DURCISSEMENT DE LA CONDAMNATION SONKO, UN CALME PLAT AU CENTRE-VILLE
Le procès en appel du leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef / Les Patriotes) s'est tenu hier dans un calme plat en centre-ville et aux abords du palais de justice.

Le procès en appel du leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef / Les Patriotes) s'est tenu hier dans un calme plat en centre-ville et aux abords du palais de justice. Toutefois, des heurts ont été notés à l'ucad après le verdict alourdissant la condamnation d’Ousmane Sonko.
Un bruit assourdissant perce l'assemblage de ferraille qui sert de mur dans un atelier de menuiserie métallique, dans le quartier de Rebeuss. La quarantaine révolue, avec ses lunettes de protection pour se prémunir des étincelles se dégageant de la souderie, Abdou Diédhiou est dans le feu de l'action. A l'aide d'un levier, il façonne le fer à son désir. Malgré l'ouverture du procès en appel opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, il n'a pas fermé les portes de son entreprise en prévision à d'éventuelles manifestations. «À chaque fois qu'il y a débordement, nous baissons les portes.
Ainsi, toute la journée, nous ne travaillons pas. On doit délocaliser le tribunal à Diamniadio. Ici, même les habitants sont importunés en cas de manifestations», se désole-t-il. Ayant un avis tranché, il demande au gouvernement de desserrer l'étau autour du leader du Pastef qui ne s'est pas déplacé, pour une énième fois, au tribunal pour assister à son procès. «Qu'on le (Ousmane Sonko) laisse vaquer à ses occupations. Ce procès est un théâtre», a tonné le maître des lieux. Le même calme prévaut dans tout le centre-ville où les effets du procès en appel d’Ousmane Sonko ne se sont pas fait ressentir. Au rond-point Sandaga, les échanges se font entre commerçants comme à l’accoutumée. D'habitude, en prévision à d'éventuels débordements, les commerçants n'ouvrent leurs étals que partiellement. Les moyens de transport comme les Tata etc. étaient aussi bondés de monde. En dépit de l'interdiction de circuler pour les deux roues, quelques motards ont bravé la décision du gouverneur. Mamadou est au courant de l'arrêté du gouverneur. «Depuis ce matin, je n'ai pas circulé, mais je viens de sortir pour chercher du carburant à la station de Lat Dior avant d’aller garer la moto», a-t-il dit.
À quelques jets de pierre du palais de justice de Dakar, un groupe de 5 individus s'affaire dans un atelier de réparation de moto. «Aujourd'hui, on a travaillé. Ce qui est impossible lors de certaines convocations d'Ousmane Sonko devant la justice. Car souvent, des manifestations éclatent. Nous souhaitons que ce calme perdure. Les forces de l'ordre comprennent et nous laissent travailler. Mais au-delà de nous qui travaillons ici, le quartier est habité. Des fois, c'est insupportable pour nous avec les gaz lacrymogènes», tonne le responsable.
Toutefois, il faut noter que les forces de l'ordre ont été déployées en masse. Un dispositif impressionnant a ceinturé le Palais de justice. Toutes les entrées et sorties sont filtrées. En début d'après-midi, vers 16h15, une conversation entre le chef des opérations et ses éléments sur le terrain fait état d'un calme à la cité Keur Gorgui, quartier où est domicilié l'opposant Ousmane Sonko. «Rien à signaler à la cité Keur Gorgui. Pas de rassemblement, pas de journalistes. Tout est calme à mon niveau», pouvait-on entendre de la radio de la police.
DES MANIFS A L'UCAD EN DEBUT DE SOIREE
Il faut souligner que cette fois-ci, il n'y avait pas beaucoup d’acteurs politiques à la salle d'audience où s'est tenu le procès en appel. Le député Chérif Ahmed Dicko est l’un des rares hommes politiques à avoir fait le déplacement. Toutefois, le calme noté depuis le début de la journée s'est effrité en début de soirée. En effet, des affrontements ont éclaté à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar entre forces de l'ordre et étudiants. Ces derniers ont lancé des pierres aux policiers qui, à leur tour, ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Une situation qui résulte de la décision du tribunal. En effet, le juge a corsé la peine d’Ousmane Sonko à 6 mois de prison avec sursis etc. Une condamnation qui, selon des experts électoraux, rend Ousmane Sonko inéligible et l’écarte de la Présidentielle de 2024. Conséquence : les étudiants ont voulu manifester leur colère dans la rue. Mais c'était sans compter avec la police déployée aux alentours du temple du savoir transformé en terrain d'affrontements.