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Par Choguel Kokalla Maïga

RETABLIR LES FAITS, SALUER LA COOPERATION ENTRE L'AES ET LA CEDEAO

Dans les débats, la passion domine beaucoup auprès des opinions publiques malienne et africaine sur la question relative à la coexistence entre la CEDEAO et l'AES.

Choguel Kokalla Maïga  |   Publication 21/06/2025

Le 28 mai 2025, la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) a célébré son cinquantenaire. En effet c'était le 28 mai 1975 que la CEDEAO a été mise sur les fonts baptismaux. C i n - quante ans après la fondation de cette Organisation sous-régionale, dont le Mali a compté parmi les initiateurs et les fondateur s, en même temps que nous souhaitons bon et heureux anniversaire à cet ensemble sous-régional en Af rique, il me paraÎt nécessaire de jeter un regard rétrospectif critique sur son parcours. En particulier, il y a présentement, un riche débat sur les raisons du départ des pays de l'AES ( Mali, Burkina Faso et République du Niger) de la CEDEAO, et ses éventuelles conséquences

Dans les débats, la passion domine beaucoup auprès des opinions publiques malienne et africaine sur la question relative à la coexistence entre la CEDEAO et l'AES. Face à cette situation, il me paraÎt nécessaire, voire indispensable et utile d'apporter ma modeste contribution au débat, en ma qualité d'acteur impliqué en son temps, aux fins d'une appréciation plus réaliste et équilibrée, pour édif ier les populations de notre sous-région ouest-africaine et au-delà. Elle aidera, je l'espère vivement, nos frères de la CEDEAO et les autres Af ricains, à mieux appréhender les vraies raisons d'une telle séparation qui, à mon avis, n'est ni un divorce ni une rupture, mais procède d'une divergence de vision. Soyons réalistes : nul n'a le pouvoir de déplacer un des pays de la sous région; nous sommes donc condamnés à vivre les uns à côté des autres.

1- La CEDEAO est aujourd'hui incontestablement la meilleure parmi les Organisations sousrégionales africaines, du point de vue de son organisation interne et de son fonctionnement , par rapport aux intérêts des populations qui partagent le même espace de vie. Alors, plusieurs citoyens se posent, souvent de bonne foi, la question : pourquoi donc cette séparation ? Pour une meilleure compréhension des contours de la question, certains rappels me paraissent nécessaires. Les faits et actes posés par les Chefs d'État de cette Organisation, analysés, permettent à chacun de mieux appréhender ce qui s'est réellement passé et qui a motivé la décision des pays de l'AES.

2- Plusieurs citoyens, aussi bien de la CEDEAO que de l'AES, s'interrogent ou expriment carrément leur désaccord avec les Autorités de notre espace confédéral, quant à la situation actuelle. Des Maliens, des Af ricains et plusieurs panafricanistes, condamnent ou soutiennent, parfois avec véhémence, engagement, détermination et souci, la sortie du Mali de la CEDEAO, sans se poser les questions sur les raisons réelles de cette séparation. Il est donc impératif pour moi de rétablir certains faits, pour la juste compréhension de tout un chacun.

3- Pour rafraÎchir la mémoire des uns et des autres (nous savons qu'en Afrique, la mémoire et l'historique des événements sont les choses les moins partagées dans la sphère politique !), afin de mieux comprendre la démarche et la position de notre pays, le Mali, et celles des deux autres État-membres de l'AES ( le Burkina Faso et le Niger), il est important de rappeler, de façon non exhaustive, certains actes posés par la CEDEAO, et souligner d'autres qu'elle a "omis" de condamner ou sanctionner.

