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Texte Collectif

CE N'EST PAS À MACRON MAIS À L'UA DE S'EMPARER DE LA QUESTION MÉMORIELLE

Plutôt que de monter un nouveau comité d’historiens, il faut exiger l’ouverture de toutes les archives de la colonisation européenne et mettre sur pied un comité d’intellectuels africains qui y travaillerait, non pendant un an, mais cinq ans s’il le faut

Jeune Afrique  |   Texte Collectif  |   Publication 29/08/2022

« Je souhaite que nous puissions avoir et lancer ensemble un travail conjoint d’historiens camerounais et français. » C’est la proposition faite par Emmanuel Macron lors de sa visite des 25 et 26 juillet au Cameroun pour tenter de liquider un passé colonial qui ne passe pas. Il s’agit d’un passif considérable et de graves crimes commis sur les nations africaines, encore douloureusement ressentis par les populations, les familles de victimes et les humanistes. La France traîne depuis plus de soixante-dix ans ce boulet mémoriel et peine à se sortir honorablement de ce bourbier.

Massacres

Si le président Macron est revenu sur cet épineux problème, sa proposition irrite davantage qu’elle n’apaise. Les faits sont établis, répertoriés, connus, déjà publiés. La méthode choisie reste tout aussi contestable pour nombre de Camerounais et d’Africains, en particulier s’agissant des bilans chiffrés des événements sanglants qui ont rythmé la fin de la colonisation. Pour le seul Cameroun, le bilan est lourd, même si les spécialistes ne s’accordent pas tous sur les chiffres.

Par-delà les assassinats ciblés de leaders indépendantistes tels que Ruben Um Nyobé, Félix Moumié ou Castor Osendé Afana, l’écrivain et historien camerounais Jacques Kago Lélé va jusqu’à dénombrer entre 800 000 et un million de morts entre 1955 et 1960, lors de la guerre de libération, dans le département de la Sanaga-Maritime ou dans les villes de Douala, Nkongsamba, Sangmélima, Ebolowa, dont 8 000 personnes massacrées dans la localité de Yogandima et quelque 400 000 en pays bamiléké. Dans leur livre Kamerun. Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, paru en 2011, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa et Thomas Deltombe évoquent, eux, « plusieurs dizaines de milliers de morts ».

Qu’apporteraient les commissions d’historiens suggérées par le président Macron ? Certes des détails plus précis. Et, probablement, la révélation d’exactions commises par le camp nationaliste, voire de trahisons internes. Là n’est pas l’essentiel.

Le point de départ de toute action sur cette question mémorielle devrait être la reconnaissance, par l’État français, des crimes commis en son nom et la présentation d’excuses aux peuples outragés par un système criminel, néfaste, brutal et prévaricateur. Il a pour nom la colonisation et pour mobile l’exploitation. Il est, par sa nature même, juridiquement condamnable et moralement indéfendable. En outre, on peut douter de l’efficacité des travaux promus par le président Macron car le dispositif qu’il propose est non contraignant.

Diplomatie de l’édredon

Les travaux parcellaires de l’historien Benjamin Stora, chargé en 2020 de rédiger un rapport sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », ont montré les limites et les failles de cette formule vouée aux petits pas, aux manœuvres tactiques et politiciennes. Dans son rapport, remis le 20 janvier 2021, Benjamin Stora a davantage parlé de la guerre d’Algérie que des autres pays africains.

La colonisation en Algérie surpassa en effet en massacres, en drames, en tortures et en spoliations toutes les entreprises identiques, en raison du type particulier de colonie dont il s’est agi – une colonie de peuplement – ; en raison, aussi, de sa durée, de son intensité et des horreurs du système d’exploitation et d’assujettissement que le colonisateur exerça dans ce pays.

Mais, en évitant une approche globale (du moins continent par continent) de la colonisation, on tombe dans le piège tendu par la diplomatie de la commission Théodule ou dans celui du rapport commis par un savant amadoué. Elle s’apparente à une diplomatie de l’édredon et emprunte les allures du « colonisateur de bonne volonté », comme dirait Albert Memmi. Ce colonisateur-là admet moins par conviction que par tactique les crimes du passé colonial. Il cherche surtout à dissoudre ce méfait colossal dans le souhait de liquider davantage encore une prétendue « rente mémorielle ». Il évite d’entendre les blessés et les outragés de ce traumatisant épisode des relations internationales.

Cet empressement est fait pour redorer une image et repeinturlurer un drapeau sans condamner le système colonial et ses prolongements. Ses promoteurs ne visent pas un dialogue franc et sincère. Ils cherchent à éviter le procès post-colonial instruit par des peuples écrasés hier et spoliés à jamais. L’idée de créer un comité franco-camerounais est l’une des ficelles à partir desquelles on cherche à habiller de vertu une démarche qui n’utilise que la ruse pour gagner du temps. Cette approche apparaît donc pour ce qu’elle est : grotesque par ses finasseries, insupportable aux nations, aux populations comme aux familles martyrisées. Examiner les crimes coloniaux et post-coloniaux en les segmentant nation par nation serait un aveuglement et une grave entorse à la vérité globale.

