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par Bosse Ndoye

DU SENTIMENT ANTIFRANÇAIS

Bien que nos petits pays ne soient pas encore assez forts pour déloger l’armée française des terres africaines, il y existe une volonté réelle et grandissante des populations qui exigent des nouvelles relations gagnant-gagnant

Bosse Ndoye  |   Publication 10/05/2021

Dans Ô pays, mon beau peuple, livre d’Ousmane Sembene, lorsque Oumar Faye, son personnage principal, commença à travailler fort pour aider ses compatriotes, paysans indigènes, à se dépêtrer de l’étreinte des colons véreux qui les exploitaient à travers un système de crédit usuraire et par l’achat de leurs récoltes à des prix dérisoires, il fut accusé d’antifrançais ayant des idées subversives par ces derniers. Aussi ourdirent-ils des complots ayant fort probablement conduit à son assassinat odieux, dans des conditions nébuleuses.

Depuis la publication de l’œuvre en 1957 -, c’est-à-dire pendant la période coloniale – jusqu’à nos jours, très peu de choses semblent avoir changé du côté de la France dans sa manière d’appréhender certaines réalités dans nombre pays, qu’elle avait anciennement colonisés sur le continent. C’est pourquoi ce n’est guère étonnant de la voir ressasser encore et toujours - avec orgueil et mépris -, la même antienne d’antifrançais à l’envi à ceux et celles qui y luttent pour leur souveraineté vis-à-vis d’elle et cherchent à se défaire de son emprise nocive.

Ainsi, pendant la campagne électorale pour les présidentielles de 2019 au Sénégal,  lorsque le candidat Ousmane Sonko prône une rupture avec le système néocolonial en général et français en particulier - qu’entretient et nourrit Macky Sall sous la présidence duquel les intérêts français n’ont jamais aussi été florissants et soutenus dans le pays -, il a été qualifié par certains médias français de démagogue antifrançais ; lorsque Guy Marius Sagna et les membres du mouvement Frapp dénoncent les méfaits du franc Cfa dans les économies des pays qui l’ont comme monnaie, la présence encombrante d’entreprises de l’ancienne métropole dans plusieurs secteurs névralgiques du pays et la part du lion qui leur a été offerte lors de la signature de certains gros contrats, on leur serine ad nauseam la même rengaine d’antifrançais  et les taxe de populistes ; lorsque Salif Keita, à l’instar de plusieurs de ses compatriotes, a dénoncé publiquement le rôle de complice que joue l’ancien pays colonisateur dans la rébellion au Mali, il a été taxé d’antifrançais. À l’en croire - dans sa préface de la Lettre au peuple malien de Cheick Oumar Sissoko - l’Élysée est même allé jusqu’à envoyer une lettre à la Chaîne de l’espoir, une fondation financée par la France qui travaillait en partenariat avec la Fondation Salif Keita pour demander la cessation de leur collaboration, et des dispositions avaient même été prises pour annuler tous les concerts du chanteur malien en France[1]. Sa compatriote, Aminata Traoré n’a pas été mieux lotie. À cause de sa position critique sur l’opération Serval, elle s’était vu refuser l’extension de son visa Schengen lui interdisant son passage en France à la suite de manœuvres de Paris[2]. 

Cette propension des autorités françaises à traiter d’antifrançais à tout-va tout militant, artiste, écrivain africain dénonçant l’attitude néocoloniale de Paris dans son pays n’est guère différente du Burkina Faso au Tchad en passant par le Niger et le Cameroun et tutti quanti. Elle dénote juste l’aveuglement, l’orgueil, le mépris qui les animent et surtout le refus obstiné de reconnaître les aspirations de souveraineté et d’indépendance des peuples africains, surtout de la jeune génération qui ne veut rien d’autre que de voir les vieilles pages du livre anachronique de la Françafrique déchirées. L’attitude de l’ancienne métropole traduit aussi son refus d’admettre les réalités politiques, sociales, économiques, géopolitiques changeantes sur le continent et dans le monde depuis la proclamation des indépendances formelles de plusieurs pays dans les années 60.

Contrairement à la France, Ousmane Sembène, à travers un de ses personnages parmi les colons, avait très tôt senti le vent tourner : « Un seul homme (Oumar Faye) nous tient en échec. Imaginez que demain qu’ils soient des milliers ! Depuis des années, je navigue de colonie en colonie, partout j’ai rencontré, à peu de choses près, le même désir chez les jeunes Africains…nous avons trop l’habitude du vieux noir que nous activités laissaient indifférent. Ces vieux sont en voie de disparition, c’est cela que vous devez comprendre (…) Si vous ne voulez pas voir ce qui se passe autour de vous, si vous êtes trop fiers pour vous retourner, vous n’en avez plus pour longtemps, les difficultés se dresseront l’une après l’autre sur vos chemins…Savez-vous comment les jeunes nous appellent ? Ils nous appellent les « ogres » (…) Nous ne mènerons plus la baguette ! Ce bon vieux temps est mort. Votre orgueil vous empêche de voir la réalité, mais je parie que vous le sentez. Vous aurez beau essayer de vous donner la comédie, vous savez très bien que le temps est venu de changer de méthode[3]. »