4- Dans plusieurs pays de la CEDEAO, les dirigeants et Chefs d'Etat tripatouillent les Constitutions, les lois et règlements, juste pour tout contrôler et se maintenir au pouvoir, avec, ine fine, des manifestations publiques et plusieurs morts, des blessés (souvent à vie), des emprisonnements massifs, certains acteurs sont réduits à une vie en exil forcé ou à la clandestinité. Face à de telles dérives, assimilables à de véritables "coups d’État constitutionnels", la CEDEAO ne dit presque jamais rien, à part quelques communiqués, complaisants et diplomatiques de connivence, pour ne pas heurter les tenants du pouvoir. Pas de condamnations ! Seulement en Afrique de l'Ouest, l'on peut citer au moins cinq pays francophones dans ce cas.

5 - Même quand la CEDEAO décide par exemple d'envisager la possibilité d'une intervention militaire pour sauver un État-membre , comme c'était le cas du Mali en 2012, lorsque la Conférence des Chefs d'État de l'Organisation avait décidé de créer la Force d'attente d'environ 3000 hommes sous Commandement africain ( Force qui attend jusqu'à présent ! ), à Dakar, lors de l'investiture du nouveau Président de République du Sénégal Macky Sall, le 2 avril 2012, c'était le Ministre des Affaires Étrangères de la France (sous Nicolas Sarkozy), Alain Jupé, qui s'est trouvé sur les lieux par on ne sait quelle magie et à quel titre, et qui s'y était opposé en prétextant que << 3000 militaires c'est trop par rapport à seulement 500 combattants du MNLA ( Mouvement national de libération de l'Azawad ) », alors que quelques jour s plus tôt le même MNLA, en collusion avec les terroristes de AQM 1 (Al Quaïda au Maghreb Islamique),venait d'assassiner atrocement plus d'une centaine de militaires maliens désarmés à Aguelhok.

Faut-il rappeler à ceux qui ne le savent pas, et à ceux qui tentent de le faire oublier, qu'à cette occasion, quelques semaines auparavant, le même Alain Jupé, déclarait sur un ton de satisfaction et triomphe <<Le MNLA est en train de remporter d'incontestables succès dont il faudra tenir compte >>.

Effectivement, à la suite de l'intervention de Alain Jupé, l'actionde ladite Force en attente, n'a plus jamais eu lieu.

Après plusieurs péripéties, le Conseil de Sécurité de l'ONU autorise, par sa Résolution 2085 du 20 décembre 2012, la CEDEAO à créer la MISMA ( Mission Internationale de Soutien au Mali) à deux conditions : la présentation d'un plan fiable d'intervention et une demande formulée par le Mali. L'espoir suscité par la création de la MISMA ne sera pas suivi de l'effet escompté par les Maliens et leurs frères Africains. De nouveau, cette initiative a été sabotée et torpillée par certaines puissances étrangères, avec la complicité active de plusieurs Chefs d’État de pays membres de la CEDEAO. Dans l'intérêt de qui ? En tout cas, pas du Mali ni de l'Afrique. Cependant, la CEDEAO a passé plusieurs mois à faire des rencontres de Chefs d'états-majors, de Commissaires, de Chefs d'État, sans jamais pouvoir déployer un seul militaire.

C'est alors que les Autorités françaises profitent de leur position de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, toujours avec la complicité de plusieurs Chefs d'État de la CEDEAO, torpillent toutes les initiatives de l'Organisation sous régionale, af in de pérenniser la mainmise des rebelles séparatistes sur le Nord du Mali et figer notre Patrie dans la situation d'un pays éclaté en deux (comme en République de Côte d'Ivoire en 2002-2010 !

A partir de cet instant, de nouvelles initiatives sont prises avec une prééminence de la France et de la Communauté Internationale. La France en profite pour développer sa propre stratégie en trois volets : militaire, politique et diplomatique. La suite est connue par tous les  observateurs attentifs au Mali. Elle agit au Conseil de Sécurité de l'ONU, avec des complicités avérées et connues par tous les Maliens avisés, pour créer la MINUSMA ( Mission Internationale des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali ) avec la Résolution 21OO du 23 avril 2013. Au même moment, les principaux acteurs politiques en France, de Droite comme de Gauche, déclaraient avec diverses expressions et formulations, dans les enceintes de l'Assemblée Nationale et du Sénat, au sein du Gouvernement et au cours de plusieurs débats dans les Commissions parlementaires : << Il faut qu'un plan d'autonomie du Nord du Mali soit mis en place >>.

