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20 septembre 2025
L'ÉMERGENCE EN 2035 ?
Le Plan Sénégal émergent va-t-il faire la différence pour le pays ? Dans un rapport de 400 pages, des économistes en ont analysé les points forts et les éléments requérant une certaine vigilance
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 17/12/2018
Alors que le Sénégal réunit à Paris les 17 et 18 décembre les bailleurs de fonds publics et privés pour financer la phase 2 de son Plan Sénégal émergent (PSE), plusieurs chercheurs et économistes venus aussi bien d'Afrique que du Moyen-Orient, des États-Unis et d'Europe ont passé au crible les propositions qu'il contient. Objectif : vérifier la capacité du pays à atteindre l'émergence en 2035. De prime abord, à leurs yeux, « les gains potentiels au Sénégal pourraient, à long terme, être encore plus importants que ceux envisagés dans le Plan Sénégal émergent si la poussée de croissance n'est pas un sprint, mais un marathon ».
Ce que le Sénégal veut faire avec le PSE
Pour rappel, sous la houlette du président Macky Sall élu en 2012, une nouvelle stratégie de développement, le Plan Sénégal émergent (gouvernement du Sénégal), a été adoptée début 2014. Le plan repose sur trois piliers que sont une croissance plus forte et durable, le développement humain, et une meilleure gouvernance. Cette transformation structurelle doit permettre au Sénégal d'atteindre le statut d'économie de marché émergent à revenu intermédiaire d'ici à 2035. Le plan a identifié explicitement une masse critique de réformes décisives qui jetteront les bases de l'émergence grâce à une croissance forte et durable, dont les avantages iront à toutes les couches sociales du pays, y compris les groupes de population les plus vulnérables. Concrètement, en chiffres avec le PSE, le Sénégal pourrait augmenter son revenu par tête de 2 311 dollars par an en 2011 à 4 000 dollars en 2035. De quoi se constituer une véritable classe moyenne. Au-delà de cette ambition, la première étude qui revient sur le PSE met l 'accent sur « comment » faire avancer les choses plutôt que sur « quoi faire ».
Entre équilibres macroéconomiques...
En 400 pages, dans un livre intitulé « La Course à la nouvelle frontière des revenus : comment le Sénégal et d'autres pays à bas revenus peuvent atteindre la ligne d'arrivée » publié en septembre dernier, les auteurs, tout comme le Fonds monétaire international, saluent les performances inégalées du pays de la Téranga depuis les années 1980. Profitant de sa stabilité politique, le Sénégal a connu une croissance économique située entre 4 et 6 % entre 2010 et 2015. Le pays a attiré des investissements directs étrangers qui représentent 2,7 % de son PIB. Depuis 2009, le pays est régulièrement cité parmi les dix meilleurs pays réformateurs dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale. Et les perspectives sont plutôt très bonnes puisque le FMI prévoit désormais une croissance annuelle moyenne de 7 % sur la période 2016-2020, notamment grâce aux découvertes de plusieurs champs pétroliers et gaziers. Mais voilà ce que disent les auteurs du rapport : « La croissance de son PIB par habitant a été faible. » Avec une croissance du revenu par habitant de 0,6 % par an entre 1987 et 2015, le pays est moins bien situé que d'autres pays à niveaux comparables comme le Kenya, l'île Maurice ou le Rwanda. Les fluctuations de sa croissance sont en partie dues à une production agricole inégale, à des chocs exogènes et, surtout, à une économie insuffisamment diversifiée.
... et les défis pour augmenter le taux de croissance par habitant
Pour autant, rien n'est perdu, puisque pour les économistes du FMI comme Ali Mansoor ou Salifou Issoufou, avec « de bonnes réformes, un climat des affaires amélioré et une politique budgétaire saine, le Sénégal pourrait attirer les investissements privés, en particulier les investissements étrangers, nécessaires à la réalisation de son potentiel de croissance ».
Mais pour atteindre ces objectifs, le Sénégal devrait accélérer son taux de croissance par habitant, qui devrait tourner autour de 4 à 5 %. Sur ce point, les analystes estiment unanimement qu'« une partie de la stratégie nécessitera de rompre avec le passé et d'ouvrir un espace économique aux petites et moyennes entreprises et les investissements directs étrangers pour atteindre des taux plus élevés de croissance partagée équitablement ». Pour donner une idée de la signification de ces coefficients pour le Sénégal, une augmentation de l'investissement public de 5 % du PIB, si elle s'accompagnait d'une augmentation de l'investissement privé de 5 % du PIB, entraînerait une augmentation du taux de croissance du PIB par habitant de près de 1 %.
Financer les infrastructures, oui, mais pas que
Les investissements publics dans des infrastructures telles que les routes et les ports, qui facilitent les échanges et encouragent les investissements privés, pourraient accroître le taux de croissance du PIB par habitant de près de 2 %. Cela permettrait d'atteindre le statut de marché émergent pour le Sénégal. Mais, là encore, les auteurs tirent la sonnette d'alarme : « Ne proposer que des incitations fiscales peut aider à créer une zone, mais cela ne rend pas le projet durable. Les zones les plus performantes sont étroitement liées à l'économie nationale ! », évoquant particulièrement le cas de zones telles que Diamniadio.
Prudence dans l'endettement
Autre bémol, le taux d'endettement du Sénégal, estimé à 61 % du PIB en 2017, continue d'augmenter. Le paiement des intérêts de la dette publique, évaluée à 3,4 milliards d'euros, demeure le premier poste de dépenses de l'État. Même si le Sénégal bénéficie de la confiance des marchés financiers internationaux et a levé 3,3 milliards de dollars d'obligations souveraines en 2017 et en 2018. « Cet engouement sur les titres du Sénégal dénote une grande confiance du marché financier international en la politique mise en œuvre par le président de la République au regard des performances économiques du Sénégal », se félicite le ministère des Finances. « Les ressources issues de cette émission vont servir à financer les projets d'infrastructures du Plan Sénégal émergent » (PSE) initiés par le président Macky Sall.
