«ABDOUL MBAYE NE PARDONNERA JAMAIS À MACKY SALL DE L'AVOIR VIRÉ»
Les dissensions internes au sein de l'APR, la polémique autour d’un troisième mandat présidentiel et la succession du président, sont les sujets d’actualité évoqués par Aminata Touré dite Mimi, dans cette interview

Les dissensions internes au sein de l’Alliance pour la république (Apr), la polémique autour d’un troisième mandat présidentiel et la succession du président Macky Sall sont les sujets d’actualité évoqués par Aminata Touré dite Mimi, dans l’interview qu’elle a accordée à «L’As». Connue pour son franc-parler et ses positions tranchées, la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) s’est prononcée également sur la hausse du prix de l’électricité que dénonce une bonne frange de la population.
L’As : Six mois après le lancement du Dialogue National, les membres du Comité de pilotage viennent enfin d’être installés. Que peuvent-attendre les Sénégalais de ces concertations ?
Mimi Touré : Il faut d’abord saluer l’initiative elle-même. Pour rappel, le Président Macky Sall a été brillamment réélu, il y a quelques mois, par un scrutin qui s’est bien déroulé. Le Président a par conséquent la légitimité de conduire les politiques et programmes de la Nation. Il a aussi une majorité confortable à l’Assemblée Nationale pour voter les lois. Néanmoins, le Président Macky Sall a proposé un dialogue national pour faire faire un saut qualitatif à notre démocratie en invitant les acteurs politiques, les forces vives de la Nation, les syndicats, le patronat, les représentants des associations de jeunes et de femmes, les acteurs économiques, culturels, etc. à réfléchir sur notre système électoral, mais aussi sur les questions économiques et sociales, le cadre vie, l’environnement, la décentralisation, la paix et la sécurité, les ressources naturelles et la bonne gouvernance. Ces thèmes sont extrêmement importants pour notre présent et notre avenir. Président Macky Sall s’inscrit ainsi dans la tradition ancrée de dialogue. Le Sénégal est un pays de dialogue, disait déjà le Président Senghor. C’est un trait fort de notre culture. Ceci est très important dans le contexte sous-régional qui est le nôtre. Nos voisins font face à des défis sécuritaires importants. Allah nous a épargnés jusqu’à présent. Donc audelà de nos divergences, il est fondamental que nous sachions nous entendre sur l’essentiel afin de préserver notre stabilité. Les divergences nourrissent la démocratie. Ensuite, il nous faut ensemble bâtir des consensus forts pour que le Sénégal continue à s’illustrer en Afrique pour sa stabilité et sa cohésion nationale.
Les associations de femmes sont restées sur leur faim quant au contenu donné au projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie. En tant que femme, êtes-vous sur la même longueur d’onde que ces dernières ?
Pour moi, c’est un grand pas en avant dans la protection de l’intégrité physique des femmes et des enfants de notre pays. Ce sera l’une des législations les plus avancées en Afrique pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Comme Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental, je m’en réjouis tout particulièrement, parce que ce fut le thème d’une de nos sessions cette année. Le Président Macky Sall est à féliciter pour ce projet de loi. Cela fait des années que les organisations de femmes se battent pour obtenir ces progrès.
Votre parti, l’Apr, est miné par des querelles intestines. Dernièrement, l’on a assisté à de violentes disputes entre Moustapha Cissé Lo et Yakham Mbaye, Farba Ngom et Youssou Touré. Comment avez-vous vécu ce malaise ?
Il est toujours préférable de régler nos problèmes internes à l’intérieur de notre parti. Mais la démocratie de nos jours est turbulente et exaspère parfois les citoyens normaux qui préféreraient que les leaders politiques se concentrent sur les problèmes de la Nation et la recherche de solutions. Ceci étant dit, ces disputes sporadiques sont des épiphénomènes et ne sauraient mettre le voile sur les importantes réalisations économiques et sociales faites depuis 2012.
Pourtant, c’est un bilan chaotique du régime de Macky Sall qui est dépeint par Abdoul Mbaye
Abdoul Mbaye ne peut avoir de positions objectives, car ses capacités intellectuelles, par ailleurs indéniables, sont altérées par une rancœur tenace. Il ne pardonne pas au Président Macky Sall de l’avoir remplacé. Je crois qu’il ne le lui pardonnera jamais. Il n’y a pas de poste ni position immuable quand même ! Il ne reconnaît aucun progrès sous le régime du Président Macky Sall, aucun ! Même ceux initiés pendant qu’il était lui-même Premier ministre. Les électeurs lui ont clairement dit ce qu’ils pensaient de son attitude puisqu’aux élections législatives de 2017, il a eu 3 voix dans son propre bureau de vote.
Au niveau national, Abdoul Mbaye a vaillamment obtenu... 14 231 voix sur 3 310 435 électeurs qui sont allés aux urnes, soit 0,4%des suffrages. Et bien entendu, Abdoul Mbaye n’a pas été capable de rassembler le nombre de parrainages requis pour se présenter à l’élection présidentielle. Il souhaiterait que le pays tout entier s’embrase et sombre rien que pour faire payer au chef de l’Etat l’outrecuidance de l’avoir relevé. Si ce n’est pas de la mégalomanie, ça y ressemble beaucoup. Quand on aime le Sénégal, même en étant dans l’opposition, on ne devrait pas lui souhaiter tous ces malheurs qu’Abdoul Mbaye annonce.
Mais avec la hausse du prix de l’électricité fortement contestée par les consommateurs, on serait tenté de croire aux prévisions d’Abdoul Mbaye
Je commencerais par dire que nul n’aime les hausses de prix, ni au Sénégal ni ailleurs. Mais cette mesure s’impose comme une mesure inévitable pour assurer la viabilité de la Senelec. Et néanmoins, cette hausse épargne les ménages les plus vulnérables économiquement. Je comprends aussi la frustration de ceux qui subiront la hausse annoncée. Mais il faut reconnaître aussi que le prix de l’électricité n’a pas bougé depuis plus de sept ans grâce aux énormes efforts du Président Macky Sall qui a eu comme priorité la préservation du pouvoir d’achat dès son arrivée au pouvoir. Des actions économiques importantes ont été entreprises pour maintenir l’inflation à un niveau presque nul pendant une si longue période.
Le Président Macky Sall, dès son arrivée, a relevé le niveau des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Et surtout, il s’est lancé dans un rattrapage sans précédent en matière d’électrification rurale. Pendant longtemps, nos compatriotes ruraux ont été à la marge du développement du pays, y compris dans l’accès à l’énergie. En 7 ans, il a électrifié plus de villages qu’on en a fait depuis 1960. C’est une grande performance. Cela s’inscrit dans sa vision d’un Sénégal plus égalitaire. Mais une économie avec une inflation zéro en permanence, cela n’existe pas. Cela n’existe dans aucun pays du monde. Avec la perspective du gaz et du pétrole, notre souveraineté énergétique sera établie dans le court terme et je suis sûre que notre électricité sera beaucoup moins chère. Pour en venir aux marches, la protestation est effectivement un droit reconnu par la constitution du Sénégal tout comme il faut aussi le dire, la liberté de circulation des citoyens. Un droit n’a de sens que s’il est exercé avec modération, en tenant compte des droits des autres citoyens à vaquer paisiblement à leurs occupations. Si nous restons raisonnables, nous continuerons à exercer nos droits démocratiques, comme cela est le cas depuis si longtemps.