Les Chefs séparatistes, Bilal Ag Achérif, Mohamed Ag Najim et Mohamed Djéri Maïga, chefs

politiques et militaires du MNLA, les chefs des Mouvements Islamiques et les terroristes comme lyad Ag Ghaly et Algabas Ag lntallah, dirigeants de Ançar Edine, étaient accueillis et hébergés à grands frais dans certaines capitales de pays de la CEDEAO, bien connues des Maliens. En ce moment, le Mali était dirigé par des hauts responsables <<démocratiquement élus >>, soutenus et adoubés par la France et les Chefs d'État de certains pays de la CEDEAO que nous connaissons.

6 - Pendant que les Camps militaires maliens tombaient sous les coups des Mouvements terroristes, pendant que les populations de villages entiers du Mali étaient massacrées et brulées par centaines, les missions de la CEDEAO et de l'ONU se succédaient à Bamako pour vanter la démocratie malienne et tenter de sauver le pouvoir "démocratiquement élu" du Président Ibrahim Boubacar Keita alias IBK. A la même période, en 2018-2019, de fortes délégations, parmi lesquelles une délégation de la CEDEAO, conduite par le Ministre des Affaires Étrangères du Nigéria qui assurait alors la présidence en exercice de l'Organisation, après avoir eu des séances de travail approfondies avec toutes les forces vives du Mali, avait recommandé clairement et impérativement que les Autorités maliennes n'organisent plus d'élections avant de procéder à des réformes politiques et institutionnelles indispensables pour améliorer et sauver la démocratie.

En dépit de cette forte recommandation, les pouvoirs publics maliens n'ont donné aucune suite, mieux, elles ont organisé (sans faire les réformes nécessaires) des élections législatives, à l'issue desquelles des candidats et soutiens notoires des séparatistes, des terroristes et des narcotrafiquants connus, furent élus députés à l'Assemblée nationale du Mali, sur les listes du Parti au pouvoir. L'objectif final était d'obtenir une majorité de députés pour modifier la Constitution, af in d'implémenter les réformes exigées par la Communauté internationale, et créer ainsi les conditions d'une partition programmée du Mali à moyen et long termes.

Face à cette situation la CEDEAO est restée silencieuse. Pendant ce temps, le Mali était en voie de disparition en tant qu'État indépendant, souverain, république laïque et unie. Face à cet imminent danger qui met en cause l'existence même de Mali en tant qu'État unitaire et Nation, les différentes composantes de la société malienne ( Organisations et personnalités politiques, syndicats , religieux, acteurs de la Société civile, et intellectuels ) sous la conduite du MS-RFP, ont enclenché un vaste mouvement de contestation et de révolte, ayant conduit au changement de pouvoir au Mali, au coup d'État du 18 août 2020 et à la chute de Ibrahim Boubacar Keita et de toutes les composantes de son pouvoir.

7- Dès l'annonce du coup d'État au Mali , le 18 août 2020, le Président de la Commission de la CEDEAO, un ivoirien, qui sera ultérieurement nommé Gouverneur de la BCEAO, a immédiatement suspendu le Mali. Il agissait ainsi car, il était visiblement assuré de son impunité, en violation flagrante des textes et règles de la CEDEAO qui confèrent cette prérogative exclusivement à la Conférence des Chefs d'État, et pas à un fonctionnaire. La Conférence des Chefs d'État se tiendra quelques jour s plus tard pour entériner cette décision et prendre d'autres sanctions et mesures punitives plus sévères contre le Mali.