Approche globale

Plutôt que de monter un nouveau comité d’historiens, il faut exiger l’ouverture de toutes les archives de la colonisation européenne et mettre sur pied un comité d’intellectuels africains qui y travaillerait, non pendant un an, mais cinq ans s’il le faut. L’Algérie, le Cameroun, le Nigeria, le Mali, le Maroc, l’Angola, le Mozambique, Madagascar, les Comores, la Guinée, la Sierra Leone, le Cap-Vert, le Kenya, les Congos, pour ne citer que ces pays, attendent une reconnaissance sans contorsions des terribles dommages que leur a causé le système colonial : massacres, violences, avilissement, spoliation.

Emmanuel Macron gagnerait à le dire sans tarder et à présenter, pour l’Histoire et non pour les seuls historiens, les sincères regrets qui s’imposent avant que ne débute l’examen global des désastres produits par la colonisation. Ne cédons pas au saupoudrage, en examinant les dégâts colon par colon, autrement dit, au cas par cas, logique que tente de mettre en œuvre M. Macron et qui renvoie au bilatéralisme. L’ampleur du phénomène autant que la nocivité du système colonial exigent une réflexion plus large et une approche multilatérale.

C’est donc l’échelon continental et une instance supranationale qui nous paraissent les mieux indiqués pour éviter le retour du refoulé colonial et la logique du dominant et du dominé. Ils sont les mieux à même pour traiter les vastes chahuts que causa l’usurpateur colonialiste et leurs effets, qui bouleversent encore tant d’existences. L’Union africaine (UA) est parfaitement qualifiée pour s’emparer de cette affaire. C’est à elle de mandater des intellectuels africains du continent ou de la diaspora pour analyser ce que la conférence de Berlin a institué, en 1884-1885, et ce qu’elle a produit durant une longue période sous la logique de l’impérialisme et des politiques suprémacistes.

L’UA proposerait à l’Union européenne le cadre de sa démarche, ses objectifs et un calendrier de travaux portant sur « la tragédie que fut la colonisation et les moyens à mobiliser pour l’apaisement des mémoires et le repos des morts ». Il s’agit de sortir d’un cycle infernal et de la distance naguère établie – et qui perdure – entre le colonisateur et le colonisé. Il n’y a rien de particulier à attendre des initiatives isolées de M. Macron, car il feint de solder le passif pour mieux se présenter en libérateur. Ce faisant, il n’entretient que le doute ou, pis, la distance.

Albert Memmi, dans Portrait du Colonisateur (1957), a écrit au sujet de la distance qu’entretien le colonisateur avec le colonisé : « Pour se justifier, [le colonisateur] est amené à augmenter encore cette distance, à opposer irrémédiablement les deux figures, la sienne tellement glorieuse, celle du colonisé tellement méprisable. »

Le couple soulèvement-répression, qui s’ouvrit à Thiaroye, au Sénégal, le 1er décembre 1944, se poursuivit à Sétif et à Guelma, en Algérie, le 8 mai 1945, avant de s’étendre à Madagascar en 1947 puis au Cameroun dans les années 1950 a laissé des traces et des traumatismes encore vifs. Il est temps que la mémoire réellement partagée s’en saisisse dans l’espoir d’une résolution durable de ce qui demeure une fracture profonde et douloureuse dans le cœur des nations hier exploitées et aujourd’hui souveraines. Les Africains sont prêts à faire cette anamnèse. Et l’Europe ? Elle doit clairement s’exprimer. Il faut que ceux qui veulent en finir avec les drames et le passé colonial examinent cette affaire en la plaçant au bon échelon, sous l’égide d’institutions politiques, et en mobilisant un collège de personnalités choisies par les instances continentales. Le moment est venu de réaliser ce travail.

Pr Eugène Ébodé, écrivain, universitaire, Cameroun ; Jean-Célestin Edjangué, journaliste-essayiste, Cameroun ; Jean-Luc Raharimanana, écrivain, Madagascar ; Pr Pape Massène Sène, universitaire, Sénégal ; Gabriel Okoundji, écrivain, Congo Brazzaville ; Pr Amadou Elimane Kane, écrivain, universitaire, Sénégal ; Arab Tayeb, plasticien, Algérie ; Arlette Casas, commissaire d’exposition, Algérie ; Zulu Mbaye, plasticien, Sénégal ; Pr Juvénal Ngorwanubusa, écrivain, universitaire, ancien ministre, Burundi ; Blaise Ndala, écrivain, RD Congo ; Fiston Mwanza Mujila, écrivain, RD Congo ; Éric-Joël Bekalé, écrivain-diplomate, Gabon ; Mamadou Seck, écrivain, grand reporter à L’Observateur, Sénégal ; Jean-Claude Tchatchouang, économiste, ancien administrateur à la Banque mondiale, Cameroun…

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