VIDEOCHEIKH TIDIANE GADIO MET EN GARDE CONTRE LE PIÈGE DU BILATÉRALISME DÉSORGANISÉ
L'ancien ministre craint que la prochaine rencontre entre Trump et certains pays africains ne soit transformée en une série de tête-à-tête séparés. Une méthode qu'il qualifie d'"interpellative comme si un père parlait à ses enfants"

L'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal et actuel président de l'Institut panafricain de stratégies (IPS), Cheikh Tidiane Gadio, a exprimé ses préoccupations concernant la prochaine rencontre entre le président sénégalais et Donald Trump à Washington. "Le nouveau président des États-Unis dit que lui, il est cash, il fonctionne en transaction", souligne l'ancien diplomate, rappelant que Trump privilégie avant tout les intérêts américains.
Le cœur de l'inquiétude de Gadio réside dans l'approche que pourraient adopter les pays africains invités. "Le Sénégal seul devant Trump, la Sierra Leone ou la Guinée-Bissau seul devant Trump, c'est pas bien ça", affirme-t-il avec conviction.
Il met en garde contre le "piège du bilatéralisme désorganisé" qui consisterait à transformer cette rencontre multilatérale en une série de tête-à-tête séparés. Cette méthode, qu'il qualifie d'"interpellative comme si un père parlait à ses enfants", risque de fragiliser la position des pays africains face à l'administration Trump.
Sur la question du souverainisme, Gadio nuance le discours ambiant : "En tant que panafricaniste, je comprends le souverainisme africain. Je ne comprends pas le souverainisme à l'échelle individuelle de chaque petit pays." Il estime qu'un souverainisme sénégalais isolé n'a de sens que s'il est "combiné avec le souverainisme du Mali, du Burkina, du Niger, de la Guinée, de l'Afrique en général".
Concernant l'état actuel de la diplomatie sénégalaise, l'ancien ministre reconnaît que le pays "n'offre pas sa diplomatie dans sa splendeur habituelle", tout en restant optimiste : "Rien n'est encore joué, rien n'est perdu."
Il souligne la qualité exceptionnelle du personnel diplomatique sénégalais, décrivant les jeunes diplomates comme "brillantissimes" et rappelant que le Sénégal est reconnu comme une "petite grande puissance diplomatique" depuis 1960.
Pour Cheikh Tidiane Gadio, l'avenir du Sénégal et de l'Afrique passe par un repositionnement clair de la diplomatie, privilégiant la coordination régionale face aux grandes puissances plutôt que les démarches solitaires qui affaiblissent le continent.