8- Parmi les sanctions contre la Mali, prises par les Chefs d'État des pays membres de la CEDEAO, plusieurs le sont en méconnaissance voire en violation totale des Conventions et Règlements internationaux en vigueur. Il en a ainsi été de la Convention des Nations Unies sur les pays sans littoral, qui interdit formellement de prendre un embargo contre un pays enclavé comme le Mali. Cette Convention de l'ONU a été ratifiée par le Mali en1987, avec des réserves expresses. Malgré tout, la CEDEAO l'a appliqué contre le Mali, et sans états d'âme, en violation de ses propres engagements.

9- Dans le but d'asphyxier le Mali, les Chefs d'État des pays membres de la CEDEAO s'adonnent à des combines et tiennent en même temps ses Sommets avec ceux des États membres de l'UEMOA. Pour créer des problèmes financiers au Mali, les Chefs d'État de la CEDEAO qui sont en même temps membres de l'UEMOA, décident de piétiner les règles de gestion de la BCEAO (Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest ) et mettre le Mali sous embargo financier total. Par la suite, le Mali avait attaqué cette décision devant la Cour de justice de l'UEMOA, compétente en la matière. Mais malgré le fait que la Mali a gagné le procès, les Chefs d'État de la CEDEAO ont maintenu leurs sanctions et ont refusé de les lever. Donc les Chefs d'États membres de la CEDEAO , ne respectent même pas les textes et règlements de l'Organisation, ils les violent constamment.

10- Contrairement aux propres règles de l'Organisation, la CEDEAO a tenu certaines de ses réunions en dehors des lieux officiellement et légalement indiqués ; par exemple elle a même déporté ( illégalement) une rencontre de plusieurs Chefs d'État au siège de l'ONU à New-York, avec l'espoir de renforcer sa campagne d'intimidation, de diabolisation et de pressions diplomatiques extrêmes contre le Mali, avec l'appui d'une puissance étrangère non africaine que tout le monde connaÎt pour son acharnement contre notre pays.

11- La CEDEAO s'est rendue complice des Services spéciaux de pays extra africains notoirement hostiles au Mali, pour déstabiliser notre pays. Citons entre autres, juste deux exemples emblématiques qui ont marqué l'esprit des Maliens, c'était en 2022. Premièrement, en pleine crise diplomatique et militaire avec un pays à l'esprit paternaliste et néocolonialiste, la France pour ne pas la nommer, des avions militaires étrangers survolent clandestinement notre territoire en provenance de certains pays de la CEDEAO, pour déposer des colis suspects et rebrousser chemin, radios et transpondeur s éteints, croyant ainsi échapper à la surveillance de l'Armée malienne et de nos Services spécialisés. Deuxièmement, le jour-même de la célébration de la fête de la Tabaski en 2022, aux heures de pointe pour les prières des croyants et les célébrations, deux avions militaires suspects atterrissent presque simultanément à l'aéroport à Bamako, en provenance d'un pays de la CEDEAO ; l'un des avions était bourré d'armes de tous genres et calibres; l'autre transport ait des officiers soit disant de la MINUSMA mais qui, à la suite d'une vérification approfondie de leurs documents de voyage, se sont trouvés être de professions diverses : cuisiniers, étudiants, femmes de ménage, gardiens de maison, etc. La suite de cette rocambolesque affaire est à présent connue ! Heureusement que les Autorités de la Transition malienne avaient géré cette affaire avec beaucoup de détermination, de tact, tout de suite et de sang-f roid, pour aboutir au dénouement q u e l'on sait.

