LA PRECAMPAGNE LANCEE AVANT L’HEURE
Après un dialogue de sourds entre les différents acteurs présents à la table des négociations, l’Etat a pris le dossier en main en proposant la tenue des élections locales au plus tard le 31 janvier 2022.

L’espace public est fortement politisé à quelque huit voire neuf mois de la tenue des élections locales. Les enjeux sont énormes vu que ce scrutin est déterminant par rapport aux Législatives de 2022 et à la Présidentielle de 2024. En effet, il prépare le terrain au parti ou coalition gagnant et lui ouvre les portes de l’Hémicycle et de la Présidence de la République.
Après un dialogue de sourds entre les différents acteurs présents à la table des négociations, l’Etat a pris le dossier en main en proposant la tenue des élections locales au plus tard le 31 janvier 2022. L’Assemblée nationale a par la suite entériné cette volonté de l’Exécutif, autorisant par la même occasion la prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. Pour l’heure, pouvoir et opposition restent toujours divisés sur la fixation de la date de ces consultations. Si la mouvance présidentielle estime qu’il est impossible de tenir le scrutin en 2021 du fait de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral, le Front de résistance nationale (Frn) propose quant à lui une compression des délais pour ne pas sortir de cette année.
L’opposition dit craindre que l’organisation de ce scrutin en 2022 ait des répercussions sur les autres échéances telles que les Législatives de 2022 et la Présidentielle de 2024. Quoi qu’il en soit, d’un côté comme de l’autre, les différents états-majors politiques se préparent activement. La preuve, le week-end dernier, pratiquement, toutes les contrées du pays ont renoué avec la politique. Un vrai air de précampagne alors que la date officielle du scrutin n’est pas encore fixée.
De Dakar à Ziguinchor en passant par Touba, Tivaouane et Saint-Louis, des dizaines de cellules ont été installées par les Patriotes. Pastef est pleinement dans la massification en prélude aux Locales, aux Législatives et à la Présidentielle de 2024. Du côté de Taxawu Sénégal, l’autre force de l’opposition, le leader Khalifa Sall a appelé ses partisans à la mobilisation dans toutes les communes et les départements, en direction des jougs électoraux. «Il faut une structuration de Taxawu Sénégal dans toutes les régions. On doit faire confiance aux jeunes leaders qui doivent s’investir dans nos différents comités au niveau local. Je voudrais qu’avant la fin du ramadan, on soit prêts à monter les comités partout dans le territoire», a-til conseillé à ses militants. Pendant ce temps, la mouvance présidentielle a montré qu’elle avait du répondant.
En Casamance, les partisans de Macky Sall ont organisé un grand meeting présidé par Doudou Ka. Le Directeur Général de l’aéroport international Blaise Diagne qui a porté sur les fonts baptismaux la Coalition «Doggu pour le Grand Sénégal» a essayé de réunir tous les responsables du parti présidentiel dans la zone. Même si cette sortie était un moyen de reprendre le terrain perdu ou de réduire le gap par rapport à l’avance de Pastef, force est de constater que Doudou Ka veut se positionner en direction des Locales. C’est ce qui fait dire au responsable apériste de Sédhiou, Mamadou Lamine Ba, que ces sorties dans la région sud est loin d’être une opération de massification mais plutôt des agitations politiciennes. «Les récents événements de début mars ont secoué certains présumés responsables de l’APR. Certains ont été réveillés de leur torpeur et ils ont peur. Ils se sentent menacés. C’est ce qui justifie quelque part ces rassemblements tous azimuts », explique Monsieur Ba.
Poursuivant, il affirme que certains maires veulent reconquérir leurs postes et s’agitent dans cette perspective. «Cependant, les primo candidats vont bientôt entrer dans la danse et ce sera une nouvelle bataille dans les rangs », prévient-il. Si la mouvance présidentielle peine à former un bloc compact dans le Sud, il faut relever que dans le Fouta, chaque leader garde jalousement son fief. Après Farba Ngom et Cheikh Oumar Hanne, respectivement aux Agnam et à Ndioum, c’était au tour du premier questeur à l’Assemblée nationale et coordonnateur départemental de l’APR Kanel de descendre sur le terrain. Il a mobilisé le weekend dernier ses militants à Wendou Bosséabé et Orkédiéré.
Toujours dans la zone nord, le maire de Demette, Ablaye Elimane Dia, faisait aussi sa rentrée politique en solo. A Dakar, Cheikh Tidiane Mbaye du mouvement « Sà Dëgg Dëgg » a organisé un meeting aux HLM. Sans compter le retour en force du mouvement national And Liggey Sénégal ak Racine (Alsar) qui démontre qu’il nourrit toujours des ambitions politiques particulièrement. Pendant ce temps, la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a réuni tous ses élus pour faire savoir qu’elle n’avait pas peur d’aller aux élections locales. Confiants, ils disent vouloir que l’Etat du Sénégal organise les prochaines élections locales dans les meilleurs délais. Même le Rewmi n’est pas en reste. Inactive depuis son ralliement à la mouvance présidentielle, la formation orange a enclenché un processus de restructuration et redynamisation de ses instances.
Idrissa Seck et Cie prévoient ainsi de tenir prochainement des activités d’échanges et de remobilisation du parti Rewmi, toujours dans leur démarche de réorganisation. Tout cela laisse entrevoir un jeu politique qui risque d’être très complexe avec toutes sortes d’alliances pour se positionner lors de ces élections locales qui finalement ne sont pas aussi insignifiantes que cela. A vrai dire, d’aucuns disent que les résultats des Locales renseignent souvent sur le parti ou la coalition le mieux placé pour prendre le pouvoir à la prochaine Présidentielle.