Un avis qui tranche avec celui des auteurs du rapport. Pour eux, « ceux qui viennent d'augmenter les dépenses publiques sans réformes parallèles ne font qu'accumuler de la dette, beaucoup de ces pays, y compris le Sénégal, restent encore des pays à faible revenu ». En fait, le taux de croissance du Sénégal a diminué pendant la période d'accumulation de la dette, ce qui correspond à l'expérience typique de l'ensemble des pays fortement endettés. Cela s'explique en partie par l'échec des politiques publiques pour attirer l'investissement privé. À l'inverse, les épisodes d'accélération de la croissance coïncident généralement avec une forte hausse de l'expansion du secteur privé. « Le Sénégal pourrait augmenter son taux de croissance du PIB par habitant jusqu'à 2 points de pourcentage en encourageant le commerce et les investissements privés pour compléter les investissements publics en capital humain et en infrastructures soutenant ces activités. »
Améliorer la compétitivité
Plus spécifiquement, les exportations existantes pourraient être stimulées par une meilleure coordination et une meilleure assistance aux industries tournées vers l'exportation afin de les aider à explorer les marchés. Par exemple, malgré un accès privilégié au marché américain par le biais de la loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique, les importations américaines en provenance du Sénégal sont restées marginales depuis 2000. Cette incapacité à accroître les exportations souligne encore la nécessité d'améliorer la compétitivité de l'économie sénégalaise grâce aux réformes suggérées dans ce livre.
Travailler de front sur l'impact social du PSE
Parmi l'un des problèmes soulevés par les auteurs, l'impact social des réformes du PSE. Le Sénégal a consacré un pourcentage comparable de son PIB aux dépenses publiques consacrées à l'éducation et à la santé. Cependant, au Sénégal, ces dépenses ne se sont pas traduites par une augmentation de son indice de développement humain. Le score du Sénégal était comparable à celui des pays à faible revenu et à forte croissance en 1990, mais il a pris du retard sur la dernière période. En plus de libérer la croissance inclusive grâce à des emplois plus nombreux et mieux rémunérés dans le secteur formel et aux opportunités d'émergence et de croissance des petites et moyennes entreprises, la proposition d'une nouvelle approche peut également contribuer à la réalisation des objectifs sociaux du Plan Sénégal émergent. Ceux-ci comprennent l'électrification rurale et l'accès à l'eau potable, à l'éducation, aux soins de santé et aux filets de sécurité sociale.
La planification, la clé de voûte du succès
Mais, à la fin de leur démonstration, graphiques et infographies à l'appui, ces spécialistes insistent sur une seule action : la planification. « La planification des imprévus sera essentielle pour éviter de faire dérailler les objectifs du Plan Sénégal émergent. » Et l'un des risques remontés concerne la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent qui prend du retard à cause du rythme des réformes. Cette année, lors de la mise en place du budget 2018, le gouvernement a déjà été en difficulté à cause des tensions sur les soldes budgétaires. Salifou Issoufou et les deux autres coauteurs avancent la possibilité de mettre en place un mécanisme pour réduire « les dépenses non prioritaires si les circonstances le dictent. En coordination avec les ministères compétents, une unité du ministère des Finances pourrait identifier les éléments non prioritaires qui pourraient être supprimés dans le prochain budget. Ce plan d'urgence pourrait être mis à jour chaque année dans le cadre de l'exercice budgétaire. Ces actions ont également des avantages en ce sens qu'elles pourraient réduire le coût de l'accès aux marchés des capitaux, en augmentant encore l'espace budgétaire consacré aux investissements dans le capital humain et les infrastructures publiques. »
Rokhaya Diallo-Hamidou Anne-Penda Mbow-Alymana Bathily-René Lake
SÉNÉGAL, ENJEUX 2019
EXCLUSIF SENEPLUS - Jusqu'à l'élection présidentielle de février, publication d'une série d'articles d'analyse de fond des défis qui se posent au développement du pays - La conversation est dès à présent ouverte et tout le monde peut y prendre part
#Enjeux2019 - A partir de cette semaine, SenePlus.com lance un projet de publication d'une série d'articles d'analyse de fond des principaux défis qui se posent au développement du Sénégal.
"Enjeux 2019", titre de cette série de publications que vous retrouverez sur SenePlus.com et dans les colonnes de quelques uns de ses partenaires de la presse écrite, a pour objectif de susciter, de mener, d'entretenir et de prolonger dans le fond et dans la durée des débats nationaux d'ici au 24 février 2019, date de la prochaine élection présidentielle.
Avec le soutien de la fondation Open Society Initiative for Africa (OSIWA), SenePlus a sollicité plusieurs contributions écrites auprès d'experts, d'activistes, et de leaders d'opinion représentants un groupe de citoyens divers en tous points : âge, genre, ethnie, religion, opinion ou engagement politique, école de pensée philosophique ou idéologique, et spécialité professionnelle notamment.
Les discussions, les conversations et les débats autour des "Enjeux 2019" seront menés sous un angle non-partisan. L'intention est sous-tendue par l'idée selon laquelle, quelle que soit l'administration qui sera aux affaires après la prochaine présidentielle, nous devrons tous ensemble, malgré nos approches différentes, voire divergentes, sinon trouver des solutions, au moins faire des progrès significatifs dans certains domaines. Car, cela relève d'une exigence populaire et bien souvent également, une exigence de bon sens.
Tous les sujets de fond seront abordés. Ensemble, nous réfléchirons aux questions de gouvernance, d'éducation, de formation, de la place de nos langues nationales, de celle des femmes dans toutes les sphères de la société, du rôle des médias, des défis d'Internet et des réseaux sociaux, de la santé publique, de la monnaie, de la gestion des ressources naturelles, de la politique africaine et internationale, de la défense et de la sécurité, de l'environnement, du sport, etc.
Les points de vue des femmes et des jeunes seront transversaux à toutes ces questions.
Il s'agira de rendre compte des défis qui se posent de manière spécifique aux femmes qui représentent la majorité de la population du Sénégal. Où en sommes-nous par rapport à l'égalité en droit entre hommes et femmes ? Quelles mesures et quelles réformes pour faire face à la violence sur les femmes dans la sphère domestique ? Comment discuter et agir face à la mendicité infantile ? Les questions sont bien nombreuses.
Quant aux jeunes, les textes de SenePlus et ses partenaires refléteront la maturité politique d'une partie de cette jeunesse et son appropriation des enjeux immenses qui se posent à un pays à bâtir ensemble. Les contributions des jeunes femmes et des jeunes hommes auront ce sens profond qu'elles proviennent du cœur social d'un pays jeune. Elles constitueront le propos de celles et de ceux sur qui le pouvoir à venir en février 2019 s'exercera.
Pour prolonger, étendre et diversifier les conversations, SenePlus.com interpellera régulièrement, sur des plateformes multimédia, des citoyens dans les rues du pays et ailleurs pour avoir en diola, en pulaar, en wolof et en français, leurs perspectives sur les "Enjeux 2019".
Après l'élection, plusieurs formules pour poursuivre les discussions sur les "Enjeux 2019 - 2024" seront proposées à tous les acteurs sociaux. D'un ouvrage aux conférences et autres espaces de discussion, il s'agira de poursuivre cette réflexion endogène sur le développement du Sénégal.
