LE DIALOGUE POLITIQUE EN EAUX TROUBLES
A en croire le coordonnateur du FRN, Moctar Sourang et ses camarades, la majorité est en train de s’arc-bouter sur sa décision unilatérale de faire tenir les élections locales au courant de l’année 2022

Le Dialogue Politique risque d’être bloqué avec la décision du pôle de l’opposition de suspendre sa participation aux travaux. Un scénario prévisible suite au désaccord relatif à la fixation de la date des prochaines élections locales.
L’entente précaire au sein du Dialogue Politique est aujourd’hui menacée par le désaccord sur la tenue de la date des prochaines élections locales. En effet, le Front de Résistance Nationale (FRN) a informé hier avoir suspendu sa participation aux travaux de la Commission Politique du dialogue, jusqu’à nouvel ordre. Craignant que le gouvernement suive aveuglément le pôle de la majorité sans prendre en compte l’avis des autres parties prenantes aux concertations, l’opposition a décidé de se retirer momentanément. Une manière de mettre certainement la pression sur le gouvernement. Parce que, selon le FRN, le pôle de la majorité a été mis en minorité par les pôles de l’opposition, des non-alignés et de la société civile lors de la dernière réunion de la commission politique.
A en croire le coordonnateur du FRN, Moctar Sourang et ses camarades, la majorité est en train de s’arc-bouter sur sa décision unilatérale de faire tenir les élections locales au courant de l’année 2022. Et cela, disent-ils, en dépit de l’argumentation technique et scientifique qui lui a été servie, montrant nettement et clairement la possibilité d’organiser ce scrutin, au plus tard en décembre 2021. Or, souligne le FRN, il est bien établi qu’un tel dessein de la majorité ne manquera pas de bouleverser davantage le calendrier électoral déjà mis à rude épreuve, «dans un contexte de recul net de la démocratie dans notre pays».
Il faut noter que Moctar Sourang et Cie n’ont eu de cesse de pointer un doigt accusateur sur le gouvernement qui, d’après eux, a fait exprès de ralentir le processus pour que le scrutin se tienne en 2022. Ils exigent ainsi que les Locales se tiennent dans le courant de cette année 2021 et mettent en garde le Gouvernement contre toutes les conséquences que de nouveaux reports pourront engendrer. Force est de constater que la polémique sur la tenue des locales risque de plomber le processus entamé depuis 2019. En effet, l’absence de l’opposition sur la table des concertations ôterait toute légitimité sur les consensus qui seront actés lors de ces négociations. C’est pourquoi, l’Etat devrait prendre très au sérieux cette question.
LA SOCIETE CIVILE PROPOSE L’ORGANISATION DES LOCALES EN FIN JANVIER 2022
Pour l’heure, la société civile présente au dialogue national semble avoir très bien compris la situation.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», elle se dit vivement préoccupée par la suspension de la participation du pôle de l’opposition aux travaux en cours de la commission politique. Après avoir consulté des responsables de la majorité et de l’opposition, elle a appelé les pôles de la majorité et de l’opposition à faire preuve de dépassement en vue de trouver un compromis sur la date des prochaines élections locales. Elle a aussi demandé au pouvoir de fixer dans la loi l’échéance limite pour l’organisation des élections en fin janvier 2022.
Et enfin, la société civile a invité le chef de l’Etat à tout faire pour prendre un décret fixant la date des locales dans le courant du mois de décembre 2021. Pendant ce temps, l’Assemblée nationale a convoqué aujourd’hui les députés en séance plénière pour examiner le projet de loi portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers municipaux et départementaux. Il faut dire, cependant, que jamais des élections locales n’ont été autant repoussées dans le pays. C’est la troisième fois que ce scrutin est reporté. Tout ceci est dû aux lenteurs notées dans l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Même si la Covid-19 peut être un bon prétexte pour expliquer de telles lenteurs, il demeure évident que le gouvernement a beaucoup trainé les pieds sur beaucoup de questions. Cela été le cas pour l’installation du Président du Comité de Pilotage du Dialogue National. Très en avance dans ses travaux et ayant fini ses termes de référence, la commission politique de feu Général Niang, était obligé d’attendre l’installation de Famara Ibrahima Sagna, qui a pris d’ailleurs beaucoup de temps, pour franchir des paliers.