«IL NE RESTERA A L’OPPOSITION QUE LA RUE POUR DONNER SON AVIS SUR LES QUESTIONS POLITIQUES»
Le porte-parole national du Parti démocratique sénégalais (PDS) se prononce à travers cet entretien accordé à «VOX POPULI», sur la suppression annoncée du poste de Premier ministre de l’architecture institutionnelle du Sénégal.

Le porte-parole national du Parti démocratique sénégalais (PDS) se prononce à travers cet entretien accordé à «VOX POPULI», sur la suppression annoncée du poste de Premier ministre de l’architecture institutionnelle du Sénégal. «Il ne restera à l’opposition que la rue pour donner son avis sur les questions politiques», analyse Babacar Gaye, qui se prononce sur deux autres sujets d’actualité.
Que vous inspire le nouvel attelage gouvernemental de par sa composition et son nombre ?
L'actuel gouvernement est composé pour le moment de 32 ministres qui seront secondés par 3 Secrétaires d'État. Déjà 3 des ministres du gouvernement sortant sont recyclés à la Présidence de la République avec les mêmes titres et avantages. Pour un quinquennat dont les femmes et les jeunes sont au cœur des priorités du chef de l'Etat, on pouvait mieux faire du point de vue, aussi bien de la qualité que du nombre des appelés. La compétence, l'éthique, la bonne gouvernance et l’équilibre ethnique ne me semblent pas avoir été les critères qui ont guidé les choix de Macky Sall.
Que pensez-vous de la décision du chef de l'Etat de supprimer le poste de Premier ministre de l’architecture institutionnelle du Sénégal ?
La suppression du poste de Premier ministre a pour corollaire la volonté du président de la République de concentrer entre ses mains tous les pouvoirs. Cette décision va instaurer un régime présidentialiste renforcé de nature à ôter à l'Assemblée nationale sa principale prérogative : le contrôle de l’action gouvernementale. Plus de déclaration de politique générale, plus de motion de censure, plus de question de confiance, plus de questions au gouvernement. Sauf si, dans sa réforme, Macky Sall supprime le droit de dissolution, il aura droit de vie et de mort sur toutes institutions de la République. Et notre système politique qui s'apparente à un despotisme éclairé, risque d'enlever à l'opposition son seul moyen d'expression démocratique dans le cadre des institutions. Il ne lui restera que la rue pour donner son avis sur les questions politiques.
L'appel au dialogue du président de la République semble être un projet mort-né…
Pour l'instant, Macky Sall ne pense pas à un dialogue franc et inclusif sur les questions majeures de réforme de l'Etat, de la démocratie, du processus électoral, de l'indépendance de la justice et de la gouvernance économique, financière et sociale. Ça ne l'intéresse pas, dès lors qu'il pose déjà les jalons des grands bouleversements en cours, sans attendre l'avis des Sénégalais pour qui il gouverne. Avec toute cette arrogance institutionnelle, je serai surpris de voir des acteurs crédibles du jeu politique et de la société civile accepter de participer à des conclaves dont les résultats attendus ne serviraient à rien. Je pense qu'il a mis plusieurs charrues avant les bœufs