Tous ceux qui souhaiteront contribuer ou réagir aux articles publiés dans cette série "Enjeux 2019" sont invités à nous contacter par email à l'adresse : article@seneplus.com.
Rokhaya Diallo, Hamidou Anne, Penda Mbow, Alymana Bathily et René Lake
Sur les réseaux sociaux : #Enjeux2019
UN CARTE D'IDENTITÉ FRANÇAISE TRUQUÉE ATTRIBUÉE À MACKY
Une carte d’identité française sur laquelle figure le président de la République est relayée via l’application de messagerie WhatsApp - Il s'agit d'un faux document
Africa Check |
Hyppolite Valdez Onanina |
Publication 17/12/2018
Macky Sall et non Sall Macky. Avec un minimum d’attention, on observe qu’il s’agit d’un montage. D’abord, la photo utilisée n’est pas droite comme le sont les photos d’identité.
Ensuite, à la place du nom, c’est le prénom du président sénégalais qui est mentionné; et inversement. On peut donc lire sur cette carte d’identité truquée : « Nom : Macky; Prénom(s) : Sall ».
Le prénom du chef de l’Etat du Sénégal est Macky et son nom est Sall. Il est né à Fatick, une ville du centre-Ouest du Sénégal, et non à Moulins (Centre-Est de la France), tel qu’on peut le lire sur ce faux document qui laisse apparaître d’autres marques évidentes de trucage.
Sur les cartes d’identité françaises authentiques, Africa Check a pu remarquer qu’au recto, le prénom du titulaire de la carte d’identité suit directement la première succession de chiffres imprimés au bas. Ce qui n’est pas le cas sur cette photo manipulée.
RAPPROCHEMENT ENTRE KARIM ET KHALIFA
Face à leurs situations exceptionnelles, les deux hommes ont décidé de se soutenir - Leurs mandataires iront donc ensemble déposer leurs dossiers de candidature au Conseil constitutionnel ce lundi après-midi
Au Sénégal, les candidats à la présidentielle du 24 février ont jusqu’au 26 décembre pour déposer leur dossier qui sera ensuite validé par le Conseil constitutionnel. Pour le moment, une douzaine de prétendants ont effectué leur dépôt, notamment le président Macky Sall, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck ou encore la figure montante de la politique sénégalaise, Ousmane Sonko. Deux candidats vont le faire ce lundi, deux cas particuliers car ils seront absents, mais solidaires : Karim Wade et Khalifa Sall.
La presse les présente comme les outsiders les plus sérieux face à Macky Sall. Mais Khalifa Sall pourrait être définitivement condamné à 5 ans de prison ferme jeudi.
Karim Wade, en exil au Qatar, est lui menacé par les autorités, en cas de retour, d’aller directement en prison s’il ne paie pas son amende de 200 millions d’euros.
Face à ces situations exceptionnelles, les deux hommes ont décidé de se soutenir. Leurs mandataires iront donc ensemble déposer leurs dossiers de candidature au Conseil constitutionnel ce lundi après-midi.
« Face aux difficultés, nous sommes et nous serons solidaires », explique l’un des cadres du Parti démocratique sénégalais (PDS). « Nous sommes ensemble pour le combat, le combat des candidatures », complète un proche de Khalifa Sall.
Une entente de circonstance, pour essayer de contrer le pouvoir, car Karim Wade et Khalifa Sall ont en effet des visions politiques bien différentes : libérale d’un côté, socialiste de l’autre. « Nous verrons plus tard ou nous mène cette alliance, si elle se confirme ou pas pour le vote », concluent les deux camps.
PAR MADIAMBAL DIAGNE
CE QUE RÉVÈLENT LES PARRAINAGES
Quelle mouche avait piqué Moussa Tine, Ngouda Fall Kane, Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum et les autres, pour prétendre chacun pouvoir obtenir 53 mille parrainages électoraux ?
On le disait, sans aucun risque de se tromper, qu’ils étaient pour la plupart des farfelus à se ruer dans les bureaux du ministère de l’Intérieur pour retirer les documents devant servir à recueillir les parrainages de candidatures pour la prochaine élection présidentielle. Quelque cent trente-neuf candidats à la candidature ou leurs mandataires s’étaient présentés. On ne le dira jamais assez, s’il n’y avait pas la loi disposant un parrainage citoyen pour servir de filtre, on enregistrerait une centaine de candidatures à l’élection présidentielle et ainsi, l’organisation du scrutin serait on ne peut plus chaotique voire même impossible. Ils sont en définitive moins de 15 candidats à prétendre avoir déposé leurs dossiers devant le Conseil constitutionnel avec des listes de parrainages. On attend encore les résultats des contrôles desdites listes par la haute juridiction. Ces contrôles pourront certainement laisser des candidats sur le carreau, car on peut bien craindre que certaines listes aient pu être bidonnées. Le Conseil constitutionnel a eu la lumineuse idée d’associer des personnalités de la société civile, dont la crédibilité ne fait l’ombre d’un doute, pour assister et participer aux opérations de contrôle. Ainsi, il sera difficile pour un candidat dont les parrainages ne seraient pas bons de sortir dire qu’il avait été écarté de la compétition par la volonté du pouvoir politique.
Cent histoires de parrainage
Le coefficient électoral pour obtenir un siège de député lors des élections législatives du 30 juillet 2017 était de 55 mille 147 voix. Franchement, Abdoul Mbaye devait être le seul à croire qu’il pourrait réunir quelque 53 milles parrains ! Lors des dernières élections législatives, sa coalition Joyyanti n’avait pu recueillir que 14 mille 207 voix sur tous les bureaux de vote installés au Sénégal et à l’étranger. Comment Abdoul Mbaye pouvait-il croire qu’il arriverait à tripler son bassin électoral, en l’espace d’une année, encore que de nombreux cadres de son parti ont suivi dans sa démission Amadou Badiane, l’ancien directeur de campagne de la coalition Joyyanti et directeur exécutif du parti l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) ? Faudrait-il rappeler que Me Mame Adama Guèye avait été candidat à l’élection présidentielle de 2007 et avait obtenu 13 mille 700 voix, soit 0,40% des suffrages ? Qu’est-ce qui a bien pu changer pour que Me Guèye, qui avait sans doute tiré la leçon pour ne pas s’aligner en 2012, se mette subitement à croire que son étoile va briller à l’élection présidentielle de 2019 ? Le Pr Amsatou Sow Sidibé n’avait pu glaner que 5 167 voix, soit 0,19% des suffrages de la présidentielle de 2012. Ces voix acquises de haute lutte ont peut-être pu lui permettre d’être nommée ministre-conseiller à la présidence de la République. Cheikh Bamba Dièye, dont le parti Fsd/Bj n’a pu réunir que 0,50% des suffrages de la dernière élection présidentielle de 2012, pouvait-il espérer lui aussi obtenir les parrainages nécessaires ? Quelle mouche avait piqué Moussa Tine, Ngouda Fall Kane, Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum, Ibrahim Hamidou Dème ou d’illustres inconnus comme Serigne Saliou Fall ou Yacine Fall, entre autres, pour se dire qu’ils pouvaient chacun obtenir 53 mille parrainages électoraux ? Quid d’un Ansoumana Dione ! Il se présente comme le président de l’Association des malades mentaux du Sénégal. On peut considérer que pour pouvoir être président d’une association, il faudrait satisfaire aux critères pour en être membre. Alors, comment quelqu’un qui dit à tout son monde faire partie des malades mentaux peut-il prétendre diriger le Sénégal ? D’ailleurs, qui l’a élu à ce poste de président de l’Association des malades mentaux ? Ses éventuels électeurs étaient-ils dotés de raison pour porter un choix sur sa personne ?
