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AU COEUR DES TENSIONS ENTRE LA MAURITANIE ET LE SÉNÉGAL

Kader Diop, journaliste à l'AFP au moment des faits, exhume le souvenir des événements troubles d'avril 1989

Kirinapost  |   Publication 27/04/2019

Le 9 avril 1989, dans la petite ville de Diawara dans le département de Bakel (rive gauche du fleuve Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie), un énième accrochage oppose les bergers peuls mauritaniens et des paysans soninkés sénégalais. Cela aurait pu être classé dans le lot des incidents banals entre éleveurs et agriculteurs comme il s’en produit souvent dans la région. Mais, non. Il y a eu mort d’homme. Et  tout dégénère. C’est le début, en cette fin de 20e siècle, d’un des plus grands conflits entre les deux pays voisins. 30 ans plus tard, les blessures refont surface et rappellent l’impérieuse nécessité de les refermer et de consolider la paix. Cinq personnalités originaires de Mauritanie et des régions Nord du Sénégal nous parlent de ces évènements. Comment les ont-elles vécus ? Comment la paix entre les deux pays doit-elle être consolidée? Journaliste à l’Agence France Presse (AFP) dont le bureau de Dakar couvrait aussi la Mauritanie, Kader Diop a suivi de très près ces évènements. Ce Walo-Walo originaire de Dagana est la première à rouvrir son cahier de souvenirs pour Kirinapost, qui tout le long du mois d’avril et de mai, va replonger au cœur de ces épisodes troubles et sombres des rapports entre les deux pays. Kader Diop nous raconte entre autres ici comment la presse sénégalaise avait relaté les faits à l’époque.

« C’est une mauvaise exploitation d’un évènement par une certaine presse de l’époque qui a créé un énorme conflit ». Le journaliste aujourd’hui à la retraite donne le ton. Pour lui, le conflit aurait pu être évité ou tout au moins circoncis dès le début. Malheureusement, cela ne fut pas le cas, parce qu’il intervenait à un moment où le régime sénégalais traversait une mauvaise passe avec la crise de Casamance et la contestation de l’opposition.

« Sopi, le journal le plus vendu à l’époque faisait aussi un peu l’opinion. Suite aux heurts entre éleveurs et agriculteurs à Diawara, ce journal avait titré : ++L’Armée mauritanienne tire sur des paysans: un mort 25 disparus++. Ce qu’il présentait comme armée mauritanienne était en réalité le garde forestier. De surcroit, tel que présenté, c’était comme si les 25 disparus étaient aussi morts, se souvient le journaliste avant d’ajouter qu’à la radio sénégalaise également, sitôt l’évènement de Diawara connu, un confrère, avait cru opportun de devoir convoquer la fierté nationale et exacerber le sentiment patriotique… « C’est ainsi, de but en blanc, que les Sénégalais se sont sentis blessés et ont réagi », se remémore-t-il.

Dès le 10 avril, les boutiques, des Mauritaniens de Bakel sont pillées. Le 13 avril, même scénario à Touba. Elles cesseront dans la ville sainte lorsque le khalife Général des Mourides, Serigne Abdoul Ahad, dira que tous les Mauritaniens de la cité étaient sous sa protection.

Le régime d’Abdou Diouf, déjà affaibli par une année blanche des étudiants, les grèves des syndicats et une opposition amenée par un Abdoulaye Wade au sommet de sa forme et faisant feu de tout bois, sent le besoin de réagir et de relever ce que le opposants considéraient comme un affront. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur se rendit à Diawara et déclara, bravache, que le Sénégal ne se laissera pas faire. Un des journalistes qui l’accompagnait crut bon d’en rajouter une couche « en exhibant des balles », qui n’étaient en fait que de la chevrotine.

Envoyé à Dakar pour apaiser les tensions, le ministre de l’intérieur mauritanien fit une déclarations tout en sourire minimisant ce qui s’était passé à Diawara. Cela sera très mal perçu par l’opinion sénégalaise très remontée contre les dirigeants du pays voisin. Cette période de surenchère fait éclater quelques manifestations. En Mauritanie des Sénégalais sont attaqués et Nouakchott semble vouloir profiter de ces soubresauts pour procéder à une véritable épuration et renvoyer les Sénégalais chez eux… des gens qui n’avaient jamais mis les pieds au Sénégal sont carrément déportés. À Dakar la tension est vive mais les manifs sont encore contenues et jusqu’ici pas de mort signalée contrairement du côté mauritanien.

La situation va dégénérer lorsque Abdou Diouf se rendit au Centre de Traumatologie (CTO), aujourd’hui Hôpital de Grand Yoff, afin de s’enquérir de l’état de santé des premiers rapatriés. L’information selon laquelle le Président aurait pleuré en voyant les blessés circule assez rapidement. Aussitôt, les abords de l’hôpital sont pris d’assaut par une foule en furie réclamant de voir les blessés, estropies et mutilés qu’on voudrait cacher, selon la rumeur. Devant le refus des forces de l’ordre, elle décida de se rendre à la foire où étaient soigneusement gardés des ressortissants mauritaniens. Là aussi, la foule fut repoussée par les policiers. S’en était trop pour elle. Commencèrent alors les premières attaques contre les nombreuses boutiques des Mauritaniens, les 22 et 23 avril. En vérité, les boutiques établies dans tous les coins de rue de Dakar, et détenant le monopole du petit commerce,  étaient la cible de vandales et de pilleurs. Les premiers morts sont constatés du côté Mauritanien en terre sénégalaise.

