ET SI LE PS CHANGEAIT DE NOM ?
Barthélemy Dias a émis récemment, le souhait de voir le Parti socialiste changer de nom pour mieux coller à l’évolution des choses. Si l’opportunité d’une telle proposition est remise en cause, les « verts » ont changé plusieurs fois de noms par le passé

Barthélemy Dias a émis, récemment, le souhait de voir le Parti socialiste changer de nom pour mieux coller à l’évolution des choses. «Le socialisme ne suffit plus… il faut aller vers la sociale démocratie », prêche-t-il. Si l’opportunité d’une telle proposition est remise en cause, les « verts » ont pourtant changé plusieurs fois de noms sur les 70 dernières années grâce à des alliances et des fusions.
« Le PS n’a pas toujours été le PS. Avant il était l’UPS (Union progressiste sénégalaise), le BDS (Bloc démocratique sénégalais) et tout au début la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière). Je pense que nous devons changer le nom de ce parti », a rappelé Barthélemy Dias dans l’émission Le Grand Jury de RFM du dimanche 18 août. En effet, si le Parti socialiste existe sous cette appellation depuis 1976, il y a eu plusieurs changements de noms avant. En 1948, il y a eu l’avènement du Bloc démocratique sénégalais impulsé par Senghor, qui donnera, en 1957, le Bloc populaire sénégalais à la suite de fusions avec d’autres mouvements. Un an plus tard, le BPS va disparaître au profit de l’Union progressiste sénégalaise. Et cette dernière qui a enfanté le Parti socialiste d’aujourd’hui.
« Pas la priorité »
Pour certains observateurs du jeu politique sénégalais, un changement de nom n’est pas un tabou mais est-ce le bon moment. La suggestion de Barthélemy Dias est émise au moment où le Parti socialiste fait le deuil de son Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng disparu le 15 juillet 2019 avec en sourdine une bataille des potentiels héritiers.
Pour Abdoulaye Thiam, ancien journaliste politique au Soleil, cette proposition n’est « que » le point de vue d’un membre du parti. «Un changement aussi sérieux, il se fait à la base. Et puis au Ps, il y’a d’autres priorités comme le nom du futur successeur de Tanor. C’est aussi une question qui se règle à la base. Il y a également le renouvellement des instances… et d’autres questions annexes », estime l’ancien chef du service politique du quotidien national.
S’il est vrai que le PS est un parti historique, force est de reconnaître qu’il est à un nouveau tournant de son histoire. C’est pourquoi, le journaliste et analyste politique Momar Diongue pense que les priorités sont ailleurs. Selon lui, l’idée « n’est pas mal du tout ». Mais il y’a une certaine rivalité dans ce parti et personne ne peut l’occulter.
Le jeu des alliances
«Il y a les fidèles de Tanor d’un côté, de l’autre il y’a les pro Khalifa. On ne peut pas parler de changement de nom au moment où le parti est fissuré. D’un côté, il y a la direction du Ps constitué autour de Aminata Mbengue Ndiaye, Sérigne Mbaye Thiam, Abdoulaye Wilane… C’est-à-dire ceux qui sont restés fidèles à Tanor jusqu’à sa disparition récente. C’est eux qui estiment être les héritiers légitimes de Ousmane Tanor », analyse Momar Diongue qui estime que la bataille de la succession est ouverte. Ce qui fait que les anciens ne sont pas «enclins à ouvrir les portes du Parti pour des retrouvailles. Parce que cela compliquerait leur prise en main du parti. Si aujourd’hui tous ces soutiens rejoignaient le Ps, cela pourrait amoindrir les chances de Aminata Mbengue Ndiaye et consorts à succéder à Tanor ».
Revenant sur la proposition de « Barth », Momar Diongue estime qu’elle permettrait une profonde refondation du parti. «Elle passerait par une redistribution des cartes qui les propulserait au devant de la scène. C’est ce qui explique, qu’au-delà du changement de nom du parti, il (Barthélemy Dias) propose une vaste plateforme qui irait au delà du Ps et qui permettrait de capter des forces de la société civile pour entrer dans une logique de blocage de l’autre camp », poursuit M. Diongue.
Historiquement, la loi des alliances a toujours été au coeur des changements de noms du BDS de 1948 au PS de 1976.