement à la violence d’Etat. Sous quelle forme ? Telle est la question.
Achille Mbembe, philosophe et historien camerounais, est l’auteur de Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016). Il est, avec Felwine Sarr, l’initiateur des Ateliers de la pensée de Dakar
LE CALVAIRE DES PATIENTS DANS LES HOPITAUX PUBLICS
Déficit d’appareils de laryngoscopie directe à Dakar
Les services ORL des établissements publics de santé de Dakar sont dépourvus d’appareil fonctionnel de laryngoscopie directe. A l’exception de l’hôpital Principal, où cette radiographie (laryngoscopie directe qui se fait sur fauteuil, mais il y a aussi la laryngoscopie indirecte qui se fait avec anesthésie) est disponible, tous les autres services ORL ou presque de Dakar en sont dépourvus. Conséquence : pour faire cet examen, c’est la croix et la bannière dans le public. Un tour dans différents hôpitaux de Dakar nous a permis de faire ce constat.
Les patients qui souffrent de maux, douleurs ou autres irritations à la gorge, allant jusqu’à l’extinction totale ou partielle de la voix, tout en ressentant des douleurs à l’interne quand ils parlent ou quand ils toussent, n’ont qu’à être sur leurs gardes. Il est devenu quasiment impossible de trouver un appareil de laryngoscopie directe dans les hôpitaux publics de Dakar. Un patient à qui cette radiographie a été prescrite fait le tour de plusieurs grands hôpitaux de la capitale depuis la semaine dernière pour se faire une idée nette de sa maladie, en vain.
En effet, à chaque fois qu’il présente son bulletin d’analyse, sur lequel il mentionné : «Diagnostic: Dysphonie/Odynophagré. Examen demandé: Laryngoscopie directe», au niveau d’un service d’accueil, ORL ou de radiographie, on le renvoie vers une autre structure de santé, toujours avec incertitude. Ce qui fait que chez les malades, la situation est désespérante. «J’ai fait trois hôpitaux le vendredi pour pouvoir faire la laryngoscopie directe, sans suite. Les réponses sont partagées entre la panne de l’appareil ou son inexistence dans ces hôpitaux», a dit un malade qui ne parvient pas à trouver un établissement de santé public pour prendre en charge sa préoccupation. Et de poursuivre: «après investigation, on annonce qu’une clinique privée située vers la Direction des investigations criminelles (DIC) en dispose.»
Sud Quotidien a cherché à y voir plus clair. Mais, à l’arrivée, à l’exception de l’hôpital Principal, où cette radiographie (la laryngoscopie directe qui se fait sur fauteuil, à ne pas confondre avec la laryngoscopie indirecte qui se fait avec anesthésie) est disponible (en ORL), tous les autres services ORL de Dakar en sont dépourvus. Donc, pour faire cet examen, c’est la croix et la bannière dans le public. Il est quasi impossible de le faire à ce niveau car les hôpitaux de niveau 3 sont partagés entre panne de l’appareil et non existence de cet outil de diagnostic. Si au niveau du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Fann, le patient s’est vu répondre: «nous n’avons pas cette radio», à l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), l’appareil est en panne. A Dalal Jam, il n’est pas encore disponible. Il faut également signaler que l’hôpital de Pikine n’est pas mieux loti. Des appels téléphoniques au niveau de ces structures nous ont permis de faire le constat.
Selon un agent du personnel de santé, il y a beaucoup de manquements dans les hôpitaux publics et la laryngoscopie directe en est un. «C’est au niveau du département de l’ORL que cet examen se fait. Mais, à notre niveau, on n’en dispose pas. Les patients sont orientés vers d’autres structures et si aujourd’hui, les services d’ORL qui doivent prendre en charge cet examen n’en disposent pas, cela devient un problème majeur», a-t-il lancé au téléphone. Gardant l’anonymat, cette personne déclare: «il faut que les malades soient au courant de ce problème. Et s’ils doivent le faire dans le privé, le coût est très élevé. L’Etat doit régler cette difficulté pour permettre aux Sénégalais d’avoir des soins de qualité et à des coûts raisonnables».
