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par El hadji cheikh Diop

À PROPOS DE LA RÉPUBLIQUE, RESTONS RÉSOLUMENT PLURALISTES

Nous pouvons bien éviter les catégories dualistes d’« ennemis » et de « défenseurs » de la République, ou encore de « fondamentalisme républicain ». Cette façon de nommer les gens est une manière de clore un débat qui n’a pas commencé

El Hadji Cheikh Diop  |   Publication 06/05/2021

« L’Appel pour la République » lancé par un collectif d’auteurs sénégalais à la suite des évènements de mars 2021, a suscité une réponse critique de la part de Abdou Aziz Mbacké Majalis, réactualisant, à cette occasion, un de ses ouvrages traitant des relations entre la confrérie mouride et le pouvoir politique au Sénégal. Sous la plume de Hamidou Anne, la réponse de A. Aziz Mbacké a toutefois été vue comme relevant d’une attitude classique du « conservatisme islamique sénégalais ». Sans prétendre trancher le débat, nous proposons ici de déplacer son socle conceptuel, afin de le doter d’un cadre plus pluraliste et, in fine, plus fructueux.

Hamidou Anne fait une remarque qui, somme toute, est assez banale mais décidément cruciale pour une discussion pareille : les « chefs religieux » au Sénégal acceptent généralement de se soumettre à l’autorité de l’Etat, quelles que soient leurs orientations particulières. Cet élément factuel, à côté duquel serait passé A. Aziz Mbacké Majalis, renvoie pourtant bien à la structure de son raisonnement, puisqu’il adopte un point de vue étatiste généralement partagé par les religions officielles au Sénégal : le religieux est discursivement articulé autour de l’Etat et, par ce fait, légitime les prétentions totales et totalisantes de celui-ci. Cette dogmatique consensuelle autour de l’Etat est un noyau de stabilité politique qu’aucune des deux perspectives ne devrait perdre de vue.

Cette remarque positive nous amène à une autre qui l’est moins : en discutant des rapports entre acteurs religieux et politiques, nous ne prêtons pas souvent attention au caractère réversible de la hiérarchie. L’autorité dite religieuse comme celle civile sont souvent considérées de façon statique. Or, les évènements qui rythment la vie de la plupart de nos concitoyens offrent maints témoignages de situations où l’acceptation de l’autorité politique par les religieux n’exclut pas, de la part des politiques, leur soumission rituelle lors d’occasions commémoratives précises. La motivation des uns et des autres importe peu ici ; les analystes plus courageux pourront épiloguer indéfiniment là-dessus. Le point essentiel est ce caractère réversible de la hiérarchie en fonction des cadres socio-cosmologiques ou politiques. Peut-être conviendrait-il simplement d’arrêter d’aborder l’autorité (politique ou religieuse) comme une faculté statique de son titulaire.

Un fait historique intéressant est que dans les sociétés lignagères d’Afrique de l’Ouest, la domination politique ou la suprématie économique pouvait bien s’accompagner d’une subordination religieuse, notamment lors des rites commémoratifs de fondation [[i]]. Cette configuration structurale de la « communauté » aurait-elle été incorporée dans nos « habitus » pour que, malgré (et durant) la parenthèse coloniale, elle soit reproduite autrement dans ce qui caractérise actuellement l’ordre « politico-religieux » au Sénégal ? Nous n’avons pas de réponse définitive, mais une telle piste de réflexion nous semble fertile.

Une démarche purement historiciste ne serait pas en mesure de nous aider à comprendre le présent. Une œuvre de clarté ne peut toutefois faire l’impasse sur la contingence historique (voire culturelle) de certaines notions. Inévitablement, une petite digression sur la sécularisation en Europe est utile avant de pouvoir en venir au cadre conceptuel de notre débat national. Une distinction est importante à faire entre le sécularisme comme doctrine et la sécularisation comme processus historique de séparation de l’Etat et du religieux. Le présent propos porte seulement sur la seconde. A ce propos, il faut juste rappeler que les moments décisifs de la séparation de l’Eglise et de l’Etat semblent avoir été plus religieux que séculiers, avec le Tractarianisme (mouvement d’Oxford) en Angleterre et l’Ultramontanisme en France et dans les pays européens, déployant à chaque fois des arguments théologiques pour libérer l’Eglise des contraintes d’un « pouvoir mondain ». L’une des conséquences de cette poussée de séparation est l’émergence du thème des « droits des minorités » qui, depuis lors, est devenu central aux débats nationaux européens. [[ii]]