Il n’en demeure pas moins que toutes ces personnes ont occupé les médias pour finalement agacer et importuner les Sénégalais de discours de haine, d’accusations gratuites et autres insultes. Une atmosphère de campagne électorale avant l’heure s’est emparée du pays durant tout le temps de la quête des parrainages. Le discours public a été pollué par des insultes, des procès d’intention et des invectives de toutes sortes. Les Sénégalais avaient hâte que la campagne de collecte de parrainages prenne fin pour que les plaisantins et autres prétentieux sachent à quoi s’en tenir. Il leur reste maintenant à chercher à se ranger derrière le candidat qui ne serait certainement pas celui de leur choix éclairé. Ngouda Fall Kane, ancien président de la Cellule nationale de traitement des informations financières, déclare se ranger derrière la candidature de Madické Niang. Que la vie peut révéler des surprises ! Qui ne se rappelle pas que Me Madické Niang, traqué par la Centif, dénonçait alors la hargne crypto-personnelle du président de cette structure, Ngouda Fall Kane ?
Il convient en outre de songer à une prochaine modification de la loi sur le parrainage pour exiger par exemple que la caution pour l’élection présidentielle soit versée avant le démarrage des opérations de collecte de parrainages et que cette caution puisse être ponctionnée si, au bout du compte, le candidat qui l’avait déposée n’a pas pu obtenir le nombre de parrains nécessaires. Les documents édités pour servir de supports pour le recueil des listes de parrainages constituent des dépenses électorales, et il ne semble pas normal que des plaisantins fassent dépenser des sommes, aussi minimes soient-elles, aux contribuables ou pour occuper inutilement les agents de l’Etat préposés à ces tâches. On pourrait aussi envisager d’exiger, avant le retrait des documents de parrainages, de procéder au versement d’une caution non remboursable. Quitte même à déduire du même montant la caution définitive de 30 millions de francs exigée des candidats qualifiés pour la présidentielle.
Il y a du faux dans les parrainages
Il y a une part d’absurde, on peut même dire de faux, dans les chiffres annoncés çà et là par les états-majors des candidats. En effet, si on agrège le nombre de parrainages annoncés de partout, on constaterait que le nombre total d’électeurs ayant donné des parrainages dépasse plus de 70% du fichier électoral. Ce qui du reste est déjà très largement supérieur aux taux de participation communément enregistrés à des élections nationales au Sénégal. Les partisans du président Macky Sall affirment avoir recueilli plus de 3 millions de parrainages. Madické Niang brandit plus de 390 mille 946 parrainages. Idrissa Seck affiche un compteur à plus de 125 mille, Malick Gakou ne serait pas en reste, lui qui annonçait le 14 novembre 2018 avoir déjà recueilli plus de 124 mille 342 parrainages, Bougane Guèye Dany revendique plus de 700 mille parrains, Karim Wade déclare, par la voix de Oumar Sarr, plus d’un million de parrains. Le 6 septembre 2018, au tout début de la campagne des parrainages, Bamba Fall soutenait que Khalifa Sall avait déjà engrangé 100 mille parrains. Cheikh Hadjibou Soumaré, Ousmane Sonko, Elhadji Issa Sall, Aïssata Tall Sall, Moustapha Guirassy, Pierre Goudiaby Atepa ne donnent pas de chiffres, mais affirment, la main sur le cœur, avoir bouclé le nombre de parrainages nécessaires pour faire valider leurs candidatures respectives à l’élection présidentielle. C’est comme qui dirait que tous les électeurs qui se rendront effectivement dans les isoloirs auraient déjà fini de donner leur parrainage. Or la réalité observée dans nos entourages proches renseigne que la plupart des électeurs n’auraient pas participé aux opérations de parrainage. Mieux, s’il faudrait y ajouter les quelques centaines ou même milliers de voix glanées par chacun des cent autres candidats qui ont fini par jeter l’éponge, faute de pouvoir obtenir le nombre de parrainages qualificatifs, on serait dans une situation où presque la totalité des personnes inscrites au fichier électoral auraient fait acte de parrainage de candidats.
Il s’y ajoute que les modalités du parrainage ont manifestement été dévoyées. Il a été observé que des responsables politiques ramassaient des cartes nationales d’identité de citoyens pour en faire des parrains de tel ou tel candidat. Est-ce que les parrains ont été conscients des opérations effectuées avec leur carte d’identité et autres cartes d’électeur ? La course à la recherche de qui fait mieux a été telle, dans certaines formations politiques, que des personnes avaient été prises en train de voler des cartes d’identité de citoyens au niveau du commissariat de police de Mbour par exemple pour pouvoir s’en servir pour remplir des fiches de parrainage. En d’autres termes, quelle est la sincérité des parrainages présentés ?
Il a aussi été observé une autre situation des plus burlesques. Des candidats qui n’ont pas pu obtenir les parrainages les quémandent de leurs concurrents. Certains membres du Front de résistance nationale (FRN) avaient demandé s’il n’y avait pas de possibilité pour que les formations politiques membres du Frn, comme le Pds, qui auront largement dépassé la barre des signatures demandées, de filer une partie de leur surplus de parrains à certains autres candidats. A cette requête, Oumar Sarr du Pds opposa une fin de non-recevoir. Le PDS, et pour cause, ne voudrait «dépanner» personne avec son trop-plein de parrainages. On peut d’ailleurs se demander comment une telle opération aurait été possible. Cela ne manquerait pas non plus de poser un problème éthique. Le candidat parrainé par un électeur peut-il disposer de ce parrainage comme bon lui semble ? Ce serait détourner quelque part la confiance d’un électeur qui vous accorde son parrainage intuitu personae et que vous refilez ce parrainage au profit d’un autre candidat sans l’accord préalable de cet électeur parrain. Le simple fait que des candidats aient pu penser préconiser un tel scénario peut faire douter de la sincérité des parrainages qu’ils auraient recueillis. Le parrain doit identifier le candidat parrainé et apposer sa signature sur la fiche prévue à cet effet. S’il faudrait mettre en place ce système de transvasement de parrainages, il faudrait retourner auprès de chaque électeur qui avait donné son parrainage pour le candidat X afin de recueillir son consentement éclairé pour refiler le parrainage à un candidat Y.