Pour rappel, la laryngoscopie est une intervention qui permet au médecin d’observer le fond de la gorge, le larynx et les cordes vocales. Dans la plupart des cas, la laryngoscopie est effectuée par un otorhinolaryngologiste (ORL), qui est un médecin des oreilles, du nez et de la gorge, mais d’autres médecins peuvent aussi le faire. On fait cette radiographie quand la douleur à la gorge ou à l’oreille ne disparaît pas, s’il y a des troubles de la voix, comme une voix enrouée, une voix faible ou plus aucune voix, des difficultés à avaler, des troubles respiratoires entre autres…
FAIRE AVEC LE TEMPS...
Souleymane Bachir Diagne sur l’islam ouest-africain
Pluralisme ou exclusivisme ? «L’islam en Afrique est un enjeu de cette opposition», et comme dirait le Pr Souleymane Bachir Diagne, le vrai problème, justement, c’est «l’exclusivisme». Quant à la différence entre salafisme et soufisme, il n’y a pas les loups, d’un côté, et les agneaux de l’autre… Ce n’est pas si tranché que cela, encore que… Résister aux temps qui changent, se renouveler, s’ouvrir ou se renfermer, avoir du texte coranique une «lecture vectorielle», nos jeunesses africaines et les organisations confrériques…Il y avait un peu de tout cela ce vendredi 14 décembre au Centre de recherches ouest-africain (Warc), où le philosophe était aussi le conférencier : « L’islam dans l’ouest africain : pour une philosophie d’ouverture aux temps qui changent ».
Pour tout vous dire… Ce n’est peut-être pas le «plus connu» des textes de Senghor que celui-là : «Pour une coopération entre islam et christianisme», 1960, donc tout un symbole, et exhumé pour l’occasion par le Pr Souleymane Bachir Diagne, le très écouté conférencier de ce vendredi 14 décembre au Centre de recherches ouest-africain (Warc). Peut-être parce qu’à l’époque, Senghor a l’air de penser que, de façon positive, ou non, les religions devraient pouvoir jouer un «rôle important» dans la construction de ce que l’on a appelé les jeunes «nations africaines», et aussi dans «l’éducation».
Autour de lui, les «urgences» sont ailleurs : on parle plutôt nationalisme, socialisme ou encore construction nationale, et forcément beaucoup moins de religion. Aux pays africains, dit encore Senghor, de se choisir une «forme de laïcité», celle qui correspondrait le mieux à leurs différentes sensibilités religieuses. Un christianisme «ouvert», un islam tout aussi «ouvert» aux «temps qui changent», «une philosophie moderniste», un «soufisme de l’action», etc.
En théorie, Senghor peut par exemple compter sur les travaux d’un Pierre Teilhard de Chardin, qu’il cite très souvent, ou ceux de son alter ego indien Mohamed Iqbal, qui pointe du doigt une «pensée musulmane sclérosée depuis le 13ème siècle», «tournée vers le passé», avec un rapport pour le moins complexe avec le Temps : «sacralisé», sans parler de cette crainte de voir les choses «changer». Iqbal revient très souvent dans le propos de Bachir Diagne.
Souleymane Bachir Diagne cite encore quelqu’un comme l’historien et islamologue Mohamed Talbi, qui appelait de son vivant à se libérer de la charia, cette «œuvre humaine». «Seul le Coran oblige», dit Talbi, qui propose d’en avoir «une lecture vectorielle», «vivante», «en mouvement», dans son contexte, et «en fonction des temps qui changent». Pas si facile...
«Lecture vectorielle du Coran»
Si l’on veut, explique Bachir Diagne le philosophe (le logicien n’est jamais loin), interpréter le texte coranique, et prouver par exemple qu’il n’est pas anti- féminisme, on aura peut-être tendance à le lire de façon «rétrospective», «comme si les versets du Coran étaient des versets féministes». Ce qui reviendrait à se cramponner à une conclusion, en y «adaptant les prémisses» qui n’auront pas d’autre choix que de se soumettre, de correspondre à... Ce qui fait de cette lecture vectorielle une lecture «circulaire», qui tournerait en rond...
