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par Laurent Vidal, Fred Eboko et David Williamson

LE CATASTROPHISME ANNONCÉ, REFLET DE NOTRE VISION DE L'AFRIQUE

Il se joue, spécifiquement dans le cas du Covid-19, également la difficulté à penser l’Afrique comme un acteur de la marche du monde, au-delà d’un sujet d’observation et d’inquiétude pour ceux qui dictent le tempo de la mondialisation

Laurent Vidal, Fred Eboko et David Williamson  |   Publication 09/05/2020

Face au Covid-19, de bonnes et de mauvaises raisons orientent la commune déraison des projections alarmistes sur l’Afrique, que précède la « réputation » de ce continent. Il était donc attendu ou redouté que l’Afrique et ses systèmes de santé « fragiles » soient le lieu d’une gigantesque oraison funèbre. Cela relève simultanément de l’histoire des pandémies du XXe siècle et d’une curieuse absence de bon sens. Les raisons d’avoir tiré la sonnette d’alarme se heurtent à des représentations de l’Afrique, de sa place dans le monde, entre l’habitus du catastrophisme et la paresse intellectuelle qui veut voir et trouver l’Afrique à la place du mort. Comme si, dans les représentations du monde, l’Afrique était confinée dans le rôle du berceau de la mort et des maux dont on ne guérit pas sans intervention extérieure et « humanitaire ».

Les raisons de craindre le pire sont nombreuses et les faits qui y résistent s’empilent, le tout au cœur d’incertitudes qui jalonnent la marche de cette pandémie. La bien-pensance médiatique a oublié un truisme que le Covid-19 met sèchement en lumière : on ne meurt pas deux fois. Les populations africaines sont plus jeunes que celles des autres régions du monde. C’est le résultat d’une tragédie banalisée : la faiblesse de l’espérance de vie. Cet indicateur morbide devient un atout face au Covid-19, dont la létalité chez les personnes âgées est une des caractéristiques. Avantage ou conséquence d’une tragédie, la situation du Covid-19 génère des discours saturés d’a priori, y compris lorsque ces discours partent de bons sentiments ou d’inquiétudes pavloviennes. Il faut d’abord prendre acte des faits et accepter l’évidence qui n’a pas l’air d’aller de soi aux yeux du monde : les Africains sont des êtres humains ordinaires. Les anciens sont plus fragiles que les jeunes, partout.

Une maladie importée

Après bientôt quatre mois d’épidémie liée au coronavirus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle un nombre de décès incommensurablement plus faible en Afrique que dans les pays européens ou en Amérique : 1 591 morts au 30 avril (soit 1,3 mort par million d’habitants), alors qu’en Amérique on recensait 75 591 morts à la même date (soit 76 par million d’habitants) et 132 543 en Europe (soit 179 par million d’habitants). Aujourd’hui, quelques premières analyses pondèrent donc la catastrophe annoncée, avec des pistes explicatives. Sont évoqués une série de facteurs : un contact avec diverses infections qui pourrait jouer un rôle protecteur, des leçons tirées d’Ebola et du VIH, un flux de voyageurs internationaux bien moindre qu’en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, des mesures gouvernementales prises très tôt, ou encore une capacité de résilience, d’adaptation et d’inventivité forte et éprouvée, elle-même liée à une série de facteurs sociaux et environnementaux.

Pourtant, persiste dans les médias l’idée que la catastrophe (le mot est systématiquement utilisé) va arriver. A défaut de l’hécatombe attendue, la catastrophe sera nécessairement économique ou politique, ou les deux. Une attente trop forte confine à un espoir, et c’est cela qu’il faut contester.

D’un point de vue épidémiologique, les faits sont têtus : « pour une fois », l’Afrique n’est pas « accusée » d’être le foyer du virus, comme pour Ebola ou le sida. La maladie y a été importée et elle est plus brutale ailleurs que sur le continent. En effet, la propagation du Covid-19 à partir des aéroports et des grandes agglomérations telles Le Caire, Alger, Johannesburg, Lagos ou Abidjan est singulièrement lente. Si 45 pays d’Afrique sont aujourd’hui touchés par la maladie, le nombre cumulé de décès, depuis la mi-avril, augmente plus lentement que le nombre cumulé de nouveaux cas, et le nombre de nouveaux cas progresse plus lentement que le nombre de guérisons. Ces indicateurs montrent que l’épidémie stagne ou se résorbe, n’affectant qu’une minorité de la population.

La mobilisation des Etats africains à l’alerte Covid-19 lancée par la Chine et l’OMS a été anticipée dans la majorité des pays. Cette mobilisation a été générale et transversale, impliquant chaque communauté, chaque pan de la société et de l’économie. Pour la plupart des pays, les gestes barrières, la fermeture des lieux de rassemblement, la distanciation physique, l’isolement géographique des zones touchées, le couvre-feu, le port systématique du masque, ont été une réponse logique, peut-être plus ordinaire qu’ailleurs, combinée à un éventail de priorités complémentaires, telles l’assistance alimentaire.

Paresse intellectuelle

Finalement, l’Afrique illustre là un cas d’école de la prégnance des idées reçues sur les faits. Il se joue, spécifiquement dans le cas du Covid-19, également la difficulté à penser l’Afrique comme un acteur de la marche du monde, au-delà d’un sujet d’observation et d’inquiétude pour ceux qui dictent le tempo de la mondialisation. Il y a là une grande légèreté dans le raisonnement, voire une forme de tromperie intellectuelle.

Ne versons pas dans un complotisme « à l’envers » ni, et c’est peut-être plus grave, à une forme de paresse intellectuelle qui empêche d’analyser les faits car ceux-ci obligent à tordre le bras aux prénotions. Espérons que le « monde d’après » voie plus souvent le triomphe des raisonnements rigoureux et des analyses objectives.

L’Afrique nous appelle ici et maintenant à évaluer les coupes sombres des inégalités et du passé sur la vie de ses habitants et à envisager la résistance des corps amputés de la sagesse des aînés que vise la spécificité macabre du Covid-19. Cette Afrique plurielle, jeune, aux espérances incertaines, montre également une vitalité certaine dont les autres doivent prendre acte. Maintenant.

Laurent Vidal, anthropologue, Fred Eboko, politiste et sociologue, et David Williamson, spécialiste du climat, sont chercheurs à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

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