MOUSTAPHA NIASSE, LA LOYAUTÉ EN TOUTE CIRCONSTANCE
Prenant prétexte de la décision du président Moustapha Niasse de se retirer de la tête de l’Alliance pour le Progrès (AFP), Sud Quotidien publie cet article déjà paru dans ses colonnes le 26 juillet 2017. Mais qui, 4 ans après, reste d’actualité

Prenant prétexte de la décision du président Moustapha Niasse de se retirer de la tête de l’Alliance pour le Progrès (AFP), Sud Quotidien publie cet article déjà paru dans ses colonnes le 26 juillet 2017. Mais qui, quatre ans après, reste toujours d’actualité.
L a tortuosité n’est pas une tasse de thé pour Moustapha Niasse. L’actuel président de l’Assemblée nationale est plus connu pour son franc-parler et surtout sa loyauté en toute circonstance. D’ailleurs, son parti (Alliance pour les forces du Progrès - AFP) est catalogué comme étant une «amicale», un parti d’amis et de proches. Fidèle en amitié, il a été un des rares socialistes qui est resté proche de la famille de Léopold Sédar Senghor, jusqu’à sa disparition en 2001. Moustapha Niasse, c’est aussi le tombeur d’Abdou Diouf. Contrairement au jeu de yoyo de Djibo Leyti Ka resté dans les annales politiques de notre pays, l’enfant de Keur Madiabel n’a pas attendu que le candidat de la CA 2000 vienne demander le report de ses voix pour qu’il se prononce afin de faire basculer ses très convoités 18 % dans l’escarcelle de Me Abdoulaye Wade. Sans hésiter, ce dernier fera de lui son premier, Premier ministre. Le tandem Wade-Niasse avait balayé tout sur son passage pour inscrire les belles pages de l’histoire démocratique de notre pays. Le Sénégal était alors jalousé, envié. Hélas, l’idylle entre les deux hommes fera long feu. Face aux ambitions débordantes des Libéraux qui voulaient phagocyter tous les alliés et le rêve présidentiel qui a toujours animé Moustapha Niasse, le clash devenait inéluctable. Onze mois après, la rupture sera consommée.
CHEF DE L’OPPOSITION PARLEMENTAIRE
Arrive alors les élections législatives, l’AFP surfe sur l’aura d’alors de son leader et décroche plus d’une dizaine de députés à l’Assemblée nationale. De facto, Moustapha Niasse s’imposait comme le Chef de l’Opposition. Mais, Me Wade qui n’entendait pas tailler un costume de présidentiable à son futur adversaire, refuse de lui accorder ce titre. Pis, en disciple de Machiavel, le Pape du Sopi crée une dichotomie entre Niasse et son éternel rival, Ousmane Tanor Dieng et parle de Chef de l’opposition parlementaire avec 11 députés pour Niasse et chef de l’opposition la plus représentative en termes de voix récoltées pour Tanor. Au finish, le projet va tomber à l’eau.
LA PERTE DE VITESSE
Toujours sur une pente ascendante, Moustapha Niasse va commencer la perdre la vitesse suite à sa défaite lors de l’élection Présidentielle de 2007. A la surprise générale, le «faiseur de Président», considéré même comme le 4ème Président du Sénégal en 2007, se retrouve rétrogradé à la 3ème place derrière le vainqueur dès le premier tour, Me Wade et Idrissa Seck arrivé en deuxième position. Sans toutefois, s’avouer vaincu, Niasse garde le cap et… l’espoir. Alors que le Sénégal est en passe de basculer dans l’horreur, avec le projet diabolique de dévolution monarchique de pouvoir de Me Wade, l’opposition dite «significative» déclenche les assises nationales dont il aurait été l’un des principaux bailleurs. Mais à l’heure du choix d’un seul candidat, les vieux démons entre l’AFP et le PS refont surface. Niasse part avec une partie des partis, Tanor avec l’autre. Une division qui propulse Macky Sall aux sommets. La suite est connue. Comme en 2000, Niasse fait encore preuve de loyauté au nouveau président de la République. Il conduit la liste de la nouvelle majorité à la victoire aux Législatives de juillet 2012 et hérite du Perchoir devenant ainsi, la deuxième personnalité. Il avait alors fini de griller son joker.
ET MAINTENANT ?
L’homme du 16 juin 1999 a marqué d’une empreinte indélébile la politique sénégalaise. Homme d’Etat, doublé d’un richissime homme d’affaires, Moustapha Niasse devrait désormais négocier une sortie honorable et la survie de son parti déjà en lambeaux avec le départ de El Hadji Malick Gakou.
Reparti à la conquête du Rip, parce que Mahammed Boun Abdallah Dionne est considéré comme étant le mieux en même à défendre le bilan des réalisations de Macky Sall pour remporter les législatives, le sort de Moustapha Niasse au soir du 30 juillet est sur toutes les lèvres. Conservera-t-il la Présidence de l’Assemblée nationale en cas de victoire de la coalition Benno Bokk Yaakar ou est-ce qu’il ira présider une autre institution ? Il est difficile de répondre à ces questions. Comme il sera très difficile pour Macky Sall, qui est obligé de négocier le virage à hauts risques de 2019, de trancher sur la question. D’autant plus que Niasse reste Moustapha. Ce, quelque soit son âge, sa santé ou encore son poids politique. Surtout quand le Chef des Progressiste aura relevé le défi à Nioro. Il reviendra alors dans le jeu. Mais aussi dans l’enjeu.
AT Publié le 26 juillet 2017