AUX ORIGINES D'UNE INIMITIÉ
Elles se mènent actuellement une guerre par presse interposée. Mais le différent qui oppose l’actuelle présidente du CESE Aminata Touré à sa prédécesseure Aminata Tall dure depuis plusieurs années

Les faits et gestes qui rythment désormais les rapports entre les deux personnalités de l’Alliance pour la République (Apr) que sont Mme Aminata Touré et Aminata Tall, rensei- gnent sur l’état de leur relation qui, actuellement est au plus bas niveau. Le Témoin revient sur l’origine de l’inimitié maladive de Aminata Tall envers Mimi Touré...
Elles se mènent actuellement une guerre par presse interposée. Mais le différent qui oppose l’actuelle Présidente du conseil economique, social et environnemental (cese), Aminata Touré, à son prédécesseur Aminata Tall dure depuis plusieurs années. Mais d’où est venue alors la froideur qui, aujourd’hui, caractérise les relations entre les deux dames ? La question vaut son pesant d’or. L’inimitié qui s’est installée entre les deux personnalités de l’Alliance pour la République est telle qu’il y a bien anguille sous roche. Non seulement ces deux grandes dames du régime en place s’évitent ostensiblement dans les cérémonies publiques mais en plus, elles prennent plaisir à se lancer des piques par médias interposés.
Et Mimi Touré éclipsa Aminata Tall
Ancienne élève de l’École normale des jeunes filles de Rufisque, puis de Thiès, où elle obtient son Baccalauréat série D, Aminata Tall est titulaire d’un doctorat obtenu au canada et a enseigné à l’École normale supérieure de Dakar. Elle fut aussi ancien ministre d’état, ministre des collectivités locales et de la Décentralisation et également députée-maire de Diourbel. En août 2003-2004, Aminata Tall est nommée ministre d’État auprès du président de la République. Entre 2004-2006, elle devient ministre d’état, ministre des collectivités locales et de la Décentralisation. En mars 2006-février 2007, elle est nommée ministre d’état auprès du président de la République. En octobre 2009, elle devient secrétaire générale de la présidence de la République, succédant ainsi à Abdoulaye Baldé nommé ministre des Forces armées. Le 1er avril 2012, elle est nommée par le président Macky Sall, secrétaire générale de la présidence de la République. Le 17 janvier 2013, elle devient présidente du Conseil économique social et environnemental avant d’être dégommée et remplacée le 14 mai 2019 par Mimi touré, son ennemie jurée. À l’instar d'Aminata Tall, Mimi touré a aussi fait un cursus sans faille. En effet, l’actuelle « patronne » du Conseil économique, social et environnemental a effectué son cycle élémentaire à Tambacounda (où son père, médecin, était affecté) avant d’entamer ses études secondaires au lycée Gaston-Berger de Kaolack. En 1981, elle est lauréate du concours général en économie et bachelière en série B, au lycée Van Vollen- hoven de Dakar. Elle étudie ensuite en France et obtient une maîtrise d’économie à Dijon, un DESS de gestion des entreprises à aix-en-Provence et un PHD en management international à l’International school of Management (ISM), Paris. Elle commence sa carrière profession- nelle en 1988, au sein de la compagnie des transports publics de Dakar, la Sotrac, dont elle dirige le département marketing et communication.
Contrairement à Aminata Tall, Mimi Touré a commencé à militer depuis l’âge de 14 ans en étant active dans les milieux universitaires français de gauche et membre de la Ligue communiste des travailleurs (lCT), futur Mou- vement pour le socialisme et l’unité (MSU). Lors de la campagne électorale de 1993, elle est la première sénégalaise directrice de cam- pagne pour le compte de Landing Savané dont elle rejoint le parti l’année suivante. Son engagement humanitaire est aussi incontestable. Car, Aminata Touré a été ensuite directrice des programmes de l’association sénégalaise pour le bien-être familial (asbef). À partir de 1995, elle travaille pour le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP), d’abord comme conseillère technique principale au ministère de la Famille et de l’action sociale du Burkina Faso puis en qualité de conseillère régionale du FNUAP pour les pays africains francophones et coordinatrice du programme « Genre et VIH » en Afrique de l’ouest pour le bureau régional du Fonds des nations unies pour la Femme. Elle encourage notamment la planification fa- miliale et la santé de la reproduction.
Contrairement à sa prédécesseure qui a eu un cursus professionnel purement « local », Aminata Touré, elle, rayonne à l’international. Après la sous-région ouest-africaine, elle est nommée en 2003 à New-York, directrice du département droits humain du FNUAP. En 2010, Mimi Touré quitte le New Jersey pour devenir directrice du cabinet de Macky Sall, président de l’Alliance pour la République, et participer l’année suivante à l’écriture du programme de Sall pour la campagne électorale de 2012. Après la victoire de ce denier, elle succède à Cheikh Tidiane Sy comme ministre de la Justice dans le gouvernement Abdoul Mbaye. Femme de transparence, elle avait déclaré officiellement son patrimoine qui était composé de deux immeubles au Sénégal et un autre aux États-Unis, des biens immobiliers estimés à 777 millions de francs cFa. Le 1er septembre 2013, Aminata Touré est nommée Première ministre et forme son gouvernement dès le lendemain. En février 2015, elle est nommée par Macky Sall au poste d’envoyée spéciale du président de la République, pour toutes sortes de missions nationales et internationales. Le 14 mai 2019, Mimi Touré succède à Aminata Tall. Inutile de dire qu’entre les deux femmes, la haine est très forte.
Dans l’entourage de l’actuelle patronne du CESE, on dénonce un « désir compulsif d'Aminata Tall de déraciner et de détruire Mimi Touré ». Un acharnement qui s’apparenterait au comportement d’une personne souffrant de troubles obsessionnels. Une "haine" qui serait soutenue par l’animosité partisane de nombreux « républicains » de l’Alliance pour la Ré- publique. Ces supporters d'Aminata Tall ne supporteraient pas de voir l’ancienne Premier ministre noyer leur championne au côté de leur leader Macky Sall mais aussi sur le plan national. Dans le camp d’Aminata Tall, on accuse Mimi d’être trop ambitieuse et de viser rien moins que le fauteuil de président de la République !