12- Dans la même veine, les Autorités maliennes avaient découvert avec stupéfaction, sur notre territoire, à notre insu et sous le couvert de la Communauté Internationale et de la MINUSMA, des hôtels et appartements de luxe, avec piscines, dans lesquels étaient hébergés des.... NB- C'est le lieu pour moi de rappeler, avec insistance, un fait. Le Président français Emmanuel Macron tient très souvent, à tort et à travers, à toutes les occasions, le discours moralisateur suivant, dans le but ultime et exclusif de nous intimider : << Sans l'intervention de la France et sans le sacrifice des cinquante-huit ( 58 ) soldats français morts au Sahel, certains États africains auraient disparu ou auraient cessé d'exister >> Ici, je voudrais rappeler modestement et avec tout le respect dû aux morts, que parmi les soldats dont ils parlent si indécemment, seul un (1), du nom de Damien Boiteux, est mort immédiatement à la suite de l'intervention française au Mali le 11 janvi er 2013. Aucun des cinquante sept autres, n'est mort au combat. Ils l'ont tous été par maladie, accident, collusion entre des deux hélicoptères français, par EEI ( Engin Explosif Improvisé) etc. Cependant, les soldats citoyens des pays du Sahel, morts au combat, l'ont été par dizaine de milliers ! Non plus, Emmanuel Macron ne se rappelle bien sûr jamai s les milliers de soldats noirs issus des colonies, morts, eux, au front au combat pour libérer la France occupée par les nazis allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

13- Les coups d'État étaient survenus dans plusieurs pays Africains, mais les sanctions prises par la CEDEAO, s'appliquent suivant un double standard. La CEDEAO applique ses sanctions en fonction de calculs politiques et des intérêts de certaines puissances extra-africaines, suivant le principe de deux poids deux mesures.

14- Initialement créée en 1975 pour faire face aux problèmes de développement économique, la CEDEAO, après avoir adopté, en 1979 à Dakar, son Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens, à partir de 1993, et surtout en 2001, s'est focalisée et concentrée sur les questions politiques, de gouvernance, de démocratie et de sécurité. Sous le couvert de l'ancrage et du renforcement de la démocratie, la CEDEAO était devenue, de fait, une Institution manipulable à volonté par des puissances extra-africaines, avec à la tête de plusieurs États des Présidents <>, qui cherchent leur légitimité d'abord auprès des dirigeants étranger s, avant leurs propres populations, la légalité étant d'avance assurée par des Organes et Institutions totalement corrompus et inféodés. Par exemple, à l'issue de l'élection présidentielle contestée au Mali en 2018, c'est d'abord le Président de la République française Emmanuel Macron, qui félicite Ibrahim Boubacar Keita pour "sa brillante élection" avant même la proclamation des résultats définitifs du vote par la Cour Constitutionnelle du Mali, et pour cause. Ensuite, fraÎchement "élu", Ibrahim Boubacar Keita, se précipite immédiatement en avion pour << aller remercier son ami et frère >> Mohamed Abdel Aziz, Président de la Mauritanie, notoirement connu et reconnu au Mali pour son soutien actif et engagé aux rebelles séparatistes et aux terroristes qui sévissent dans notre pays. Quelles ne furent la honte et l'humiliation pour les Maliens, de se voir imposer de l'extérieur, un Président de la République, mais la CEDEAO n'en a cure ( ni Emmanuel Macron ni Mohamed Abdel Aziz ne sont des Présidents de pays de la CEDEAO) !

15- Sous le couvert de la défense des <>, la CEDEAO fait adopter, à Bamako en 2001, le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ce document politique servira, dans les faits, de base juridique pour faire des interventions militaires, souvent très meurtrières, pour s'ingérer dans les affaires politiques intérieures des États faibles. Le tout, sous la supervision et l'influence paternaliste et néocolonialiste plus ou moins perceptible de puissances extra-africaines.

16- Les réunions de la CEDEAO enregistrent toujours, on ne sait pour quoi, la présence notoire et obligatoire de Représentants officiels de plusieurs puissances extra-af ricaines : Représentants de l'UE, des USA, de l'OIF etc. Une partie des cotisations et autres contributions au sein de la CEDEAO sont payées par des puissances extra-africaines, qui y nomment aussi des Attachés militaires, Off iciers supérieurs de liaison, en fait des agents de renseignements, qui travaillent pour le compte et les intérêts de puissances étrangères.