Ce serait donc anachronique de considérer la sécularisation comme initialement motivée par un souci de protection des minorités. Ce souci est plutôt une sorte de réquisit archéologique, pour parler comme Foucault, que rend possible et nécessaire l’idée d’une séparation totale de l’Eglise et de l’Etat. Il n’est pas utile ici de faire un recensement des évènements jusqu’à l’adoption de la loi de 1905 (qui ne concerne que la France de toute façon). Le point important à retenir est que le pluralisme qu’ouvre le processus de sécularisation est bien socialement contingent et orienté : il tourne autour de notions comme les « minorités » et la « religion » qui acquièrent ainsi une saillance sans précédent.

Il est évident que ces notions serviraient difficilement de cadre à notre débat sur la séparation de l’Etat et du « religieux ». Ce n’est donc pas illégitime de s’interroger sur nos façons d’appréhender la laïcité ou le sécularisme au Sénégal, car il y a un risque réel de rabattre conceptuellement notre débat (s’il en vaut la peine bien sûr !) sur les termes d’une autre discussion nationale. Aux uns de comprendre ainsi qu’on peut bien dire « laïcité » ou « sécularisme » sans singer la substance qui leur est attribuée ailleurs. Aux autres de comprendre également qu’on n’a pas besoin de couche artificieuse sur des principes républicains bien stabilisés : qu’était-il arrivé de si fâcheux à la laïcité sénégalaise pour qu’on ait eu besoin d’en consacrer textuellement l’intangibilité ? Etait-elle si fragile que cela ou les « progressistes » avaient-ils besoin de marquer une victoire sur un « ennemi virtuel » qu’ils seraient les seuls à connaître ?

L’avertissement que l’ancien directeur du Monde Diplomatique, Ignacio Ramonet, offrait aux Européens dans le contexte de l’« hégémonie » américaine (qui, selon lui, était d’abord conceptuelle avant d’être militaire ou économique) semble pertinente dans notre cas : « Elle [l’Amérique] oblige à dire les problèmes qu’elle crée avec les mots qu’elle-même propose. Elle fournit les codes permettant de déchiffrer les énigmes qu’elle-même impose. » [[iii]] Les termes dans lesquels nous posons nos débats sont donc importants à filtrer et cette attitude critique ne diminue en rien la valeur intrinsèque qui réside dans le fait de s’ouvrir à des perspectives intellectuelles d’ailleurs. La réflexion d’un Felwine Sarr dans Afrotopia s’inscrit dans ce cadre et on ne lui imputerait pas si facilement un dessein conservateur. Comme dirait Latour, ne creusons pas davantage l’ère du soupçon !

C’est pourquoi il nous faut résolument rester pluralistes à propos de la République : nous pouvons bien éviter les catégories dualistes d’« ennemis » et de « défenseurs » de la République, ou encore de « fondamentalisme républicain » et autres. Non pas parce que tout dualisme serait mauvais en soi, mais parce cette façon de nommer les gens est une manière de clore un débat qui n’a pas commencé. S’il y a des choses à nommer, ce sont plutôt les innovations politiques concrètes dont font montre acteurs religieux et politiques, notamment avec la réversibilité de la hiérarchie qui, loin d’être une irrégularité historique, défie quotidiennement nos conceptions statiques de l’autorité, politique comme religieuse. Cette piste est probablement plus féconde que l’opposition sans valeur pratique des « conservateurs » et des « progressistes », opposition qui nous dénie inconsciemment le droit d’appartenir sans conflit à des temporalités multiples. Posons d’abord le débat dans nos termes, c’est-à-dire dans des termes qui permettent le pluralisme. Par ce concept, il ne faut non pas entendre un espace public sans contradictions, mais plutôt un cadre dialogique qui autorise les divergences et rend possible la fraternité de leurs auteurs. 

[i] Voir Descola, P. (2005). « L’institution des collectifs ». In : Par-delà nature et culture. Paris: Gallimard.

[ii] Voir Asad, T. (2003). Formations of The Secular. Christianity, Islam, Modernity. California: Stanford University Press.

[iii] Ramonet, I. (2000). « Contrôler les esprits ». Le Monde Diplomatique.

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