Encore une fois, la notoriété médiatique n’est pas toujours synonyme de notoriété électorale. Nous mettions en garde, en perspective de la présidentielle de 2012, certaines personnalités très médiatisées, quant aux risques d’une débâcle électorale si jamais elles prenaient le risque de commettre «l’erreur de se compter». C’était une chronique du même titre publiée le 9 janvier 2012. Assurément, l’ancien magistrat Ibrahima Hamidou Dème aura compris, tout comme l’ancien commissaire de police Boubacar Sadio, ou l’ancien inspecteur du Trésor Ngouda Fall Kane, que l’assiduité sur les plateaux des radios et des télévisions ne garantit pas un électorat.
Les parrainages, révélateurs de nouveaux rapports de force au sein de la majorité présidentielle
Les chiffres brandis par les responsables de la coalition qui porte la candidature du Président sortant, Macky Sall, révèlent une situation riche en enseignements. Il s’avère, sur la foi des indications fournies dans les différentes circonscriptions électorales, que les plus gros quotas de parrainages ont été apportés par des personnes qui apparaissent comme des nouveaux au bataillon politique et électoral. A la vérité, les ténors ou autres caciques du parti du Président Sall n’ont pas brillé par leurs résultats dans la recherche des parrainages. La même observation est de rigueur du côté des alliés traditionnels de l’Alliance pour la République (APR). Les parrainages fournis par l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse, par le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et par ce qui reste de la Ld/Mpt et qui demeure encore favorable au Président Sall ou même du Parti socialiste (PS) compteraient pour quantités négligeables. Une telle donne ne va-t-elle pas induire une redistribution des cartes politiques si le président Sall arrive à se maintenir au pouvoir à l’issue de la présidentielle de février 2019 ?
OUSSOUYE CRIE SON ETOUFFEMENT
Etroitesse de sa superficie
IBOU MANE - (CORRESPONDANT) |
Publication 17/12/2018
Les populations d’Oussouye, regroupées autour du Collectif des habitants des entités traditionnelles d’Oussouye, de Calobone et d’Ekink sont sorties ce dimanche de leur mutisme pour exiger l’extension de la commune confrontée à l’expropriation de ses terres par les communes voisines et qui étouffe sous le poids démographique.
La commune d’Oussouye fait face à de nombreux défis liés notamment à une absence d’infrastructures pouvant accompagner des projets de développement. A l’origine de cette situation, l‘étroitesse du foncier communal, selon ses populations, et qui serait la résultante d’une mauvaise délimitation de la commune d’Oussouye privée depuis les indépendances d’une zone d’exploitation économique. Et depuis, Oussouye, à l’instar de l’ensemble du département, est caractérisée le plus souvent par des conflits fonciers entre les entités communautaires, les villages voire entre les communes. C’est le cas en août 2016 entre les jeunes des villages d’Effisao et de Loudia Diola qui se sont affrontés dans le cadre d’un litige foncier. Bilan de l’affrontement : cinq blessés. Et il y a quelque temps, la destruction, sur ordre du préfet d’Oussouye, à les en croire, de bornes que les populations de la commune d’Oussouye ont installées pour servir de repères durables sur les terres qui constituent leur terroir, zone d’agriculture et d’élevage, héritées de la coutume, avait exacerbé les frustrations. Et c’est d’ailleurs pour manifester leur indignation face à ce que le maire d’Oussouye, Edouard Lambal, qualifie de «maladresse et d’attitude partiale du préfet Ismaïla Ndiaye» que les populations d’Oussouye ont battu ce dimanche le macadam sur plusieurs kilomètres.
Jeunes, notables et femmes parées pour la circonstance de leur tenue traditionnelle étaient fortement mobilisés pour dire : «Tous pour l’extension de la commune d’Oussouye», «La commune d’Oussouye étouffe, une population d’environ 8 000 habitants pour une superficie de 1,55 km2 », «Halte à la spoliation de nos terres traditionnelles». Et pour les membres du Collectif des habitants des entités traditionnelles d’Oussouye, de Calobone et d’Ekink, ces terres font aujourd’hui l’objet de convoitise de la part des collectivités territoriales voisines. «Nous constatons pour le déplorer que M. le préfet du département d’Oussouye, reconnaissant personnellement que la commune d’Oussouye étouffe et que son extension est une nécessité pour les populations et pour l’Etat lui-même, a été abusé par des tiers, lors des enquêtes qu’il a menées à la suite du bornage effectué par les populations de la commune d’Oussouye sur leur héritage foncier traditionnel, menacé d’expropriation par les communes voisines, au nom de la légalité et au mépris de la légitimité», peut-on lire dans le document de protestation du collectif remis à la presse. Un collectif fort du soutien des populations de la commune d’Oussouye et qui entend, selon ses responsables, s’opposer avec véhémence à toute velléité d’accaparement de leurs terres traditionnelles, sans concertation préalable.
«La terre est en effet, en milieu diola, un don sacré de Dieu qu’il faut gérer avec tact. Sa gestion par l’Etat devrait tenir compte de l’aspect coutumier et traditionnel. Cette cohabitation harmonieuse légalité-tradition pourrait largement contribuer à la résolution des problèmes liés au foncier», argue Bénédicte Lambal, ancien maire d’Oussouye et membre du collectif. Quant au préfet d’Oussouye qui a reçu à cet effet une pétition des populations, relative à la nécessaire extension de la commune d’Oussouye, il a d’abord magnifié cette marche pacifique qui est un droit, dévolu, dit-il, à tout citoyen. Il a promis de transmettre ce document à qui de droit pour une meilleure résolution de cet imbroglio foncier qui affecte les communes voisines d’Oussouye, d’Oukout et de Mlomp.
Coups et blessures volontaires ayant entraîné une Itt de 60 jours. C’est pour ce délit que comparaissait la dame Salimata Diaw. Elle risque 5 ans de prison ferme. Elle sera fixée sur son sort le 18 décembre prochain.
