VIDEOL'AFFAIRE GADIAGA DEVANT LES NATIONS-UNIES
Les avocats du chroniqueur dont l'ancien ministre Me Oumar Youm, annoncent des recours devant l'ONU et la CEDEAO, dénonçant une "détention arbitraire" orchestrée par un parquet accusé de faire de la "police politique"

Placé sous mandat de dépôt ce lundi suite à une enquête de la division de cybercriminalité, le chroniqueur Badara Gadiaga peut compter sur un collectif d'avocats déterminé à porter l'affaire devant les instances internationales. Parmi ses conseils figure notamment Me Oumar Youm, avocat et ancien ministre, qui accompagne la défense dans cette bataille juridique.
Dans une déclaration empreinte d'émotion, les avocats de Badara Gadiaga ont annoncé leur intention de saisir le groupe de travail des Nations-Unies sur les détentions arbitraires ainsi que la Cour de justice de la CEDEAO. "Nous sommes dans un cas de détention arbitraire de catégorie 2", a martelé la défense, rappelant que "récemment, le Sénégal a été condamné par la CEDEAO" pour des faits similaires.
Cette stratégie internationale s'inscrit dans une volonté de "poursuivre le combat au-delà de nos frontières pour que la justice ne soit pas dans une manipulation permanente pour régler des problèmes politiques", selon les termes employés par les conseils du chroniqueur.
Les avocats n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer l'attitude du parquet. Ils accusent cette institution de "manquer à la fois de vigueur morale et de rigueur professionnelle" et de sortir de "son périmètre régulier, légal pour entrer dans un périmètre illégal, inique, injuste".
Selon la défense, le parquet "se transforme en police politique" avec pour dessein de "museler des acteurs politiques, des chroniqueurs, la presse, donc en bref toutes les personnes porteuses de liberté, acteurs de notre démocratie".
Des charges contestées
Badara Gadiaga fait l'objet de plusieurs chefs d'inculpation : diffusion de fausses nouvelles, discours contraire aux bonnes mœurs, offense à une personne exerçant les prérogatives du président de la République, réception et sollicitation de dons dans le dessein de troubler l'ordre public et attenter à la sécurité de l'État.
Cependant, ses avocats dénoncent une "fabrication de toute pièce d'infractions" par le parquet. Ils soutiennent que la police elle-même, après avoir entendu Badara Gadiaga, "a considéré que dans ce dossier, il y avait rien à poursuivre à l'exception de l'infraction relative au discours contraire aux bonnes mœurs".
Concernant les accusations liées aux transferts financiers, la défense dénonce "une atteinte d'un droit constitutionnellement protégé, le droit de propriété" et "une atteinte au secret des affaires". Les avocats précisent que la plateforme GCI GSIE évoquée dans le dossier "appartient à un Sénégalais bien identifié" et non à leur client.
"Tout le monde a le droit d'avoir de l'argent dans son compte bancaire, sinon nous tous nous sommes en prison", ont-ils plaidé, dénonçant les raccourcis opérés par l'accusation.
Pour les conseils de Badara Gadiaga, cette affaire dépasse le cas individuel de leur client. "Ce qui se passe au Sénégal est gravissime. C'est inadmissible. On ne l'a jamais vu", ont-ils alerté, appelant "toutes les forces vives" à se mobiliser contre ces "manipulations".
Le chroniqueur, qui anime chaque vendredi le "conseil du peuple" sur la TFM, est présenté par ses avocats comme "un citoyen honnête dont le seul tort est de contribuer pour ne pas dire présider au conseil du peuple chaque vendredi pour dire ce qu'ils pensent de notre démocratie et de l'état de notre République".