OSER LES CHANTIERS DE LA DISCIPLINE
Les Sénégalais sont « amoureux » de Sonko. Il doit être à la hauteur de cet élan populaire dont peu d'hommes dans l'histoire peuvent se targuer

«Tooñ ken du ko fàyoo tooñ», rappelle souvent le grand soufi Cheikh Mahi Cissé pour dire qu'on ne répare pas une injustice par une autre injustice. En effet, le Premier ministre et leader du Parti Pastef Ousmane Sonko, en voulant marquer sa désapprobation contre les attaques médiatiques sur sa vie personnelle, a laissé éclater toute sa colère contre quasiment tous les pans de la société.
Traitant dans la foulée certains acteurs de «fumiers». Une dérive verbale inacceptable pour quelqu'un qui, dans la même déclaration, se plaignait d'une vague d'insultes et d'invectives médiatiques orchestrée contre lui.
Soulignant même qu'il est un père de famille avec des épouses et des enfants. Il doit comprendre aussi que ces «fumiers» sont de valeureux pères de famille au même titre que lui. Ces personnes respectables qui dans un passé récent ont fait face avec véhémence à la dérive autoritaire de Macky Sall, alors même que le Premier ministre était en prison. Universitaires, société civile, journalistes..., ils ont tous signé des tribunes et fait des manifestations pour endiguer les velléités autocratiques d'un Président déclinant. Il faut savoir raison garder.
Dans sa croisade contre Macky Sall, le peuple sénégalais a vite tranché en sa faveur. Ousmane Sonko a eu droit à tous les honneurs dans ce pays. Les Sénégalais sont «amoureux» de cet homme. Il doit être à la hauteur de cet élan populaire dont peu d'hommes dans l'histoire peuvent se targuer. Et force est de dire aussi que ces dernières années, dans le dédale des soubresauts politiques, le Sénégal a vécu une situation exceptionnelle. L'insulte était devenue une arme révolutionnaire pour certains militants, qui à tort ou à raison pensaient qu'il fallait passer par cette étape pour vaincre le «Système».
Tout le monde en a pris pour son grade, autorités politiques comme autorités coutumières et religieuses. La vindicte populaire était une arme de destruction massive. Et l'atmosphère médiatique ambiante n'est que manifestement la survivance de cet écosystème électrique qui a prévalu depuis 2021.
Notre système de valeurs fait de discipline, de courtoisie et de respect dans nos relations humaines a été «infecté» par des dérives verbales sans précédent. Il urge maintenant de revenir à de meilleurs sentiments pour construire ce pays, la seule querelle qui vaille finalement. Chacun doit y mettre du sien, mouvance présidentielle comme opposition.
Pour arriver à servir l'intérêt général, il faut sortir de soi-même, il faut sortir de ses égoïsmes, il faut sortir de ses désirs personnels, il faut sortir de ses ambitions. Et être à la hauteur de cet intérêt-là. Le pays ne peut plus se permettre le luxe d'une crise politique. Le tandem Diomaye-Sonko doit réussir. L'opposition doit apporter sa contribution avec des critiques constructives. La presse doit jouer objectivement son rôle de contre-pouvoir. Mais surtout le Sénégal doit être au-dessus de toutes les aspirations. Le Pape François a dit que la politique est une des formes les plus élevées de la charité parce qu'elle cherche le bien commun. Revenons tous à des meilleurs sentiments pour la quête de ce «bien commun». Nous sommes plus que ces mauvaises humeurs. Ousmane Sonko est un leader attachant certes mais perfectible.