DERRIÈRE LA BATAILLE DE DAKAR
Dans cette course pour la conquête de la capitale dont les favoris sont le maire de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr et celui de Mermoz/ Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, se cachent d’autres enjeux qui dépassent les protagonistes

La capitale sénégalaise est partie pour vivre l’une des campagnes électorales lesplus électriques de son histoire. Abdoulaye Diouf Sarr, Barthélémy Dias, Pape Diop, Soham Wardini, Mame Mbaye Niang et Doudou Wade ne vont certainement pas se faire de cadeau avant le jour du scrutin. Mais dans cette bataille pour la conquête de la ville de Dakar, dont les favoris sont le maire de Yoff et celui de Mermoz/ Sacré-Cœur, se cachent d’autres enjeux qui dépassent les protagonistes.
Plus que des locales, les prochaines joutes électorales prévues le 23 janvier 2022 seront certainement inscrites dans les annales de l’histoire du Sénégal, du fait des enjeux qui se cachent derrière. Si le pouvoir cherche à confirmer sa légitimé, l’opposition veut coûte que coûte remporter les élections pour anéantir toutes les chances de Macky Sall à propos d’un éventuel troisième mandat. Malgré l’effervescence notée sur l’étendue du territoire national, la capitale sénégalaise cristallise toutes les attentions. Dans la grande bataille pour le contrôle de la ville de Dakar qui doit opposer Abdoulaye Diouf Sarr (Benno Book Yakaar), Barthélémy Dias (Yewwi Askan Wi), Pape Diop (Bok Gis Gis), Soham Wardini (Parti Union Citoyenne Bunt Bi), Mame Mbaye Niang (Coalition Sénégal 2035) et Doudou Wade (Wallu Sénégal), se cache la bataille entre Macky Sall, dont le joker est le maire de Yoff, et Yewwi Askan wi de Khalifa Sall, dontle candidat estle maire de la commune de Mermoz/Sacré-Cœur. Après avoir perdu les locales en 2014, la coalition présidentielle avait réussi à renverser la tendance lors des dernières législatives. Mais entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. D’où la nécessité de s’intéresser sur les forces et les faiblesses des candidats qui convoitent la prestigieuse mairie de Dakar.
Considéré comme l’un des prin cipaux favoris, Abdoulaye Diouf Sarr a une grande chance de de venir le patron de la capitale sénégalaise au soir du 23 janvier 2022. Du fait de son appartenance à la mouvance présidentielle, il bénéficie du soutien du président Macky Sall qui l’a désigné pour représenter Benno Bokk Yaakar (BBY). Sa proximité avec le pouvoir lui permet de disposer des moyens conséquents pour battre campagne. Actuel maire de Yoff, il a déjà une base solide et jouit d’une certaine légitimité. D’ailleurs, lors de la débâcle de Bby lors des dernièresl ocales, il avait réussi à remporter les élections dans sa commune. En plus de cela, le ministre de la Santé pourra compter sur les maires élus sous la bannière de «Taxawu Dakar» en 2014 et qui ont rejoint le camp du pouvoir. L’implication de l’ancien ministre Amadou Ba dans sa campagne électorale pourrait également être décisive à l’issue lors du scrutin. Mais la tâche de l’ancien du directeur du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud) risque d’être difficile à cause de la candidature du directeur de cabinet du président de la République, Mame Mbaye Niang, qui va certainement lui grignoter des voix. Selon certains observateurs, le principal handicap de Abdoulaye Diouf Sarr réside dans le fait qu’il n’a pas une certaine popularité dans les autres communes hormis celle de Yoff, contrairement à son principal adversaire, Barthélémy Dias qui, grâce à ses participations dans les combats politiques de l’opposition, a une certaine légitimité dans la capitale sénégalaise. Ses sorties au vitriol contre le régime de Macky Sall peuvent pousser les Dakarois qui ne sont pas satisfaits du travail du chef de l’Etat à voter pour lui.
Barth, l'élément clé de Yaw
Connu pour son courage, sa constance, sa fougue et son hostilité manifeste au locataire du Palais, le fils de Jean Paul Dias semble être sur la bonne voie pour damer le pion à ses concurrents. Protégé de Khalifa Sall qui a eu à battre la mouvance présidentielle à Dakar pour devenir maire de la ville lors des deux dernières élections locales, le maire de Mermoz/Sacré-Cœur va bénéficier de l’expérience de son mentor et de son capital politique. Soutenu par la coalition Yewwi AskanWi (Yaw) qui considère les prochaines joutes électorales comme les primaires de la présidentielle de 2024 et veut profiter de l’occasion pour donner une raclée aux candidats du pouvoir afin de dissuader Macky Sall de penser à un éventuel troisième mandat, Barthélémy Dias est sûr de l’engagement des leaders de Yaw qui vont mettre tout en œuvre pour lui permettre de gagner. A l’instar de Abdoulaye Diouf Sarr, Dias-fils a déjà une base politique et se glorifie de son bilan à la tête de la commune de Mermoz/Sacré-Cœur. Du fait de son engagement dans le combat pour la libération de l’opposant Ousmane Sonko dans l’affaireAdji Sarr, les membres du Pastef et la mafia «Kacc kacc» lui vouent une grande administration. Sa récente convocation devant la Cour d’Appel de Dakar, ses deux dernières arrestations jugées arbitraires et les propos xénophobes de Gaston Mbengue à son encontre, lui ont été favorables, du fait de l’indignation de l’opinion. Toutefois, Barthélémy Dias pourrait être handicapé par sa fougue et son intrépidité qu’utilisent ses adversaires pour le décrire comme quelqu’un de violent.
La dissidence de la mairesse sortante Soham Wardini, qui a décidé d’être candidate à sa propre succession, n’arrange pas non plus les choses pour le fils de Jean-Paul Dias. La décision de maire de la Médina, Bamba Fall, d’aller à la conquête de sa circonscription sous une autre bannière risque aussi d’être fatale au maire de Mermoz/Sacré-Cœur. Pire, le protégé de Khalifa Sall va aller aux élections sans le soutien de plusieurs maires avec qui il était élu sous la bannière de «Taxawu Dakar». Ces derniers roulent pour le candidat du pou- voir, Abdoulaye Diouf Sarr, sauf l’édile des Parcelles Assainies, Moussa Sy, que l’on accuse de faire dans le clair-obscur.
A côté des favoris pour la conquête de la ville de Dakar, il y a les outsiders qui pourraient jouer les trouble-fêtes. C’est le cas de Mame Mbaye Niang qui a réussi à mettre les frustrés des investitures de Bby dans sa coalition. Soham Wardini, soutenue par de nombreuses femmes, a aussi des arguments à faire valoir. Mais étant donné qu’elle n’est plus sous l’aile protectrice de Khalifa Sall, ses chances de gagner sont très minimes. Il sera aussi difficile à Pape Diop, après avoir subi une humiliation en 2014, de damer le pion à Abdoulaye Diouf Sarr et Barthélémy Dias qui montent en puissance.
Quant à Doudou Wade, il aura toutes les difficultés du monde pour bousculer ses adversaires, si son oncle Abdoulaye Wade ne vient pas participer à sa campagne électorale.