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par Pape Sadio THIAM

SARKOZY-MIMI TOURÉ, AU-DELÀ DE LA POLÉMIQUE

En rétorquant à Mimi Touré que « quand on s’occupe de l’Afrique, on se fait engueuler. On ne s’en occupe pas, on se fait engueuler aussi. », l’ancien président français n’a fait que s’embourber dans les méandres d’un mépris morbide envers les africains

Pape Sadio Thiam  |   Publication 05/10/2019

Margaret Thatcher a dit qu’en politique, « si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme ». Cette formule qui pourrait choquer par sa teneur fortement féministe ne manque pourtant pas de fondement dans la réalité. C’est qu’on demande toujours plus à la femme ; culturellement on a des appréhensions sur ses capacités à diriger et à prendre des décisions. Aussi, la femme est-elle psychologiquement déterminée à relever un double défi : celui de démentir une misogynie devenue une opinion tenace et celui d’être circonspecte et efficiente dans ses décisions politiques. C’est sans doute ce qui fait que le stade du discours est sauté par la femme politique : elle met les pieds dans le plat et refuse de porter des gants. Ceux qui suivent l’ascension politique de Madame Mimi Touré concéderont qu’elle est l’incarnation parfaite de cette théorie de Margaret Thatcher. Intellectuelle de gauche, nationaliste, militante de la cause de l’Afrique, femme d’action, elle a le courage de ses idées et ne s’embrasse pas de scrupule pour combattre ouvertement et sans délai ce qu’elle estime être une injustice. C’est sur ce registre que s’inscrit sa sortie musclée mais bien argumentée contre Nicolas Sarkozy à propos de sa dérive sur la fécondité abondante de la femme africaine qui constituerait, d’après ses élucubrations, une menace de suroccupation de la planète déjà fortement accablée. Apôtre des idées stéréotypées et des clichés sur l’Afrique, Nicolas Sarkozy ne manque jamais l’occasion de s’attaquer à la forte natalité dans le continent, natalité qu’il considère comme une pesanteur économique. Mais au-delà de leurs positions opposées, que nous apprend cet échange sur leur posture respective ?

En suggérant l’absurde relation qui existerait entre la fécondité de la femme africaine et les problèmes environnementaux, Nicolas Sarkozy était loin de s’imaginer que la réplique de Mimi Touré allait être aussi instantanée et sarcastique : « Il n’y pas de lien scientifiquement prouvé entre la fertilité des femmes africaines et le réchauffement de la planète par l’effet de serre ». C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups : en plus d’avoir démoli l’argumentaire tendancieux de Sarkozy, Mimi Touré a implicitement accusé les pays industrialisés d’être responsables du réchauffement climatique. On ne sait pas comment Sarkozy a pu tomber dans un argumentaire aussi simpliste au regard de la répartition démographique dans le monde. La mortalité infantile, la pandémie du SIDA, les guerres en Afrique sont autant de périls qui continuent de dépeupler le continent. La forte natalité en Afrique est donc contrebalancée, voire annihilée par le taux de mortalité qui y reste élevé. Il aurait suffit à Sarkozy de comparer la population africaine (très jeune du reste) à celle occidentale pour voir que le risque de suroccupation de la planète ne peut pas être imputé à une quelconque forte fécondité de la femme africaine.

La surexploitation de la nature qui pose avec gravité le problème de la disponibilité à long terme des ressources de la planète trouve son origine dans une certaine conception de l’homme et de son rapport à la nature : celle capitaliste. Le culte du profit, la passion du luxe et du loisir ont fini d’encastrer le système capitaliste dans une logique de consommation à outrance. Cette logique n’est pas forcément universelle, elle n’est, en tout cas pas, celle de l’Afrique. Dans ce continent, les besoins de l’homme ne sont pas suscités artificiellement par la machine folle du couple production-consommation. L’essentiel des ressources de la planète est utilisé par la minorité et principalement les populations des pays du Nord parce que les pays du Sud n’ont généralement pas la technologie requise pour extraire et transformer les matières premières. Il y a par conséquent une double injustice que les pays du Nord font subir à ceux du Sud : en plus de profiter à vil prix de leurs matières premières, on pollue la planète, l’appauvrit et la laisse exsangue aux Africains à qui on demande de payer la note par une diminution de la consommation !

