L’ACTIVISTE KARIM XRUM XAX CONDAMNE A PAYER UNE AMENDE DE 50.000 FRANCS MAIS LIBRE !
Le rappeur Abdou Karim Guèye plus connu sous le pseudonyme de Karim Xrum Xax a comparu hier à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar.

Le rappeur Abdou Karim Guèye plus connu sous le pseudonyme de Karim Xrum Xax a comparu hier à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar. L’artiste rappeur de 39 ans devait répondre des faits de provocation d’un attroupement non armé par discours à travers Facebook. Déclaré coupable par le tribunal, le leader du Mouvement « Nittu Dëeg » a été condamné à payer une amende de 50.000 francs au Trésor public.
Le palais de justice a refusé du monde, hier. Pour cause, le rappeur Abdoul Karim Guèye alias Karim Xrum Xax — animateur à la radio Top Fm 107/0 appartenant à votre quotidien préféré — était la guest- star de l’audience des flagrants délits. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés au lendemain de l’élection présidentielle. Dans une vidéo en live sur Facebook, le rappeur appelait à manifester contre le « forcing » du président sortant tendant à une confiscation des votes des Sénégalais après la déclaration du Premier ministre qui proclamait vainqueur son candidat avec 57 % des suffrages exprimés. Le prévenu qui est apparu calme à la barre a nié les faits qui lui sont reprochés déclarant qu’il n’a pas manifesté. « Ce n’est pas normal que le Premier ministre donne des résultats de la présidentielle » dénonce l’activiste. Pour le juge, son appel à la manifestation devait être réglementé par une déclaration devant les autorités administratives. Aucune disposition n’a été prise pour encadrer son appel. A en croire le substitut du procureur, le prévenu n’agissait pas au nom du peuple puisqu’il n’a pas la légitimité. « Venez un à un dans des cars rapides où en marchant, je n’ai même pas une aiguille par-devers moi, par conséquent que personne ne vienne avec une arme » lance l’activiste dans une vidéo postée sur Facebook. A propos de cet appel, le parquet a parlé d’ « enfantillages » en invitant le prévenu à penser aux actes qu’il pose. « Mes live sur Facebook, c’est pour une conscientisation citoyenne, pour éveiller les consciences et dialoguer pour la paix », a soutenu le prévenu. Les activistes ont manifesté par des cris leur présence massive dans la salle lorsque le juge a demandé si le prévenu n’était pas le seul membre de son mouvement « Nittu Dëeg ». Dans son réquisitoire, le substitut du procureur a soutenu déclare que le rappeur n’a ni la légitimité ni le droit d’agir de la sorte à travers ses propos irrespectueux et injurieux. « Quand on interdit une provocation d’attroupement non armé, c’est qu’on ne veut pas que les gens se regroupent sans encadrement. Les faits sont constants et indéniables tels qu’ils ressortent des débats d’audience et du procès-verbal d’enquête. Nous avons le droit de vivre dans la paix et la quiétude, il faut qu’on se respecte. Ce n’est pas une violation de droit de l’homme. Le prévenu est coupable du délit qui lui est reproché ». Pour la répression, le représentant du parquet a demandé que le prévenu soit condamné au maximum à une amende de 100.000 francs et une peine d’un mois assortie du sursis.
« LE DROIT A LA RESISTANCE EST GARANTI A TOUT CITOYEN FACE A L’OPPRESSION »
Quant à la défense, elle a invité le juge à tenir compte du contexte. Selon les avocats, ce que tout le monde disait tout bas, Karim l’a dit tout haut, à savoir l’existence d’un mal triomphal. « Ce n’est pas inciter à la violence, mais ce sont des déclarations à chaud après la déclaration du Premier ministre. Dans une démocratie très vivace, on ne peut interdire le droit de critiquer. « J’ai déposé à maintes reprises des déclarations de marche pacifique en vain » déplore la défense. Il faut donc chercher la faute chez les autorités, plaide Me Alioune Badara Ndiaye. En aucun cas, la culpabilité du prévenu ne peut être retenue dans cette affaire, déclare Me Tall. Selon lui, si l’Etat grandit, les lanceurs d’alertes deviennent des clignotants en se souciant de la quiétude nationale. « Je n’ai jamais eu l’intention de créer une quelconque violence dans ce pays », rappelle Me Barro en parlant au nom du rappeur. « Un Etat responsable, sérieux n’a pas à se soucier à des enfantillages », plaide la défense comme pour répondre au maître des poursuites. Pour Me Babacar Ndiaye, on est en démocratie, où l’Etat de droit constitue l’arme de fond. Le droit à la résistance est garanti à tout citoyen face à l’oppression. Karim Xrun Xaxx n’avait pas intention de porter atteinte à l’ordre public. Notre justice est appelée à tempérer et à apaiser le climat politique. Les avocats de la défense ont saisi l’occasion du procès d’hier pour dénoncer une « régression sans précédent » de la liberté d’expression depuis quelques temps dans notre pays. Les conseils du prévenu parlent d’ « injustice » puisque, selon eux, le Premier ministre a violé la loi et le code électoral.
Par conséquent, qu’on ne vienne pas leur parler de respect de la loi ou de légitimité. Au terme de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont demandé une application bienveillante de la loi pour leur client à défaut de son renvoi des fins de la poursuite sans peine ni dépens. Au final, le tribunal a déclaré le prévenu coupable des faits de provocation à un attroupement non armé. Il a été condamné à payer une amende de 50.000 francs. C’est donc avec plaisir que « Le Témoin » retrouve son collaborateur Karim Xrun Xaxx. Que ses auditeurs de Top Fm attendent avec impatience !