L’ARMEE REQUISITIONNEE A DAKAR
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police.

Depuis avant-hier, des manifestations violentes se déroulent partout au Sénégal et particulièrement à Dakar après la condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Pour renforcer la Gendarmerie et la Police débordées par des manifestations coordonnées ayant fait plus de dix morts, l’Armée est réquisitionnée dans certaines parties du territoire national comme Dakar.
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police. Dans notre pays, depuis jeudi, ces forces de maintien de l’ordre sont débordées par des scènes de chaos ayant fait plus de dix morts sur l’étendue du territoire national. Cette présence militaire est visible dans certains points et carrefours stratégiques de Dakar où des soldats se sont déployés pour sécuriser les ministères, les édifices publics, les banques, des établissements de commerce, des endroits stratégiques comme la Sonatel et les mobiliers urbains. « C’est dans l’ordre constitutionnel normal que l’Armée soit réquisitionnée comme force de troisième catégorie. Parce qu’à chaque fois que les forces de maintien de l’ordre comme la gendarmerie et la police sont débordées, l’Armée vient en renfort ! » confirme une source militaire autorisée. Vu les équipements personnels des soldats et l’impressionnant arsenal militaire déployés sur le terrain, force est de se convaincre que le Chef d’Etat-major général des armées (Cemga), le général de Corps d’armée Mbaye Cissé, entend renforcer rigoureusement la gendarmerie et la police dans les opérations de sécurisation des personnes et des biens actuellement en cours.
Au regard des manifestations violentes suivies de casses et de pillages de plus en plus grandissantes mettant en péril l’intégrité physique des citoyens, et attentant aux biens tant publics et privés, la police et la gendarmerie n’ont pas chômé jeudi et hier, vendredi, face aux émeutiers. A Pikine, Ouest-Foire, Liberté VI, Parcelles Assainies, Poste Thiaroye, Diamaguéne, Rufisque, Guédiawaye, Grand Yoff et autres localités de la banlieue, des manifestants se sont défoulés sur des édifices publics et mobiliers urbains qu’ils ont saccagés ou brûlés. D’autres ont tenté de défoncer des guichets automatiques de banques (Gab), de détruire des banques et des stations-services avant d’être repoussés et pourchassés par les forces de l’ordre. De multiples dégâts corporels subis par des automobilistes et piétons agressés et dépouillés de leurs objets de valeur ont été également enregistrés sur les mains courantes des commissariats de police et dans les brigades de gendarmerie. De véritables scènes de « chaos » qui continuent de paralyser le pays.