Culturellement, il y a des différences d’approche entre l’Afrique et l’Europe sur les questions liées à la société, à l’homme, à l’enfance, à l’homosexualité et à la religion. La mondialisation est certes une réalité indéniable, mais les frictions culturelles demeurent une réalité exacerbée par la prétention occidentale d’imposer des valeurs universelles. Ces différences d’approche et les frictions culturelles qu’elle entraîne font que les paradigmes politiques et économiques conçus selon les schèmes occidentaux ont souvent du mal à s’adapter aux réalités culturelles de l’Afrique. Depuis très longtemps l’Afrique souffre de cette nécessité de devoir aliéner sa spécificité aux exigences des pays du Nord. La coopération Nord-Sud est supposée être bilatérale, mais elle est originairement et naturellement unilatérale. Les politiques du Sud n’ont aucune espèce d’autonomie puisqu’elles sont clonées sur celles du nord sans tenir compte des spécificités culturelles et de l’environnement social dans lequel elles sont censées être appliquées. Sarkozy est à tort ou à raison perçu par les populations africaines, et notamment par la jeunesse, comme un européocentriste invétéré, incapable de concevoir la diversité.

Depuis son fameux discours de Dakar, il ne cesse de récidiver par son discours afro-pessimiste et à la limité condescendant envers les Africains. Foulant aux pieds les règles élémentaires de la diplomatie, les hommes politiques français ont la fâcheuse habitude de prétende penser pour les Africains. En rétorquant à la remarque de Mimi Touré que « quand on s’occupe de l’Afrique, on se fait engueuler. On ne s’en occupe pas, on se fait engueuler aussi. », l’ancien président français n’a fait que s’embourber davantage dans les méandres d’un mépris morbide envers les Africains. L’Afrique n’a certainement pas besoin qu’on s’occupe d’elle comme si elle était incapable de se prendre en charge : c’est précisément cette dépendance mentale qu’il urge de déconstruire chez les intellectuels africains. La réponse de Mimi Touré à cette remarque absurde de Sarkozy trouve toute sa pertinence dans ce processus de déconstruction de la mentalité d’assisté qui subsiste encore dans l’inconscient collectif de certaines élites africaines. Prétendre s’occuper de l’Afrique par on ne sait quelle sagesse étrangère au continent, c’est implicitement suggérer qu’elle n’a pas de ressources humaines locales aptes à comprendre ses problèmes et à leur trouver une solution. Voilà ce qui est proprement inacceptable, surtout lorsque cela provient d’un ancien président français.

En affirmant avec beaucoup d’euphémisme que « la politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde », Paul Valery ne faisait que caricaturer une pratique de dissimulation, d’hypocrisie et de manipulation devenue une tradition chez les politiques. En plus de la violence inhérente au combat politique, la ruse, l’inconstance, la trahison, ont fini de salir l’image de la politique auprès de l’opinion. L’ostracisme dont les intellectuels sont victimes de la part des politiques est un grave dysfonctionnement de notre système politique. Alors qu’ils devraient penser les politiques économiques et sociales, les intellectuels sont très souvent à la périphérie du système où ils ne servent qu’à légitimer des choix politiques parfois impopulaires et improductifs. S’ils ne sont pas confinés dans les sphères austères des universités et les instituts, ils constituent la sous-classe des intellectuels organiques. C’est le système qui les nourrit, les fait fonctionner, de sorte qu’en dehors de celui-ci, ils perdent leur éloquence, leur lucidité et même une partie de leur science. Quand on est intrinsèquement lié au système comme les organes le sont au corps, on ne peut véritablement pas avoir une autonomie d’action. C’est cela la grande faiblesse des intellectuels africains : ils sont soit outrageusement moulés dans le confort du système qu’ils sont incapables soit ils y sont exclus par des intrigues qui leur enlève tout forme d’efficience dans la vie politique de leur pays. Ils sont soit en rupture avec la marche de la société soit noyés dans un système corrompu et destiné à uniquement produire les moyens de sa propre perpétuation.

