LE CASSE-TÊTE DE LA DATE DE L'ÉLECTION
Dans sa décision du 15 février, le Conseil constitutionnel a indiqué que le scrutin devait se tenir "dans les meilleurs délais" mais sans préciser de date butoir. Cette absence de clarification laisse libre cours aux interprétations et au débat politique

Alors que le Conseil constitutionnel sénégalais a annulé le report de l'élection présidentielle, décidé initialement par le président Macky Sall, la fixation d'une nouvelle date pour le scrutin reste le principal point de désaccord au sein de la classe politique, selon une source proche du dossier.
D'après plusieurs experts, cités par le journal Le Monde, le mandat de Macky Sall ne peut se prolonger au-delà du 2 avril. Dans sa décision du 15 février, le Conseil constitutionnel a indiqué que l'élection devait se tenir "dans les meilleurs délais" mais sans préciser de date butoir. Cette absence de clarification laisse libre cours aux interprétations de chacun et au débat politique.
Si pour Sidy Alpha Ndiaye, agrégé en droit à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, "les meilleurs délais" suggèrent qu'il doit y avoir une transition avant le 2 avril, conformément à l'article 103 de la Constitution, d'autres voix s'élèvent pour contester cette échéance. "Quand le Conseil constitutionnel parle de 'meilleurs délais', il ne s'agit pas nécessairement de 'brefs délais' ou 'sans délai'", tempère un député de la majorité présidentielle, cité anonymement.
La pression s'accentue néanmoins sur le chef de l'Etat pour qu'il respecte cette date butoir du 2 avril. Plusieurs partis d'opposition et mouvements de la société civile ont appelé à des manifestations ce weekend afin d'exiger le départ de Macky Sall à l'issue de son mandat. Certains diplomates occidentaux assurent "faire pression" en ce sens, acceptant une transition après le 2 avril si nécessaire.
Plusieurs experts suggèrent un calendrier serré pour tenir l'élection avant cette date butoir. "Le premier tour pourrait se tenir le 3 ou le 10 mars, puis un second tour le 24 mars", estime ainsi Issa Sall, ancien membre de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Sur le plan technique et matériel, il affirme que l'organisation du scrutin dans ces délais restreints serait tout à fait réalisable.
Cependant, d'autres voix plaident pour un léger report des dates, "face à la situation exceptionnelle", comme le souligne El Hadj Omar Diop, enseignant-chercheur à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Certains au sein de la majorité rejettent quant à eux catégoriquement l'échéance du 2 avril, évoquant des impératifs climatiques ou religieux. Le débat reste ouvert et les discussions s'annoncent houleuses entre pouvoirs publics et opposition autour du calendrier à adopter.
Toutes les options restent sur la table, d'une démission de Macky Sall le 2 avril à une révision de la date du scrutin, en passant par une transition après cette date butoir. Mais le temps presse pour trouver un consensus autour de ce point de fixation crucial qu'est la date de la présidentielle sénégalaise.