L’ÉCOLE S’ENIVRE
L’école se soûle, se drogue. Depuis quelques années, journalistes, parents et autres acteurs ne cessent de dénoncer les pratiques malsaines qui s’introduisent pernicieusement dans les établissements scolaires

L’école se soûle, se drogue. Depuis quelques années, journalistes, parents et autres acteurs ne cessent de dénoncer les pratiques malsaines qui s’introduisent pernicieusement dans les établissements scolaires.
Après des substances alcooliques comme le « volet », le « zombie », etc., ce sont des produits émergents du tabagisme appelés « puffs » qui font leur entrée dans les écoles primaires. L’alerte a été donnée lundi 24 mars 2025 dans un groupe WhatsApp dont je fais partie. Et le cancérologue, le Dr Abdoul Aziz Kassé, d’alerter. « Tous, ces produits émergents du tabagisme encore appelés « puffs » sont entrés dans les écoles primaires. Certains peuvent contenir d’autres substances addictives (cannabinoïdes, volet, zombie). Il est temps de sonner la fin de la récréation avant que n’arrive le fentanyl (20 fois plus puissant que la morphine) », prévient-il. M. Kassé n’est pas le seul à s’inquiéter.
De nos jours, tous les parents le sont, tant nos enfants sont exposés à d’innombrables menaces aussi bien dans la rue que dans les écoles. L’école n’est en réalité que le prolongement de la société. Or, la nôtre est malade, au point que l’éducation de nos enfants devient une gageure. En effet, la circulation des produits psychotropes ne cesse de hanter. Car, de nombreuses études ont montré que la consommation de ces produits commence chez les jeunes dans les écoles. Selon l’enquête 2023 du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), au Sénégal, 40 % des 15-24 ans boivent systématiquement ou quasi-systématiquement de l’alcool lors des fêtes. La pratique se généralise jusque parmi les jeunes garçons et les jeunes filles. 21 % des garçons ont été ivres au cours du dernier mois contre 11 % des filles. Entre 1997 et 2007, près de 900 jeunes de 15 à 25 ans sont morts sur les routes, 3.300 ont été gravement blessés. (Cf. Senenews.com, mars 20123).
En 2019 déjà, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc), dans une enquête sur la consommation de drogues et la santé chez les élèves des écoles secondaires du Sénégal auprès des jeunes âgés de 15 à 16 ans, en collaboration avec les ministères de la Santé, de l’Éducation et de l’Intérieur, montre que « 15 % des élèves ont déclaré avoir fumé des cigarettes ou bu de l’alcool dans leur vie, 7,8 % ont affirmé avoir consommé un tranquillisant ou un médicament antidouleur ». Toutefois, « les usages d’autres substances sont beaucoup moins fréquents. En effet, seuls 3,5 % des jeunes scolarisés de 15 et 16 ans déclarent avoir consommé une substance psychoactive autre que les cigarettes, l’alcool ou des médicaments. L’usage au cours de la vie de cigarettes s’élève à 9 % de l’ensemble des élèves de 15 et 16 ans enquêtés ».
Qu’à cela ne tienne. Même 1 %, c’est déjà trop, car les substances psychotropes comme l’alcool, les amphétamines, l’héroïne, la cocaïne sont considérés dangereux. Or, personne ne peut affirmer avec certitude qu’en dehors de l’alcool, ces substances ne circulent pas dans nos écoles. Expliquant sur son site https://gaeconseil.fr ce qu’est un produit psychotrope, Gae Conseil écrit que tous ces produits sont « susceptibles d’engendrer une dépendance physique et/ou psychologique dont les conséquences biopsychosociales peuvent être bien plus graves et dangereuses que les effets secondaires immédiats ». En d’autres termes, elles peuvent entraîner, outre les problèmes de santé (addiction), l’échec ou l’abandon à l’école et donc compromettre l’avenir de l’enfant et détruire l’espoir placé en eux par les parents qui ont consenti d’énormes sacrifices. Il est temps que les autorités prennent à bras-le-corps cette question en instaurant des règles strictes dans les écoles et en assainissant totalement l’environnement des écoles. En effet, comment lutter contre le phénomène en laissant nos écoles totalement envahies par toutes sortes de commerces sans que l’on sache ce qui est véritablement vendu dans ces lieux ?