Avant l’auteur des Bouts de bois de Dieu, Mongo Béti, dans le Pauvre christ de Bomba – publié en 1955 - à travers le personnage du RPS Drumont, s’adressant à l’administrateur Vidal, avait averti d’un changement un jour dans les relations d’exploitation qu’entretient sur le continent le couple composé d’oligarques capitalistes  et de politiciens français : « (…) Ne vous mentez pas à vous-même ou, si vous ne l’avez pas encore compris, réfléchissez bien. Vous êtes ici pour protéger une certaine catégorie de gens très précise, un point c’est tout. Et vous les protégerez jusqu’à ce que les autres soient plus forts et les expulsent, et vous avec[4]… »

Bien que nos petits pays ne soient pas encore assez forts pour déloger l’armée française des terres africaines, pour empêcher que son soutien logistique ne parvienne à certains groupes rebelles pour qu’ils déstabilisent un pouvoir démocratiquement élu qui refuse de jouer le jeu de la France, pour que certains dirigeants attendent moins l’adoubement de Paris que l’élection de leur peuple, il y existe une volonté réelle et grandissante des populations qui, contrairement à nombre de leurs dirigeants traitres et complices, partisans du statu quo, exigent des nouvelles relations gagnant-gagnant basées sur l’égalité et le respect de la souveraineté des différents pays. Mais il faut être réaliste la fondation de ces nouvelles relations passera forcément par une meilleure organisation et par des projets bien ficelés. Afin d’être mieux entendus dans le monde, nos pays doivent parler d’une seule voix. Pour avoir plus de poids sur la balance de relations internationales – qui ne sont en réalité qu’un rapport de force - ils doivent regrouper toutes les forces.

Tout comme un maitre, dont l'exploitation du serviteur est vitale, ne donnera jamais à celui-ci les clés de sa libération, c’est très rare, pour ne pas inexistant, qu’un pays renonce volontairement aux avantages qu’il peut tirer d’un autre pays plus faible.  Donc, il appartient à ce dernier de se battre pour se libérer lui-même, par ses propres efforts et initiatives. C’est pourquoi l’utilité et la pertinence du prochain sommet françafricain de Montpellier entre Macron et certains intellectuels africains peuvent être remises en question. D’autant qu’il est très peu probable que quelque chose de concret concernant la mise à mort définitive de la Françafrique en ressorte. Moult promesses de rupture ont été déjà faites par plusieurs prédécesseurs de l’actuel président français. On connaît la suite. Donc cette rencontre ne sera qu’une énième ruse des dirigeants français qui, lorsqu’ils se sentent acculés dans leurs zones de confort sur le continent africain – comme c’est actuellement le cas dans certains pays -, lorsqu’ils sentent la réalité sur le terrain commence à leur échapper et leurs intérêts à être menacés, ils échafaudent toutes sortes de plans, non pour lâcher prise et reculer, mais pour y prolonger encore leur présence, et partant garder leurs avantages intacts. Cheikh Anta avait très tôt décelé la supercherie du colonisateur, qui n’est différente de celle du néocolonisateur que dans la forme mais les objectifs d’exploitation restent les mêmes : « Chaque fois que les colonialistes nous invitent à une collaboration pour un progrès commun de nos deux peuples ils ont cette arrière-pensée d'arriver, avec le temps, à nous supplanter. Voilà pourquoi, tout ce qu'ils nous offrent n'est qu'un vaste mirage qui peut égarer un peuple entier, grâce à la complicité de quelques-uns[5].» 

Comme ces indigènes qui étaient au courant du projet d’assassinat d’Oumar Faye mais avaient préféré ne rien lui dire pour qu’il se ne préparât à faire face à toutes attaques, il y aura toujours des traîtres sur le continent qui aideront certaines puissances étrangères à dominer leurs pays, comme l’avait prédit Frantz Fanon. Mais le plus important est de comprendre que la France, pour ses intérêts, n’a aucune envie que change la forme actuelle des relations de domination qu’elle entretient avec ses anciennes colonies en Afrique noire subsaharienne change. Donc, tout changement et toute initiative doivent venir des Africains eux-mêmes, non de l’Hexagone.

[1] Lettre ouverte au peuple malien, Cheick Oumar Sissoko, p.5p.6

[2] https://www.politis.fr/articles/2013/06/si-la-france-a-refuse-un-visa-a-...

[3] Ô pays, mon beau peuple, Ousmane Sembene, p.p 170-171

[4] Le pauvre christ de Bomba, Mongo Béti, p.247

[5] Nations nègres et culture, Cheikh Anta Diop. P. 18

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