«C’EST UNE VIEILLE PRATIQUE DES MOUVEMENTS DE GAUCHE»
De l’avis de Momar Thiam, spécialiste de la communication politique, « en général, la distribution de flyers était l’apanage des partis de gauche.

Ces derniers temps, les responsables de « Nio-Lank » ont usé des tracts et des flyers comme instruments de communication. Selon Dr Momar Thiam, expert en communication, il s’agit là d’une vieille pratique des mouvements de gauche à l’époque des entraves à la liberté d’expression.
Dernière méthode en date adoptée par le collectif « no lank » dans le cadre de la contestation de la hausse du prix de l’électricité et l’emprisonnement de l’activiste Guy Marius Sagna, la distribution de flyers. De l’avis de Momar Thiam, spécialiste de la communication politique, « en général, la distribution de flyers était l’apanage des partis de gauche. C’est une vieille pratique de communication des mouvements de gauche ».
Selon lui, à l’époque, ces formations politiques qui s’activaient quelques fois dans la clandestinité avaient adopté, dans un souci d’informer les populations, cette méthode pour pallier le non accès aux médias et pour contourner les entraves aux libertés démocratiques. Comme qui dirait, l’Histoire de la pensée et du parti uniques se répète avec le régime actuel. « A l’époque où cette méthode était utilisée, il n’y avait pas ces nouvelles technologies de l’information qui existent actuellement. Par ailleurs, la presse était à son apogée parce que les gens lisaient beaucoup plus les journaux. D’ailleurs, c’est ce qui explique même la naissance des journaux clandestins à l’époque », se souvient le docteur en communication dans son diagnostic des contours des manifestations populaires contre la flambée du prix de l’électricité.
Et actuellement, contextualise-t-il, ce phénomène est réapparu suite à un climat d’interdiction et de répression des manifestations d’opinions publiques comme ce fut le cas avec l’arrestation de Guy Marius Sagna. A propos de l’impact d’une telle démarche, Momar Thiam explique : « En allant directement, munis de ces flyers, vers les populations, les activistes (de nio Lank, ndlr) agissent sur le lien et jouent sur le côté relationnel. Des lors, cette forme de communication prend une tournure interpersonnelle. C’est pourquoi, maintenant, la donne a changé. Car, c’est une méthode qui paie. D’où même les réactions venant des autorités qui procèdent par des arrestations mais aussi par le biais des jeunes du pouvoir qui tentent d’adopter la même méthode pour contrecarrer le mouvement sur le terrain ».
Poursuivant son analyse, Dr Momar Thiam voit, à travers cette dynamique engendrée par le collectif nio Lank, une ébullition du climat social qui s’est répercutée sur la marche de vendredi dernier avec une forte mobilisation des populations. « Il y a également les syndicats qui se bousculent au portillon avec des arrêts de cours dans les établissements scolaires. Or, tout ceci n’est rien d’autre qu’un prétexte pour eux de marquer le coup dans un contexte de revendications collectives. Une manière également pour ces enseignants de mettre en synergie leurs forces avec celles des autres pour se faire entendre » explique Dr Momar Thiam à propos de la manifestation de vendredi dernier contre la hausse du prix de l’électricité.