17- Les résolutions des Sommets des Chefs d'État de la CEDEAO, sont connues d'avance ou suggérées par certains dirigeants étranger s, dont les desiderata sont pris en compte, au point que parfois ils s'en vantent sans aucune gêne ni scrupules, sans précautions ni convenances diplomatiques, ne serait-ce que par respect pour les Africains. Quel Africain ne s'était-il pas senti offusqué et humilié en écoutant par exemple les propos de ce Chef d'État extra-africain, qui annonce, en répondant à un journaliste par rapport à l'expulsion de RFI du Mali, qu'il << va demander tout de suite après la Conférence à Nana Akiufo Ado, Président en exercice de la CEDEAO, de prendre les mesures nécessaires et je vais appuyer auprès de l'UE ? >> En fait, il instruit, au Président en exercice de la CEDEAO, l'application de mesures précises contre le Mali.

18- Durant toute la crise sécuritaire au Mali, crise qui n'a que trop duré, nos Forces armées ne pouvaient même pas se procurer de simples lunettes à vision nocturnes, à fortiori des vecteur s aériens et autres équipements modernes de combat, sans l'autorisation expresse de la France. Les corps des soldats tués au combat sur le front militaire, sont enterrés dans des fausses communes, faute de moyens de transport pour récupérer les corps des morts pour leur offrir des sépultures dignes. Au même moment les Forces françaises stationnées au Mali, mais aussi la MINUSMA, refusent de prêter main forte aux FAMa à travers leurs vecteurs aériens pourtant disponibles. L'Armée malienne ne pouvait même pas effectuer de simples vols de reconnaissance, à fortiori autres choses, d'un point à l'autre du territoire national, sans l'accord de la France.

A la création du GS-Sahel, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les États du Sahel et de la CEDEAO avaient établi un budget de 400 millions de dollars US , pour équiper les Forces armées dédiées. Les fonds ont fait défaut, et ce jusqu'àla dissolution, en 2022, de cette Organisation sous-régionale, crée sous l'égide de la France. Et voilà qu'avec le changement du pouvoir, intervenu au Niger, en juillet 2023, la CEDEAO "trouve" curieusement, et en un temps record, la somme de trois (3) milliards de dollars US, pour financer une intervention ( en fait une agression) militaire, une guerre, contre le peuple nigérien pour réinstaller au pouvoir un homme adoubé par une puissance étrangère. Manifestement, les trois (3) milliards de dollars US ont été promis à la CEDEAO par une puissance étrangère pour agresser un peuple africain composé de citoyens qui se considèrent comme membres de la CEDEAO ( NB : Je rappelle au passage que le Président en question, destitué au Niger, en juillet 2023, figurait curieusement, sur les photos et images d'archives enregistrées ici chez nous au Mali, déjà en 1991-1992, au cours des négociations entre le Gouvernement malien et les représentants des Mouvements rebelles maliens. )

A partir de cet instant, il était donc devenu clair et sans équivoque pour nous, que la CEDEAO n'était plus dans son rôle initial, ni sur la ligne directrice, la vision et les objectifs de ses pères fondateur s. Elle était devenue un instrument politique dans les mains de ceux qui veulent garder nos populations sous leur joug, et ce avec la complicité de Chefs d'État, préoccupés principalement par la conservation de leur propre pouvoir, le tout sous le couvert de la défense d'institutions démocratiquement élues et des droits de l'Homme. Par ailleurs, nous ne voulions plus jamais assister, chez nous et en Afrique, à ces scènes tristement mémorables de citoyens d'un pays asiatique qui, avec l'énergie du désespoir, s'accrochaient aux trains d'atterrissage des avions pour se sauver et quitter leur Patrie pour l'exil.

En effet, on se rappelle qu'après plus de vingt (20) ans de présence militaire étrangère, ce pays a été abandonné sans précautions.

19- Nous avons très vite compris et retenu, avec nos frères du Burkina Faso, que si le Niger tombe, s'en était fini de la réalisation des ambitions légitimes des Africains , de notre aspiration au Changement, à la Souveraineté, à l'lndépendance véritable et la dignité humaine.