La réplique de Mimi Touré à Sarkozy devrait être naturelle chez les dirigeants africains, mais malheureusement ce n’est pas le cas et dans les cas de provocation les plus manifestes, ce sont des intellectuels isolés qui s’organisent pour apporter la réplique. Le discours de Dakar a valu à Sarkozy un livre-réponse, mais ce serait plus pertinent si une voix officielle apportait la réplique en de pareilles circonstances. Ce que Mimi a montré, c’est que ce n’est point une fatalité pour un intellectuel que de dissoudre sa personnalité dans le bain agréable du pouvoir. C’est possible d’être dans les couloirs du pouvoir et garder à la fois sa lucidité intellectuelle et son courage politique. Un intellectuel, c’est d’abord une vocation de toujours soumettre les situations à l’analyse des principes universels de la raison ; c’est ensuite le courage de sortir des sentiers battus pour produire la lumière là où on s’y attend le moins ; c’est enfin le pari de toujours rester aux côtés du peuple, quelle que soit la station qu’il occupe. Le prix qu’il faut payer pour réussir ce pari est la fin de la promotion de la médiocrité et des contre-valeurs. Il est temps que les enquêtes de moralité soient menées de façon plus sérieuse et qu’elles insistent davantage sur la carrure intellectuelle, le passé professionnel et le patriotisme des pressentis. Pour défendre son pays dans ce monde où l’économie globalisée fragilise les frontières et affaiblit la souveraineté des États, il faut être nantis de connaissances et d’informations éloquentes et à jour. Il faut sans cesse mettre à jour ses connaissances, accepter la confrontation avec les idées les plus exotiques et faire preuve de cohérence dans ses prises de position.

La promptitude et l’adresse avec lesquelles Mimi Touré a répondu à Sarkozy doit donc servir d’exemple dans la stratégie des élites à prendre en charge les défis qui sont lancés à l’Afrique et aux Africains. L’Afrique a suffisamment de cadres dans tous les domaines pour s’occuper de son destin, pour prendre sa défense lorsqu’elle est salie, mais pour vendre sa culture, ses valeurs, bref le made in Africa. On ne peut être un ressortissant du contient qui a élaboré pour la première fois une véritable charte des droits de l’homme (Charte du Mandé) et la première révolution politique qui a proclamé la bonne gouvernance comme exigence politique cardinale (Ceerno Souleymane Baal) et nourrir un complexe envers des idées et des valeurs qui viennent d’ailleurs. Pourquoi devrions-nous encore copier des modèles venus d’ailleurs alors que tout ce dont nous avons besoin existe chez nous ? Les idées et les valeurs sont comme les ressources naturelles : elles ont besoin d’être diffusées dans le monde et ce,  non pour un quelconque chauvinisme intellectuel et moral, mais par obligation de contribuer à la construction d’une véritable communauté internationale. A défaut d’être exploitées, mises en valeur et proposées dans le « marché » des idées et des valeurs, le potentiel humaniste qui existe en Afrique risque d’être perdu. Il ne s’agit pas d’être passéiste, il s’agit plutôt d’arrimer dans le présent et le futur dans un passé qui n’est utile que parce qu’il est mesure de les éclairer.

Si comme dit Senghor la civilisation du futur, pour être celle de l’homme intégral, doit être « un rendez-vous du donner et du recevoir ». Il faut créer les conditions d’un véritable dialogue et ne plus se contenter du monologue qui conduit inéluctablement à un narcissisme à la fois intellectuel et culturel. Si les Grecs ont vulgarisés toutes les sciences empruntées aux Égyptiens au point d’apparaître comme les véritables inventeurs de celles-ci, c’est parce qu’ils avaient le sens de la délibération, de la confrontation des idées. Les ancêtres nous ont légué les assemblées de sages, les arbres à palabre, les retraites initiatiques, mais la rupture introduite par la colonisation ne nous a pas permis de prendre le relais pour en faire quelque chose de nouveau. Il ne faut pas que les élites se trompent de stratégie : autant notre Continent a tous les atouts naturels pour son épanouissement intellectuel, autant il a les ressources intellectuelles et morales pour résoudre non pas seulement les problèmes spécifiques auxquels il est confrontés, mais aussi pour contribuer à relever les défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée.

Pape Sadio Thiam est Journaliste chercheur en science politique

Papesadio.thiam@gmail.com

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