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Par Fatou Warkha SAMBE

L’ILLUSION D’UN PRIVILÈGE

Ces aménagements d’horaires ne sont pas des faveurs, mais des confirmations institutionnalisées du rôle que la société assigne aux femmes. Elles rappellent que peu importe leur fonction ou leurs ambitions, le foyer doit toujours primer sur leur travail

Fatou Warkha Sambe  |   Publication 10/03/2025

Au début de chaque Ramadan, nos pratiques basées sur nos réalités socioculturelles mettent en lumière les dynamiques de genre profondément ancrées dans notre société. Si cette période est un moment de recueillement, de partage et de solidarité, elle révèle aussi une répartition inégale des responsabilités domestiques, qui ne cesse d’être renforcée par des décisions institutionnelles. Derrière les discours de bienveillance qui justifient certaines mesures, la réalité est bien plus pernicieuse : ces aménagements d’horaires ne sont pas des faveurs, mais des confirmations institutionnalisées du rôle que la société assigne aux femmes. Elles rappellent, avec insistance, que peu importe leur fonction, leur statut ou leurs ambitions, le foyer doit toujours primer sur leur travail.

Le choix de réorganiser les horaires de travail dans certaines entreprises, publiques comme privées, telles que le Port autonome de Dakar et La Poste, pour ne citer que ceux-là, autorisant les femmes à quitter le travail plus tôt que les hommes pour préparer le «ndogou», illustrent à quel point ces inégalités sont institutionnalisées.

Peu importe depuis quand ces mesures sont reconduites ou si elles ont été formulées à la demande des femmes, elles ne font que réaffirmer une perception genrée du rôle des femmes dans la société : celle du foyer, de la cuisine et du travail invisible.

Ces mesures posent problème car elles supposent que la charge domestique revient naturellement aux femmes, comme si leur travail professionnel devait toujours s’adapter à cette responsabilité. En libérant uniquement les femmes, ces institutions valident une répartition inégale des tâches et renforcent l’idée que leur rôle premier est de nourrir et de servir. Peu importe leur grade ou leurs responsabilités : aux yeux de ces décisions, préparer le «ndogou» est plus essentiel que tout autre travail.

Certaines personnes disent que ces décisions ne sont que la réponse à une demande des femmes elles-mêmes. Mais cette demande n’est elle pas le reflet d’un problème plus profond ? Si les femmes demandent à partir plus tôt, c’est parce qu’elles sont enfermées dans un schéma où la gestion du foyer repose exclusivement sur elles. Ce n’est pas un choix, mais une contrainte sociale normalisée. Elles savent que si elles ne préparent pas le «ndogou», personne d’autre ne le fera à leur place. Cette demande ne témoigne donc pas d’un besoin d’aménagement, mais d’une répartition inégalitaire du travail domestique qui reste un fardeau invisible.

Celles qui rient aujourd’hui, pensant profiter d’un «privilège», oublient que chaque concession faite au nom du «rôle naturel de la femme» renforce une assignation à des tâches qu’elles n’ont jamais choisies. Elles confondent soumission et confort, acceptant que leur disponibilité pour le foyer soit un critère de respectabilité sociale. Ce sont ces mêmes normes qui, demain, leur reprocheront d’avoir sacrifié leur carrière, qui les rendront coupables de ne pas «assez» se consacrer à leur famille, ou qui feront d’elles des employées moins considérées parce qu’on leur suppose des «obligations domestiques prioritaires».

Le problème n’est pas de descendre plus tôt, mais ce que cela signifie : un système qui ne laisse pas d’autres choix aux femmes que d’endosser des responsabilités que les hommes, eux, peuvent se permettre d’ignorer. Ces mesures contribuent à renforcer une inégalité professionnelle structurelle. A long terme, elles alimentent la perception selon laquelle les femmes sont moins disponibles pour des postes à responsabilités, ce qui justifie leur exclusion progressive des espaces de décision. Cette discrimination indirecte s’ajoute aux nombreux obstacles qui freinent déjà leur progression dans le monde du travail, notamment les écarts salariaux, les préjugés sur leur capacité à gérer des charges élevées et la surcharge des tâches domestiques.

Plutôt que d’interroger les déséquilibres dans la gestion des tâches au sein des foyers, ces institutions préfèrent renforcer la norme patriarcale selon laquelle les femmes doivent jongler entre emploi et responsabilités domestiques, pendant que les hommes restent entièrement déchargés de ces obligations.

Cette normalisation ne remet jamais en question l’absence des hommes dans ces responsabilités. Pourquoi ces mesures ne concernentelles pas aussi les hommes ? Pourquoi ne pas envisager une flexibilité qui permette à tous les travailleurs, sans distinction de sexe, de s’organiser en fonction de leurs responsabilités familiales ? En limitant cette mesure aux femmes, ces institutions entérinent l’idée que les hommes ne sont pas concernés par le travail domestique et que le seul rôle des femmes, audelà de leur fonction professionnelle, est d’assurer le bien-être du foyer. Pire encore, en institutionnalisant cette norme sexiste, elles rendent toute remise en question de la répartition des tâches encore plus difficile.

Comparer cette mesure au congé de maternité est une tentative absurde de détourner le débat. Le congé de maternité est une mesure de protection médicale et physiologique nécessaire après un accouchement, qui vise à assurer la santé de la mère et du nouveau-né. Il ne repose pas sur un rôle socialement imposé, mais sur un besoin biologique indiscutable. A l’inverse, descendre plus tôt pour cuisiner ne répond à aucun impératif biologique, mais découle d’une norme sociale imposée par le patriarcat, qui assigne les femmes au travail domestique et au soin des autres.

Assimiler ces deux réalités revient à confondre une nécessité médicale avec une injonction sexiste. Le congé de maternité n’est pas un privilège, mais une protection. En revanche, libérer les femmes plus tôt pour préparer le «ndogou» revient à officialiser leur rôle de cheffes de la cuisine, perpétuant ainsi une inégalité structurelle. De plus, cette comparaison masque un problème fondamental : si le congé de maternité existe pour protéger les femmes, où sont les mesures équivalentes pour alléger la charge domestique qu’elles portent en permanence, y compris au travail ?

Dans un pays où l’égalité des sexes est un principe constitutionnel, ces mesures sont une contradiction flagrante. L’article 1er de la Constitution sénégalaise affirme que «la République du Sénégal garantit l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de religion». De plus, l’article 25-1 précisait que «les hommes et les femmes ont les mêmes droits en matière d’emploi et de travail». Dès lors, toute mesure qui assigne un rôle spécifique aux femmes dans la sphère domestique, en les différenciant des hommes dans l’organisation du travail, constitue une violation directe de ces principes fondamentaux. Le milieu du travail doit être neutre, équitable et inclusif, et non renforcer les stéréotypes en dictant des pratiques basées sur des rôles genrés archaïques. En instaurant des horaires de travail différenciés selon le sexe, ces décisions institutionnalisaient une inégalité structurelle qui allait à l’encontre des engagements du Sénégal en matière de droits humains et d’égalité des sexes.

Ces décisions ne passaient pas seulement inaperçues aux yeux de certains, elles étaient même défendues par ceux et celles qui voyaient dans ces mesures une faveur à apprécier plutôt qu’une inégalité à dénoncer. Pourtant, revendiquer une égalité réelle ne signifie pas vouloir effacer les spécificités individuelles ou les besoins réels des travailleurs et travailleuses, mais bien remettre en question les injustices systémiques qui perpétuent l’oppression des femmes. Les féministes ne demandaient pas que le Ramadan soit plus difficile pour elles, mais que les responsabilités du foyer soient équitablement partagées.

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