« Quand je suis allé au CTO, je montre ma carte de presse et je parle au directeur qui m’assure qu’il n’y avait dans sa structure que des traumatisés en observation et parmi eux aucun blessé contrairement au bruit qui court mais le mal était déjà fait. Castors et Front de Terre (quartiers proches de l’hôpital) enregistrèrent les premiers heurts et les premiers morts », retrace monsieur Diop.

Les 24 et 25, des massacres sont perpétrés en guise de représailles par les populations de Nouakchott et de Nouadhibou (Mauritanie) contre la communauté sénégalaise, causant la mort d’environ deux cents personnes. Le couvre-feu est décrété dans ces deux villes.

Devenu formateur à la fin de sa riche carrière de journaliste, Kader Diop en profite pour évoquer la responsabilité du reporter, qui selon lui, n’a pas le droit de tout dire.

« Lorsque des premiers balbutiements du conflit, nous avons eu à l’AFP une information de source hospitalière faisant état de la mort atroce de plusieurs dizaines de Sénégalais. Mon collègue et moi avions un problème de conscience : doit-on tout dire ? Personne ne vous condamnera d’avoir tout dit bien évidemment, mais cela va parfois au-delà du métier. Envenimer une situation tendue et inviter quasiment les Sénégalais á la vengeance était-ce raisonnable ? Nous avons finalement opté de dire qu’il y avait au moins 17 sénégalais tués », raconte l’ancien reporter.

Alors que les premiers rapatriés venant de Mauritanie ont débarqué à Dakar racontant les atrocités et les actes xénophobes qu’ils avaient subis, une nouvelle flambée de violence embrase pendant le 27 avril la capitale sénégalaise. En deux jours, près d’une centaine de Mauritaniens sont tués. L’état d’urgence et le couvre-feu sont instaurés le lendemain.

Au niveau diplomatique, le Sénégal avait quand même gagné la bataille de l’opinion. Selon Kader Diop, c’est un des avantages de la démocratie.

« Le Sénégal était vu comme un pays ouvert où la presse pouvait travailler librement contrairement à la Mauritanie sous la férule d’un régime militaire. La communauté internationale avait largement soutenu le Sénégal tout en mettant tout en œuvre afin que la paix revienne au plus vite d’autant plus que le Sénégal devait accueillir le sommet de la francophonie » rappelle-t-il

En cette fin avril, un pont aérien conduit par Paris, Madrid, Ryad, Alger et Rabat, organise le rapatriement des ressortissants des deux pays.

Le 3 mai, la Mauritanie décide d’expulser de son territoire tous les Sénégalais ainsi que les Mauritaniens d’origine sénégalaise. À Nouakchott, parfois c’était même des personnes de race noire qui n’avaient jamais mis les pieds au Sénégal. Une véritable épuration. Et le 5 mai, le Sénégal décidera, à son tour, de renvoyer tous les Mauritaniens sur son sol.

À la fin du mois de mai, selon les chiffres publiés par les deux capitales, il y a soixante-dix mille réfugiés au Sénégal et cent soixante-dix mille en Mauritanie.

Entre les deux pays, la paix ne reviendra progressivement que vers le mois d’août et septembre. Un véritable ballet diplomatique sera déployé. L’Arabie Saoudite, la France, le Maroc ou encore des organismes comme la défunte OUA devenue Union Africaine proposeront leurs bons offices. Au Sénégal, feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife Général des Tidianes sera en première ligne, avec d’autres, dans une diplomatie parallèle très active.

30 ans après ce triste feuilleton, la paix est là mais les braises incandescentes sont encore sous la cendre froide. Régulièrement, des heurts entre éleveurs et agriculteurs des deux pays reviennent au-devant de l’actualité. Mais, l’épicentre d’un potentiel conflit s’est déplacé. Il se situe sur la frontière maritime où régulièrement la garde mauritanienne tire encore aujourd’hui sur des pécheurs sénégalais.

Quoi qu’il en soit, selon Kader Diop, une paix définitive dépendra des chefs d’État mauritanien et sénégalais qui devront agir en ayant toujours en tête qu’on on ne choisit pas ses voisins.

« Les deux pays sont voisins et mieux, des deux côtés du fleuve Sénégal qui sert de frontière, vivent les mêmes familles. Des Sénégalais ont toujours travaillé en Mauritanie et vice-versa. De plus les liens religieux sont très forts entre les musulmans des deux pays. Il appartient aux autorités politiques, en haut lieu, de prendre ce problème à bras le corps car nous sommes condamnés à vivre ensemble et c’est possible de le faire harmonieusement. D’autant que des ressources de pétrole et de gaz découvertes à leur frontière maritime commune et qui vont être exploitées conjointement, ajoutent un lien supplémentaires à leurs rapports », conclut le journaliste sur un ton optimiste.

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