Salimata Diaw n’a pas digéré que son époux convole en secondes noces avec Oumy Diop. Rongée par la jalousie, elle a charcuté sa coépouse avec une machette. A la barre, cette dame a tenté d’imputer la faute à son mari qui lui ferait subir des violences depuis qu’elle a rejoint le domicile conjugal, après un mariage arrangé. «Nous nous sommes unis par un mariage arrangé. Ainsi, j’ai quitté Mboro pour venir à Thiaroye. Mais depuis lors, il ne cesse de me frapper, surtout quand il boit de l’alcool ou fume du chanvre indien», relate celle qui prétend aussi avoir avorté à cause de sa belle-famille. A l’en croire, son mari l’avait battue alors qu’elle était enceinte. Cela a provoqué des saignements et son évacuation à l’hôpital où le médecin lui a conseillé de prendre un repos de 30 jours pour éviter une fausse couche. Mais sa belle-mère, dit-elle, a dit niet. «Elle m’a obligée à faire le ménage et la cuisine. C’est dans ces circonstances que j’ai perdu le bébé», dit-elle.
La prévenue en «veut» aussi à sa coépouse qu’elle considérait comme sa sœur aînée dans le quartier. En fait, elle ne savait pas, raconte-t-elle, qu’elle lorgnait son mari. «Elle venait tout le temps à la maison pour me vendre des tissus. Quelque temps après, j’ai constaté que mon mari rentrait tardivement à la maison, surtout pendant les week-ends, et Oumy lui envoyait des messages d’amour à des heures tardives. C’est après que j’ai appris qu’ils sortaient en cachette. Quand je les ai interpellés, ils ont nié. Je m’en suis ouverte à sa mère qui n’a rien fait. Finalement, ce que je craignais arriva. Oumy Diop est devenue ma coépouse. Ce que je ne parvenais pas à supporter», dit-elle amèrement devant la barre. Ainsi, elle ne pouvait plus supporter Oumy Diop. «C’est de là que l’idée d’aller prendre une machette dans la cuisine m’est venue. Je reconnais lui avoir asséné des coups, mais je n’ai jamais souhaité sa mort et je le regrette», dit-elle. Des déclarations qui tranchent d’avec celles faites à l’enquête préliminaire. Elle avait dit devant les limiers qu’elle souhaite sa mort et qu’elle ne regrette rien. «Si c’était à refaire, je le referais», avait-elle précisé à l’endroit des enquêteurs. Mais le juge n’a pas manqué de lui rappeler ces propos.
L’avocat de la partie civile réclame 5 millions de francs
Selon la victime, la prévenue ne supporte pas qu’elle soit sa coépouse. «Je me suis mariée pendant 8 ans avant de divorcer il y a 8 mois. Salimata Diaw ne supporte pas que je sois sa coépouse. Elle avait menacé de me tuer, mais j’avais pris ça à la légère. La première fois, elle m’a lancé un tiroir que j’ai esquivé. La deuxième fois, c’était deux jours avant ma nuit de noce. Je suis sortie de chez moi pour aller acheter le petit-déjeuner à mon père. Elle m’attendait devant la porte de chez elle munie d’un coupe-coupe. Quand elle m’a vue, elle s’est ruée sur moi et m’a assénée plusieurs coups de couteau. Je n’ai dû mon salut que grâce aux voisins», dit-elle. Oumy Diop refuse d’accorder son pardon à son bourreau. D’ailleurs, son avocat estime que Salimata Diaw voulait tuer sa cliente. «Il faut garantir la sécurité aux hommes mariés en la condamnant par corps au maximum», dit la robe noire qui a réclamé 5 millions de francs en guise de réparation.
De l’avis du procureur, elle devait être poursuivie pour tentative de meurtre ou d’assassinat à cause de la gravité des faits. Il trouve que la prévenue a fait preuve de lâcheté. «Mieux, elle n’a manifesté aucun regret pour son geste. Et rien ne peut justifier cet acte», dit-il. Il a requis 5 ans de prison ferme et une amende de 200 mille francs. Evidemment, ce réquisitoire a été déchiré par la défense. Me Ndèye Fatou Touré a rappelé que sa cliente a subi trop de violence dans la maison conjugale. «Mon client a vécu une souffrance dans la maison de son mari. Elle a vu la copine de son mari venir tout le temps chez elle, ce qui est dur. Il faut regarder le contexte psychosocial de la prévenue», explique-t-elle. Elle a plaidé une application raisonnable de la loi. La décision sera rendue le 18 décembre prochain.
TROIS MILLIONS D’UTILISATRICES ADDITIONNELLES EN SEPT ANS DANS NEUF PAYS
Le Partenariat de Ouagadougou a permis de faire adhérer trois millions de femmes à «la planification familiale moderne», de 2011 à 2018, a-t-on appris jeudi de Fatimata Sy, la directrice de cette initiative regroupant neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest. «De 2011 à 2018, nous avons eu, grâce au Partenariat de Ouagadougou, trois millions d’utilisatrices additionnelles des méthodes modernes de la planification familiale dans les neufs pays d’intervention», a dit Mme Sy à l’Aps.
Elle prend part à Dakar à la septième réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou qui se tient depuis mercredi, pour trois jours. Cette initiative dédiée à la planification familiale concerne le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo. «Si nous faisons la moyenne en 2018, chaque pays a dépassé ses objectifs avec 448 mille femmes touchées, pour un objectif initial de 443 mille femmes», a expliqué Fatimata Sy. «Trois pays sortent du lot», a-t-elle souligné, précisant qu’il s’agit, par ordre d’importance de leurs résultats, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. «Chaque pays doit aller chez son voisin pour apprendre ce qui a été fait de bon», ajoute Mme Sy.
Selon elle, 2 millions 040 mille grossesses non désirées, 727 mille avortements à risque et 6 810 décès maternels ont été évités dans les neuf pays d’intervention du Partenariat de Ouagadougou, grâce à cette initiative, de son lancement en 2011 à maintenant.
En 2018, «troisième et dernière année de la phase d’accélération du Partenariat de Ouagadougou», poursuit-elle, «159 mille grossesses non désirées, 56 mille avortements à risque et 510 décès maternels ont été évités».
Pour la réussite de cette phase, «il faut explorer trois voies, à savoir la multisectorialité de la planification familiale qui est un levier de développement économique et social, l’inclusion des jeunes dans la santé de la reproduction» et l’expansion «des interventions à haut impact», recommande Fatimata Sy aux participants de la réunion.
Les objectifs de la première phase qui concernait la période 2011-2015, qui étaient de faire adhérer un million de femmes à la planification familiale, ont été dépassés de 300 mille cas, selon Mme Sy. «Les progrès sont réels et nous espérons aller encore de l’avant. Déjà, 63% de notre objectif sont déjà atteint», ajoute-t-elle.
