VIDEOAMADOU SALL MET LE RÉGIME EN GARDE
L'avocat révèle que l'ONU et les institutions internationales scrutent désormais de près la situation des libertés au Sénégal, après la convocation de Madiambal Diagne ce mardi par la Division cybersécurité (Dsc) de la Police nationale

La libération du journaliste Madiambal Diagne après plusieurs heures d'audition à la Division spéciale de cybersécurité (DSC) n'a pas apaisé les inquiétudes de son conseil. Me Amadou Sall, ancien ministre et avocat du journaliste, a livré un message d'alerte sur l'attention internationale que suscite désormais la situation des droits de l'homme au Sénégal.
"La commission des droits de l'homme des Nations-Unies s'interroge et presque scrute ce qui se fait dans notre pays", a révélé Me Amadou Sall lors d'une déclaration à la presse. L'avocat a précisé que "les autres institutions des Nations-Unies et les institutions internationales regardent de plus près ce qui se fait chez nous".
Plus préoccupant encore, plusieurs instances judiciaires internationales sont déjà saisies. "La Cour de justice de la CEDEAO est saisie. Le comité des droits de l'homme des Nations-Unies est saisi sur les détentions arbitraires", a-t-il énuméré.
L'ancien Garde des Sceaux a rappelé une réalité souvent oubliée : "Il est temps que l'on sache que le Sénégal n'est pas une exception par rapport au reste du monde et que nous sommes insérés dans un village planétaire où tout se fait, tout se sait et tout est scruté."
Cette mise en garde intervient dans un contexte où Me Amadou Sall dénonce une "très forte régression" concernant l'exercice des libertés dans le système démocratique sénégalais.
Madiambal Diagne avait été convoqué ce mardi 8 juillet par la DSC pour un message publié sur les réseaux sociaux, dans lequel il ne faisait que reprendre les propos du député Amadou Ba tenus lors de l'émission Jakarlo Bi sur la TFM, vendredi, a expliqué Me Sall. L'avocat s'est interrogé sur la logique de cette convocation, estimant que c'est le député lui-même qui aurait dû être entendu.
Me Amadou Sall n'a pas mâché ses mots pour qualifier la situation actuelle. "Nous avons la désagréable sensation que les délits d'opinion sont devenus presque la panacée", a-t-il déclaré, dénonçant ce qu'il considère comme "une véritable dérive".
"Nous sommes en train de voir notre système politique démocratique se transformer d'un système de démocratie à un système autoritaire", a-t-il ajouté, appelant les autorités à "revenir à la raison".
L'ancien ministre a lancé un appel direct mais ferme au procureur de la République et au gouvernement : "Nous conseillons le procureur de la République et le gouvernement de s'arrêter et de s'arrêter là, de ne pas aller au-delà de ça parce que s'ils vont au-delà, cela peut avoir d'autres conséquences."
Il a rappelé que le Sénégal connaît "des alternances apaisées et démocratiques depuis 1993" et que le pays devrait "renforcer la démocratie et élargir les espaces de liberté" plutôt que de les restreindre.
L'affaire Madiambal Diagne s'inscrit dans une série de convocations de journalistes et d'acteurs de la société civile.