CES MINISTRES ET DG BALAYÉS PAR YEWWI ASKAN WI
De même qu’il ne fait pas le bonheur, l’argent ne fait pas toujours les victoires

La descente sur le terrain politique de ministres et DG du président Macky Sall à l’occasion des élections locales de dimanche dernier a été un véritable fiasco. Pour certains parmi eux, cet engagement a été suscité par le président de la République tandis que d’autres ont été mus par la volonté « de renvoyer l’ascenseur » suite à une nomination comme ministre ou directeur général. Au finish « ces apprentis politiques » ont été rattrapés par la réalité du terrain. Ils ont pour la plupart été laminés.
Leur engagement politique suscitait beaucoup de curiosité. Un engagement fait sur le tard mais surtout en l’absence d’une réelle conviction. Tout simplement, il fallait « renvoyer l’ascenseur » à celui qui les avait nommés comme ministres ou directeurs généraux d’entreprises publiques. La plupart s’étaient engagés sur le terrain politique de leur localité en utilisant sur les moyens puisés au sein de leurs ministères ou de leurs directions générales respectives. Le tout sous le regard approbateur, si ce n’est l’encouragement, de leur mentor.
A Dakar les ministres Abdoulaye Diouf Sarr, Abdou Karim Fofana, Mame Mbaye Niang (ministre chef de cabinet du Président), Zahra Iyane Thiam, ont été laminés par Yewwi Askan Wi. A ceux-là, il faut ajouter Ababacar Sadikh Bèye et Moussa Sy, respectivement directeur général et Pca du Port autonome de Dakar. Autrement dit, c’est tout toute la direction du Pad qui a coulé lors de ces locales.
A la Médina, le maire sortant Bamba Fall est parvenu à conserver sa mairie en écrasant celui que tout le monde avait déjà fini d’installer à sa place, en l’occurrence le tout-puissant directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) Cheikh Ba.
A Guédiawaye, Lat Diop, directeur général de la Lonase, le frère du président de la République (et ex-Dg de la Cdc !), Aliou Sall et la ministre Néné Fatoumata Tall ont chuté devant Ahmed Aïdara et Yewwi Askan Wi.
Dans le département et la ville de Rufisque, les ministres Oumar Guèye (Sangalkam) et Ismaïla Madior Fall (ministre d’État) ont été surpris par la bourrasque Yewwi Askan Wi. A Yeumbeul Sud, le ministre Amadou Hott, un brillant banquier, a perdu, de même que sa collègue Aminata Assome Diatta chutait à Keur Massar.
Même constat à Thiès où les ministres Yankhoba Diattara et Pape Amadou Ndiaye ont été battus, selon toujours les premières tendances (qu’ils ont contestées). Ce, malgré l’appui du président du Cese, Idrissa Seck, également hué et battu dans son propre bureau de vote. A Diourbel, le ministre Dame Diop a finalement mordu la poussière devant le candidat de Wallu Sénégal, Malick Fall.
Dans la commune de Ziguinchor, Ousmane Sonko a laminé le ministre d’Etat Benoit Sambou et le député Abdoulaye Baldé, soutenu par le directeur général de l’Aibd, Doudou Ka. Le directeur général de la Poste, Abdoulaye Bibi Baldé, a également trébuché devant le directeur des Domaines, Mame Boye Diao. Ce dernier est l’exemple même du haut fonctionnaire qui a profité de ses fonctions à une station lucrative pour s’enrichir et essayer de gagner une légitimité politique. Et il l’a fait avec l’onction du président de la République !
A noter, par ailleurs, que les ministres Mansour Faye (Saint-Louis), Alioune Ndoye (Dakar Plateau), Samba Ndiobène Ka (Dahra), Abdou Karim Sall (Mbao) ont sauvé l’honneur du camp présidentiel. Selon le journaliste et politologue Bakary Domingo Mané, les ministres et DG sanctionnés ont été victimes d’une sorte d’humeur de rejet des populations. « Vous savez lorsque le président de la République nomme ces ministres et Dg, c’est souvent en fonction certes de critères de mais surtout leur territorialité pouvant être un atout politique pour le chef de l’Etat. Seulement, ces derniers, une fois nommés, organisent rapidement leur injoignabilité et se coupent de leur base.
Combien de fois les populations ont dénoncé l’arrogance et l’inaccessibilité des ministres et des DG » souligne Bakary Domingo Mané joint au téléphone. « Alors, c’est insultant pour les populations de voir à l’approche des échéances ces mêmes ministres et Dg sortir de leurs trous pour venir essayer de les corrompre afin d’avoir leurs suffrages. Cette corruption a exaspéré les populations. Elle a constitué un élément de rejet parce que les populations ne veulent pas du tout être assimilées à du bétail électoral. La sanction infligée à beaucoup de ministres et DG lors de ce scrutin du 23 janvier démontre que les populations accordent encore beaucoup d’importance à des valeurs et à des principes qui ne sauraient être achetés avec de l’argent » argumente l’analyste politique.