LES ENFANTS
Ton’s avait maille à partir avec les enfants du quartier qui lui épinglèrent au dos le sobriquet Pa 108 en référence au fameux couteau 108 Girodias en acier et à manche Stamina rouge.

Ton’s avait maille à partir avec les enfants du quartier qui lui épinglèrent au dos le sobriquet Pa 108 en référence au fameux couteau 108 Girodias en acier et à manche Stamina rouge. Ce couteau, il le portait comme talisman, mais aussi comme outil à tout faire. N’allez surtout pas imaginer qu’il s’en servait comme arme. Loin de là !
A Toumorokoto, son village natal, leur père leur avait appris l’importance d’avoir toujours à portée de main un Samar car il y a toujours quelque chose à couper ou à trancher. Depuis sa tendre enfance, Ton’s a toujours porté un couteau à la ceinture d’abord, comme jouet taillé dans le carton puis dans le bois, puis ensuite à l’école, quand, il apprit, que les hommes des cavernes fabriquaient leur propre outils avec la pierre, Ton’s se mit à chercher du silex partout. Mais dans son entourage personne n’avait jamais entendu parler de cette roche dure comme fer. Alors, il sauta les âges, et avec un pot de lait, il en fit son affaire.
Revenons au couteau de Ton’s adulte. Les enfants du quartier avaient tracé sur le mur extérieur de sa maison, la cage d’un terrain de foot et quand ils jouaient, le gardien de but se mettait devant cette cage en trompe-l’œil et il arrivait souvent au moment de tirs de penalty que le ballon enjambe le mur de la demeure de Ton’s et se retrouve dans sa cour et là Ton’s plantait son couteau dans le cuir. Au début, il pratiquait le retour à l’envoyeur. Puis, agacé, il crevait les ballons et les jetait par-dessus clôture. Les enfants ne dirent pas leurs derniers mots.
A l’aube comme dab…Ton’s, chapelet en main franchit la porte de la maison pour la mosquée, en tournant la rue, il tomba sur des fantômes et prit ses jambes au cou, laissant ses babouches derrière lui, que ramassèrent en guise de trophée les enfants déguisés en fantômes tout en chantant : « Pa 108 bekheut la Pa 108 Pa 108 beukheut là ». L’entrée de Ton’s pieds nus dans la mosquée fut fracassante.