VIDEO DES CONTRADICTIONS INTERNES AU PASTEF
Derrière l'unité de façade, le parti présidentiel se fissure. C'est le constat sans détour du sociologue Mamadou Wane dit Mao, qui a décrypté ce dimanche sur Sud FM les tensions croissantes entre les différents courants du parti au pouvoir

Les fissures commencent à apparaître au grand jour. Dans une analyse sans détour sur Sud FM ce dimanche 13 juillet 2025, Mamadou Wané dit Mao, sociologue et analyste politique, a mis en lumière les contradictions internes qui traversent actuellement le Pastef et menacent la cohésion du pouvoir exécutif. "Sa déclaration révèle des contradictions internes", affirme Mao en référence aux récentes sorties du président du Pastef.
L'analyste identifie même une "lutte de ligne entre un courant révolutionnaire incarné par le Premier ministre et un courant beaucoup plus réformateur". Cette fracture idéologique expliquerait en partie les tensions observées entre les deux têtes de l'exécutif.
Au cœur de ces contradictions se trouve une réalité préoccupante : "Ils se sont coupés de la base politique", diagnostique le sociologue. Après la victoire, "il y a eu une période de fuite" où les militants historiques se sont sentis délaissés tandis que "les portes ont été fermées" aux nouveaux sympathisants désireux d'adhérer.
Cette déconnexion avec la base s'accompagne d'un déficit organisationnel criant. "Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, il n'y a pas de renouvellement d'instances, il y a pas de campagne d'adhésion. Il y a rien", constate amèrement Mao.
L'une des contradictions les plus saillantes relevées par l'analyste concerne la transformation du mouvement. "Pastef est arrivé au pouvoir avec une culture beaucoup plus d'opposition", explique-t-il. Désormais confrontés aux "tâches quotidiennes de l'État", les dirigeants risquent la "bureaucratisation" et une "coupure entre le parti et l'État".
Cette absorption par les responsabilités gouvernementales a créé un vide politique majeur : "Depuis un an et quelques mois, la politique est absente du côté de Pastef", observe le sociologue.
Deux visions du changement s'affrontent
Les contradictions internes révèlent également deux conceptions différentes du rythme et de la nature des réformes. D'un côté, un courant prône une approche révolutionnaire radicale, de l'autre, une démarche plus graduelle et institutionnelle.
"Il y a certains qui croient que la rupture c'est de faire comme avant", critique Mao, pointant une tendance au "politiquement correct" qui freine les transformations profondes attendues par la base.
Au centre de ces contradictions se pose la question cruciale du leadership réel. "Pour le Sénégalais, la majorité des Sénégalais, ce n'est pas les dispositions constitutionnelles" qui comptent, rappelle l'analyste. Dans l'imaginaire populaire, "le guide de la révolution, c'est Ousmane Sonko."
Cette réalité sociologique entre en tension avec l'architecture institutionnelle formelle, créant une ambiguïté que tentent d'exploiter les opposants au régime.
Contrairement aux formations politiques traditionnelles, Pastef souffre d'un déficit structurel qui aggrave les contradictions internes. "Le parti a été interdit, il y a eu un harcèlement, des arrestations", rappelle Mamadou Wane. "Ils n'ont pas eu le temps de développer l'appareil du parti, de le structurer."
Cette faiblesse organisationnelle explique en partie pourquoi "même certains ne veulent pas que les gens soient dans le parti. Des fois même tu ne trouves pas de porte pour aller dans le parti."
L'urgence d'une résolution
Face à ces contradictions croissantes, l'invité de Sud FM tire la sonnette d'alarme : "Il faut l'arrêter immédiatement parce que si ça continue comme ça, d'autres qui sont mal intentionnés, la 5e colonne de la contre-révolution va utiliser ça."
La solution passe selon lui par une redynamisation du parti et une clarification des rôles : "Il faut trouver aujourd'hui la juste solution des contradictions au sein du peuple", plaide-t-il, insistant sur la nécessité de "retrouver la dynamique" révolutionnaire initiale.
Si Mao reconnaît que ces contradictions doivent "trouver des solutions dans le débat démocratique", il n'en demeure pas moins que leur exposition publique révèle une fragilité jusqu'alors masquée du pouvoir.
"Vaut mieux les accomplir en ayant le pouvoir que de perdre le pouvoir", conclut pragmatiquement Mao, soulignant l'urgence pour Pastef de résoudre ses contradictions internes avant qu'elles ne deviennent fatales à son projet de transformation du Sénégal.