LA RECETTE DE PAPE DIOP
Le président de la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis pense que la pandémie du coronavirus, malgré ses conséquences, reste quand même une opportunité pour transformer notre économie, une fois cette parenthèse refermée.

Afin de survivre du choc économique engendré par la pandémie du coronavirus, le leader de Bokk Gis Gis invite les pouvoirs publics, le patronat, les décideurs et tous les acteurs économiques à un changement de paradigme. pour installer durablement notre économie sur la voie du développement, Pape Diop demande à l’Etat de s’appuyer sur trois leviers à savoir les secteurs bancaires et informels et de promouvoir le patriotisme économique.
Le président de la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis pense que la pandémie du coronavirus, malgré ses conséquences, reste quand même une opportunité pour transformer notre économie, une fois cette parenthèse refermée. Partageant ses réflexions sur la redynamisation de l’économie qui subit de plein fouet la pandémie, Pape Diop propose d’agir sur le secteur bancaire. «A ce niveau, la première chose à corriger est la très faible proportion de nos banques de développement par rapport à l’offre bancaire. Il existe en effet au Sénégal 26 banques commerciales contre seulement trois banques de développement sur lesquelles, partout au monde, les Etats s’appuient pour financer le développement de leurs économies», souligne l’ancien président de l’Assemblée nationale. A ses yeux, il est impératif de créer les conditions permettant aux banques à capitaux exclusivement sénégalais de s’agrandir afin de disposer de filiales, ne serait-ce que dans la sous-région. Et de citer l’exemple des banques mauritaniennes, Burkinabé, béninoises, nigérianes et marocaines au Sénégal. En aidant nos banques à se déployer dans la sous-région, affirme-t-il, elles vont augmenter leurs surfaces financières afin de pouvoir contribuer davantage au financement de notre économie. «L’Etat a l’impératif de peser de tout son poids pour amener les banques établies au Sénégal à baisser sensiblement leurs taux d’intérêt qui restent en moyenne entre 11 et 12%. Ce qui désavantage largement nos entrepreneurs et industriels dont la marge de manœuvre s’en trouve réduite».
LES BANQUES SONT UN FREIN AU DEVELOPPEMENT DE NOS ECONOMIES
Pour l’ancien président du Sénat, les banques sont actuellement un frein au développement de nos économies. «C’est donc le moment pour le Président Macky Sall et ses collègues de l’Uemoa d’intervenir auprès de la Bceao afin qu’elle revoie ses taux directeurs de manière à permettre à nos banques de baisser leurs taux d’intérêts», affirme-t-il. En attendant que les chefs d’Etat agissent, Pape Diop invite l’Etat à user de la qualité de sa signature pour garantir auprès de certaines banques des prêts remboursables à un taux de 7% pour les entreprises les plus affectées par la crise, ainsi que les Pme/Pmi. «Ces prêts seront d’autant plus salutaires pour les entreprises bénéficiaires que leur taux d’intérêt ne dépassera pas 7% et qu’ils seront fixés proportionnellement aux pertes qu’elles auront subies à cause du Covid-19 sur leurs chiffres d’affaires», indique M. Diop. Le second levier sur lequel il faudra activer, selon le leader de Bokk Gis Gis, pour l’envol de l’économie est le secteur informel. Il est temps, selon lui, d’en finir avec le grand paradoxe qui caractérise le tissu économique du pays. «Alors que les Pme/Pmi représentent 90% de nos entreprises et que l’économie informelle concentre l’écrasante majorité de la population active, ces deux secteurs sont traités jusque-là en parents pauvres. Or, c’est cette tendance qu’il nous faut vite inverser si nous voulons mettre notre économie sur orbite», souligne Pape Diop.
Dans le même sillage, il demande au chef de l’Etat de prolonger le différé de paiement des impôts et taxes en faveur des Petites et Moyennes Entreprises au-delà du 15 juillet 2020. Pape Diop pense que ce délai peut s’avérer en effet très court et ne sera pas, de toute évidence, suffisant pour permettre aux Pme/Pmi de retrouver un regain d’activité et une santé financière pour supporter, aussitôt après la crise, le paiement de ces impôts et taxes. Il suggère que ce différé soit élargi aux autres entreprises dont le chiffre d’affaires est certes plus important, mais qui n’en sont pas moins très fragiles, surtout après l’impact du Covid19. S’agissant de l’économie informelle, Pape Diop reconnaît qu’aucun gouvernement n’a réussi jusqu’ici à exploiter le vrai potentiel qu’elle représente. «Quel gâchis d’ailleurs pour l’Etat et pour le pays que l’ensemble des acteurs de l’informel ne soient pas jusqu’ici recensés et versés dans un registre national ! En les organisant de la sorte, l’Etat pourra les amener à alimenter par des cotisations un fonds revolving auquel, seront éligibles l’ensemble des adhérents à ce fichier national des travailleurs de l’informel pour augmenter leurs capacités financières et, par conséquent, développer leurs activités respectives», dira-t-il.
PROMOUVOIR LE PATRIOTISME ECONOMIQUE
Par ailleurs, le leader de Bokk Gis Gis est d’avis que le principal enseignement à tirer de cette crise du Covid-19 est que la meilleure garantie de résilience pour un pays, est la promotion du patriotisme économique. «Même si nous vivons dans un village planétaire, chaque pays, sans verser dans le protectionnisme ni violer les règles de l’OMC, est tout à fait libre de créer les conditions permettant à son secteur privé de bénéficier des opportunités qui se présentent au plan national», déclare Pape Diop. A l’en croire, c’est la seule voie pour avoir un secteur privé fort et pouvoir ainsi le mettre à contribution comme au Maroc où seul l’apport d’une banque à l’effort de guerre contre le Covid-19, s’élève à 150 milliards Fcfa. C’est dire toute l’utilité d’avoir un secteur privé fort, affirme-t-il. Il salue le combat du Club des investisseurs sénégalais (CIS) que l’Etat gagnerait à accompagner quitte à reconsidérer la notion d’entreprise. Puisque, relève Pape Diop, «c’est sur la base de ce simple statut que des non nationaux font prévaloir la règle de la préférence nationale pour rafler quasiment tous les marchés, au détriment d’entreprises à capitaux exclusivement sénégalais». A ses yeux, il est impératif aujourd’hui d’inverser cette tendance si le Sénégal veut réellement bâtir une vraie économie nationale. «Il convient aussi de faire du transfert de technologie et de la signature de joint-ventures avec des entreprises sénégalaises opérant dans le même secteur des conditionnalités inaliénables à l’octroi de marchés aux entreprises à capitaux étrangers», souligne Pape Diop qui invite les pouvoirs publics, le patronat, les décideurs et tous les acteurs économiques à un sursaut national pour opérer ce gros virage et éviter que le Covid-19 ne laisse à jamais des séquelles sur notre tissu économique et social.