LE SUMP
La cousine de Tons venait des alentours de Louga. Par la rumeur qu’emporte le vent, elle avait ouï-dire que son cousin de Tons était plus maigre qu’un clou, que le ramadan avait un effet ravageur sur sa personne.

La cousine de Tons venait des alentours de Louga. Par la rumeur qu’emporte le vent, elle avait ouï-dire que son cousin de Tons était plus maigre qu’un clou, que le ramadan avait un effet ravageur sur sa personne. Alors, elle entreprit de voler au secours de son cher et tendre cousin dont elle avait un faible. Quant à Tata, comme on dit du côté de chez nous, elle la touchait avec un long bâton. Elle ne lui a jamais pardonné de lui avoir ravi la perle de ses yeux. Mais diplomatie familiale fait que leur relation ne dépassait guère la porte de « jam waali, mbelke e jam » (bonjour en puular)
La cousine était donc arrivée, un panier sur la tête, qu’elle posa au pied de Tons. Elle défie le nœud du tissu qui enfermait les provisions du pays. Il y avait là du sidéme, du solom, du oule, du bouille, du tool, du made, du théré tiaxar et tous les ingrédients pour la préparation du niriibuna. Tons plongea sa main dans le tissu qui emballait les délices et les saveurs du pays. La main de Tons rencontra une housse qui contenait du sump. Il s’arrêta un instant, ferma les yeux. Son visage se détendit, affichant un sourire qui en disait long. Il rouvrit les yeux, une goutte de larme se posa sur son boubou. C’est toute son enfance qui défilait devant ses yeux. Il ne restait qu’un quart d’heure avant la rupture du jeûne, Tons, les yeux rivés sur le sump, salivait. N’y tenant plus, il tourna le dos et hop ! deux sump dans la bouche. Tata surprise, hurla « Lahilah ilalah», Tons de rétorquer « sama nacc teuri na ; sump ci garabi aldiana yi la book dogul koor ; oubil teré bi »