20 - C'est ainsi qu'avec nos frères du Burkina Faso, habités par une résolution et une détermination sans faille, nous avons décidé de nous tenir la main dans la main, au côté de nos frères du Niger, pour résister ensemble comme un roc. Nous avons alors décidé de retirer à la CEDEAO, tous les arguments et instruments politiques et juridiques lui permettant de réaliser son projet funeste d'agression, par procuration, contre le peuple frère du Niger. Pour que les choses soient très claires et équivoques, j'avais alors répété dans plusieurs de mes discours et interventions publiques, la formule lapidaire suivante : << Si quelqu'un touche à un cheveu du Niger, nous allons lui raser la tête >>.

21- Voici abordées de façon non exhaustive, les conditions et les raisons qui ont motivé le retrait simultané du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. C'était pour mettre nos pays à l'abri des manipulations et interférences grossières étrangères, surtout de la part des puissances impérialistes et des anciens colonisateurs.

22- Je précise et j' insiste sur le fait que l'AES n'est pas l'ennemi de la CEDEAO. Elle est une réalité géopolitique avec laquelle il faut compter. Ainsi donc, la CEDEAO doit prendre acte de l'existence de l'AES et travailIer avec elle. L'essentiel c'est la préservation des intérêts des populations de la sous région et la préservation de l'esprit fédérateur des pères-fondateurs. C'est pourquoi, je me réjouis de la récente rencontre du 22 mai 2025 à Bamako entre les Ministres des Affaires Étrangères des États de l'AES et le Président de la Commission de la CEDEAO. Il est heureux de constater, pour le souligner avec satisfaction, qu'à l'issue de leurs négociations, empreintes de cordialité et de fraternité africaines, ils ont convenu que la CEDEAO et l'AES puissent à l'avenir travailler ensemble dans le sens des intérêts des populations de la sous-région. Je les félicite chaleureusement pour cette approche perspicace, féconde, pragmatique et réaliste, qui présage d'un avenir prometteur. Regardons par exemple du côté des Européens, malgré le Brexit, les Autorités de la Grande Bretagne et de l'Union Européenne travaillent la main dans la main dans le sens de la prospérité de leurs peuples.

23 -Quant à la CEDEAO, je pense qu'elle doit beaucoup plus se concentrer sur son avenir, pour être beaucoup plus une Organisation de véritable intégration et non juste une Organisation de coopération qui prend toutes décisions à partir des Conférences et Sommets des Chefs d'État, inféodés à l'Occident et manipulés par des puissances extra africaines. Son action ne doit pas se limiter juste à celle d'une Organisation de coopération, bonne pour donner des leçons sur la politique, la démocratie, la gouvernance, la sécurité, mais de renforcer l'intégration économique véritable. Par exemple, la CEDEAO devrait avoir des centres de recherche pour réfléchir, agir et décider sur des questions comme : la trop grande cherté du coup des transports ( notamment des transports aériens qui coûte trop cher par rapport à d'autres régions) ; la part trop grande et le rôle de l'économie informelle ; la faiblesse des échanges intra-communautaires ( qui ne représentent que 15 % alors que ce chiffre représente près de 75 % dans l'UE ); la question des barrières administratives, douanières et tarifaires; les tracasseries policières aux frontières en dépit des lois et règlements des pays; la monnaie unique; comment maximiser le poids réel de son économie avec près de 400 millions d'habitants donc de consommateur s potentiels ; la question de l'exercice de la Souveraineté des États par rapport à l'application des mesures qu'elle a elle même prises ( cas de la Guinée Bissau avec le Président Umarou Sissoco Emballa qui expulse de son pays une délégation de la CEDEAO). La CEDEAO doit mettre en place une structure pour réfléchir sur les sujets précités et agir sur son avenir et son fonctionnement. Que Dieu bénisse et protège les Peuples de l'AES et de la CEDEAO

Fraternellement.

Bamako, le 9 juin 2025

Choguel Kokalla Maïga

Ancien Premier ministre du Mali

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