VIDEO GOUGNAFIER EST CONSIDERE COMME UNE INSULTE DANS UN VIEUX PATOIS…
Selon Me Hélène Cissé, conseillère principale des victimes de crimes de guerre du Darfour devant la Cpi, l'arrestation de Moustapha Diakhaté sur la base du délit d'offense au chef de l'État n’a rien d’une judiciarisation de l’espace politique

Selon Me Hélène Cissé, Conseillère principale des victimes de crimes de guerre du Darfour devant la Cour pénale internationale, l'arrestation de Moustapha Diakhaté sur la base du délit d'offense au chef de l'État n’a rien d’une judiciarisation de l’espace politique. Invitée de l’émission « Objection » de la radio Sud FM, l’avocate inscrite au barreau de Dakar a indiqué que le véritable problème posé par la sortie de Moustapha Diakhaté réside dans l’usage à l’encontre du chef de l’État du mot gougnafier, considéré comme une insulte dans un vieux patois, équivalent à vaurien, bon à rien ou encore personne sans valeur.
Me Hélène Cissé s’invite dans le débat sur l’article 258 du Code pénal, relatif au délit d’offense au chef de l’État, remis au goût du jour avec l’affaire Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire de la majorité Benno Bokk Yakaar (BBY, 2012-2024), placé sous mandat de dépôt ce mercredi11juin. Invité de l’émission « Objection » de la radio Sud FM, l’avocate réfutant toute idée de judiciarisation de l’espace politique dans le cadre de cette affaire Moustapha Diakhaté, appelle à faire la part des choses. En effet, répondant à une interpellation de notre confrère Baye Oumar Gueye relative à l'arrestation de Moustapha Diakhaté sur la base du délit d'offense au chef de l'État, Me Cissé a justifié l’auto-saisine du procureur de la République dans cette affaire par l’usage de l’expression gougnafier à l’encontre du chef de l'État. Ce mot, précise-t-elle, est considéré comme une insulte du patois ancien, équivalent à vaurien, bon à rien ou encore personne sans valeur. « Je ne sais pas si la personne qui a utilisé cette expression s’est vraiment rendue compte du sens, mais dans la terminologie, c’est considéré comme une insulte », a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, affirmant avoir rapidement visionné l’élément incriminé, la consultante des Nations unies en matière de criminalité transnationale (Onudc) s’est également démarquée de la thèse de violation du protocole républicain évoquée par le responsable de l’ancien parti au pouvoir. « En fait dans les images en question, on a vu le président de la République, le président de l'Assemblée nationale, et le Premier ministre qui marchaient tous les trois, côte à côte, dans l'allée. Je pense qu'ils sortaient d'une réunion, je n'ai pas réussi à savoir quelles circonstances » a-t-elle souligné avant de faire remarquer dans la foulé. « Mais ils n'étaient pas dans une cérémonie officielle. Et, pour moi, les règles du protocole, c'est à l'occasion de cérémonie officielle, de préséance. Mais, ici, ils sortaient manifestement dans une réunion. Ils étaient dans une allée, peut-être l'allée-là qui mène à la sortie. Et donc, ils étaient tous les trois en train de discuter »
Poursuivant ses explications sur les motivations de l’intervention du procureur de la République dans cette affaire, l’avocate a déclaré que le véritable problème posé parla sortie de Moustapha Diakhaté réside dans l’usage d’un mot gougnafier, qu’il a utilisé dans ce qu’il considérait, lui, comme une simple critique. « En réalité, il y a ce mot : gougnafé.( ???). Donc, cela peut être considéré comme injurieux. », a-t-elle expliqué avant de marteler. « Quand vous dites à quelqu’un qu’il est un gougnafier, c’est que vous le traitez de bon à rien. Et quelle que soit votre position sur l'application ou non des règles du protocole de la République, quand le président de la République, le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, sortent d'une réunion pour marcher ensemble dans l'allée, quelle que soit votre conviction, le problème, ce n’est pas ça. L'article 254 protège la dignité du plus haut représentant de l'État du Sénégal, le président de la République. C'est ça. Moi, je pense qu'il faut faire la part des choses ».