CHEIKH TIDIANE DIÈYE SAISIT NANA AKUFO ADO
Pour contraindre le Sénégal à signer le protocole de la Cedeao sur la limitation des mandats

Avec un avocat nigérian, le coordonnateur du mouvement Avenir Sénégaal Bi Ñu Bëgg, Cheikh Tidiane Dièye, a écrit une lettre au président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Nana Akufo Ado. L’objectif est de contraindre le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire à signer le protocole sur la limitation à deux des mandats présidentiels.
Après avoir révélé, il y a quelques jours, que le Sénégal s’est abstenu de signer le protocole de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) sur la limitation à deux des mandats présidentiels, Cheikh Tidiane Dièye a consigné une lettre adressée au président en exercice de l’organisation sous régionale.
Dans la note, le coordonnateur du mouvement Avenir Sénégaal BiÑu Bëgg et un avocat nigérian indiquent à Nana Akufo Ado et ses autres collègues chefs d’État la voie pour contourner la réserve du Sénégal, du Togo et de la Côte d’Ivoire et adopter l’amendement sur la limitation des mandats. « Excellences, alors que vous prévoyez de vous réunir pour la ratification lors du prochain Sommet des Chefs d’État prévu le 3 juillet, nous vous appelons, et plus particulièrement les Chefs d’État du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, à écouter la voix du peuple et à approuver les dispositions pour le bien de toute notre communauté. Si, malgré la bonne volonté des 12 États et l’appel des citoyens de la Cedeao, ces trois États décidaient de maintenir leur position contre cet amendement, nous vous demandons, Monsieur le Président, d’invoquer l’article 20 du règlement intérieur de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement afin d’adopter cette décision à la majorité des 2/3 des États présents et habilités à voter», proposent Cheikh Tidiane Dièye et son avocat avant d’ajouter : «Par cet acte singulier de patriotisme, l’histoire vous jugera et vous donnera raison, vous et vos collègues qui se mettront du bon côté, en tant que promoteurs essentiels de la paix, de la justice, de l’intégration et du développement durable en Afrique de l’Ouest». Ils appellent ainsi les différents Parlements d’Afrique de l’Ouest, citoyens bien intentionnés de la Cedeao, à se lever et à peser sur la conscience des trois Chefs d’État afin que lesdites dispositions de l’amendement à l’Acte additionnel soient entérinées et ratifiées. «Nous rappelons qu’en 2012, une proposition similaire avait été soumise aux États membres de la Cedeao, et malheureusement, le Togo (dont nous connaissons la réalité démocratique et la trajectoire), et la Gambie de Yaya Jammeh avaient torpillé le projet de limitation des mandats pour des raisons égocentriques. La résistance ne peut être qu’une invitation au chaos, à l’anarchie et à un régime non démocratique. Le cas de la Guinée devrait encore être présent à l’esprit de ceux qui s’opposent à ce projet de loi louable. Nous ne pouvons pas continuer à nous complaire dans des processus antidémocratiques alors que nos populations végètent dans les affres de la pauvreté et de la misère. On se moque de nous!», déplorent les signataires de la lettre.
«UNE MESURE COURAGEUSE»
Ils ont indiqué que «des représentants d’organisations issues de la société civile, du secteur privé, des mouvements de jeunes et de femmes, des milieux professionnelles et socioprofessionnelles, religieux, politiques, entre autres, sous les auspices de la Communauté des Citoyens de la Cedeao» félicitent Nana Akufo Ado et ses autres collègues chefs d’État «pour la mesure courageuse que vous avez récemment prise pour mettre fin à l’agitation politique incessante dans la région, principalement provoquée par la tentative de certains dirigeants politiques dans les différents États membres de se perpétuer dans leur fonction par la voie détournée et malsaine de l’amendement de la Constitution».
Pour les signataires de la lettre, «la récente tentative audacieuse d’amender le Protocole de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance et l’insistance sur le fait qu’aucun dirigeant élu ne devrait être autorisé à aller au-delà d’un second mandat est en effet un encouragement pour les peuples d’Afrique de l’Ouest. Pour nous, en tant que peuple, l’introduction d’un nouveau paragraphe dans l’article I, relatif à la limitation du mandat du président dans tous les pays membres de la CEDEAO, et stipulant que : '’ Les États membres doivent adopter des dispositions dans leurs Constitutions respectives pour s’assurer qu’aucun Président de la République n'exerce plus de deux (2) mandats ou ne prolonge son mandat pour quelque raison ou sous quelque forme que ce soit’’ est en effet historique. Nous sommes en outre profondément impressionnés par le fait que douze (12) États membres ont soutenu et promu cette volonté de réformer et de moderniser les instruments communautaires pour les adapter à notre époque et aux besoins et préoccupations des populations».