Toujours au sujet des femmes, Talbi ajoute que le Coran a été «un progrès formidable», dans des «sociétés tribales anciennes où la force de la tribu se mesurait à la quantité d’hommes que l’on pouvait armer.» Si les hommes comptaient, les femmes ne comptaient quant à elles que…pour du beurre. D’où la question de l’héritage, pour les enfants de sexe féminin, qui n’héritent encore que de la «moitié» de...
Le conférencier s’est aussi amusé à décortiquer certains concepts, certains raccourcis...La notion de «salafisme», par exemple, que l’on a vite fait d’ «identifier à la violence». Nous sommes bien loin de la «volonté de suivre fidèlement la tradition établie par la première génération de musulmans, sans innover en rien».
On dit encore des salafistes qu’ils sont «fermés au mouvement», ce n’est pourtant pas si tranché que cela. Dans le wahabisme par exemple, un courant du salafisme, «l’inspiration venant des pieux ancêtres», les «Salaf», doit aussi signifier un «renouvellement».
Ce vendredi 14 décembre au Warc, Souleymane Bachir Diagne a (aussi) naturellement parlé du soufisme, qui bénéficie, peut-on dire, d’un préjugé favorable : ce serait une sorte de «rêve pacifiste». Le Professeur de l’Université new-yorkaise de Columbia nuance, relativise : ce n’est «pas toujours vrai : le soufisme ne s’interdit pas la prise des armes». Lors de la conquête de l’Algérie par la France, en 1930, c’est bien un soufi, «pacifiste devant l’éternel, qui prend les armes pour résister à l’envahisseur». Bachir Diagne, qui convoque encore l’Histoire, cite la fameuse «guerre déclarée sainte» d’Usman Dan Fodio, «fondateur du sultanat de Sokoto», au début du 19ème siècle.
«L’exclusivisme pose problème»
Sans vouloir «simplifier», ajoute le conférencier, il faut tout de même reconnaître que cette «polarité» existe, avec d’un côté une «philosophie moderniste», et de l’autre «un islamisme exclusiviste» : c’est cet exclusivisme-là qui «pose problème», ce «refus absolu du pluralisme». Le salafisme, par exemple, a tendance à «excommunier tous ceux qui ne partagent pas les mêmes vues : une première violence symbolique, qui peut facilement conduire à la violence armée».
Quant à la «métaphysique du soufisme», elle est «par définition pluraliste, naturellement hospitalière à la pluralité des expressions de la foi»… Jusqu’à comprendre «l’irréligion».
«L’islam, en Afrique, est un enjeu de cette opposition». Il suffit de voir, fait remarquer Souleymane Bachir Diagne, toutes les «politiques de soufisme» en place dans les pays d’Afrique à «forte démographie musulmane», le nôtre par exemple, où l’on cherche entre autres à «promouvoir le rôle et l’influence des zawiya», ces «établissements religieux et scolaires». Autre exemple, le Festival des musiques sacrées de Fès au Maroc, pour un «islam de la spiritualité éclairée, pluraliste», un «islam moderne et soufi», «contre les tentations exclusivistes».
Au sujet du soufisme toujours, on a tendance à penser qu’il est «dans la nature de l’islam africain », et qu’il va «perdurer de cette façon». «Il n’en est rien, dit le spécialiste…Le Nord-Nigéria n’était pas moins soufi que le Sénégal, avec des zawiya basées ici au Sénégal, à Kaolack, pour de nombreux Nigérians musulmans… Ça n’a pas empêché un mouvement comme Yan Izala (acronyme arabe pour la société pour l’éradication de l’innovation et le rétablissement de la sunna) de se développer au nord Nigéria». C’est justement «sur cette base que Boko Haram a prospéré».
Le contexte lui-même est on ne peut plus sensible, délicat : «Nos jeunesses africaines sont confrontées à la tragédie du manque d’emploi, tentées par l’émigration ou la radicalisation dans le fanatisme et l’exclusivisme». Ce sont pourtant ces mêmes jeunes, insiste le conférencier, qui donneront son «visage à l’islam en Afrique».
