GESTION D’UN DÉLUGE
A quoi bon de pomper les eaux stagnantes, de créer des canalisations en direction de la mer, alors qu’on pouvait créer des bassins de rétention pour développer notre agriculture

Après la Covid-19, les scandales fonciers, le Sénégal se voit encore frappé par une nouvelle catastrophe : les inondations. Pourtant, le phénomène n’est pas nouveau. En 2012 déjà, le gouvernement actuel promettait de mettre en place un programme de gestion définitive des inondations. Aujourd’hui, 8 ans après les images des inondations, de tout le pays littéralement sous les eaux, sont apocalyptiques. L’économie du pays déjà affaiblie par la pandémie, est en train de subir un deuxième coup fatal.
Devant le constat d’échec, les populations sinistrées se demandent : qu’est-il advenu des 750 milliards de F CFA alloués à ce programme, depuis 8 ans ?
En tout 342 mm d’eau de pluies ont suffit à créer un déluge à Dakar et dans sa banlieue, d’autres villes du pays ont aussi souffert des inondations. Pour comparaison, le Sud enregistre près de 4 fois plus de précipitations et cela ne crée pas autant de désastres que dans centre-ouest du pays.
Alors où se situe le problème ?
Faut-il pointer du doigt les changements climatiques ? Car maintenant c’est les inondations, nous ne savons pas ce que les changements climatiques nous réservent demain.
Nous aimons pourtant nous perdre en conjectures, politiques, quand l’essentiel est ailleurs. Un ailleurs qui nous est familier, régler le problème de l’assainissement et de l’environnement aurait pu assouplir le quotidien de plusieurs citoyens, mais hélas nous ne refusons pas le colmatage auquel se livrent nos gouvernants chaque année, recourant à des solutions à court terme.
Gouverner c’est prévoir, un État pompier laisse toujours de la fumée derrière lui. Si je peux me permettre de caricaturer la situation du pays, je dirais qu’on nous a jeté un gilet de sauvetage avec quelques victuailles pendant que nous dérivons au milieu de l’océan alors qu’il aurait fallu juste nous repêcher ou d’éviter le chavirement.
Le constat au Sénégal est que les scandales qui se succèdent sont finalement liés, du moins pour la plupart. Régler les problèmes du foncier et du littoral, gérer rigoureusement les constructions et l’occupation anarchique des voies publiques, dégager les voies d’eau et créer des espaces verts dans les grandes villes suffiraient à alléger beaucoup de difficultés.
Toutefois, cette eau aurait pu même être une bénédiction pour le pays, à quoi bon de pomper les eaux stagnantes, de créer des canalisations en direction de la mer, alors qu’on pouvait créer des bassins de rétention pour développer notre agriculture, et même régler le problème de l’accès à l’eau potable pour les ménages. Mais pour ça, il faut un État pragmatique et qui a de la vision.
Aujourd’hui encore plus que jamais, l’État doit prendre toutes ses responsabilités en faisant un audit effectif des programmes passés liés à l’assainissement et à la gestion des inondations et en mettant en place un programme scrupuleux, crédible et réalisable de la gestion des catastrophes naturelles.