LE SENEGAL CHERCHE 2850 MILLIARDS DEVANT LE GROUPE CONSULTATIF DE PARIS CE LUNDI
L’enjeu est simple pour le Sénégal ce lundi à Paris devant le Groupe consultatif, anciennement Club de Paris. Il s’agit d’obtenir des partenaires techniques et financiers ainsi que des bailleurs publics et privés, la manne financière de 2850 milliards de frs pour compléter le gap du Programme d’actions prioritaires (PAP) de 14.000 milliards de frs sur la période 2019-2023,
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Sénégal va demander aux partenaires techniques financiers réunis au sein du Club de paris moins d’argent cette année qu’en 2014 ! En effet, pour le financement de la 1 ère phase du Plan Sénégal émergent(PSE),le Sénégal était allé chercher 3729 milliards de frs à ses partenaires bilatéraux et multilatéraux mais aussi aux bailleurs publics et privés. A l’arrivée, il avait obtenu 4610milliards frs soit un surplus de 881 milliards de frs par rapport aux objectifs de départ. Ce pactole fut synonyme de taux de concrétisation de 124 % pour la période 2014- 2018. La bonne tenue de l’économie sénégalaise fait que notre pays a beaucoup amélioré ses capacités d’auto financement.
A preuve, sur les 14.000 milliards nécessaires au du PAP 2019- 2023, le régime du président Macky Sall ne cherche « que » la somme de 2850 milliards de frs. Un tel objectif est largement à la portée de notre grand argentier national, M. Amadou Ba, qui a eu déjà à déblayer le terrain en rencontrant les partenaires essentiels comme la Banque mondiale, le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), la Banque européenne de développement, l’Agence française de développement, la Banque africaine de développement… Ces grandes institutions de financement multilatéral ont réaffirmé leur accord au ministre de l’Economie et des Finances pour continuer d’accompagner le Sénégal dans cette phase 2 du PSE. Les rencontres ce lundi avec les Partenaires Techniques et Financiers, au siège de la Banque Mondiale à Paris et à l’Aéroclub de Paris puis celle de demain, mardi 18 décembre 2018, pour le Forum des Investisseurs Privés à l’hôtel Salomon de Rothschild à Paris devraient alors constituer une simple formalité pour permettre aux partenaires d’annoncer publiquement leurs engagements financiers à l’endroit du Sénégal.
Le ministre Amadou Ba a confié récemment aux députés que le gouvernement va expliquer à ses partenaires comment leur argent a été dépensé lors de la 1 ère phase du PSE. A ce niveau, une note de la cellule de communication du ministère de l’Economie explique qu’«Au cours de ces quatre premières années de mise en œuvre du PSE, il s’est avéré que les fondements de l’émergence se sont consolidés. En effet, le cadre macroéconomique s’est stabilisé, dans un contexte de mise en œuvre de l’instrument de soutien à la politique économique. L’Etat du Sénégal a mis en place des infrastructures structurantes d’appui à la productivité économique. Ainsi, d’importants chantier sont été achevés ou lancés, notamment le nouvel Aéroport international de Diass, le prolongement de l’autoroute Dakar-Diamniadio, l’autoroute Thiès-Touba, le désenclavement des zones de production, l’équipement du monde rural, le Train Express Régional (TER), le Parc industriel de Diamniadio, la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar Bamako, le développement de nouveaux pôles touristiques, etc. ». Les services de Amadou Ba d’ajouter qu’ « en outre, le Sénégal a enregistré des progrès substantiels dans l’amélioration du climat des affaires, à travers la mise en œuvre du Programme triennal de Réformes de l’Environnement des Affaires et de la Compétitivité (PREAC), pour se hisser parmi les meilleurs réformateurs du monde. L’Etat du Sénégal a mis en place des Zones économiques spéciales (ZES) à Diamniadio, à Diass et à Sandiara, pour accroître les opportunités économiques du secteur privé et amorcer l’industrialisation durable du pays »
Contours du PAP 2019-2023 et vente des atouts du Sénégal
Pour une consolidation des progrès enregistrés, le Gouvernement, explique la note du MEF, a élaboré le Plan d’actions prioritaires(PAP) 2019-2023 qui se base sur une analyse des meilleures pratiques tant au niveau national que mondial en termes de transformation structurelle de l’économie et de la croissance. Ce second PAP vient renforcer les bonnes performances macroéconomiques, l’offre en services sociaux de base et accélérer l’éradication de la pauvreté. Cette politique de productivité, à travers le développement des infrastructures et la diversification du tissu industriel, constitue le véritable socle pour garantir une émergence durable de notre économie. La seconde phase du PSE sera également mise en œuvre dans un contexte de renforcement de l’exploration et d’exploitation de ressources minières, notamment l’or, le pétrole et le gaz. Pour réussir la mise en œuvre du PAP 2019-2023, le Gouvernement souhaite la mobilisation des ressources financières tant publiques que privées, explique-t-on au ministère de l’Economie et des Finances. La stratégie de financement dudit plan repose aussi sur un recours à des financements extérieurs (publics, privés, diaspora, etc.). Alors ce lundi et mardi, Macky Sall en chef d’équipe va vendre les atouts du Sénégal. Des atouts dont les plus importants sont la bonne situation géographique stratégique au sein de la CEDEAO et Top 5 des meilleurs réformateurs en Afrique, selon le Rapport de Doing Business; une croissance économique moyenne de6% par an depuis 2015 (7,2 % en 2017) ; un faible taux d’inflation (1,7 % en 2017) et un nombre de consommateurs de 15,73 millions en 2017.Lessecteurs prioritaires de la Phase 2 du PSE tournent autour du pôle (Agriculture – Horticulture – Agroindustrie), du pôle (Infrastructures – Construction),(Energie – Pétrole –Gaz – Mines);de l’industrie, de l’économie Numérique, du tourisme et de la Finance. Nous souhaitons une bonne chance dans cette pêche aux milliards à nos autorités, au premier rang desquelles le président de la République, Macky Sall, sans oublier le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba !
LA BIBLIOTHEQUE DE VERSON S’«APPROPRIE» LES ARCHIVES DE SENGHOR POUR LES SAUVER DE L’USURE
Normandie : considérant le Sénégal comme «mauvais» archiviste
Un pays qui néglige ses archives est un pays sans mémoire. Et le Sénégal en est un ! Considérant sans doute notre pays comme un « mauvais » élève en matière d’archivage, Mme Colette Senghor a fait don des archives personnelles de feu Léopold Sédar Senghor à la bibliothèque de Verson (Normandie). Un budget de 180.000 euros/an soit 117 millions cfa a été voté par la municipalité de cette ville pour dépoussiérer, revaloriser, protéger et gérer ce riche patrimoine culturel du premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, et de son épouse née Colette Hubert. Un geste de sauvetage que « Le Témoin » apprécie à sa juste valeur !