L’avenir ? Dans le «pluralisme», une «société ouverte», les organisations confrériques, qui ont le don d’attirer nos jeunes… Mais encore faudrait-il que les guides de ces confréries soient «crédibles», dignes de «confiance», fidèles à leur mission d’ «éducation», celle dont parlait Senghor, et loin des «compromissions politiques».
Dans la peau du discutant, le Pr Bado Ndoye, philosophe lui aussi, a aussi insisté là-dessus : le «Temps» n’est ni notre ennemi, ni une «malédiction», il est «humain», et il y a comme un «impératif» : celui de «se renouveler». Renouveler la question de l’héritage des filles par exemple, dans un contexte où «la sociologie des femmes a changé», entre autres parce que les femmes ne sont plus forcément «prises en charge».
Bado Ndoye, qui s’est aussi intéressé à la situation au Sahel, devenu une «véritable poudrière», avec un «système éducatif défaillant», des «Etats en quasi banqueroute», sans parler des «rancœurs multiethniques», et des «menaces djihadistes» au Mali, au Burkina et au Niger, considère que les sciences sociales n’ont peut-être pas «pris toute la mesure» de ce qui est en train de se passer. Dans les travaux de recherches, dit-il on ne parle pas assez de cet «islam devenu africain».
PLUS DE 21 MILLIARDS MIS A LA DISPOSITION DE L’ADM
Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique 2019
Dans le cadre du Projet de gestion des eaux pluviales et d’Adaptation au changement climatique (Progep) 21.255.349.897 F CFA seront mis à la disposition de l’Agence de développement municipal (ADM) qui gère cette composante du Plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli), pour l’année 2019. Ce budget a été validé en même temps que Plan de travail (Ptba) par le Comité technique du Progep, hier lundi.
Le budget du Projet de gestion des eaux pluviales et d’Adaptation au changement climatique (Progep) piloté par l’Agence de développement municipal (ADM) est estimé à la somme de 21.255.349.897 F CFA pour l’année 2019, signale un communiqué de l’ADM parvenu à la rédaction. Selon le document, ce budget validé par le Comité technique, lors de sa session d’hier, lundi 17 décembre 2018, au cours de laquelle le Plan de travail et budget (Ptba) du Progep, comparé à celui de 2018 qui se chiffrait à 12.201.444.385 F CFA, connaît une hausse relative de 74%; soit 9.053.905.514 F CFA en valeur absolue.
Le projet interviendra dans les villes de Pikine, Guédiawaye, Saint-Louis et le Pôle urbain de Diamniadio. Le financement vise à lutter efficacement contre les inondations à Pikine et à Guédiawaye par la construction de nombreux ouvrages primaires de drainage d’eaux pluviales. Il est aussi prévu la construction d’ouvrages primaires de drainage des eaux. Conçu comme un programme intégré de développement urbain et structuré en 4 composantes, le Progep à pour objectif de développement (ODP) de réduire les risques d’inondation dans la zone périurbaine de Dakar et de promouvoir les pratiques de gestion durable des villes dans les zones urbaines sélectionnées.
Pour rappel, le Progep (2012-2019) est une des composantes du Plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli). Il a été est lancé en 2012. Son coût global de 121,3 millions de dollars US soit 60,65 milliards de F CFA. La somme est mobilisée par l’Etat du Sénégal, avec le concours de la Banque mondiale, du Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et du Fonds nordique de développement.
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MACKY NE RASSURE PAS
EXCLUSIF SENEPLUS - Près de 1 600 000 cartes confisquées, indisponibilité du fichier électoral sur internet, rétention de la carte électorale – Barthélemy Dias explique les raisons de son insatisfaction par rapport au processus électoral en cours
Alioune G Sall, Youssou Ba et Jallo Jerry |
Publication 18/12/2018
Les partisans de Khalifa Sall ont déposé la liste des signatures de parrainage pour leur candidat. Barthelemy Dias a fait face à la presse pour pointer du doigt les failles notées dans le processus électoral. ‘’Il est temps d’aller vers les populations pour leur faire comprendre que le président Macky Sall n’a pas encore posé un acte qui peut rassurer l’opposition dans le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle’’, a t-il déclaré.