Avec ses quelque 4.000 habitants, Verson est une petite commune française située en région Normandie. C’est dans cette paisible bourgade que le président Léopold Sédar Senghor, en compagnie de son épouse normande Mme Colette Hubert, s’était définitivement retiré à son départ du pouvoir, en 1981 jusqu’à sa mort en décembre 2001. Il y a de cela 17 ans ! Premier président de la République du Sénégal, homme politique, poète, écrivain et membre de l’Académie française, Léopold Sédar Senghor avait gardé dans sa propriété familiale de Normandie ses archives personnelles d’une exceptionnelle richesse. Dans presque tous les compartiments de la résidence, on trouvait des cartons renfermant des milliers de correspondances, d’écrits, de photos, de livres et de documents. Ainsi que des vêtements et objets d’art personnels. Ne pouvant plus s’en occuper personnellement, la veuve Colette Senghor avait déploré le fait que toutes ces archives aient été conservées dans de mauvaises conditions. Un ex-employé du personnel domestique sénégalais de Normandie nous souffle que sous le poids de l’âge, Mme Senghor n’a plus les capacités physiques d’entretenir les archives de feu Léopold Sédar Senghor .« La preuve, les documents et les objets commencent à s’abîmer au cours du temps » se désole notre compatriote avant de nous renvoyer à un numéro du journal « Actu/Normandie » où Mme Colette Senghor sollicitait en 2015 le maire de Verson pour lui léguer le riche patrimoine culturel que constituent les archives de son défunt mari afin de le sauver de l’usure. Morceaux choisis : « Et si je vous donnais mon patrimoine ?». Une question qui aurait été posée par Mme Senghor, elle-même, au maire de la ville de Verson, Michel Marie. Une proposition que le maire avait acceptée comme une évidence : « Quand Mme Senghor manifeste l’intention de léguer ses archives, on ne peut logiquement qu’être d’accord !» expliquait l’édile à ses élus locaux. En acceptant cette demande, le premier magistrat de la petite commune de Verson avait fait voter un budget de 180.000 euros/an soit 117 millions cfa visant à aménager un espace « Senghor » dans la bibliothèque communale. Un espace ayant pour but de revaloriser, protéger et gérer ce riche patrimoine culturel des Senghor pour l’éternité. D’ailleurs, lors du premier jour d’assemblée plénière de la Région-Basse Normandie, lit-on dans Actu/Normandie, les élus locaux ont adopté à l’unanimité un plan de « mesures d’urgence » pour dépoussiérer et protéger ces archives personnelles appartenant à Léopold Sédar Senghor qui fut citoyen d’honneur de la région de Normandie.
«Le jour où j’ai ouvert les caisses d’archives…»
Selon le maire de Verson, le jour où il a ouvert les caisses d’archives, il est tombé sur des photos inédites et exceptionnelles où le président Senghor pose avec des personnages planétaires tels que Gandhi, Kennedy, la Reine d’Angleterre etc « Je dirais qu’au total, il y avait 50 m3 de caisses… Vraiment Senghor était un homme qui a traversé les siècles ! Il y a aussi des correspondances avec Aimé Césaire, par exemple. Hélas, beaucoup d’entre elles étaient attaquées par les « poissons d’argent »,cet insecte qui détruit le papier notamment » déplorait le maire de la commune au lendemain de la réception des archives. Après avoir constaté le mauvais état de ces documents, le maire avait souhaité s’entourer de différents partenaires pour préserver l’intégrité du patrimoine et sa mise en valeur. Pour y parvenir, il a solliciter l’État et la Région Normandie pour nouer une convention de partenariat avec différents acteurs comme le Conseil départemental du Calvados, la Communauté de Caen la Mer, l’Université, l’Établissement public de coopération culturelle, La Fabrique de patrimoines etc. Inutile de vous que cette convention collective a été signée et adoptée à l’unanimité en octobre 2015. Néanmoins, le maire de Verson a tenu à préciser que le patrimoine n’est pas la propriété des partenaires, mais appartient à Madame veuve Colette Senghor. « Les travaux qui seront menés dans le cadre de cette convention nécessitent le plus scrupuleux respect de ce patrimoine et une information très régulière de Mme Senghor ou de ses représentants habilités sur les opérations engagées » avait insisté la municipalité de Verson à l’endroit du grand public.
Au Sénégal des «rats» d’archives !
Le Sénégal est-il un pays de mauvais conservateurs au point de pousser Mme Colette Senghor à léguer les archives de son défunt époux à la bibliothèque de Verson ? La question semble avoir trouvé sa réponse lors des obsèques nationales de Jules François Bocandé. Lorsque cette icône de l’équipe nationale de football avait tiré sa révérence, ni la Rts encore moins la direction des archives nationales du Sénégal n’était en mesure de faire passer la moindre archive sonore et audiovisuelle sur le défunt François Bocandé. Pire, le fameux match historique et qualificatif Sénégal Zimbabwe en 1985 livré par Bocandé et ses trois buts, n’était pas gardé dans les « archives » de la Rts. Pour sauver la face ou l’écran, il a fallu se démêler auprès vers l’Institut National de Audiovisuel (Ina) pour y avoir quelques extraits de Bocandé. Les images des finales de la Coupe du Sénégal de football des années 70 et 80 jouées dans le mythique stade Demba Diop et souvent présidées par le président Senghor, n’en parlons pas ! Tout a disparu…. Mais comment une institution aussi prestigieuse et stratégique que la Rts, créée 1973 et dépositaire de la mémoire du Sénégal, peut-elle souffrir ne pas disposer d’archives des grands moments de l’histoire de notre pays ? Renseignements pris, on nous explique que la quasi-totalité des cassettes ou films contenant des archives audiovisuelles de l’ex- Office de Radiodiffusion Télévision du Sénégal (Orts) ont été volontairement effacées ou dans le pire des cas, dérobées par des agents irresponsables. Et d’autres archives ont été également détruites ou arrosées par les pluies lors du grand déménagement de la Rts vers le Triangle Sud. Ainsi se sont effondrés plusieurs pans de notre patrimoine culturel ! En tout cas, Mme Colette Senghor ne savait pas si bien choisir en léguant ses archives aux « toubabs » de la région Normandie. Là, nous sommes convaincus qu’il y aura moins de rats et de « rats » d’archives… Le « musée Léopold Sédar Senghor » abrité par les « dents de la mer », la résidence de l’ancien président située sur la Corniche, se contentera donc de ses maigrichonnes collections car n’ayant pas été jugée digne d’abrier les précieuses archives personnelles du premier président du Sénégal indépendant ! Ah, les Nègres et les archives…